Il fallait qu'elle agisse et elle seule le pouvait
Elle décrocha, rangea, rêves et aspirations
Avec ses ambitions dans un très grand carton.
C'est l'amour et l'urgence, là, qui la soulevaient.

Elle fit un pas, un seul. Puis un second suivit.
Elle marcha des secondes des minutes et des heures
Derrière la lassitude et derrière la douleur
Jusqu'à ce que l'urgence lui semble être une vie...

Elle apprit à serrer entre deux espaces-temps
Le travail, la maison, l'approvisionnement
Pour que le grand, le vrai cœur de la maisonnée
Puisse toujours trouver son âme attentionnée.

Elle n'aurait pas pensé devoir aller si loin
Les semaines, les années, elle a marché longtemps.
Pas de but, d'objectif, juste un prolongement :
Cette alliance à son doigt, des serments qu'elle contient.

Ses jambes ne souffrent plus, l'endurance la surprend.
Alors sa distraction, l'espace d'un instant
L'amène à observer son environnement...
A regarder l'endroit ou l'a poussée ce vent...

Elle regarde. Ses émotions entament sa détermination.
Elle relève les détails, les reliefs et les tons
A la fois étrangers et familiers, au fond :
Elle a couru sa vie sans quitter la maison...

Pourtant ses yeux extraient du fond de sa mémoire
Des vues brèves de montagne, de mers, de territoires
De courses folles, défis, saveurs et émotions
La tête le coeur et l'âme enfin en communion.

Qu'elle reste ou qu'elle s'en aille, elle gardera en tête
Qu'elle a vu qu'elle était plus intense et complète
Qu'à chaque pas elle donne, du sincère, de l'honnête
Rien, si sa voie changeait, qu'elle défasse, qu'elle regrette...