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2. Ambitions royales (I)

L'hiver touchait à sa fin sur le continent-monde d'Andomaniveld. Après sa dormance, la terre se réveillait et la nature revenait doucement à elle. La vie reprenait lentement ses droits. La neige et le givre perdaient du terrain et les glaciers des montagnes reculaient à mesure que les températures se faisaient plus clémentes. Les pousses sortiraient bientôt timidement du sol tandis que les premiers bourgeons apparaîtraient sur les branches des arbres pour s'épanouir. Les paysans pourraient de nouveau labourer leurs terres et ensemencer leurs champs. Les voies seraient de nouveau praticables pour les convois marchands. Grâces en soient rendues au divin Eivindaral, après un hiver rude c'était une bonne année, une année de prospérité et d'abondance, qui s'annonçait pour les habitants d'Andomaniveld.

Tyr, la capitale de l'Eldemid semblait elle aussi sortir de sa torpeur hivernale. Mais au château, dans la salle du Conseil, la joie n'était pas au rendez-vous comme elle pouvait l'être dans le reste de la cité. Akseli de Fersé, seigneur-lige de la reine Irja et conseiller de cette dernière, tout comme les autres membres du Conseil suivait du regard sa souveraine qui faisait les cent pas près de la fenêtre, avec dans sa main la lettre que le coursier venait de lui remettre. La nervosité qu'il percevait chez la royale jeune fille n'était pas de bon augure.

Elle est encore si jeune, songea Akseli avec une tendresse mâtinée de mélancolie, frappé une fois de plus par les traits encore juvéniles d'Irja d'Eldemid.

Reconnu dans sa jeunesse pour ses faits d'armes, Akseli avait remplacé son père à la tête du domaine quand ce dernier était parti rejoindre les ancêtres de leur lignage. Il avait alors rangé son épée et pris possession de la place qui lui revenait par droit de naissance au Conseil. Il avait servi Leiknir d'Eldemid durant de nombreux cycles et avait pu s'enorgueillir – faveur accordée par les Dragons à bien peu d'hommes – d'en être devenu l'ami le plus proche. Akseli avait vu naître Irja et l'avait observé grandir. Il avait partagé avec Leiknir la peine infligée par la perte de son épouse, et pleuré sans honte quand son roi avait à son tour prématurément quitté le monde des vivants. Le seigneur de Fersé se souvenait aussi avec une précision brutale et cruelle du moment où Irja avait coiffé sa couronne lors de la cérémonie de la Présentation : elle portait toujours sa tenue de deuil et se dressait seule face à ses sujets de la capitale qui, rassemblés en masse devant le palais, acclamaient leur nouvelle reine avec liesse. Personne ne le savait en dehors d'Akseli mais Irja avait, en ce glorieux instant, les yeux encore rougis des larmes qu'elle ne voulait pas montrer et versait en privé. Irja qui n'avait alors pas fêté son dix-septième cycle.

Mais elle est forte également, aussi forte que son père. Si seulement elle pouvait se tempérer un peu. Elle pourrait devenir une grande souveraine. Plus grande que Leiknir peut-être.

- Comment ose-t-il ! explosa soudainement la jeune monarque d'Eldemid en libérant toute sa fureur.

Le silence qui régnait dans la salle du Conseil était si parfait en cet instant qu'Akseli jura presque pouvoir entendre une mouche voler à l'autre au bout de la pièce ; pièce dont les dimensions étaient pourtant généreuses.

- Ma reine ? s'enquit prudemment Eljas, le rondouillard seigneur de Skyen.

- Eero ! répliqua aussitôt Irja en crachant presque le nom du roi du Védeveld. Ce charognard, ce sale... ce staal galeux ! Il remet en cause les Accords des Marches ! Il veut reconsidérer la frontière. Il exige la Frange entière ! Voilà ce qu'il se passe !

Andomaniveld était un petit monde. Si petit que même un territoire peu étendu comme la Frange, cent-cinq leukes sur vingt-cinq environ, pouvait vite prendre une importance démesurée. Chaque parcelle de terre était précieuse par les richesses qu'elle apportait à celui qui la possédait et la Frange élevait le problème à un tout autre niveau puisqu'il s'agissait aussi d'une région frontalière. Elle était régulièrement disputée, cela allait sans dire.

D'un geste rageur la jeune fille serra dans son poing la missive, si fort que ses phalanges en blanchirent. Elle imaginait sûrement, selon Akseli, qu'elle tordait en réalité le cou à Eero au lieu d'écraser dans sa paume un misérable bout de papier. Le seigneur de Fersé pouvait comprendre la colère de sa souveraine : son père n'était pas mort depuis un cycle que le vieil ennemi sautait déjà sur l'occasion pour récupérer ce que Leiknir lui avait pris, comptant certainement sur l'inexpérience d'Irja.

