Chapitre 4 : Avec elle c'est différent (3/3)
Mais comment était-ce possible, après seulement une semaine, d'être attaché à ce point à quelqu'un. Ça ne lui était jamais arrivé, il était perdu, littéralement, préférant son confort sans passion à un futur désastre amoureux. Parce qu'il savait très bien, que commencer quelque chose avec Mary, serait un périple sans nom. Nicolas, lui, remonta après avoir rempli un verre d'eau et de sucre, pour que Mary dilue tout cet alcool et qu'elle reprenne des forces en même temps. Sur le lit, Mary était adossée contre sa tête de lit, assise, déjà en meilleure forme, apparemment. Mina lui parlait, plus pour la tenir éveillée qu'autre chose. Il était évident que Mary luttait pour ne pas craquer, pour rester au maximum éveillée, consciente que si elle lâchait tout contact avec la réalité, ses sentiments lui sauteraient encore plus au cou, et l'étoufferait de culpabilité.
-Alors, elle a pris autre chose?
Nicolas avait posé la question, semblant réellement inquiet.
-Non, j'ai rien pris... T'inquiète.
-Tiens - Nicolas lui tendit le verre, elle était sceptique, venant de lui, c'était étonnant comme acte - C'est juste de l'eau, et du sucre, ça te fera du bien, crois-moi !
-Ok...
Elle prit le verre et but par petite gorgée, Mina l'aidait comme elle le pouvait, une main posée sur sa joue, tendrement. Car Mina était vraiment attristée, par cette situation. Des pas se firent entendre, Mary vida son verre et posa sa tête en arrière, contre sa tête de lit. Épuisée. Julian entra dans la chambre, faisant signe à son frère et à Mina de les laisser. Cette dernière hésita, sincèrement. Julian avait l'air ailleurs, et totalement indigne de confiance, avec ses yeux rougis par la fatigue et l'alcool et sa démarche incertaine.
-T'es en état de la surveiller, t'es sûr ?
Nicolas aussi, doutait du sérieux de son frère.
-Certain ! Allez vous coucher, c'est ma faute apparemment, j'assume.
-Certain ? -Mina en rajouta une couche -
-Ouais ! Allez, laissez-nous, j'veille sur elle.
-Oui, comme toute cette soirée c'est ça ?
Mina était en colère contre Julian, jusqu'à présent elle lui avait fait confiance. Elle pensait que sa cousine était en sécurité, avec lui. Cette remarque eut pour effet de raviver la colère du garçon, il répliqua d'un ton menaçant.
-Elle est assez grande pour prendre ses propres décisions, je l'ai pas poussé à boire, c'est clair ?
-Non t'as juste fait le même numéro qu'à toutes les filles qui passent sous ton nez, c'est vrai !
-Tu sais pas de quoi tu parles !
-Le beau parleur a décidément pas changé d'un poil !
-Arrête ça !
-Il s'agit pas d'une fille à rajouter sur ta liste, on parle de Mary ! -elle s'était levée pour lui faire face, parlant moins fort afin que Mary n'entende pas- Tu ne peux pas te la taper et la jeter comme à ton habitude.
-Jamais je ferai ça avec elle.
-C'est exactement ce que t'es en train de faire ! T'es toujours le même profiteur qu'au lycée finalement !
-Tu ne sais pas, de quoi tu parles ! Siffla-t-elle, plus qu'en colère.
-Je sais que si tu lui fais du mal, tu le regretteras !
-Dis pas un mot de plus Mina sinon-
-Stop, on y va Mimi.
Nicolas s'interposa, prit la main de sa petite copine et la tira de force hors de la chambre. Il savait trop bien que Julian devenait parfois incontrôlable sous l'effet de l'alcool. C'était hors de question que son frère s'en prenne à Mina. Il adressa une dernière phrase à son frère, fatigué de la situation.
-Bonne chance Julian.
