Chapitre 5 : Mon choix est fait (1/2)
3 semaines plus tard, Samedi 25 septembre
20 jours, aucune nouvelle, rien.
Mary avait décidé de se trouver un travail, pour occuper ses journées, bien qu'elle n'ait aucun problème financier. Elle avait donc décroché un job dans un magasin de sport en tant qu'hôtesse de caisse à mi-temps, travailler, les lundis et jeudis après-midi, et le reste de la semaine le matin. C'était convenable, elle passait environ la moitié de ses journées hors de la maison. En rajoutant les rendez-vous deux fois par semaine chez sa psychiatre (sans aucune utilité, d'ailleurs), elle était, finalement, bien occupée dans la semaine. Concernant ses rendez-vous médicaux, elle considérait ça comme une perte d'argent, et de temps que de continuer à consulter. Mary avait beau le répéter à son oncle, il insistait pour qu'elle continue à la voir. Tant pis, elle voyait ces séances comme deux heures qui étaient occupées dans sa semaine, un programme comme un autre...
Elle avait beaucoup pensé à Julian, bien évidemment... Et plus le temps passait, plus elle sentait le besoin de le voir, ne serait-ce que de voir ses beaux yeux verts. Mais comme il lui avait écrit, il ne l'avait pas revu. Et Mary n'avait pas repris contact. Une chose était sure, cet éloignement n'avait pas du tout servi à la jeune femme. Elle n'avait d'ailleurs plus touché à sa guitare depuis cette nuit et cette gueule de bois, l'envie lui manquait clairement...
Sauf que ce soir, Mary avait été forcée à sortir, par sa cousine. Elle était parti pour tenir la chandelle. En effet, Julian et Alice seraient là, avec Mina et Nicolas. Mary en voulait vraiment à sa cousine de la pousser à sortir, de l'obliger à passer toute une soirée en compagnie de Julian, et de sa copine. Évidemment, Mina l'avait relookée, lui passant un de ses mini-shorts, ses bottines noires en cuir, à talons et son haut noir décolleté, simple mais sexy, trop pour Mary, qui, il faut bien le dire, n'était comme bien souvent pas du tout à l'aise. Mina elle, n'avait pas arrêté de lui dire à quel point ce serait bien, qu'ils auraient le privilège d'être dans le carré VIP grâce à Alice, que plein de mecs allaient les draguer, que ce serait marrant... Ça ne marchait pas. Et quand Mary entendit la sonnette de la maison retentir, elle n'eut qu'une envie, prendre ses jambes à son cou, et fuir.
Malheureusement pour elle, Mina la prit par la main et la tira de force à l'étage inférieur... Seul Nicolas était devant la porte, il embrassa sa petite amie avec envie et fit la bise à Mary, une seule chose avait changé en 20 jours, Nicolas et Mary s'entendaient... Ils ne se faisaient pas confiance, mais s'entendaient, pour le plus grand bonheur de leur petite protégée, Mimi. Ils se dirigèrent tous les trois vers la voiture, Mary hérita de la place du côté passager à l'arrière, avec Mina à côté d'elle, puis Nicolas qui était derrière Julian. La seule vue des cheveux blonds, tellement soignés d'Alice devant elle lui avait donné envie de vomir... Pourtant la jeune mannequin n'y était pour rien dans son "histoire" avec Julian. Et le seul regard que Julian lui avait porté à travers le rétroviseur intérieur avait eu pour effet de lui faire manquer un battement de cœur. Croiser son regard, après 20 jours sans le voir, lui retournait l'esprit, le corps, le cœur.
La route se fit en silence, la musique rock de Julian résonnait dans la voiture. Mary qui tentait de se contrôler, la situation la mettant terriblement mal à l'aise, tenait la main de Mina. Elle lui faisait comprendre que ça n'allait pas. Ils n'avaient plus que cinq minutes avant d'arriver à la boîte de nuit, mais Mary avait l'impression d'étouffer. L'état de Mary n'avait pas échappé à Julian, qui lui, lançait continuellement des regards à travers le rétroviseur. Julian, après quelques minutes dans le même habitacle que Mary, était déjà, obsédé par elle, et sa présence. Mary, trop occupée par elle-même, n'avait rien remarqué... Ils arrivèrent enfin, et Mary fut la première à sortir de la voiture, ressentant un besoin incroyable de prendre l'air, de ne plus voir la stature si droite et le regard parfait d'Alice. Mina la suivit, et la prit dans ses bras, tendrement, en lui chuchotant une petite blague pour lui redonner le sourire...
