Clive

Sous mes yeux, alors que je suis en train d'user d'intrusion mentale sur ce Tigre, son apparence change. Pour laisser place à Caleb.

Je rabaisse mes mains tournées vers lui, et contemple la scène, les yeux exorbités. Je croise le regard de Céleste au loin, qui s'est tournée vers moi, et j'y lis exactement la même conclusion que mon esprit vient de faire.

Caleb, puisqu'il possède déjà les capacités d'un A pour la télékinésie, semblerait posséder aussi les pouvoirs d'un F.

Seulement mon expérience peut prouver que c'est impossible.

A Area, nous ne pouvons avoir les capacités que d'une seule zone, c'est comme ça c'est la règle, ce n'est pas possible de réussir à utiliser les pouvoirs de plusieurs zones différentes.

Sauf si...

Je m'efforce de ne pas écarquiller les yeux devant cette évidence qui s'impose à moi. Dans ma tête, je réunis tous les éléments dont je dispose pour prouver ma théorie. Ces regards différents, cette voix, ces yeux avec cette étrange lueur, cette expression sur le visage. Mes jambes se mettent à trembler, et je dois lutter pour rester debout, submergé par les révélations.

Dans mes yeux, je sais que la compréhension fait son chemin tortueux et accède à mon esprit, ma mémoire se ravive, et dans mon regard brille de mille feux l'intelligence vive aux dégâts aussi ravageurs qu'impressionnants.

Quand je redresse la tête face à Céleste, je réalise qu'elle lutte face à Caleb, qui cette fois ci a l'apparence d'un serpent menaçant dont la langue fourche et se jette sur le bras de la jolie blonde.

Le serpent est enroulé au bras de Céleste, et celle ci se débat de toutes ses forces sans avoir recours à son pouvoir, puisqu'il ne lui servirait à rien dans le cas présent.

Ses traits sont déformés par la rage et l'envie de combattre, alors poussant un cri elle abat son bras sur le cou du serpent au même moment que la tête de celui ci se jette sur le cou de la jeune fille.

Céleste pousse un cri de douleur, tandis que le serpent s'écroule sur le sol, sonné.

Je sors de ma torpeur à ce moment là, et vois dans le cou de Céleste une démarcation sanglante, tandis que ses yeux s'assombrissent d'un voile de souffrance.

Je m'élance pour la rattraper, au moment où ses jambes s'effondrent sous son corps frêle.

Elle s'écroule entre mes bras, et j'hurle alors le nom d'Océane, au moment où je vois le serpent disparaître sous mes yeux.
Il ne s'est pas transformé en quelque chose d'autre, il a tout simplement disparu.

Contre toute attente, au lieu de rester perplexe, j'affiche un petit rictus satisfait, puis, je me tourne vers l'autre groupe.

Estéban est en train de prendre le dessus sur Léna, la jeune fille se débat de toutes ses forces, mais commence à faiblir, je le vois à ses trait tirés.

Océane ne fait strictement rien, tout bonnement incapable de combattre, et Téo lui, fait des diversions sur Estéban en apparaissant d'un côté et disparaissant de l'autre pour que Léna puisse se reposer en attendant.

Céleste remue dans mes bras et rouvre les yeux, elle pousse un petit gémissement de douleur, mais à peine a t'elle prit conscience qu'elle est blottie dans mes bras qu'elle se redresse d'un coup, mais titube automatiquement en se rattrapant de justesse. Je souris malgré moi, même au plus bas elle continue de lutter face à cette attraction entre nous deux.

Pourtant, en regardant son visage, je la sens en train de lutter, et je comprends qu'elle doit sentir le venin brûlant se répandre dans son cou, et cela doit être une sensation horriblement désagréable.

En l'instant, elle a l'air d'avoir mal à la tête mais d'arriver à rester lucide et concentrée.

« - Ça va ? Je lui demande.

- Oui, ne t'occupe pas de moi. Il faut que Téo nous téléporte d'ici avant que Caleb ne revienne, même si je ne comprends pas comment il a... »

Surgit de nulle part un loup gigantesque, qui se jette sur moi sans que je ne puisse le voir venir.

Céleste tend les mains exactement à ce moment là, et le loup est jeté en arrière, mais il se redresse brusquement, et le pouvoir de Céleste est alors contré.

Je comprends immédiatement, et me concentre alors, en même temps que le loup pousse des couinements de souffrance, et s'effondre sur le sol, reprenant l'apparence de Caleb.

Céleste se redresse aussitôt, je prends son bras et la tire en arrière, avec douceur toutefois car je sais que le poison du serpent est en train de faire son chemin dans son cœur.