Ils disparurent de la vision de Julian en deux secondes. Et en voyant, Mary comme ça, dénuée de force, à la limite de sombrer, Julian eut envie de disparaitre sous terre. Il se posa à ses côtés, sur le bord du lit comme Mina l'avait fait plutôt. Ses idées à lui n'étaient pas claires, mais il savait une chose. Mary allait mal, c'était en partie de sa faute, il devait réparer ses erreurs. Il posa, comme Mina l'avait fait, une main sur sa joue et la caressa. Dieu qu'il aimait la texture parfaite, pour lui, de la peau de Mary. Ce qu'elle faisait naître en lui était plus fort que tout ce qu'il avait connu. Aussi bien l'attirance physique, sensuelle, sexuelle qu'il avait pour elle, que son attachement émotionnel. C'était anormal...
-Arrête...
Mary prit une fois de plus son courage à deux mains, face à Julian, même si elle adorait le contact de sa main sur sa peau.
-Pourquoi Mary ?
-Ta main sur moi c'est...
Julian, comme en début de soirée, ne put se retenir de s'imaginer Mary, vibrer sous ses caresses lors d'une étreinte passionnée. Comme un flash mental, beaucoup trop puissant pour être oublié. Il le chassa en secouant la tête et se reprit, face à Mary. Il ne pouvait pas, ne devait pas ressentir et imaginer tout ça.
Il ne comprenait pas.
-C'est quoi... Mary ?
-C'est magique.... Tu ne peux pas faire ça... Arrête de jouer avec moi, comme ça.
Ses yeux étaient fermés, ses belles billes vertes ne pouvaient rien refléter. Alors Julian enleva sa main et soupira.
-Je ne joue pas, Mary... C'est juste que je ne me contrôle pas, avec toi.
-Je me sens tellement mal...
Elle était au bord des larmes, son malheur explosait dans son petit corps, l'alcool n'avait pas eu pour effet de lui faire oublier, tout était aggravé.
-J'voudrais être dans tes bras Julian...
-Moi aussi, j'aimerai te prendre dans mes bras.
Ses paroles étaient criantes de vérité, Julian était d'une sincérité sans limite.
-Mais toi, tu as tout. Tout ce que tu veux.
-Je ne t'ai pas toi...
-Tu as Alice.
Elle avait raison, il devait trouver une solution. Il ne pouvait pas rompre avec une fille qu'il connaissait depuis toujours, et au téléphone. Ce n'était pas son genre. Mais il ne pouvait pas serrer Mary dans ses bras et lui dire à quel point il s'en voulait non plus, ni à quel point il la désirait, à tous les points de vue. Il devait prendre ses distances, il ne voyait que cette solution. Lâche solution. Il savait que ça ne suffirait certainement pas. Elle se laissa glisser sous les draps, Julian lui remonta sa couverture sur les épaules et lui déposa un long baiser sur son front avant de reprendre la parole.
-Je ne voulais pas te faire de peine.
-J'espère.
-Je tiens à toi Mary...
-Tu mens, tu n'aurais pas fait ça sinon.
-Mary.. tout en toi me-
-Non– elle le coupa, volontairement - Tu n'as pas le droit de dire ce genres de choses.
-Je sais pas ce qu'il se passe, entre nous...
-Peu importe, je craque sur toi, et tu en profites, c'est tout !
-C'est faux... Tu le sais
-Arrête de mentir.
-Je ne suis pas un menteur. Je vais te laisser –il soupira une fois de plus - Je ne viendrais plus à l'improviste pour qu'on se ballade, je vais m'éloigner, de toi.
-C'est pas ça que je veux.
-C'est la seule solution, Mary...
-C'est faux. Tu manques juste de courage, la solution est toute trouvée, et tu le sais.
Elle avait raison. Pour vivre une histoire avec Mary, la seule solution, était de rompre avec Alice. Seulement dans l'immédiat, il ne pouvait pas faire ça.
-Pour le moment c'est impossible. Je vais m'éloigner de toi.
-J'veux pas...
Mary sanglotait désormais, librement, sans aucun filtre.
-Alors qu'est-ce que je peux faire pour que tu ailles mieux... ?
