Palais Royal
Quartiers du Roi

Il est onze heures du matin quand l'un des chefs de garde débarque dans les quartiers résidentiels du Roi, sans toquer, ce qui provoque un excès de colère sur le visage de Caleb.

« - Comment osez-vous entrer dans ces quartiers sans frapper !?

- Excusez moi Majesté, mais c'est une urgence, nos gardes des cellules nous ont prévenus que les six fugitifs voulant vous assassiner sont en train de s'échapper.

- Comment !? Mais comment ont ils pu réussir, je rappelle que je les aie mis exprès dans une cellule hermétique !

- Ils ont reçu une aide extérieure.

- Ah oui !? Quelle aide extérieure ?! »

Le garde se mord les lèvres, inspire un coup, puis répond :

« - James. »

Caleb arque un sourcil.

« - James comment ?

- James Black. Mon adjoint votre Majesté. »

Un éclair de rage passe dans les yeux gris de Caleb, et le chef de garde pâlit.

« - C'est l'une des taupes c'est bien ç !? Et vous ne l'avez pas détecté avant ! Voilà le fruit de votre travail, même pas capable de percer à jour l'une des taupes présentes au Palais ! Un chef adjoint de la garde royale en plus ! Vous tenez à ce que je vous livre à l'un de mes C c'est ça !? »

Le chef de garde ne répond pas, il sait que tout ce qu'il dira lui portera préjudice.

Caleb passe une main dans ses cheveux blonds, et redresse la tête, vers les six personnes derrière lui, qui ne le quittent jamais.

« - F et A, accompagnez moi. Les autres, ne bougez pas. Puisqu'il faut tout faire soi-même ici... »

Caleb se lève, dignement, suivit de deux jeunes hommes, et tous trois prennent suite au gardes qui les guide à travers le palais.

Clive

Palais Royal
Sous sols

J'entends la bataille autour de moi qui fait rage, j'entends les sons, j'entends les cris, les soupirs de douleurs et d'efforts, mais ce qui surpasse tout c'est le bruit que ma souffrance à moi fait.

Dans toute ma vie je crois que je n'ai jamais eu autant mal, bien que je me sois souvent battue et que j'ai été aussi souvent frappé, je n'ai jamais eu mal à ce point. La balle logée dans mon épaule dévaste tout, je la sens se frotter à mes os, je la sens s'immiscer dans mon corps, je la sens produire cette douleur qui me fait suffoquer, je l'entends même rire d'un air de dément comme pour e délecter de ma souffrance. Le mal me rend fou, je le vois bien, mais pourtant je m'accroche à la lueur d'espoir que j'aperçois à travers mon brouillard, à travers se sang qui ne semble jamais s'arrêter de couler.

Je sens Céleste me soutenir, je me sens bouger lentement, comme pour progresser vers un soulagement qui n'existera peut être jamais. M'accrochant à cet espoir, j'ouvre les yeux, pour tenter de me renseigner sur l'actualité.

Léna attaque du mieux qu'elle peut, sans jamais s'arrêter, sans s'essouffler. Elle varie les températures de l'eau, de temps en temps elle ébouillante ses attaquants, et d'autres fois elle crée des murs de glace en guise de bouclier. Elle se bat sans répit, sans regarder derrière elle, tout ce qui l'importe c'est de protéger ses amis, je le vois bien, et elle semble savoir qu'elle est l'une des seules à pouvoir les protéger en l'instant.

Je me surprends à penser que je me suis lourdement trompé sur son compte, je pensais qu'elle tomberait en trois minutes sur le terrain, mais en l'instant présent c'est moi qui suis hors jeu, et elle qui se bat.

C'est comme avec un grand soulagement que Léna voit une panthère noire bondir sur un garde qu'elle n'a pas vu, et qui s'apprête à l'embrocher.

Estéban attaque en poussant un immense grognement de bête féroce très impressionnant, et brandit une patte gigantesque qui tranche nettement la gorge de l'attaquant. Sa tête se décroche, et roule sur le sol dans ce sang noirâtre qui s'écoule du trou béant de la démarcation entre la nuque et la tête du pauvre garde.

Au moment où un autre garde va planter sa lance dans la nuque de la panthère celle ci se métamorphose en un minuscule insecte, qui devient indétectable aux yeux du garde qui cligne des yeux, surpris.

Céleste regarde la scène, le visage neutre encore une fois, et je me surprends à penser qu'en toute circonstances elle ne laisse jamais ses émotions filtrer.

Elle continue de me soulever, mais j'ai beau être très loin d'être gros, Céleste elle, n'a pas un corps très musclé, c'est une vraie plume avec sa taille de guêpe.

Voyant mes yeux à demi ouvert, plissés sous la douleur, Céleste se tourne face à moi, et appelle :

« - Clive ? »

Je ne réponds pas, car c'est à ce moment là qu'une vague fulgurante de douleur m'emporte, et me fait réprimer un cri à grand mal. Voyant ma détresse, Céleste jette un œil à mon épaule.

