Marchant maintenant depuis longtemps, Jake et Arcos ne s'étaient pas échangé un seul mot. Voilà bien un moment qu'Arcos songeait, et se repasser en boucles les derniers événements ; le combat l'avait secoué, ou plutôt, c'était l'impressionnant sang-froid de Jake qui l'angoissait. Il avait eu là-devant lui non pas un homme, mais une bête agissant par instinct.

Pourtant, il ressentait en lui autre chose ; quelque chose de plus noble que l'animal qu'il paraissait être, une chose plus précise que l'instinct. De plus, ses capacités mémorielles ressortaient de manière plutôt exhaustive ; il s'était en grande parti construit sur de vieux livres qu'ils avaient trouvé, mais cela faisait longtemps qu'il n'y avait plus touché. Notons aussi que son sens de l'observation a sans nul doute a été révélé par sa façon de combattre avec facilité cette bestiole difficilement prévisible.

Poursuivant leur route avec prudence et patience, ils ne firent pas la moindre rencontre. Des petits villages isolés, dévastés, un cheval mourant, un oiseau charognard, et rien d'autre. Des jours doux et chauds, des nuits calmes et rafraichissantes.

Au terme de la semaine, Ineralga grandissait sur l'horizon. Ils approchaient pas à pas, voyaient se dresser au loin les grandes tours, puis la grande porte ; on pouvait à présent discerner des silhouettes se détacher des champs, des paysans et leurs outils qui miroitent le soleil sur leurs lames ; le soleil se reflétait autant sur celle-ci que sur les brillantes armures que portent les gardes, marchant et assurant la protection des habitants en dehors de la ville.

Mais tout cela devenait rapidement flou, les deux voyageurs étaient victimes d'une fatigue qui ne leur était pas habituelle, d'une somnolence artificielle. Ils ressentaient le poids d'une puissante magie les accabler, ils titubent, résistent, mais finir par tomber ; les yeux s'ouvrent et se referment ; au loin les trous disparaissent ; au fur et à mesure tout devient sombre, et les ombres s'évaporent. Dans leur dernière vision, seuls les reflets étincelants subsistaient, puis...

...rien.

[Sans commentaires. Je me tais]