Chapitre 1
Alors que je parcourais pour la cinquième fois les maigres lignes de cet article, ma vision se flouta et les larmes commencèrent à mouiller mes joues. Depuis quelques temps, tout va mal... Sans cesse, la réalité me rattrape. Elle me plonge dans un océan de tristesse où je ne touche pas le fond. Malheureusement, je n'ai pas la force de remonter à la surface... Cela fait maintenant deux semaines que le drame s'est produit et depuis, plus rien n'est pareil. Je me sens vide et délaissée, seule devant ce malheur. Au début, certaines personnes sont venues me questionner sur l'accident et me témoigner leur soutien mais sans surprise, leur soudain intérêt pour ma personne et pour celle de mon amie n'était que le simple fruit de leur curiosité malsaine et leurs paroles aussi sincères pouvaient-elles paraître n'étaient que mensonges. Rapidement, j'étais redevenue, Iris, celle que j'avais toujours été, une anonyme aux yeux de tous, celle qui était traversée par les regards, comme invisible.
L'absence de ma meilleure amie, Axelle, me consumait de l'intérieur. Même si chaque élément de ce lycée me rappelait nos souvenirs partagés, bons comme mauvais, je ne pouvais me résoudre à rester chez moi. Ma maison qui, autrefois, avait été si chaleureuse, me semblait vide et froide depuis que ma mère enchaînait les voyages d'affaires de plus en plus longs. Habituellement, ses absences prolongées ne m'embêtaient guère mais alors que j'avais le plus besoin d'elle, elle m'avait comme abandonnée.
Un jour, un mardi sûrement, je fus convoquée chez le proviseur. C'était un homme imposant et calme, toujours accompagné d'un sourire gentil qui inspirait confiance et bienveillance. Il m'invita à prendre un thé.
« Alors, dis-moi. Comment vas-tu ?
- Bien, Monsieur.
- Tu n'es pas obligée de m'appeler « Monsieur » dans ce bureau. Parlons d'égal à égal ! s'exclama-t-il pour me mettre en confiance.
- D'accord, je vais essayer.
- J'ai entendu dire, par certains de tes professeurs, que tu lisais le journal pendant certains de leurs cours. Monsieur Marchal préférerait sûrement que les élèves lisent en priorité les œuvres littéraires qu'il donne à lire. Mais, il faut dire que je ne suis pas sûr qu'il les lisait lui-même étant adolescent » plaisanta-t-il.
Voyant que je savais quoi répondre, le proviseur continua :
« Que comptes-tu faire après le lycée ?
- Je ne sais pas encore, j'y réfléchis, répondis-je.
- Les études de journalismes ne t'intéressent pas ?
- Je ne sais pas trop. »
Au début, je ne lui répondis que brièvement mais son ton chaleureux m'invita à parler plus librement. A la fin de la demi-heure, la sonnerie me ramena à la réalité, ce petit moment de légèreté prenait fin. Alors que mon humeur s'assombrissait, mon interlocuteur me proposa de venir le jour suivant. Pour la première fois depuis longtemps, j'avais le sourire aux lèvres.
Les deux jours suivants, les entrevues avec le proviseur me firent oublier partiellement la douleur et le chagrin, si bien que j'en oubliais de prendre les nouvelles sur l'état de mon amie. Me rendant compte de mon égoïsme, je me promis de lui rendre visite à l'hôpital le jour suivant. Pour une fois, j'aurais plein de choses à lui raconter.
Le lendemain, alors que je me levais, une violente migraine de fit tomber à terre. Je ne pouvais plus bouger, paralysée par la douleur, mes yeux me brûlaient comme si on venait de les percer. Les secondes semblaient durer comme des heures. Puis soudain, tout disparût, le mal de tête, la sensation de brûlure, tout. Je me relevais difficilement, encore sonnée par ce qui m'était arrivé et me dirigeais vers la salle de bain afin de me rafraîchir les idées. Au début, je ne remarquai rien mais alors que je prenais un flacon d'eau micellaire, celui-ci m'échappa des mains et se déversa à mes pieds, un détail venait de me frapper. Mes yeux, habituellement chocolat, avaient pris une teinte écarlate. Rouge rubis, était la nouvelle couleur de mon regard.
D'abord fascinée par cette couleur étrange, je restais devant mon reflet à contempler les nuances de mes iris. Puis tout à coup, je me rendis compte de l'étrangeté de ce phénomène et une panique folle s'empara de moi. Dans la précipitation, j'allumais mon ordinateur sans même remarquer la photo de mon fond d'écran qui représentait Axelle et moi. J'entrais avec vitesse les mots-clés : yeux rouges/ changement de couleur des yeux... Cependant, les nombreux liens qui s'affichèrent ne parlaient que de symptômes dus à la fatigue, de lentilles de contact, d'une nouvelle opération ou encore de films de science-fiction. Rien ne semblait convenir à ma recherche.
Désemparée, je finis par me rendre au lycée. Au début, je craignais que la nouvelle teinte de mes yeux attire l'attention ou les curieux mais mes inquiétudes semblaient infondées car durant toute la matinée, personne ne vint à ma rencontre. J'étais toujours aussi invisible et ceux qui avaient pu remarquer ce changement avaient dû croire à des lentilles de contact.
A la pose du repas, je me rendis comme à mon habitude dans le bureau du proviseur. Cependant, j'eus un mauvais pressentiment. Sans savoir comment, je savais que ça n'avait aucun rapport avec l'étrange couleur de mes iris qui, pourtant, aurait pu apporter une bonne dose de questions.
J'entrais dans la salle, la boule au ventre, comme si un monstre m'attendait de l'autre côté de la porte.
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