- Mon père a gagné la dernière guerre ! continuait à tempêter ladite Irja de son côté. Il a vaincu les armées du Védeveld ! Il a personnellement affronté Eero et l'a emporté ! Dans un combat à la loyale ! A la loyale ! Et malgré cela mon père a été assez charitable pour accorder merci à son ennemi ! Eero était à genoux et mon père aurait pu soumettre tout le Védeveld s'il l'avait souhaité ! Tout vous m'entendez ? Tout, tout, tout ! Sa vie aussi ! Mais il n'en a rien fait ! Parce que mon père était honorable, lui ! Eero n'a aucun droit de remettre en question les Accords ! Vous m'entendez ?! Aucun !

Akseli se leva de son siège et se dirigea vers la jeune fille, sur l'épaule de laquelle il posa une main rassurante.

- Calmez-vous ma reine, je vous en prie, murmura-t-il en se penchant à son oreille. Ni le Conseil ni aucuns nobles n'aiment voir leur souverain hors de contrôle. Cela les inquiète.

Et ce genre d'inquiétude pouvait mener à la traîtrise. L'Assemblée des Liges pouvait décréter que sa souveraine était trop jeune pour gouverner par elle-même et qu'elle avait besoin d'un tuteur pour lui tenir la bride. Ou pire encore ! Des ambitieux pourraient commencer à penser qu'ils s'en sortiraient mieux qu'Irja dans l'exercice du pouvoir et vouloir prendre sa place. Cela ou alors qu'Eero ferait un bien meilleur roi qu'une adolescente colérique. Dans tous les cas, Irja se retrouverait privée de son autorité et Akseli ne donnerait pas cher de sa vie.

- Je ne suis pas hors de contrôle, rétorqua sèchement son jeune monarque entre ses dents.

Akseli soupira.

- Je le sais bien mais eux non. Vous ne leur donnez pas l'impression de vous contrôler. Ils ne vous connaissent pas comme moi. Regardez-les attentivement votre majesté, regardez l'expression qu'affichent leurs visages. Même leur regard devient fuyant.

Le regard d'Irja s'étrécit comme elle prenait le temps d'étudier attentivement l'ensemble des présents.

- Tu as raison, admit-elle à voix basse en constatant qu'Akseli parlait vrai.

Elle se tourna ensuite vers les membres du Conseil pour s'adresser directement à eux.

- Les revendications d'Eero sont inacceptables. Aussi je veux que l'on envoie des troupes à la frontière, qu'Eero comprenne que je ne le crains pas. Que les liges se tiennent eux aussi prêts à lever l'ost et envoyer leurs hommes sur mon ordre. Enrôlez tous ceux capables de tenir une épée au sein du peuple si nécessaire.

Un concert de protestations s'éleva dans la salle du Conseil et une voix parvint à s'élever au-dessus des autres, au vif mécontentement d'Akseli.

- Majesté vous n'y songez pas ! tonna Geri, seigneur de Molkern.

Akseli n'appréciait pas Geri sur le plan personnel, et sur le plan politique il s'en méfiait comme du Grand Mal. L'homme faisait parti de ces fameux ambitieux dont il redoutait les velléités. Il ne s'en cachait pas beaucoup d'ailleurs, contrairement à d'autres qui préféraient avancer masqués. On pouvait au moins reconnaître ce courage à Geri. Ou cette stupidité, selon l'angle de vue adopté. Malheureusement... Geri de Molkern avait un ascendant certain en politique ; l'épine dans le pied de la reine en somme. Nombreux en effet étaient les liges qui lui prêtaient une oreille attentive et qu'il parvenait assez souvent à rallier à sa cause quand il s'opposait ouvertement à sa souveraine. Comme c'était le cas à présent.

Je devrais le tuer, songea Akseli qui ne comptait plus le nombre de fois où cette pensée l'avait effleuré. Ce ne serait pas honorable mais nous en serions débarrassés une bonne fois pour toute.

- La dernière guerre ne remonte qu'à quinze cycle. Notre peuple n'acceptera jamais de se laisser entraîner dans un nouveau conflit, poursuivit le seigneur de Molkern enhardi par l'approbation de ses pairs.

- Mon peuple, le corrigea froidement Irja, remettant le vassal à la place qui était sienne. Et mon peuple fera ce que sa reine ordonne.

Aïe aïe aïe ! s'exclama intérieurement Akseli en se mordant la lèvre. Ce n'était vraiment pas la chose à répondre.

Trop tard pour la mettre en garde.

- Bien entendu votre majesté, répondit Geri avec un sourire suffisant. Jusqu'aux premières révoltes.

- Bien. Dans ce cas nous n'enrôlerons pas. Satisfait seigneur de Molkern ?

- Et si nous n'enrôlons pas, comment ferons-nous pour vaincre les armées d'Eero ? réattaqua sournoisement celui-ci avec dans ses yeux sombres une lueur de triomphe. Les armées du Védeveld sont peut-être sorties un peu affaiblies de la dernière guerre mais elles s'en sont remises, et elles ne sont pas considérées redoutables sans raison. Ne vous leurrez pas sur la situation présente, votre majesté, sur la seule base de l'exploit passé de votre père. Leiknir était un bon stratège, il est vrai, mais il a aussi joué de beaucoup de chance dans ce conflit, sans quoi il n'aurait pas remporté la victoire.

- Il marque un point, souffla Akseli à l'oreille d'Irja.

