Chapitre 16 : Grâce à toi, je vis. (3/3)
Mais elle n'avait pas encore retrouvé la force de se lever, un nouvel affrontement se préparait. Vu l'heure, on aurait pu croire qu'il avait attendu qu'elle sorte pour aller aux toilettes ou pour boire un verre d'eau. Mary ne tourna pas la tête, fixant le lavabo, se concentrant sur elle-même.
-Je m'excuse, pour avant. Je sais pas ce qu'il m'a pris.
-Ça me change la vie.
-Tu penses que ça pourra redevenir comme avant ?
-Pas si tu te drogues, non.
Il soupira, tiraillé entre l'envie de la laisser seule, sentant qu'il perdait son temps, et celle de se faire pardonner, par tous les moyens. Il se décida à rendre service à Mary, il ouvrit un tiroir, et en sortit un thermomètre frontal. Il allait lui prendre la température comme à une enfant, mais sa petite sœur lui prit des mains et entreprit de le faire elle-même.
Un soupir de plus de la part du musicien. Là, il se décourageait, tant pis, les réconciliations seraient pour une autre fois...
-Je sais que tu es malheureux Nate...
Elle ne le laissa pas partir, de son plein gré.
-Je sais que cette situation avec Sophia te fait énormément de peine, mais ce n'est pas une raison pour te venger sur la première fille qui te passe sous le nez.
-C'est pas ce que je voulais faire...
-Mais c'est ce que tu as fais.
-Je m'excuse.
-Là, tout de suite, j'en ai rien à faire. Julian est ton frère, merde ! Tu as embrassé sa copine, tu m'as embrassé moi ! Tu te rends compte ? Tu te rends compte de ce que t'as fais ? Tu sais très bien à quel point Julian pète les plombs dans ce genre de situation. Tu te rends comptes de ce que tu nous as fais ? Est-ce que t'as conscience que non seulement, tu t'es mis ton frère à dos ? Mais surement ton autre frère aussi ? Tu ne t'imagines même pas tout ce que ça implique.
-Je vais tout arranger...
-Eh bien, je te souhaite du courage !
-Je suis vraiment désolé.
-Tu l'as déjà dis.
Silence.
-Alors, ta température ?
-39,5...
-Waouh...! Tu devrais pas-
-On va à l'hôpital demain avec Julian, tu as ce que tu veux, je vais me faire soigner. D'ailleurs comment tu savais que j'avais vomi ? Tu m'avais suivi ou quoi ?
-Non, j'en étais pas sûr. Je voulais juste te blesser, esquiver tes questions.
-Bien.
-Où t'as mis le sachet Mary?
-C'est la seule chose à laquelle tu penses n'est-ce pas ?
-...
-Bien évidemment ! Un drogué de plus dans ma vie, je ne suis plus à ça près !
-Répond Mary ! S'il te plaît...
-Dans les égouts. Je suis vraiment désolée.
Son ton faussé, voulu comme ça, lui fit comprendre qu'elle était tout sauf navrée. Mary voulait bousculer Nathan, elle y arrivait. Restait à savoir s'il s'en faisait pour sa cam, ou pour l'attitude de la jeune femme.
-Pourquoi ?
-Ça fait combien de temps ?
-Pour. Quoi ?
-Tu le fais exprès ou quoi ? La drogue te rend idiot en plus de ça ? Alors, depuis combien de temps tu en prends ?
-Quelques jours.
-C'est à dire ?
-J'en prenais des fois en tournée, et ça devenait trop dur sans Sophia, je voulais décompresser.
-Julian en a pris lui ? S'empressa-t-elle de demander.
-Non, jamais je lui aurais proposé.
-Bien... Tu te souviens ? Tu m'as dis à l'hôpital que ton ex était anorexique ? Eh bien moi, c'est mon père qui était drogué. Il est mort en fonçant dans un arbre, alors qu'il était shooté à l'héroïne. J'peux tout accepter, sauf ça.
-Mais c'est pas à toi de décider !
-J'ai perdu une personne importante dans ma vie à cause de la drogue, je refuse d'en perdre deux ! T'es comme mon frère, mets-toi ça dans la tête, j'ai eu mal une fois, pas deux !
-Un frère qui t'embrasse.
-Par dépit, oui.
-Tu devrais te recoucher... T'as pas l'air bien.
-J'ai aucune raison d'aller bien ! Assena-t-elle avant de quitter la salle de bain.