Horrifiée, elle découvre que ma plaie se remet à saigner, le sang n'est plus rouge vif, mais noirâtre, et elle comprend que mon état s'aggrave de plus en plus. Je le comprends également en découvrant son visage inquiet.

Un trou béant se dessine dans mon épaule, et j'ai l'impression que Céleste peut même voir mon os ainsi que la balle qui frotte tout contre dans ce sang s'écoulant abondamment.

« - Clive ! »

Je suis toujours conscient, mais je sens mon cœur de plus en plus froid, et je comprends que Céleste le ressens aussi quand je la sens frissonner contre moi. Je ne peux empêcher mes yeux de se fermer de plus en plus, et horrifiée, Céleste lève la tête, et c'est à ce moment là que nous sentons une force invisible nous faire décoller du sol, et projeter en arrière.

Me sentant décoller du sol, je sens Céleste s'accrocher de toutes ses forces à mon corps, et puis mon dos se cogne contre un mur avec une violence inouïe, tandis que ma tête bourdonne après le choc.

Comme des poupées de chiffons, nous tombons, et nous nous écroulons sur le sol.

Je suis à deux doigts de perdre connaissance, mais je continue de m'accrocher, ne voulant pas abandonner.

Je sens malgré tout la pâleur envahir mon visage de plus en plus, et le goût du sang dans ma bouche qui me fait suffoquer, et tousser de plus belle.

Céleste, sonnée, porte la main à sa tête, ne comprenant pas ce qui vient de lui arriver, puis rouvre les yeux, et cherche des yeux mon corps.

Elle finit par me découvrir, puis s'approche, en tentant de rester calme.

« - Clive ! Réveille-toi ! »

J'ai bien envie de lui dire que je suis réveillé, mais les paroles ne dépassent pas mes lèvres.

Elle me secoue légèrement, sans succès, alors elle relève la tête, cherchant de l'aide des yeux.

La personne la plus proche qu'elle voit est James, alors elle hurle de toutes ses forces :

« - JAMES ! »

Le garçon se retourne, entendant l'appel à l'aide, et jette un coup d'œil à ma silhouette sur le sol. Il écarquille les yeux, se retourne vers Océane et Téo, devant lui, et après une hésitation, s'élance vers Céleste.

« - Caleb vient d'arriver ! Explique t'il en s'agenouillant près de Clive.

- C'est pour ça... souffle Céleste, comprenant pourquoi ils avaient été projetés auparavant.

- Il est dans un piteux état, conclu James en me regardant. »

Son visage est réellement inquiet, et c'est ça qui me fait paniquer encore plus, car de ce que j'ai vue James n'est pas vraiment le genre de typer à paniquer. Reprenant ses esprits, il relève la tête, et dit de sa voix autoritaire :

« - Céleste, retourne la bas tu es la seule à pouvoir inverser les pouvoirs de Caleb, je m'occupe de Clive.

- Mais Caleb inverse également les miens !

- Oui, mais face à face vous êtes à égalité, tu peux le neutraliser tandis que les autres attaquent. C'est comme ça qu'on peut prendre l'avantage.

- Et Clive !?

- Je fais appel à Mickaël, un Guérisseur, t'en fais pas il est entre de bonnes mains.

- Qui est Mickaël ?

- Celui grâce à qui vous êtes la. Fais-moi confiance Céleste, je sais comment tu es, crois moi j'ai longuement étudié votre cas avant d'intervenir, mais s'il te plaît tu dois me faire confiance sur ce coup, retourne la bas. »

Céleste se redresse, mais hésite, scrutant mon corps. Je sais que James a raison, elle seule peut neutraliser Caleb, et notre seule chance de gagner est de stopper la télékinésie de Caleb, ce pouvoir si puissant. Elle ne doit pas rester ici pour moi, même si j'ai un horrible pressentiment.

Heureusement, elle finit par se lever, et courir vers le champ de bataille. Léna se fait à ce moment là soulever dans les airs, et Céleste intervient juste à temps. Elle tend les mains d'un coup, au moment où Léna vole dans les airs, et le geste est suspendu, la jeune fille est redescendue en douceur. Léna repère Céleste, et comprend ce qu'il vient de se produire.

Caleb est là, et rie de ce rire de dément tout en levant haut les mains.

Océane est sur le côté, agenouillée auprès du corps de Téo, et reste concentrée, imperturbable, elle concentre la totalité de ses forces à la guérison de Téo. Elle est tout à fait consciente qu'il est le seul à pouvoir nous sortir de cette situation et limiter les dégâts, elle doit le guérir au plus vite. Elle reste indifférente aux combats autour d'elle, elle ne lève même pas les yeux, reste entièrement concentrée sur Téo.

Estéban est là, varie toutes transformations pour la couvrir, il est également conscient que Téo est notre dernière chance.

Caleb est accompagné de deux jeunes hommes, j'arrive à les voir au loin, qui restent légèrement a l'écart, mais pourtant sont bien là. A travers mes spasmes de douleurs, j'arrive à me demander qui ils sont, et ce qu'ils font là.

