En entrant dans mon appartement à 3 pièces (chambre, salle de bain et cuisine/séjour) elle retira son manteau. Son bras était couvert de sang, il était encore plus blessé que ce que j'avais imaginé. Elle s'assit sur le canapé tandis que j'allais chercher des bandages et du désinfectant dans la salle de bain. En revenant, je la trouvais épuisée, sur le point de s'endormir.

-Va te laver et dormir, on s'occupera mieux de ton bras demain matin, dis-je.

-Tu es sûr que tu n'as pas une tonne de question à me poser, répondit-elle à moitié endormie.

-J'en ai, mais là ce n'est pas le moment, on aura le temps demain.

-Merci, tu es vraiment gentil, mais pourquoi m'avoir aidée ? Qu'est-ce qui te fait dire que je ne suis pas la méchante et que l'autre personne qui essayait de m'arrêter avait de bonnes raisons de m'attaquer ?

-Je n'en sais rien, mais je t'ai vue en danger donc j'ai agi, expliquais-je.

-Tu devrais réfléchir avant d'agir, lança-t-elle avec un peu d'agressivité. Puis elle me regarda avec un sourire de gratitude. Merci encore », ajouta-t-elle avant d'aller dans la salle de bain.

J'installais une couverture sur mon canapé et posais un vieux jogging que je n'avais pas mis depuis longtemps et qui pourrait lui aller, puis j'allais dans ma chambre dans le but de me coucher. Devant le vieux miroir posé sur un mur de ma chambre je vis mon manteau marron et mon vieux jean bleu délavé un peu déchiré par la bataille. Pour le moment, je me contentais de me déshabiller et de m'allonger dans mon lit. Je tombais dans un sommeil sans rêves. Le combat m'avait épuisé.

En me réveillant le lendemain il me fallut quelques secondes pour que le souvenir du combat de la veille me revienne. Je me levais péniblement. J'entendis du bruit venant de ma cuisine. Je me levais et je trouvais Laïe affublée de mon vieux jogging, les cheveux emmêlés, elle faisait des crêpes. La table du petit déjeuner était installée. Lorsqu'elle me vit elle me salua et m'invita à m'asseoir.

« Ton bras à l'air d'aller mieux. Comment ça se fait qu'il ait guéri si vite ? questionnais en remarquant que son bras n'avait plus que quelques légères cicatrices.

-C'est dû à mon pouvoir, mon organisme est très rapide, la réparation va donc plus vite. Voilà, dit-elle. Pour te remercier j'ai fait le petit déjeuner. C'est le moins que je pouvais faire, enfin bref, j'imagine que tu veux avoir des explications sur ce que tu as vu hier soir, mais pour commencer, je voudrais connaître ton nom.

-En effet, pour commencer je m'appelle Paul, toi c'est Laïe, c'est bien ça ? Comment se fait-il que cet homme et toi ayez des pouvoirs ? questionnais-je.

-C'est un peu compliqué, mais en gros, il existe d'autres mondes dans l'univers, ce que tu crois extraordinaire est tout à fait normal sur ma planète, elle se nomme, ... pardon se nommait Eony.

-Elle a été détruite ?

-Non, le pouvoir qui était en place a été renversé il y a 10 ans et le nom a changé. Je faisais partie de la famille royale, j'ai été cachée ici, sur Terre, j'avais 9 ans, murmura Laïe, ses yeux commencèrent à se remplir de larmes, mais elle se ressaisit très vite. Sur ma planète, chaque être a une capacité spéciale. Comme tu l'as vu hier, je peux aller plus vite que n'importe quel être humain. Silas, l'homme qui m'a attaqué peut créer de l'électricité.

-Pourquoi s'en est-il pris à toi ? dis-je intrigué.

-C'est à cause du livre que tu m'as donné. Il est important pour moi, répondit-elle. Silas est un mercenaire engagé par le gouvernement qui a chassé ma famille du pouvoir pour récupérer cet ouvrage. De plus il est chargé de m'éliminer.

-Pour quelle raison veulent-ils ce livre ? Qu'a-t 'il de spécial ?

La jeune femme baissa les yeux, comme si elle hésitait à me répondre. Je la sentais tendue. Elle me regarda de nouveau.

-Comme je te l'ai dit, ma famille était au pouvoir depuis longtemps, à part moi, ils ont tous été exécutés. Quand je suis arrivée sur Terre j'ai vécu pendant des années comme je pouvais. Pourtant, il y a environ un an j'ai découvert ce livre dans une librairie, il était écrit dans ma langue natale. Je voulais donc le consulter, un peu comme un souvenir, un dernier lien avec mes origines, mais je n'ai jamais pu le consulter, à chaque fois des obstacles m'en ont empêchés. En plus, pour une raison que j'ignore le gouvernement de ma planète le veut, j'imagine donc qu'il est encore plus précieux que ce que je croyais au début.

-Mais enfin qu'est-ce qu'il peut contenir de tellement précieux ? questionnais-je.

-Comme je viens de te le dire je n'en sais rien. J'ai prévu de le consulter aujourd'hui. Je l'ai enfin entre les mains.

