Chocolat, pain d'épices, caramel et ivoire...
Mon âme s'est envolée mais ou est ma mémoire ?
Ces souvenirs tissés sur la trame du savoir...
Je dois les ordonner et vous dire au revoir.

Vous entourez mon corps, dans sa caisse en bois blanc.
Je me sens abattue de sentir vos tourments
Mais c'est votre colère qui freine mon élan...
Comme je vous sens amers, et fermés, et violents !!

J'ai visité des villes, des maisons et des cœurs.
J'ai réjoui mon regard de décors, de couleurs
Enchanté mon palais d'inattendues saveurs
Appris des sons nouveaux, sur des accords majeurs...

Café noir, et cannelle,
Chocolat, caramel
Vous me dites que ces gens
Nous sont trop différents ?

Vous avez demandé si je connais mes pairs.
Si avant de quitter le monde des matières
je discernais assez de l'ennemi le frère...
Aurai-je dû border l'horizon de frontières ?

Abricot et vanille, caramel, pain d'épices
Vous croyez qu'entre nous c'est un vrai précipice
Que l'histoire et la foi sépare l'humanité...
L'accès au paradis serait donc limité ?

Je suis née comme vous et sous le même ciel
J'ai aimé, j'ai haï, vécu la guerre cruelle
Vu en l'autre une cible jusqu'à apercevoir
Dans ses yeux le regard que me rend mon miroir...

Ma mémoire me revient, et la couleur du sang :
La même teinte pour deux corps ennemis s'écoulant...
Le même regret poignant de rêves inassouvis
C'est en même temps que lui que j'ai perdu la vie...

Je rejoins ce Là-haut, soulevée par l'espoir
D'aimer et de donner à m'en gagner des ailes..
Me condamnerez-vous si, ni blanches ni ivoire
Mes ailes poussaient café, chocolat, caramel ?