Ils allèrent tous ensemble vers l'entrée, ayant pris soin de préparer pour les trois mineurs leurs fausses cartes d'identités. Finalement, grâce à Alice et sa renommée croissante, elles n'avaient au final pas servi. Encore une fois, Mary était agacé par Alice, sans véritable raison. Aucun regard, Julian et Mary n'osaient pas se regarder, certainement trop effrayés à l'idée de craquer, d'une manière ou d'une autre.
Ils s'installèrent dans un coin, un de ses coins cosy, beaucoup plus agréable que ceux réservés aux clients habituels, et n'eurent même pas besoin de commander à boire. Les boissons arrivaient soit par des types voulant draguer une des trois filles, ou par la boîte même, histoire de fidéliser Alice. Ils restèrent là une petite heure avant que la piste de danse ne commence à se déchainer. Mary se fit alors inviter par un beau mec d'environ 25 ans et Nicolas et Mina l'accompagnèrent, afin de garder un œil sur elle... Julian n'avait pu s'empêcher de tuer du regard le cavalier temporaire de Mary. Il fallait bien le dire, elle passait de bras en bras. Et elle avait l'air d'apprécier ça... Et Julian, lui, détestait ça. Il essayait tant bien que mal de se raisonner, mais il aurait souhaité que Mary soit à lui, qu'elle lui appartienne.
Aussi bien Alice, que Julian avaient remarqué que Mary était très attirante ce soir, qu'elle faisait chavirer plus d'un jeune homme. Seulement, Julian n'aurait pas dû le remarquer, par respect pour Alice. Le fait est qu'il ne la lâchait pas des yeux, il la surveillait, littéralement... Il se sentait bouillir dès qu'un mec posait ses mains sur les hanches de la jeune fille, ou qu'il cherchait à l'embrasser. Il était temps, pour Alice, de mettre les choses au clair. Heureusement pour eux la musique n'était pas trop forte dans leur coin. La jeune mannequin lui prit la main pour le sortir de sa tour d'observation, insistant du regard pour commencer la discussion.
-Ça va les yeux ?
-Quoi ? Pourquoi tu dis ça ?
-Arrête Julian. J'vois bien ton petit jeu.
-Je vois pas de quoi tu parles.
Bien sûr que si, il savait exactement de quoi elle parlait. L'occasion se présentait enfin, pour lui, de se libérer de cette relation. Et malgré ça, il n'arrivait pas à en saisir l'opportunité. Il était gêné, beaucoup trop gêné pour être crédible.
-Elle te plait, c'est ça ?
Le ton d'Alice n'était pas méchant, juste curieux. Pour seule réponse, Julian passa sa main dans ses cheveux et baissa le regard. Alice était clairement vexée, à travers le comportement de Julian, elle comprenait ce qu'il se passait. Elle le connaissait par cœur, depuis toujours, elle n'était pas dupe.
-Oh, c'est même plus que ça !
-Alice, je sais vraiment pas quoi te dire.
-Bon, écoute... on sait tous les deux qu'on est ensemble pour avoir quelqu'un. Et je ne vais tout de même pas te dire que ça m'enchante de savoir que tu craques pour elle... Mais si c'est ton choix, ma foi...
-J'ai pas choisi. Crois-moi, j'aurais préféré que ça n'arrive pas.
-D'autant qu'elle a l'air... Déséquilibrée...
Il hocha la tête de haut en bas en guise d'approbation.
-Elle l'est.
-Tu devrais lui parler, je pense. Mais je te préviens, si on se quitte pour elle, ça a intérêt à être du sérieux, c'est notre deal !