Les autres sont de plus en plus assaillis, Céleste neutralise au maximum les attaques de Caleb mais le problème est qu'elle même ne peut pas se servir de son pouvoir pour protéger ses amis des gardes car l'inverse marche aussi, et Caleb neutralise Céleste autant qu'elle le neutralise lui.

Estéban se transforme en lion cette fois ci, et se jette sur Caleb qui tend une main juste à temps, et Estéban est projeté au loin.

Céleste réagit juste à temps, et rattrape Estéban dans les airs juste au moment où il allait faire une chute affreusement destructrice pour son crâne, ce qui sois dis en passant n'aurait pas été une grande perte.

Estéban atterrit alors près de nous, et c'est là que je vois un jeune homme sortir de nulle part et s'approcher de moi. Son visage est dissimulé, et il se penche sur mon corps, affreusement concentré. Il pose alors sa main directement sur mon épaule, et aussitôt une vague de bien être m'apaise brusquement, et semble vouloir tout faire pour faire partir le mal qui m'habite. Je me sens alors soulagé, comme si un poids immense vient de m'être retiré, et même si je sens toujours cette fichue balle dans mon épaule, la douleur devient de plus en plus supportable.

Céleste semble me voir, conclu que c'est le Guérisseur dont a parlé James, et se retourne rassurée, mais elle n'est pas assez rapide pour contrer l'attaque de Caleb qui a profité de son inattention pour l'attaquer elle même.

Juste avant qu'elle ne s'écrase sur le sol elle parvient à se maintenir dans les airs, mais concentrée sur son effort à elle, elle ne voit pas tout de suite Caleb attaquer Léna, qui est désormais projetée dans les airs.

Abandonnant son propre sort, Céleste hurle tout en tendant une main sur Léna :

« - Léna ! »

La jeune fille est sauvée, mais Céleste s'écrase sur le sol dans un bruit sourd, juste à côté d'Océane et Téo, et aussitôt je plisse les yeux de douleurs pour elle.

Léna rampe de leur côté, et c'est ce moment là que choisis Océane pour sortir de son hypnose, et s'écrier :

« - J'ai réussi ! »

En effet, Téo ouvre les yeux tout de suite, et d'abord stupéfait, observe son ventre. Il relève la tête, et découvre la situation de tout le monde, sans réfléchir plus, et comprenant immédiatement qu'il doit les sauver, il saisit les bras d'Océane, Léna et Céleste, et sous mes yeux ébahis, ils disparaissent tous les quatre. Caleb explose de rage et pousse un cri de colère épouvantable tandis que j'observe l'endroit où Céleste vient de disparaître, stupéfait.

James, Estéban et Mickaël relèvent tous les trois la tête, découvrant que les autres ont disparus. James écarquille les yeux, et prend aussitôt les choses en main :

« - Mickaël planque toi ! Il ne doit pas te voir !

- Et Clive ?

- Tu le guériras plus tard, s'il te voit c'est la fin ! »

Je me demande qui est réellement ce Mickaël alors qu'il obéit, se jette en arrière, et disparait dans un recoin sombre du palais.

« - Comment ça ? Demande Estéban. Qui était ce ?

- Le chef de la résistance, un B Guérisseur. C'est lui qui a tout organisé.

- Sérieusement ? Comment s'appelle-t-il ?

- Mickaël Carver, répond James.

- Et que...

- Écoute Estéban t'es bien gentil mais on n'a pas le temps ! Caleb est... »

James ne termine pas sa phrase, il est soulevé des les airs, ainsi qu'Estéban, et c'est alors que je me sentis moi aussi décoller du sol, en apesanteur, sensation vraiment étrange.

Estéban semble vouloir aussitôt se transformer en un oiseau pouvant s'échapper, mais il n'y parvient pas, une force invisible l'empêche soudain de bouger.

Je réalise que Céleste n'étant plus là pour neutraliser le pouvoir de Caleb, désormais nous sommes tous les trois entre ses mains, faibles.

Caleb nous maintient en l'air, et s'approche avec un horrible sourire.

« - Vous n'êtes que trois, mais ça suffira. »

Il se tourne vers certains gardes.

« - Apportez des menottes combustibles, et quant au F je m'en occupe. »

Caleb se tourne face à James avec un horrible rictus, un rictus qui me fait frissonner, non pas parce que j'ai peur, mais parce que j'ai l'horrible impression de l'avoir déjà vu.

« - Je ne te conseille pas de tenter de faire fondre tes menottes, tout exploserait. Toi y compris. Tu vas payer James pour ta trahison envers moi et la garde royale. »

Caleb jette un regard à moi cette fois ci, et je crois ses yeux d'un gris terne.

« - Celui là à l'air en piteux état. Mettez-le dans une cellule hermétique avec le D. »

C'est presque imperceptible, mais pourtant quand Caleb m'a parlé j'ai eu l'étrange impression que sa voix a changé.

Il se met à rire affreusement, comme s'il était fou.

« - Voyons voir combien de temps tiendront ils... »

Juste après, c'est le noir complet.