C'était un hiver rude, le genre d'hiver à rester cloîtrée chez soi accompagnée d'une tasse de thé, devant une émission humoristique.
Et pourtant malgré le froid de nombreux lycéens avaient tout comme moi, le devoir d'aller en cours, quelle plaie ! Cet immense bâtiment couleur métal, qui avait été construit dans le but d'enseigner à de stupides adolescents en pleine crise, les maths, la physique ou encore l'histoire. Je m'y rendais en bus tous les matins, de toute manière il aurait été impossible de s'y rendre à pied. Le lycée siégeant à Sainte-Madeleine, la ville la plus proche à une trentaine de kilomètres de mon petit village.  Je coiffais mes cheveux bruns en une queue de cheval, me maquillais légèrement, m'habillais de mon uniforme blanc et sortais. La neige tombait abondamment, il aurait été impossible de s'y retrouver sans ces lampes d'extérieurs qui bordaient la rue tout du long. Mon village se situait sur une colline, pas très haute mais assez pour se faire appeler ainsi, ma maison était la plus éloignée au sommet, elle était en brique, petite mais confortable, une vraie maison traditionnelle. Je m'en éloignais afin de gagner l'arrêt de bus non loin de là quand un bruit se fit entendre dans mon dos. N'y faisant attention je continuais ma route. Le bruit se répéta. Des milliers de bruits se faisaient entendre, mais celui-là ressortait au-dessus des autres, il était étrange, comme un craquement d'os. Je me retournais et vis une ombre, pas assez grande pour être humaine.. hum.. un animal, sûrement. Après tout des centaines d'animaux passaient par là, sortant de la forêt au premier signe lumineux d'une voiture ou se dirigeant le plus vite possible vers le terrier le plus proche. Le bruit se répéta plus fort et plus transcendant que la première fois ce qui me fit m'arrêter à contrecœur. Ma curiosité l'emporta sur la raison et me voilà, avançant  dans le brouillard vers cette ombre. Le bruit se faisait de plus en plus fort. Arrivée à quelques mètres ce que je vis me retira les mots de la bouche, je n'étais déjà pas très bavarde, mais là.. Deux yeux. Devant moi se tenait un loup, le pelage aussi noir que du charbon avec dans la gueule un tout petit lapin blanc. L'animal était complètement broyé. Le contraste était tellement flagrant. Le bruit était donc les os du lapin que la bête brisait petit à petit. Le loup referma un peu plus la gueule ce qui émit un nouveau craquement, ce bruit me procura des frissons dans tout le corps. L'animal me fixait. Ses yeux. Un vert et l'autre marron, son regard était tellement intense et bourré de vie, on aurait dit celui d'un humain. Je n'avais jamais vu cela, j'étais comme hypnotisée. Le loup me fixa encore quelque instant de son regard intense et s'enfuit je ne sais ou dans la forêt. Ce regard, ses yeux, je n'avais jamais rien vu de tel...

Je me remettais en route, pensant encore à l'étrange animal que je venais de voir..... Ne t'éloigne pas trop, tu vas être en retard. Me dis-je intérieurement en me pinçant la joue pour retrouver mes esprits.