Quelle pression, Julian n'avait jamais eu de relations sérieuses... Les amourettes de lycée à tromper sa copine ne comptaient pas. Mais elle avait raison, Alice avait accepté de se mettre avec lui, afin de lui prouver qu'il pouvait tenir, être fidèle. Et avant de le laisser filer pour retrouver Mary, elle devait s'en assurer.
-Mais d'abord sois honnête, il s'est passé quelque chose ?
-Non.
-Non ? Vraiment ?
-Elle m'a arrêté à temps.
-Quand est-ce que c'est arrivé ?
-Il y a trois semaines. Pile trois semaines. Alice, j'suis vraiment-
-Désolé, je sais Julian, ne t'en fais pas pour ça. - elle le connaissait par cœur, elle savait qu'il n'était pas en accord avec lui-même - Trois semaines ? C'est pas le jour où tu m'as appelé et où t'étais bizarre ?
-Si je suppose.
-T'avais bu ce soir-là ? Tu t'es saoulé pour elle ? Attends c'est de la folie. Toi, Julian Jost qui boit, pour une fille... Toi ?
Elle se répétait, mais elle n'en revenait pas. C'était une manière de réaliser la chose.
-Ouais... Il faut croire.
-Et bien. Tu dois vraiment être accro à elle...
-On a dormi ensemble, cette nuit-là. Juste dormi, on n'a rien fais. Autant te dire que mon self-control était à son maximum. Mais, j'avais beau savoir que j'avais pas le droit, par rapport à toi, j'ai pas pu m'en empêcher.
-Vous avez dormi ensemble et vous avez rien fais ? Permets-moi d'en douter.
-Non, c'est la vérité. Je te le jure.
-Ok, je te crois. Je sais que tu n'es pas un menteur.
Alice prit le temps d'analyser ce que Julian venait de lui dire. Et, sympathiquement, elle reprit la parole.
Elle avait tout compris.
-Tu es amoureux.
-Pas possible Alice.
-Si, je te connais, tu l'aimes.
-Arrête donc.
-Julian, tu n'as jamais été comme ça avec une fille. Jamais je n'aurais pu imaginer que tu dormes avec une fille, autre que moi, de manière platonique. Et tu l'as fait avec elle, ça veut tout dire.
Cette parole paraissait totalement surréaliste à Julian. Il ne pouvait pas aimer une fille après si peu de temps.
Quoi que...
-On a juste passé une semaine à se parler. Et elle me rend dingue. Ça, me rend dingue. Sérieux Alice, t'es ma meilleure amie, je sais plus quoi faire. Elle va mal, ça se voit, mais tu ne peux pas t'imaginer comme j'ai envie de la serrer dans mes bras, tout le temps, c'est incroyable. Elle a que 17 ans, et pourtant elle est tellement...
-Julian Jost est véritablement en train de tomber amoureux...
-Non, mais quand je m'entends parler j'ai l'impression d'être un lourdingue.
-Fallait bien que ça arrive un jour. Mais ne perds pas de temps, va la rejoindre, alors !
-J'hésite.
-Écoute. Va mettre les choses au clair Julian, avec elle aussi. Je suis certaine qu'elle t'apprécie aussi.
-Tu l'as vu ? Elle n'en a rien à faire de moi, surtout ce soir, tous les mecs ne regardent qu'elle.
-Et, elle n'avait d'yeux que pour toi avant d'aller danser, je l'ai vu.
-Vraiment ? Elle m'obsède... À tous les points de vue.
-Ne perds plus de temps et va lui dire.
-Je vais y aller, oui...
-Bon... Donc ça se finit maintenant, nous deux ?
-Je suppose... Mais tu-
-Oui, je suis ta meilleure amie, ça ne changera pas !
Elle laissa chavirer son regard sur la piste de danse, et fut alarmée, d'un coup.
-Tu devrais suivre Mary, elle sort toute seule de la boîte là.
-Tu, quoi ? -il regarda la piste de danse - Elle est inconsciente !
-Allez file ! Moi j'vais danser.
-Merci...
