2 - L'étrange réveil de l'inspecteur
Grégory Lestrade ouvrit les yeux doucement, au fur et à mesure qu'il reprenait conscience.
Il se trouvait dans un lit. Mais pas dans son lit. Celui-ci était plus petit, et beaucoup plus mou.
Il fouilla sa mémoire. Comment avait-il atterrit ici ?
Sherlock.
Bon sang de bonsoir, lorsqu'il remettrait la main sur lui...
Il se redressa lentement. Où est-ce que le détective consultant avait bien pus le fourguer avant de partir à la chasse au criminel ?
De toute évidence, il se trouvait dans une chambre. Une chambre plutôt luxueuse, bien qu'assez impersonnelle. Un hôtel sûrement.
Il tata sa jambe, à l'endroit où l'autre idiot y avait enfoncé une seringue, et, grommelant dans sa barbe, se mis debout.
Un coup d'œil dehors suffis à lui apprendre qu'il faisait nuit. Il n'avait dû dormir que quelques heures. Dieu que sa bouche était pâteuse ! Il tuerais pour un peu de thé !
Sans cesser de jurer contre les détectives sociopathes, il ouvrit la porte.
Apparemment, il n'était pas dans un hôtel. Chez quelqu'un ? Mais chez qui ?
Il foula l'épais tapis qui recouvrait le sol du couloir, tentant d'ouvrir une porte au hasard. Verrouillée. Avec un code. Qui verrouillait des portes dans sa propre maison ?
Un éclat de voix lui parvint.
Précautionneusement, il descendit les marches de marbres qui menaient au rez-de-chaussé, et se retrouva nez-à-nez... avec le premier ministre.
Il y eu un instant de flottement.
La mâchoire pendante, les yeux exorbités, Lestrade ne pouvait détacher ses yeux de l'homme qui lui faisait face, bordel, du premier ministre !
Sherlock l'avait emmené chez le premier ministre?! Ses pensées s'embrouillèrent dans sa tête tandis qu'il cherchait quoi dire.
Quant au ministre en question, il n'en menait pas large.
Qui, en effet, se serrait attendu à voir un homme descendre de l'étage chez Mycroft Holmes ? Un homme aux cheveux ébouriffés et aux yeux rougis par un sommeil récent ? Chez Mycroft Holmes ?!
Les conclusions qui s'imposaient à son esprit étaient bien plus que déroutantes.
Un raclement de gorge leur fit à tout deux tourner la tête.
Lestrade compris aussitôt sa méprise, et soupira de soulagement. Il connaissait cet homme.
Mycroft Holmes, le frère de Sherlock.
L'insupportable prétentieux qui l'avait obligé, il y a quelques années de cela, à confier des enquêtes au détective du 221b. À la réflexion, il aurait peut-être préféré se retrouver chez le premier ministre... Lequel, voyant le regard de Mycroft, préféra fuir sans demander son reste.
-Qu'est-ce que je fais ici ? Demanda enfin Greg en passant une main dans ses cheveux.
Mycroft lui jeta un regard de pure condescendance. Était-il possible d'être aussi lent ? Mais l'autre continuait à le regarder, une question dans le regard. Il soupira.
-De toute évidence, Sherlock vous a drogué parce que vous traîniez dans ses pattes, et, très mesquinement, vous à mis dans les miennes.
-Oh, répondit Lestrade, horriblement gêné.
Mycroft leva un sourcil, cette fois totalement méprisant.
-Attendez, s'exclama soudain Lestrade alors que les événements de la soirée finissait de lui revenir en mémoire. Quelle heure est-il ?
Mycroft soupira de nouveau en jetant un coup d'œil sur sa montre.
-Quatre heure du matin.
Il n'avoua pas à l'inspecteur qu'il n'avait pas pus dormir, son lit étant déjà pris.
-Sherlock, vous avez des nouvelles de Sherlock ?
La panique dans la voix de Lestrade enfonça plus profondément l'aiguillon de l'inquiétude dans le cœur de Mycroft.
Il savait qu'il n'avait aucune nouvelle, mais revérifia tout de même son portable.
-Non. Que s'est-il passé ?
Il savait qu'il n'aurait pas dû le laisser partir, ni le laisser s'occuper de cette affaire !
-Il y est allé seul, répondit Lestrade d'un ton lugubre. Seul avec John. Il secoua le tête, à la fois exaspéré et inquiet. Juste après avoir déjoué une tentative d'assassinat menée contre moi, expliqua t-il, il a reçu un message, lui donnant l'adresse de Scott, le dernier bandit qu'il pourchassait...
-Je sais qui est Scott, le coupa brutalement Mycroft en pianotant sur son portable. Quelqu'un de dangereux. Beaucoup trop dangereux. Bon sang ! S'exclama t-il rageusement. L'émetteur que j'avais caché dans son manteau m'indique ma propre adresse ! Il appuya encore quelque touches. Et celui de John aussi, grogna t-il finalement.
Sans daigner accorder plus d'attention à l'inspecteur, il se précipita vers son bureau, en ouvris un tiroir, et se saisi d'un des nombreux portables qui s'y trouvaient.
C'était un clone de celui de son petit frère. Tout ce que ce dernier recevait ou envoyait se trouvait aussi ici.
