18
Céleste
Pendant qu'Océane, Téo et Estéban débarrassent la table, Léna, Clive et moi sommes chargés de descendre les matelas trouvés dans la maison pour les installer tous dans le salon et faire une sorte de chambre géante pour nous tous.
En effet il est bien plus sûr que nous dormions tous ensembles, car certains comme Océane ou Téo ne pourront pas se défendre seuls.
Pendant que Léna et Clive vont chercher des matelas, je me concentre et ferme les yeux.
Maman ? Maman c'est Céleste où es tu ?
J'essaye de contacter ma mère, en effet je suis de plus en plus inquiète du fait qu'elle n'ait pas cherché à me contacter.
Bien sûr je ne peux pas établir de lien je ne suis pas télépathe, mais ma mère l'est, ce qui fait qu'elle se concentre la plupart du temps sur mes pensées, peu importe l'endroit où je me trouve.
Si elle m'entend l'appeler dans mes pensées, elle peut établir le lien et me parler.
Mais j'ai beau essayer, ma mère ne me réponds pas.
Maman ! Répond moi s'il te plait qu'est ce qui se passe ?
Contre toute attente, je sens un lien s'établir, et une voix résonner dans ma tête.
Ta mère ne répondras pas Céleste, elle est enfermée au plais Royal.
Grant ? C'est vous ?
Oui, je prends des risques pour te parler.
Où est ma mère ? Pourquoi ne peut-elle pas me répondre ? Être enfermée ne devrait pas l'empêcher d'utiliser son pouv...
Au même instant, je me souviens des explications de Clive sur les cellules hermétiques installées au palais royal.
Je vois que Clive t'as parlé des cellules hermétiques.
Oui. Alors elle est là-bas ? Mais pourquoi ?
Caleb t'a identifiée rapidement puisque tu es notée dans le registre à cause de ton pouvoir télékinétique. Il a pu facilement remonter jusqu'à ta mère. Elle a été accusée de complicité avec des criminels, et ils l'ont enfermée en cellule hermétique pour éviter qu'elle te contacte et que tu puisses la libérer, ou qu'elle puisse t'aider. Caleb essaye de retracer les autres, mais aucun n'est noté dans le registre puisque leurs pouvoirs sont basiques.
Une colère bouillonnante s'empare alors de tout mon être.
On ne touche pas à ma mère, personne n'en a le droit.
Je sens la fureur s'emparer de moi, et je tente de me maîtriser autant que je le peux, car je sais très bien que les conséquences peuvent être irrévocables, j'en ai fait les frais par le passé.
Je ferme les yeux pour essayer de stopper la magie qui commence à monter en moi, à crépiter entre mes doigts.
Ils ont prit ma mère, ils l'ont kidnappé, lui ont certainement fait du mal, l'ont arrachée à sa liberté.
Ils la privent de ses pouvoirs, elle n'a aucuns moyens de s'évader, enfermée dans une cellule hermétique, alors qu'elle n'a rien à voir avec cette histoire, et moi non plus d'ailleurs.
Céleste calme toi s'il te plait, nous faisons notre possible pour la libérer.
La voix de Grant encore, mais je ne l'écoute pas.
Je sens que je ne suis plus que colère, je sens que mes pouvoirs sont là, partie prenante de mon corps et mon esprit, je sens qu'ils vont exploser pour exprimer ma colère, je sens que tous ceux qui se retrouveront sur leurs passages en pâtiront, et ne pourront rien faire d'autres que regarder la mort les happer vers son gouffre.
Alors que ma magie crépitant au bout de mes phalanges menace de filer brusquement sans que je ne puisse la retenir, je sens des doigts fins et doux se glisser entre les miens.
Instantanément, je sens que ma magie nocive est comme absorbée.
Toute ma colère retombe, et laisse place à un sentiment de paix intérieure, comme si je n'ai jamais été aussi en colère et à deux doigt de faire s'écrouler la maison.