Il l'enlaça brièvement et se précipita vers Mary. Ce n'était vraiment pas simple de se faire un chemin sur la piste de danse, avec les différents escaliers donnant sur plusieurs niveaux, et même de ne pas la perdre de vue. Il arriva finalement à sa hauteur, elle venait de récupérer ses affaires, mais à quoi elle jouait ? Elle était folle de sortir de la boîte, seule, en pleine nuit. Il la rattrapa par le bras, elle se retourna effrayée. Et en la voyant comme ça, on aurait dit une droguée en plein bad trip, ses yeux étaient rouges, explosés, et de toute évidence elle avait du mal à respirer. Il l'interrogea du regard alors que son état empirait, de seconde en seconde. Elle lui répondit en criant, le son de la musique était bien trop fort.
-Faut que je sorte Julian.
-Je viens avec toi, tu ne sors pas seule !
Il ne lui laissa pas le temps de répondre qu'il lui saisit sa main directement. Une fois dehors Mary se précipita vers le premier banc qu'elle vit. Elle posa ses deux mains dessus et essaya de se calmer, sous le regard totalement alarmé de Julian. Elle était comme prise de spasme, sa respiration était terriblement irrégulière, elle se retourna et s'assit, par terre, sur le sol froid, contre un des pieds du banc, ses deux mains sur son thorax. Julian ne savait pas quoi faire, lui ordonner de se calmer ne servirait à rien, elle paniquerait juste un peu plus. De toute évidence elle faisait une crise d'angoisse. Alors il se posa en face d'elle, glissa une main dans la nuque de Mary pour relever sa tête, et qu'elle plonge son regard dans le sein. Il entreprit de caresser le bras de la jeune fille avec sa main libre, elle l'arrêta et lui serra sa main, comme si la main de Julian lui permettait de ne pas sombrer. Son regard était tellement souffrant, c'était horrible, surtout pour Julian... Il devait dire quelque chose....
-Mary, je suis là, ça va aller.
Elle se calmait déjà, il tenait le bon bout, ne pas lâcher son regard, lui parler, réussir à l'apaiser... La comprendre, voilà ce qu'il essayait de faire. Instinctivement, Julian rapprocha son visage de celui de la jeune fille, à tel point que la respiration haletante de Mary s'écrasait sur les lèvres de son sauveur. Il se retenait tant bien que mal de ne pas partager son souffle avec elle, bien qu'il en mourrait d'envie, mais il devait la calmer, avant tout. Il ne quittait pas son regard, ayant compris que dans le cas inverse, Mary perdrait totalement pied.
-Ne quitte pas mon regard, ok ? Respire, essaie de te caler sur ma respiration, rien ne peut t'arriver... Je suis là, je ne te laisse pas. Je reste là...Je te le promets. Ça va aller, continue à reprendre ton souffle, ne regarde que moi, c'est bien Mary, ne me lâche pas, je suis à tes côtés...
Ce ne fut qu'au bout de cinq minutes environ qu'elle fut totalement calmée. Elle lâcha sa main, il enleva sa main de la nuque de la jeune fille et se posa à ses côtés, lui passant sa veste légère, qui était par terre, sur ses fines épaules dénudées. Il la regardait, inquiet à l'idée qu'elle recommence, qu'il doive recommencer ce petit manège. Elle mit ses jambes en tailleur et le regarda à son tour, de son regard fatiguée, épuisée par ce qu'elle venait de vivre... Ils allaient parler, pour la première fois depuis trois semaines, pour la première fois depuis qu'ils avaient failli s'embrasser. Mary était un peu craintive, mais elle se lança. Ils se regardaient, les yeux dans les yeux.
-Merci...
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
-J'ai eu peur.
-T'es claustrophobe ?
-Oui, mais surtout agoraphobe...
-Non mais c'est pas vrai ! T'as peur de la foule et tu viens en boîte, t'es vraiment tarée tu le sais ça ?
-Tu crois que ça m'aide ce que tu dis !
Elle détacha son regard de celui de Julian, et au bord des larmes, une fois de plus, laissa sa tête retombée en arrière, sentant ses lèvres tremblées par le choc de sa réaction. Comment pouvait-il être aussi dur.
-J'voulais juste te voir ! C'est pas un crime !
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