- Oui, votre père était un fin stratège et... vous n'êtes pas lui, conclut Geri en parachevant son travail de sape.

Irja pâlit sous l'insulte, sans trouver que lui opposer. Bien qu'inexpérimentée, elle en savait assez pour deviner ce qu'il se passerait si elle le menaçait ouvertement d'exécution : elle ne ferait qu'attiser la défiance de ses vassaux à son égard et le seigneur de Molkern gagnerait encore un peu plus de pouvoir au sein de l'Assemblée des Liges. Ce serait comme souffler sur un lit de braises, lit où elle serait couchée.

Constatant son désarroi, Akseli serra les poings. Furieusement démangé par le désir de massacrer Geri de Molkern sur place. Quelle infortune que les duels entre seigneurs soient frappés d'interdit, la coutume ayant été déclarée hors-la-loi par l'arrière-arrière-grand-père de sa reine ! Il lui fallait cependant intervenir et voler à son secours. Akseli s'avança d'un pas et regarda un à un les seigneurs présents, finissant par Geri sur lequel il s'attarda avec un regard lourd de menaces. L'avertissement, bien que silencieux, était clair et fut compris.

- Il est hors de question que nous déclenchions les hostilités. Néanmoins nous devons clairement faire comprendre au roi Eero que nous serons prêts à nous défendre s'il en venait à menacer l'intégrité de la frontière.

- Je suis d'accord, approuva Geri.

- Nous le sommes tous, lâcha sèchement Eljas de Skyen, là n'est pas la question seigneur de Molkern.

- Je propose donc, reprit Akseli après un remerciement muet pour le seigneur de Skyen, si notre reine est satisfaite de ce compromis, de n'envoyer que deux-cent hommes pour renforcer Dreskir, et cent autres dispersés le long de la frontière. Pendant ce temps, le plus gros des osts attendra en retrait dans l'arrière-pays, prêt à intervenir rapidement. Nous ne procèderons à des enrôlements qu'en dernier recours.

- A quelle distance environ selon vous les armées devraient-elles se tenir en retrait ? demanda Eljas.

- Entre dix et quinze leukes, cela devrait suffire.

Les arrivées des troupes de Vodsark, Olta et Namsos seraient les plus tardives, ce qui était regrettable car elles comptaient parmi les plus importantes, mais ils devraient tous composer avec cette contrainte.

- Toutefois nous devrions aussi sans plus tarder ouvrir les négociations avec le Védeveld. J'ai déjà rencontré Eero et il ne m'a pas donné l'impression d'être déraisonnable.

D'ailleurs Akseli doutait qu'il se soit montré aussi peu diplomatique dans sa lettre. Le souverain du Védeveld était un homme à la personnalité beaucoup plus subtile et retorse qu'il n'y paraissait de prime abord. Il savait comment disposer efficacement ses pions sur l'échiquier et il ne manquait pas d'honneur contrairement à ce qu'avait pu dire Irja précédemment sous le coup de la rage. C'était un dirigeant reconnu pour se montrer sévère mais toujours juste à l'égard de ses sujets. Parfois toutefois, la conception de l'honneur d'Eero se révélait un peu différente de la leur ; mais par bien des aspects il bénéficiait de l'admiration d'Akseli. Savoir à qui allait sa loyauté n'empêchait pas le seigneur de Fersé de reconnaître que l'ennemi avait aussi ses propres mérites.

- Si nous proposons au roi du Védeveld une contrepartie qu'il juge convenable, un traité d'échanges commerciaux à la condition du maintient des frontières en l'état, par exemple, je suis persuadé que nous pourrions le convaincre de renoncer à la guerre.

Peut-être même était-ce l'idée qu'il avait déjà eu en tête lorsqu'il avait fait envoyer cette missive. Les membres du Conseil présents autour de la table acquiescèrent pour marquer leur assentiment, à l'exception d'une petite poignée dont Geri de Molkern qui se rembrunit un peu et se renfonça dans son siège en croisant les bras, conscient qu'il venait de perdre un peu de sa popularité au profit d'Akseli.

- Bien, puisque les membres du Conseil semblent à peu près tous de votre avis, nous procèderons ainsi seigneur de Fersé, trancha la reine d'Eldemid à qui revenait en tous les cas la décision finale. Faites venir Torsten.


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Salut à toi cher ami lecteur/scribouilleur !

Si tu continues de lire c'est que le début de mon histoire te plait (ou au moins qu'il t'intrigue). Et je te remercie de l'intérêt que tu portes à ce projet ^_^. Si tu as des remarques, des observations, une critique à formuler, n'hésite pas ! Du moment que c'est constructif, je l'accepterai toujours. J'en profite pour m'excuser si certaines descriptions sont un peu laborieuses à lire (j'en suis la première consciente) mais elles sont les pierres angulaires de cette histoire et elles sont un passage obligé (sorry !).

Les chapitres allant en s'allongeant, j'ai aussi pris la décision d'en fractionner certains quand ce sera nécessaire pour la mise en ligne. Comme tu peux le voir avec celui-ci, ils seront numérotés et ils se suivront puisque faisant partie d'un même ensemble.

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