Je pousse un long soupir de soulagement, et c'est seulement à cet instant que je réalise que je retenais ma respiration, et que mes poumons étaient en feu.
Quand je rouvre les yeux et que je me retourne, c'est face à Clive que je me retrouve, face à son regard réellement inquiet.
Il ne lâche pas ma main, et moi je n'ai plus la force de retirer la mienne.
Je n'ai pas l'impression que la situation lui ait échappé, au contraire je pense plutôt qu'il a exactement compris ce qu'il se passait, et qu'il se demande juste ce qui m'a mise dans cet état là.
Je ferme les yeux, et quand je les rouvre, toutes traces de colère, de tristesse, ou d'une quelconque émotion se trouvent sur mon visage.
« - Désolée j'ai perdue le contrôle, j'annonce d'une voix mécanique.
- Tu parlais avec Grant ? De mauvaises nouvelles ? »
Comment fait ce garçon pour tout comprendre ?
Peut être n'est il pas un C, mais un A télépathe.
Ce qui expliquerait pourquoi il est bien plus gentil et attentionné qu'un C ne devrait l'être.
« - Oui, je réponds. Ils ont ma mère. »
Ce qui est génial, c'est que Clive ne me demande pas ensuite qui sont « ils ».
N'importe qui d'autres aurait cru que c'était Grant et d'autres, mais pas lui.
Clive a réfléchit au contexte de la situation, et je comprends à son expression désolée qu'il a saisit que je parlais de Caleb et ses hommes.
Il répond sans lâcher ma main :
« - Ils l'ont mise en cellule hermétique n'est ce pas ?
- Comment tu sais ? Je réponds aussitôt.
- Simple déduction. Tu parlais avec Grant alors que ta mère est télépathe aussi, je ne doute pas que tu aurais cherché à la contacter elle et non une personne que tu n'as jamais rencontré. C'est donc qu'elle ne peut pas te parler, et quand quelqu'un ne peut pas utiliser ses pouvoirs c'est uniquement parce qu'il est en cellule hermétique, il n'y a pas d'autres solutions pour priver quelqu'un de ses pouvoirs. »
Je l'observe en tentant tant bien que mal de cacher mon étonnement et mon admiration soudaine.
Je ne crois pas avoir déjà vue un aussi bel esprit de déduction, et plus le temps passe plus Clive me surprend.
A ce moment là, je remets tout en question.
Les C sont ils tous comme lui ? Ou est ce uniquement Clive ?
Parce que si tous les C sont comme lui, cela signifierait qu'on nous a mentis toute notre vie, qu'on a cherché à nous implanter des idées, qu'on nous a « lavé le cerveau ».
Bon je m'emballe peut-être, si ça se trouve c'est juste Clive qui n'est pas normal.
« - Tu as dit que tu as perdue le contrôle, tout à l'heure, dit il alors en me regardant. De quoi voulais-tu parler exactement ?
- On doit aller aider Léna, elle doit se demander ce qu'on fait, je coupe. »
Je m'avance en dégageant ma main pour partir, mais Clive me retient par le bras.
« - Tu ne vas pas partir comme ça sans m'expliquer ? »
Je souris alors d'un air narquois, et réplique :
« - Ah ? Parce que ce n'est pas ce que tu as fait avec moi tout à l'heure ? »
Clive sourit alors, fourrant ses mains dans es poches.
« - D'accord c'est de bonne guerre. »
Je lui souris, me détourne, et avance en direction des chambres.
Je croise Léna, des couvertures pleins les bras, et lui sourit.
« - Tu t'en sors ? Je demande.
- Oui ça va ! Avec ma sœur Lisa on faisait souvent pareil pour s'installer dans le jardin et regarder les étoiles. »
Une pointe de nostalgie fait percer sa voix, et je comprends que Léna tient énormément à sa sœur, et qu'elle regrette de ne pas l'avoir avec elle en ce moment.