-Dors avec moi...
-Tu sais plus ce que tu dis.
-Si... Je t'en supplie Julian, si déjà, demain, tu me laisses, serre-moi dans tes bras, cette nuit.
-Mary...
-Je t'en supplie...
Accablée de fatigue, Mary sombra dans l'instant qui suivit.
Mais que faire ? Réaliser sa demande, et risquer de lui faire encore plus de mal, ou rester raisonnable, et dormir au salon, sans elle. Il resta une bonne dizaine de minutes à caresser les cheveux de la demoiselle, à l'admirer. Il se leva, se dirigea vers la porte, ne sachant toujours pas quoi faire. Suivant son envie, et certainement pas son cerveau il se décida à fermer la porte, à contourner le lit et à se glisser sous les draps, ayant conscience que c'était mal, qu'il ne devait pas faire ça... Comme s'il n'était plus maitre de ses actes, il se rapprocha de Mary et la prit dans ses bras, elle lui tournait le dos, mais il pouvait sentir son odeur, sentir son délicieux corps de jeune femme contre lui. Plus rien n'importait. Mary soupira, comme si elle était rassurée et murmura juste un "merci". Alors, il resserra son étreinte, comme si pour la première fois de sa vie, et malgré tous les paramètres à prendre n compte, il était enfin, à sa place.
.....
Le matin, seule dans son lit, Mary se réveilla difficilement. Un gout horrible d'alcool lui restait dans la bouche, et sa tête était prête à exploser. Elle ne pensa ni à la soirée de la veille, ni à Julian, ni même à Mina, elle fila à la salle de bain, pour se doucher et se brosser les dents comme une acharnée. Elle retourna dans sa chambre, après avoir pris un premier cachet d'aspirine, et enfila un jogging et un sweat, pas féminin du tout, mais au moins, elle était à l'aise. Elle se décida à descendre, s'attendant à voir Julian, Nicolas et Mina en train de manger, mais non, seule sa cousine était là. Cette dernière adressa un sourire à Mary qui vint s'assoir au bar de la cuisine. Une fois installée, Mary laissa lourdement tomber sa tête sur le plan de travail... Mina ne put s'empêcher de rire, et lui posa une assiette d'ananas devant sa tête couchée sur le marbre.
-C'est dur n'est-ce pas?
-HOR-RIBLE !
-Allez allez ! Mange un peu Mary, ça te fera du bien.
-Tu crois. - elle releva la tête.
-Je suis sûre.
-Ok... Dis Mina...j'ai pas beaucoup de souvenirs, qu'est-ce qu'il s'est passé hier soir ?
-Et bien j'espérais que tu me le dises ! Nico et moi on t'ajuste trouvé par terre dans ta chambre après que tu aies fini une bouteille de whisky...
-Je déteste le whisky ! - elle souffla fortement -Je ne me souviens de rien, de rien après avoir bu.
-Et bien si tu commençais, par ... ce qui a déclenché ton envie de te saouler.
-J'suis trop conne.
-Allez, ça arrive à tout le monde. Raconte !
-Tu vas te moquer de moi.
-Allez Mary...
-Alors... Après la coupure de courant, Julian et moi, on s'est retrouvé dans le bureau, et on a failli s'embrasser.
-Oui, et ?
-Et rien.
-Pardon ?
-Ahhhhhhhhhh... - elle laissa retomber sa tête sur la table, et continua, en marmonnant et en la regardant à moitié - C'était pas normal. Il.. il a passé ses lèvres sur ma peau, j'ai eu l'impression de brûler, je ne contrôlais plus rien, tu aurais dû voir son regard il... c'était tellement tellement sensuel ! Et c'est moi qui aie dû l'arrêter. Alors qu'il a une copine. Je le déteste !
-Il a laissé ça pour toi. Elle posa un bout de papier replié à côté de la main droite de Mary.
-Tu plaisantes ?
-Intérieurement oui, je trouve ça vraiment comique. Il ne s'est rien passé du tout. Et puis, tu aurais dû le voir, il était aussi pathétique que toi. Je ne l'ai jamais vu comme ça.