Elle dut se retenir de tituber. Heureusement qu'elle n'avait pas d'escaliers à monter ou à descendre, elle aurait parier sur une chute mémorable tellement ses jambes étaient fragiles, à ce moment-là. Elle se sentait comme dans un autre monde, à la limite de tout voir en couleur pastelle.
Ses idées vagabondaient, et pendant un moment elle ne fut même plus certaine d'arriver à atteindre le lit de Julian... Elle s'y glissa, le plus doucement possible, hésitant à se caler contre lui, dans ses bras afin de ne pas le contaminer, mais également de ne pas l'irradier de chaleur...
-Est-ce que ça va...? Chuchota Julian, à moitié endormi.
-Oui, j'ai juste de la fièvre.
-Beaucoup ?
-39,5...
-Heureusement que tu vas chez le médecin demain...
-Ouais, heureusement. Fit-elle ironiquement.
***
9h du matin, toujours chez les Jost.
Mary s'était déjà changée, et cherchait par tous les moyens à retarder l'arrivée à l'hôpital. Elle était allongée dans le lit de Julian, sous la couette, sa température était étrangement tombée. Elle regardait le plafond, ses mains sur son ventre, se sentant de toute façon incapable de bouger... Julian était allé lui chercher le petit déjeuner, mais Mary avait envie de vomir rien qu'en y pensant.
Elle se redressa dès qu'elle entendit son petit-ami entré dans la chambre, un plateau rempli de tartines, de céréales, de verre de jus de fruit, et elle sentait que Julian n'allait pas lâcher l'affaire. Comme s'il la coachait, il la forçait à manger. Elle n'avait pas le choix, avalant difficilement les tartines et les céréales. C'était un petit déjeuner normal, voir léger pour mais pour Mary, c'était déjà trop...
-T'es prête à y aller ?
-Pas du tout... Murmura-t-elle, angoissée.
-Tout ira bien. On doit y aller...
-Non, je veux pas y aller !
-On doit savoir ce que t'as...
-Mais je déteste les hôpitaux, se plaignit-elle, digne d'une gamine.
-Personne n'aime les hôpitaux, tu sais...
-Je me sens mal...
-Mary, arrête de faire ta gamine !
-Non, je me sens vraim-
Sans laisser le temps à Julian de réaliser, elle se dirigea rapidement vers les toilettes, prenant soin de fermer la porte à clé. Et son visage, au-dessus de la cuvette des WC, était d'une pâleur à réveiller un mort. Ce qui était à prévoir se produit, elle rendit son petit déjeuner tout en se tordant de douleur. A croire qu'elle était vraiment arrivée au bout...
Certes elle avait beaucoup mangé par rapport à ces habitudes, mais pas énormément non plus. Et Julian avait beau frapper à la porte, lui demander d'ouvrir, Mary n'écoutait même pas, plongée dans un état second, pendant plusieurs minutes, prise de tremblements.
Regroupant ces toutes dernières forces, elle se leva, se rinça rapidement la bouche et tourna le loquet d'une main. Elle était dans un état terrifiant à voir. Julian rentra et s'approcha d'elle doucement, mais dès qu'il fut assez proche d'elle, Mary se laissa tomber dans ses bras, à la limite de l'inconscience. Il la porta, la forçant à le regarder dans les yeux, mais Julian avait tout simplement l'impression qu'elle n'était plus avec lui.
Il ne chercha même pas à lui parler et la serra fortement dans ses bras. Heureusement qu'il avait déjà demandé à Mina de regrouper les affaires de Mary et que Nicolas avait pris l'initiative de sortir la voiture du garage. Tout se déroula très rapidement ensuite, Nicolas et Julian s'installèrent à l'avant de la voiture, alors que Julian conduisait et que Mina prenait soin de Mary à l'arrière.
En quelques minutes seulement ils arrivèrent à l'hôpital, et les médecins prirent directement Mary en charge. Aucun responsable n'était présent, puisque son oncle et sa tante était en route, mais l'état de Mary étant trop inquiétant, ils ne perdirent pas de temps. Julian n'avait pas le droit de l'accompagner, pour sa plus grande inquiétude.
Et si Mary reprenait conscience, et paniquait, en voyant que ni Julian, ni Mina n'étaient pas à ses côtés ? Tout pouvait arriver. Heureusement, une doctoresse les rejoignit rapidement, les interrogeant, sur les habitudes de Mary, sa manière de manger, ses sports, et plein d'autres choses qui paraissaient inutiles aux deux jeunes...