« - Tu as peur de ne pas la revoir n'est ce pas ? »
Je ne possède pas de tact, je dis ce que je pense sans réfléchir avant, ce qui peut parfois me mettre dans des situations délicates, et ce qui explique pourquoi je n'ai aucun amis.
Léna lève ses yeux aux étonnants mélanges de couleurs, et acquiesce.
« - Oui un peu... Mais je me dis que si je suis là c'est pour la bonne cause, et que si personne n'intervient l'avenir d'Area est compromis. »
Je me rapproche d'elle pour l'aider à porter les couvertures et oreillers.
Elle ajoute à voix basse :
« - Si Area tombait entre de mauvaises mains je ne sais pas ce qui arriverait. Imagine que les barrières autour de l'île tombent ? »
Etonnée de ne pas avoir pensé à cette éventualité, je me tourne face à Léna, l'air grave.
« - Ce serait une catastrophe. L'énergie surnaturelle serait libérée sur Terre. Sur le reste de la planète. Les Hommes ne sauraient pas quoi en faire, pas comment la contrôler. Ils provoqueraient des catastrophes irrévocables.
- Si la magie des D tombait entre de mauvaises mains humaines, les catastrophes naturelles afflueront sur la planète et cela deviendrait incontrôlable.
- Sans parler des C, intervient une voix. »
C'est celle de Clive, qui s'approche de nous et ajoute :
« - Si la magie noire tombait entre les mains de personnes mal intentionnées, ce serait un massacre. Ils n'auraient alors plus de barrières, plus de lois, la catastrophe serait inévitable. À Area nous avons des règles, même si la plupart ne sont pas respectées nous savons à quoi nous attendre, et de cette façon la plupart des crimes sont évités. D'autant que nos lois sont instaurées par des personnes pouvant contrer nos pouvoirs, ce qui fait que même si tout le monde a peur de nous, on peut nous arrêter. Les humains eux, ne pourront pas.
- Parce que ceux en mesure d'arrêter les C ne sauront pas se servir de leur énergie surnaturelle... je conclus. »
Clive, Léna et moi échangeons un regard lourd de sous entendus.
Nous n'avons pas le choix, même si nous ne savons pas pourquoi nous, l'avenir d'Area et de la Terre entière dépend uniquement de nous.
C'est à nous d'éviter la catastrophe, c'est sur nous que repose la lourde tâche d'arrêter Caleb.
« - Rejoignons les autres, je décide. Ils doivent nous attendre en bas. »
Sans attendre plus, nous nous exécutons tous les trois, et traversons le vaste couloir jusqu'à la pièce de vie.
En effet, Océane, Téo et Estéban sont là, assis sur le sol à discuter.
C'est étrange, cela ne fait même pas vingt quatre heures que nous nous connaissons tous et pourtant il y a déjà des « clans ».
Océane, Téo et Estéban d'un côté, et Léna, Clive et moi de l'autre.
Si on m'avait dit un jour que je me retrouverai dans un refuge avec une B, un C, une D, un E et un F attendant les instructions d'une voix dans notre tête je crois que j'aurais éclaté d'un grand rire sarcastique.
« - Vous en avez mis du temps ! se plaint Océane.
- C'est vrai que c'était plutôt long, affirme Estéban. »
Je réplique d'une voix mauvaise :
« - Excusez nous, on était occupés à jouer aux cartes !
- Céleste on a déjà un C pour s'occuper de ce genre de remarques, fait Estéban durement, comme s'il me réprimande. »
Sa remarque me fait bouillonner intérieurement. Pour qui se prend-il !?
« - Pas besoin d'être un C pour être sarcastique, je rétorque. »
Clive me jette un regard désapprobateur qui semble dire « ne te fais pas détester des autres, c'est mon rôle ça ».
« - Voici le reste des couvertures draps et autres, intervient Léna pour calmer le jeu. Reste plus qu'à installer et on est parés. »
Les autres se lèvent pour aider à installer, et après quelques minutes d'entraides nous finissons par réussir à faire un matelas géant de fortune.