-Quoi il a bu ? Aussi ?
-Oui plutôt, au point d'être menaçant et presque violent avec moi ?
-Quel con !
L'insulte était sorti toute seule. Elle prit le papier et se décida à le déplier. Elle le lut à haute voix, elle se sentait comme incapable de comprendre ce qu'elle allait lire si elle ne parlait pas.
"-Mary, excuse-moi pour hier soir, je regrette. Je vais te laisser tranquille, à un de ces jours peut-être. En espérant que tu aies bien dormi. Je t'embrasse".
Mary jeta le papier, énervée. Il lui avait écrit ça, rien du tout aurait été préférable. Mina grimaça et continua la discussion.
-Il est pas littéraire Julian.
-C'est qu'un égoïste, oui !
-Sois pas trop dure, cette situation est difficile pour lui aussi...
-Tu te fous de moi là ? On va le plaindre maintenant ? Il a tout ce qu'il veut et c'est dur ?
-Calme, calme... Tu sais, je crois qu'il est paumé, avec toi.
-Je ne veux pas lui trouver d'excuses.
-Bon, ok. Mais moi j'ai quelque chose à te dire.
-C'est important ? Parce que vu mon état, ça a intérêt à l'être pour que je retienne.
-Assez oui...
-Allez dis...
-Devine.
Mary eut un léger rire face à l'excitation de Mina.
-Mimi, tu crois vraiment que j'ai la tête à réfléchir ?
-Bon, ok... Nico et moi, cette nuit, on a fait l'amour.
-QUOI ???? - Elle faillit s'étouffer avec un bout d'ananas - T'es sérieuse ?
-T'as l'air tellement heureuse pour moi, ça me touche, si tu savais...
Mina était vraiment déçue de la réaction de sa cousine. Mary était incapable de se réjouir pour les autres.
-Vous vous êtes protégés au moins ?!
-Sérieusement ? Je prends la pilule depuis deux mois et c'était notre première fois à nous deux, j'suis pas inconsciente à ce point !
-Désolée, je suis ... surprise. Mais je suis heureuse pour toi, vraiment. C'était bien ?
-Chouette, comme une première fois je suppose. Ta première fois, à toi c'était bien ?
-Oui, je peux pas me plaindre, on a passé un bon moment, c'était notre première fois à tous les deux, on s'aimait, il a été très doux.
-Nico était vraiment tendre, mais j'ai pas réussi à "prendre mon pied"...
-Ça viendra tu verras. Bon, et alors, il est monté comment ?
Mina explosa de rire face à l'air pervers que Mary venait de prendre.
-Mary !
-Quoi ? J'veux savoir, si c'est de famille ou... -Mary se reprit immédiatement- J'ai rien dis, j'ai rien dis.
-Mais qu'est-ce qu'il se passe entre vous ? Julian qui se saoule pour une fille je n'ai jamais vu ça.
-Je ne sais pas Mimi... Vu son mot, il ne doit rien se passer, en fait.
-Tu sais bien que c'est faux.
-Ça fait une semaine, une seule semaine qu'on se connait. Et c'est comme si je pensais à lui non stop. Je regarde mon portable tout le temps pour voir s'il ne m'a pas envoyé de message, j'ai tout le temps envie de le voir... Il m'obsède.
-Je pense que c'est réciproque.
-Tu as bien entendu, il regrette et prends des distances... Couillon !
-Comme si vous allez y arriver ! J'vous donne un mois grand max !
-Je suis rien pour lui. Il avait juste des remords parce que je suis pas vraiment... stable, psychologiquement.. Rien de plus.
-Essaie de t'en convaincre... en attendant, moi j'ai fait l'amour !!!
Mina lui tira la langue tout en riant de bon cœur, Mary la suivit, sans aucune retenue. Et, en même temps que cette dernière lança une serviette en pleine figure à Mina, elle ne put s'empêcher de répéter, une deuxième fois...
-Heureuse pour toi !
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