« - Il faut partir tout de suite, je dis en nous dirigeant vers Téo.

- Que...

- Je ne peux pas t'expliquer maintenant, mais Caleb possède beaucoup plus que les transformations et la télékinésie.

- Hein ?

- On doit rejoindre Té... »

Mais je ne termine pas ma phrase, car brusquement, extinction des feus, nous sommes plongés dans le noir, et j'ai cette horrible impression de devenir complètement aveugle.

Toute source de lumière vient de disparaître, nous sommes plongés dans le noir, dans une obscurité oppressante, étouffante, qui semble aspirer la moindre molécule d'air et répandre une peur stressante et omniprésente.

« - Clive ? Chuchote Céleste, et mon nom prononcé par sa bouche me fait frissonner.

- Chut ! Je murmure, refoulant cette sensation inconnue. »

Ma main droite qui tient encore le bras de Céleste descend jusqu'au bas, et je saisis fermement sa main.

« - Ne lâche pas ma main, je chuchote à son oreille, à peine perceptible. »

Dans le noir, notre seule chance de gagner est la discrétion, je mise tout là-dessus, nous ne devons pas nous faire repérer, et je comprends que nos autres alliés ont déduit la même chose puisque le silence pesant emplit entièrement la pièce. Céleste et moi ne devons pas nous disperser, et de ce fait nos mains doivent restées scellées. Même si j'avoue que mon « ne lâche pas ma main », tenait beaucoup du plaisir, car sentir nos doigts entrelacés secoue entièrement mon organisme.

J'avance d'un côté, Céleste à ma suite qui ne lâche pas ma main, et tandis que nous progressons à l'aveuglette, des chuchotements nous parviennent.

Brusquement, quelqu'un se jette sur moi, je suis renversé sur le sol, mais Céleste déclenche une pression télékinétique devant elle sans savoir à qui s'attaquer, mais cela marche car j'entends un petit cri retentir, et je me relève vite étant donné que le poids sur moi vient de se retirer.

« - Il faut remettre la lumière ! Chuchote Céleste.

- Une idée ? Je suis preneur ! Fais-je en saisissant de nouveau sa main. »

Nous nous mettons à réfléchir.

De toute évidence, celui qui provoque les ténèbres cherche à nous attaquer plus facilement, et est l'ennemi numéro un, donc il ne faut pas s'occuper d'Estéban.

Je réalise que les ténèbres, camoufler la lumière sous un rideau de noir est un pouvoir spécialisé aux C. Je comprends que Céleste arrive à la même conclusion que moi, puisqu'inquiète, elle se penche vers moi :

« - Clive ? Dis tu ne nous aurais pas mentis depuis le début en faisant croire que tu fais de l'épuisement mental ? »

Je réponds, légèrement vexé de un qu'elle croit que c'est moi l'auteur de tout ça, et de deux car sa question me paraît idiote, et qu'elle n'est pas à la hauteur du personnage :

« - Non, ce n'est pas moi qui fais ça pour répondre à ta question. C'est Caleb.

- Ce n'est pourtant pas possible d'avoir plusieurs pouvoirs, avance t'elle.

- Écoute, je ne peux pas t'expliquer maintenant, il nous faut trouver un moyen de faire de la lu...

- Océane ! S'écrie Céleste. »

Je me demande quelle est cette interruption soudaine, et puis mon cerveau semble rejoindre l'idée de Céleste. Quand Océane guérit quelqu'un, de la lumière vive s'échappe de ses paupières et de l'endroit blessé. Si Océane guérit quelqu'un, il y aura de la lumière, peut être suffisamment pour identifier ou est Caleb.

Céleste, hurle, consciente du danger :

« - Océane ! »

Une voix, beaucoup plus prêt que ce que je pensais retentit :

« - Céleste ! Où es tu ?

- Il faut que tu guérisses quelqu'un ! »

En mon for intérieur je prie pour qu'Océane ne soit pas trop idiote pour demander à voix haute pourquoi, et que de ce fait elle dévoile la solution à Caleb.

Je sens soudain quelqu'un se heurter à moi, puis la voix d'Océane retentit près de nous :

« - J'ai compris, mais je n'ai rien à guérir !

- Je suis blessée au cou, guéris moi ça fera de la lumière ! Intervient Céleste en pensant à la morsure du serpent. »

Océane obéit sans discuter, et pose sa main sur le cou de Céleste.