« - Quelle heure est-il ? Je demande.
- Presque dix heures, me répond Téo.
- Est-ce que quelqu'un a eut des nouvelles de Grant ? Interroge soudain Océane en se redressant. »
Je décide immédiatement de leur dire la vérité, car je sais que j'aurais besoin d'aide plus tard pour libérer ma mère si Grant et ses hommes ne réussissent pas.
« - Oui moi, je réponds. Caleb a entamé des recherches pour nous retrouver, et il cherche aussi nos proches. Comme je suis une des rares personnes capable de télékinésie, je suis notée dans un registre. Grâce à ça ils ont pu remonter jusqu'à ma mère, et depuis elle est enfermée. Grant m'a dit qu'il cherchait à la libérer. »
Ma révélation est accueillie par des regards inquiets, et je vois très distinctement Estéban pâlir.
Cet élément n'échappe pas à Clive qui ne quitte pas le jeune homme des yeux, et aussitôt il demande :
« - Que t'arrives t'il Estéban ? Tu es noté dans un registre toi aussi ? »
Estéban le fusille du regard, et répond sèchement que non.
« - Tu tiens le coup ? Me demande doucement Léna.
- Bien sûr, je rétorque. Il faut juste la libérer le plus vite possible. »
C'est à ce moment là qu'une voix retentit dans ma tête, et je comprends à l'expression des autres que je ne suis pas la seule.
Bonsoir à tous, c'est Grant. Céleste dit juste, mais bien que je comprends ton envie d'intervenir jeune fille, je te demande de ne rien tenter pour libérer ta mère. Si tu comptes tenter quoique ce soit, souviens-toi que je le saurais puisque je lis dans tes pensées.
Avant qu'il n'ait le temps d'ajouter quoique ce soit, je réplique méchamment à voix haute :
« - L'intimité vous connaissez !? »
Il répond, en ignorant ma remarque :
Je vous demande à tous de ne rien tenter, il faut que vous restiez coûte que coûte au refuge, pour l'instant c'est l'endroit le plus sûr pour vous.
« - Parce que vous êtes où vous ? Demande Téo. »
Je vous le dirais plus tard. En ville ça s'accélère, une somme colossale a été promise à la personne qui détiendrait des informations sur l'endroit où vous vous cachez. Tout le monde est contre vous, vous ne devez sortir du refuge sous aucuns prétextes.
« - Le refuge appartient bien à quelqu'un, et cette personne va forcément revenir ici dans les jours qui arrivent, intervient Clive. »
Non. Nous avons fait en sortes que cette personne là ne revienne jamais ici.
Sa révélation jeta un blanc sur notre petite assemblée.
« - Vous l'avez tué ? Finis par demander Léna. »
Non, nous ne sommes pas de assassins. Nous avons effacé sa mémoire pour qu'il ne revienne jamais à cet endroit.
Soulagée par cette annonce, je saute sur l'occasion pour demander :
« - Quand vous dites « nous », c'est qui ? »
Je ne peux pas vraiment vous répondre. Juste vous assurer que nous sommes la Résistance, et que nous sommes là pour vous aider. Vous n'avez pas le choix vous devez me croire. Et attendre mes prochaines instructions.
« - Et pourquoi nous ferions vous confiance aveuglement ? Intervient Estéban. »
Eh bien allez y, sortez dehors au grand jour. Mais ne nous rejetez pas la faute si vous vous retrouvez enfermés au Palais sans défense.
D'un geste vague de la main, je somme à Estéban de se taire car Grant a certainement raison.
Attendez mes instructions. Vous ne pouvez pas intervenir pour l'instant parce que les gardes passent au peigne fin les environs du Palais. Si vous sortez vous êtes morts. Ne faites rien, et attendez mes instructions.
Eh bien c'est rassurant !
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