Un peu plus d'une heure passa alors que tout le monde, y comprit Nathalie et Nathanaël étaient dans la salle d'attente. Ils se faisaient tous, sans exception, du soucis pour Mary... La même jeune médecin qui avait parlé à Julian et Mina leur expliqua que tout allait bien, que certes, même si Mary était très faible, son état n'était pas grave, qu'elle avait juste trop longtemps négligé sa santé. Une pancréatite, mal soignée, trop longtemps traînée, voilà ce qu'elle avait.
Au programme, anti-inflammatoires, ré-adaptation alimentaire et surveillance accrue. Tout le monde aurait pu aller la voir, mais seul Julian se porta volontaire. Les autres, rassurés, étaient retournés à leurs occupations. La chambre de Mary était la copie de celle de Julian, quelques semaines plus tôt. Et comme Mary avait l'habitude de le faire, il se posa à côté du lit et entoura sa main droite de ses deux mains, à lui... Alors qu'elle s'était assise en tailleur sur ses draps.
-On est grave tous les deux, si c'est pas moi, c'est toi qui te retrouve à l'hôpital ! Rigola tout de suite Julian, pour détendre l'atmosphère.
-Oui, sauf que moi, c'est beaucoup moins grave...
-C'est sur. Mais ça va aller maintenant, tu vas suivre ton traitement !
-Oui... Oui, t'as raison, en tout cas on est vraiment des phénomènes...
-Tu pensais que ce serait pire n'est-ce pas ? T'as paniqué...
-Oui. Je suis soulagée, j'avais vraiment peur. Avoua-t-elle, au bord des larmes.
-Tu pensais à quoi...?
-Plusieurs choses...
-Vas-y dis-moi, on peut en parler maintenant.
-L'anorexie, forcément... J'ai même pensé à un cancer, parfois, me disant que je pouvais avoir des métastases ou je ne sais pas. Et aussi, il m'est arrivé de penser être enceinte. Dit-elle tristement.
-Je vois... Mais tu sais, la dernière hypothèse n'aurait pas été dramatique. On aurait trouvé une solution, et de toute manière, c'est ensemble, qu'on aura des enfants tous les deux, alors bon...
-J'ai déjà cru être enceinte tu sais, auparavant.
-Avec ton ex ?!
-Oui. Mais il aurait jamais été prêt à accepter un enfant, on était beaucoup trop jeunes..
-Sache juste que si ça devait nous arriver, je te soutiendrai, dans tes choix, je serai là, tu peux en être sur.
-Mouai.
-Je suis sérieux Mary ! S'agaça-t-il tout en resserrant son étreinte sur le main de Mary. Si un jour, tu devais avoir des doutes, je veux que tu m'en parles, je ne prendrais pas la fuite ! Je te le jure...
-T'es l'homme parfait alors, et c'est pas possible...
-Si c'est possible, la preuve, je suis là, devant toi !
-Merci...
-De ?
-D'être là, de rester à mes côtés alors que j'enchaîne connerie sur connerie, que je te cache des choses... Je ne te facilite pas la tâche.
-Je crois que dans le fond, j'aime bien quand c'est compliqué.
-J'ai pensé à quelque chose. C'est toujours moi qui ai ton porte-bonheur, tu ne veux pas le récupérer, le seul mois où tu ne l'avais pas, tu t'es fait renverser dessus... Dit-elle de sa voix fatiguée.
-Non, j'en ai pas besoin.
-Mais Julian... Peut-être que si tu l'avais eu-
-Ce n'est pas de ta faute. Au contraire c'est grâce à toi que je suis encore en vie, si tu n'avais pas été là, je n'aurais pas tenu le coup, tu peux en être sure. Je n'ai plus besoin de ce porte-bonheur, parce que mon porte-bonheur, c'est toi, maintenant.
-Tu vas me faire pleurer...Je suis déjà pas en forme mais si tu continues à me dire des choses si gentilles... Je vais fondre en larmes.
-Non, surtout pas, la soirée d'hier m'a largement suffit !
-Excuse-moi, d'avoir craquer devant toi... Et de t'avoir caché, tout ça...
-Ne t'excuse pas, je suis content,que ce soit dans mes bras que tu te sois calmée.
-Je sais pas ce que je ferais sans toi...
-Tu survivrais, non ?
-Certainement, grâce à toi, je vis.
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