-En combien de temps vos hommes peuvent-ils être ici ? Lança t-il à Lestrade.
Ce dernier ne releva pas la tête du message qu'il était en train d'écrire pour répondre.
-Ils sont déjà là.
Comme pour souligner ses propos, une sirène retentit devant la maison.
Sans faire plus de commentaire, Mycroft attrapa son manteau et son parapluie noir, et se rua dans la voiture la plus proche en criant une adresse au chauffeur. Si Lestrade avait été moins rapide de deux secondes, ses propres voitures de police l'auraient laissées sur place.
* *
L'endroit était désert.
Il ne fallu qu'un coup d'œil à Mycroft pour voir, avant que les policiers ne piétinent les lieux, que Sherlock était là moins d'un quart d'heure plus tôt. Il s'était dissimulé dehors, derrière des caisses, avec John. Mais ils avaient été repérés. Menés à l'intérieur sous bonne escorte. Une minuscule projection de sang sur le mur suggérait une bagarre.
Lestrade, livide, ressortit de la pièce adjacente, des habits à la main.
-Ce sont le tee-short et le manteau de John, dit-il tristement.
-J'avais noté, répondit acidement le politicien.
-QU'EST-CE QUE VOUS ATTENDEZ ? Cria Lestrade aux policiers qui l'entouraient. UNE INVITATION ? FOUILLEZ LES ENVIRONS !
Oh, petit frère, se dit tristement Mycroft en regardant par la fenêtre le jour qui finissait de teindre le ciel. Où est-tu ?
-On va le retrouver, déclara soudain Lestrade, plein de compassion, en posant une main sur son bras.
Surpris, l'autre se dégagea brusquement.
-Vous iriez plus vitre, répondit-il sèchement, si vous ne gâchiez pas votre pitié pour moi.
L'autre haussa les épaules et fis volte face. Au moment de franchir la porte, pourtant, il se retourna.
-Vas t-on encore chercher à m'éliminer ?
-On peut savoir ce qui me vaut l'honneur d'une telle consultation ?
-Je n'ai pas d'autre génie sous la main, répondit acerbement le policier. Je veux simplement savoir si je peut rentrer chez moi où si je dois y poster des hommes pour piéger d'éventuels hommes de mains de Scott.
-Ça me paraît pourtant évident, soupira Mycroft. Il y a de bonne chance pour qu'ils retentent leur chance, en effet. Scott ne les rependrait jamais avant qu'ils aient mené à bien leur mission. Vous n'avez qu'à prendre des vacances, le temps que toute cette affaire soit calmée.
L'autre lui jeta un regard où se mêlait la surprise et le mépris.
-Vous pensez réellement que je vais tout plaquer et quitter la ville alors que deux de mes amis sont introuvables, peut-être bléssés ? Permettez moi de vous dire que vous vous fourrez le doigt dans l'œil jusqu'à l'occiput. Je sais me défendre. J'irais à l'hôtel.
-Vous défendre ? Répondit l'autre, un peu amusé. Contre une bande de tueurs professionnels ? À l'hôtel ?
-Vous avez une meilleur solution peut-être ? Et par pitié, ne me proposez pas un bunker ou une place forte à l'autre bout du monde. Je reste à Londres. Pour ce que ça vous concerne...
-Sherlock m'a demandé de vous protéger. Ce ne serait pas une bonne chose pour lui que vous mourriez, surtout de la main de son ennemis. Mon frère réagit très mal à la culpabilité. Il lâcha un profond soupir. Je suppose que je n'ai pas vraiment le choix. Je vous supporterais encore un jour ou deux. Mais je lui ferais payer ça...
-Attendez, attendez, intervint l'inspecteur. Je ne vais pas chez vous.
-C'est pourtant le choix le plus logique. Un endroit discret et protégé. Croyez-moi, personne n'osera vous cherchez des noises chez moi.
-Non. Ça vous mettrait en danger.
Une expression de pure stupéfaction se peignit sur les traits de Mycroft.
L'idée que quelqu'un puisse s'inquiéter pour lui, en dehors de ses parents, lui paraissait complètement, totalement, absolument absurde. Encore, si Lestrade avait vraiment sût quel poste il occupait au gouvernement britannique, Mycroft aurait pus soupçonner un intérêt patriotique, mais là...
Bah, ce n'était qu'un policier de plus avec le complexe du héros.
-Pourquoi faites-vous cette tête ? Finis par demander Lestrade, inquiet de ce silence.
-Ne vous inquiétez pas pour ma sécurité, répondit l'aîné des Holmes avec un sourire de reptile. Je crois avoir bien plus d'ennemis que vous. Et tous me craignent.
-Vos ennemis vous craignent ?
-Et ce ne sont pas les seuls.
-Moi je ne vous crains pas.
-Vous n'êtes pas assez intelligent pour ça.
Il baissa ses yeux sur le portable qui venait de vibrer dans le creux de sa main, et s'absorba dans la rédaction d'une réponse.
-Apparemment, un groupe d'extrémiste va tenter d'assassiner la reine dans une heure, lança t-il finalement d'un ton neutre. Je dois partir. Vous connaissez l'adresse.
Et, sans plus de cérémonie, Mycroft Holmes entra dans la voiture aux vitres teintées qui l'attendait dehors, claqua la porte, et disparu aux yeux de Lestrade.
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