-D'accord, mais j'ai une dernière question. Dès le moment où je t'ai vue à la bibliothèque, tu n'as pas quitté mon esprit. Je ne dis pas que tu es invisible et que n'importe qui t'aurait oublié comme ça, mais le fait que tu m'aies marqué autant n'aurait-il pas un rapport avec ta nature extraterrestre ? En plus lorsque je t'ai aidé, j'ai agi d'une manière bien plus impulsive que d'habitude et je n'ai pas compris pourquoi j'ai fait ça. Je n'aurais pas laissé ce type faire du mal à quelqu'un, mais je n'aurais pas fait ça non plus.

Laïe baissa de nouveau les yeux. Elle semblait gênée.

- Et bien, ... murmura elle, c'est lié à ma famille. Mes ancêtres ont depuis longtemps une sorte de capacité qui ressemble à de l'hypnose, mais c'est moins puissant. Disons juste que les personnes de ta planète sont plus enclines à m'obéir si j'utilise cette capacité. Je suis désolée, mais je voulais être sûre que tu me passes le livre à la bibliothèque. En revanche ton intervention était involontaire, j'étais en danger, cela a dû se déclencher malgré moi. Comme tu étais dans les parages cela t'a affecté.

-Vraiment, comment je peux te faire confiance alors ? Qu'est-ce qui me dis que tu ne me manipule pas ?

-Cette capacité n'est pas très puissante. De plus la personne touchée est au courant qu'il y a un problème. De toute façon je ne l'utilise presque jamais, se défendit elle.

-Sauf hier, répondis-je taquin. Mais elle sembla mal prendre cette remarque et me lança un regard noir.

-C'était une situation exceptionnelle. Silas m'a retrouvée et c'était involontaire je ne voulais mettre personne en danger.

-C'est bon je plaisantais, dis-je en souriant. Du coup tu as l'intention de rester ici toute la journée ou tu as quelque chose d'autre de prévu ?

-Est-ce que je pourrais rester ici le temps de déchiffrer le livre, histoire d'être dans un endroit sécurisé ? Je n'ai pas l'intention de voler quoi que ce soit, de toute façon si je l'avais voulu je l'aurais fait cette nuit.

Je regardais la jeune femme dans les yeux. Elle semblait vraiment avoir besoin d'aide et visiblement elle ne me contrôlait pas. En effet, j'étais parfaitement maître de moi-même.

-Tu peux rester, mais je suis en cours durant la majeure partie de mes journées il faudra que tu te débrouilles.

-Bon dans ce cas, ça me va, pas de soucis, je sais me débrouiller seule, je l'ai fait durant une grande partie de ma vie, expliqua-t-elle. »

Je regardais Laïe dans les yeux. Derrière son air sérieux, plein de volonté, elle semblait fatiguée, avoir fui pendant longtemps. Puis j'aperçus la pendule située sur le mur derrière la jeune femme. Tout à coup je me rendis compte que j'allais être en retard. Je me précipitais dans la salle de bain, pris une douche rapide et me changeais aussi vite que possible. Je parti en courant de mon logement en saluant vaguement la demoiselle toujours assise à table.

Lorsque je parvins essoufflé à mon arrêt de bus je vis arriver le véhicule. Je poussais un soupir de soulagement. Je grimpais à l'intérieur. Une fois assis, je repensais à ce qui venait de m'arriver, ma vie si simple avait pris un tournant étonnant, je trouvais que je m'en sortais bien compte tenu du combat que j'avais vécus la veille. Je regardais le paysage de manière distraite. Des pouvoirs, des extraterrestres, ... comment tout cela était-il possible ? Hier encore je n'aurais jamais cru cela vrai. Pourtant voilà, une ancienne princesse Alien était chez moi en train de regarder un livre de sa planète. J'ai toujours aimé la fantasy, mais je n'aurais jamais imaginé que cela pouvait arriver, encore moins à moi, un gars normal et sans histoire. J'irais même jusqu'à dire sans intérêt. Le bus freina, cela me sorti de ma rêverie. C'était mon arrêt, je descendis et marchais le long de la rue, puis en arrivant au bout je tournais à droite, un peu plus loin, je tournais de nouveau à droite dans l'enceinte du campus. Il était assez grand, pour un campus d'une ville moyenne.

Devant moi il y avait un grand parterre d'herbe, avec un sentier en gravier et quelques bancs sur les côtés. Quelques petits arbres agrémentaient ce décor aux allures champêtre. Derrière se dressait un assez grand bâtiment rectangulaire, de couleur beige avec des escaliers de pierre blanche assez monumentaux avant l'entrée. Je commençais à m'avancer pour rentrer dedans quand tout à coup je sentis une main saisissant mon épaule. Je me retournais subitement, sur mes gardes prêts à réagir s'il s'agissait encore de Silas, mais, ce n'était pas lui. En effet, derrière moi se trouvait une jeune femme aux grands yeux d'un verts profond dont la longue chevelure bleu foncé (couleur artificielle bien évidemment) descendait jusqu'à ses cuisses, tassant ainsi la demoiselle déjà de petite taille, vêtue d'un pantalon taille haute bleu foncé et d'un large t-Shirt noir elle me regardait en souriant.

« Salut Paul, lança-t-elle d'un ton joyeux. Qu'est ce qui t'es arrivé hier ? Tu as des égratignures et tu as l'air vraiment fatigué.

Je passais une main dans mes cheveux bruns et courts, j'étais gêné, je ne savais pas vraiment quoi répondre à ma meilleur amie.