Aussitôt, en même temps que la jolie blonde semble sentir le venin se dissiper et s'évaporer dans son corps, une lumière vive et intense illumine les environs, et je place automatiquement mes bras devant mes yeux. Quand je les dégage, je découvre avec effroi un ours immense, gigantesque, visible à la lueur de la lumière d'Océane, et se dresser devant nous. Il pousse un rugissement effroyable, découvrant ses canines, et le bruit retentit dans toute la salle.

Je me jette en avant, concentrant mon énergie, et aussitôt l'ours pousse un rugissement de douleur qui fait vibrer les murs et le sol, et un fracas retentit dans l'enceinte de la pièce.

L'animal s'écroule sur le sol, et aussitôt, le rideau sombre se brise autour de nous, comme une immense couche de glace peinte en noir qui se craquèle jusqu'à s'écrouler en milliers de morceaux sur le sol.

Quand je réalise que je peux voir de nouveau, je regarde autour de moi, les sourcils froncés.

La première chose que je vois, c'est ma main scellée à celle de Céleste, et celle-ci semble le remarquer aussi, car elle la retire tout de suite. Je souris d'un air amusé puis je tourne la tête, et vois alors au loin six personnes dissimulées dans l'ombre, six jeunes hommes qui regardent Caleb, qui lui est étendu sur le sol, gémissant, et ayant du mal à se relever.

Téo est avec Léna, et aide celle ci à se relever, qui est blessée au bras, d'où une immense estafilade saigne abondamment sur le sol.

Océane se précipite sur Léna pour la guérir, tandis que je vois Céleste chercher quelqu'un des yeux.

« - Où est Estéban ? Demande-t-elle en se tournant face à moi.

- Ce traitre ? Aucune idée, et tant mieux, je réponds. »

Pour éviter que Caleb ne se relève, j'exerce la pression de mon pouvoir sur le Roi, tandis que celui ci se tortille sur le sol en poussant des hurlements de terreur.

« - Ne le tue pas ! Demande Téo au loin. Je veux savoir qu'elles étaient vraiment ses intentions, et comment il fait avec tous ses pouvoirs.

- Ça, je peux y répondre, je rétorque avec un petit rire.

- Hein ? Fait Téo.

- Stop ! Interrompe Céleste. Je veux comprendre pourquoi vous dites qu'Estéban est un traitre ! »

Je me tourne vers elle, et réponds :

« - Il vous dupe tous depuis le début, il a ses propres objectifs.

- C'est à dire ? Demande Océane, qui a confiance en Estéban, mais pas en moi j'en suis bien conscient.

- Comment pourrais-tu le savoir ? Questionne Téo, qui lui aussi est du côté d'Estéban.

- Parce que je le sais, c'est tout, je rétorque. Il est suspect depuis le début, vous ne le voyez pas !?

- Suspect ? Lui ? Réplique Océane. Tu dois confondre avec toi non ?

- Tu n'as aucunes preuves, approuve Téo. »

Je comprends vite que discuter avec eux est peine perdue qu'ils sont persuadés de l'innocence d'Estéban.

« - Alors si je mens, comment expliquez vous que tout a l'heure il ait pris mon apparence pour vous duper ? Je rétorque en croisant les bras.

- Réfléchis un minimum, réplique Océane. Si toi tu étais à sa place, et que tu te faisais attaquer à tort, tu n'essaierais pas de te défendre ?

- Tu l'as accusé à tort ! Sans preuve, ajoute Téo. Lui, il a essayé de se défendre ensuite, c'est logique. Toi en revanche, tu l'accuses depuis tout à l'heure, alors que c'est toi qui cherche la merde depuis le début, et toi qui est suspect.

- En plus, tu es un C, lui un F. Il est le premier menacé par Caleb, quel intérêt aurait-il à ne pas le combattre ? Et nous trahir ? Alors que toi tu es un C. Un méchant. Un sadique. Un malveillant.

- C'est bon j'ai compris, oui je suis un C et je vous emmerde ! Je crache avec un petit rire, relâchant la pression que j'exerce sur Caleb par la même occasion. »

Océane se lève, suivie de Téo, et ils se dressent face à moi.

« - C'est toi le connard dans l'histoire ! Pas Estéban ! Crie Océane.

- Il a dû prendre la fuite à cause de toi, tu veux le détruire pour quelque chose qu'il n'a pas fait, et on ne l'a pas écouté alors que c'est toi qui nous dupe, c'est toi le manipulateur, pas lui ! S'écrie Téo, dont la colère déforme ses traits. »

Léna, et Céleste, toutes les deux guéries, se regardent, ne sachant pas quoi penser des avis divergents.

Je ressens ce qu'elles pensent toutes les deux, Léna est partagée, elle trouve la théorie de Téo et Océane logique, mais cependant, elle ne comprend alors pas pourquoi Estéban s'est tant battue face à elle, et qu'il cherchait tant à la blesser. Il s'était attaqué à elle, elle s'était défendue en essayant de lui faire le moins de mal possible, tandis que lui s'était acharné, sans la préserver une seule seconde.
Ils sont censés êtres alliés, amis non ? Alors pourquoi a t'il réagit comme ça ?

Céleste elle, me croit, je le sais.
Même si Estéban a l'air gentil et inoffensifs, il n'aurait pas prit mon apparence s'il n'était pas coupable.
Il aurait simplement pu s'expliquer, et dire calmement que je me trompais.
Elle sait que même si je ne donne pas d'arguments concrets, manquant de preuves, je suis intelligent et j'ai mes raisons pour penser qu'Estéban est un traitre. Savoir qu'elle pense tout ça me rassure, au moins elle, me croit avec certitude.

Téo et Océane continuent de m'envoyer tous les reproches possibles et imaginables, et las de les entendre sortir des idioties et reproches sans noms, je tourne la tête, vers Caleb, et c'est là que j'écarquille les yeux, le voyant se relever et tendre la main face à nous.

« - Attention ! Hurlé je. »

Mais trop tard, je me sens m'envoler, et faire un vol plané qui aurait pu se solder par un fracassement de crâne pour Téo, Océane et moi si Céleste n'avait pas réagit à temps, et ne nous avaient pas déposés en douceur sur le sol.

Léna de son côté, attaque immédiatement, et des torrents d'eau se déversent sur Caleb, qui lève la main droite, et l'eau est alors retournée sur Léna, qui recule, et parvient à arrêter l'attaque a temps.

Je vois Céleste froncer les sourcils, ne comprenant pas immédiatement ce qu'il vient de se produire, et comment Caleb a fait ça.

Faisant elle même de la télékinésie, elle est incapable de repousser l'eau, comme c'est une matière fugace, qu'on ne peut pas retenir, comme le feu.

Alors comment Caleb venait t'il de faire ?

Mais moi, je comprends immédiatement que ce n'est pas la télékinésie qu'il vient d'utiliser, mais l'élément de l'air, qui lui, peut arrêter l'eau.

Sans réfléchir plus Céleste contre attaque, voyant Léna se faire soulever dans les airs, tandis que je m'éloigne de Téo et d'Océane, et me rapproche des filles.

Caleb semble avoir reprit des forces, et il multiplie les attaques de toutes part.

Léna n'arrive plus à l'attaquer, Caleb contre toutes ses attaques, et celles de Céleste également, même si celle ci varie.

Moi, j'arrive à utiliser mes pouvoirs, et fournir un peu de répit aux filles, mais je sais très bien que ça ne sera pas suffisant dans quelques instants, Caleb semble inépuisable.

« - Téo ! Hurle Céleste en plein combat. Il faut que tu nous téléporte ! »

Elle se tourne face au jeune homme au loin aux côtés d'Océane.

Le E nous regarde, dépité, et lance un regard abject dans ma direction.

Il crie un "Désolé", et disparait en tenant le bras d'Océane.

Céleste écarquille les yeux d'abord de surprise, puis de fureur, tandis que je hausse les épaules, m'attendant parfaitement à ce genre de réaction lâche.

Téo vient de partir avec Océane, laissant Léna, Céleste et moi aux mains invincibles de Caleb.
Maintenant que nous sommes seuls, et vulnérable, je crois qu'il va bientôt falloir pour moi de révéler ce que je sais sur Caleb, si je veux sauver ma peau ainsi que celle de Céleste et de Léna.

***

Grant ? Grant tu m'entends ?

James a réussit à échapper aux gardes, au moment où ils le ramenaient en cellule hermétique.
Il se promène donc dans le palais, cherchant où peuvent être retenus les autres.

Grant ! Je passe près des cellules, tu ne voudrais pas me dire où sont les adolescents ?

Pas de réponse de la part du télépathe, James grogne de frustration et arrive devant une cellule, plus isolée que les autres.

C'est une cellule hermétique cachée dans un recoin, qui est inidentifiable à ceux qui ne s'attardent pas vers cet endroit.

Intrigué, et pensant avoir trouvé ceux qu'ils cherchent, James s'approche.

Il manque de pousser un cri de stupeur, qui aurait alerté tous les gardes alentour.

Au fond de la cellule, recroquevillé sur lui même, le Roi Caleb gise, comme mort.