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10 - Panique

Ça le suivit toute la nuit.

L'odeur du restaurant. La musique. La présence humaine à ses côtés. Le sourire. Son sourire. Et son rire, Dieu ! Habituellement, les gens ne riaient pas avec Mycroft. Pas les gens sains.

L'incarnation du gouvernement britannique ne dormit pas cette nuit-là. Mais pour la première fois, ce n'était pas par inquiétude pour son frère, ce n'était par dépression, ou par tentation de la mort, c'était une insomnie due à un flot d'images lumineuses. Douce, si douce insomnie.



Le lendemain soir, Lestrade croisa totalement par hasard Mycroft, sur le chemin de sa maison. Ça le réjouit. Il ne savait pas exactement pourquoi, mais diable, il en fut heureux !

Ils se sourirent.

Et, avant de comprendre ce qu'il s'était passé, Mycroft était attablé dans la cuisine du policier, la tête sur le dossier d'une chaise, en train de le regarder préparer à manger.

Le lendemain suivit le même schéma. Le jour d'après aussi.

Combien de temps faut-il pour une routine ? Ils ne savaient pas. Ils s'en moquaient. En silence, ils prétendaient se connaître depuis toujours, être des gens normaux et heureux, qui n'avaient jamais pleuré de solitude, qui avaient une bonne opinion d'eux-même, et qui n'avaient peur de rien.

C'était faux. Mais quand ils étaient tous les deux, ça l'était un peu moins.

Combien de temps durerait l'illusion ? Combien de temps avant que la réalité ne les rattrape, ne les séparent, ne les écrasent ?

Beaucoup plus vite que Mycroft ne l'avait prévu.

La destinée frappa sous la forme d'un postier.

La faucheuse, les orages, les éclairs, tous ça, c'étaient dépassé, complètement out. Non, maintenant, on faisait plus raffiné, plus cruel, moins évident. Un matin lumineux. Un homme souriant avec un stupide képi.

Une lettre.

Mycroft était un Holmes. Il sut avant d'ouvrir l'enveloppe que sa trêve était terminée.

En fait, il n'eut même pas besoin de l'ouvrir pour le savoir. Il lui suffit de voir le visage livide du premier ministre, sur son perron. Les cheveux et les habits en batailles. Il avait découché. Pas rasé depuis trois jours. Deux doigts bandés à la va-vite, cassés. Par des professionnels, sûrement.

Mycroft lui jeta un regard de mépris absolu.

-Vous avez des dettes de jeux, et vous n'avez pas de quoi les payer. Vous espérez que je vais le faire pour vous.

L'homme hocha la tête.

-Mais il y a autre chose, devina Mycroft.

Sa main, comme une serre, tenait toujours l'enveloppe.

-Ils... ils sont venus hier soir, dit-il enfin. Mais je ne pouvais pas les rembourser, pas tous de suite... ils ne voulaient pas me donner de délais...

-Pour l'amour du ciel, soupira Mycroft, venez-en au fait ! Quelle catastrophe avez-vous provoqué ?

-Je leur ai dit que vous pouvez payer, que vous, vous avez de l'argent, et le pouvoir...

-Vous avez précisé que je ne les payerai pas, aussi ?

-Ils le savaient déjà. Ils le savaient depuis le début, avant de s'attaquer à moi. Ils voulaient...

-Un point faible, finit Mycroft tandis que les implications de ce qu'il entendait explosaient dans son cerveau.

Le ministre avait vu Gregory dans sa maison, le premier soir.

Le regard que Mycroft lança au ministre le transperça de part en part, laissant sur son passage des frissons d'effrois. Si la mort avait eu un regard, à ce moment-là, c'eut été celui de Mycroft Holmes.

Il attrapa violemment le ministre par l'épaule et, avec une force qu'il ne se connaissait pas, il le traîna à l'intérieur.

-Quand ? Demanda-t-il si sèchement que les mots lui coupèrent la langue.

-Hier...

Cet imbécile a attendu trop longtemps avant de venir me prévenir !

Il devait avoir peur. Mon Dieu, comme il avait raison d'avoir peur...

Il jeta sans un regard le ministre dans un placard vide, qu'il referma à clef derrière lui. Il s'occuperait de ça plus tard.

L'enveloppe lui brûlait la paume.

Il ne s'assit pas, il la déchiqueta frénétiquement, laissant tomber en neige les morceaux sur le sol.

Un ultimatum. Dans une heure.

Ou Lestrade...

Une main puissante se referma soudain sur son cœur.

Il hoqueta de surprise, incapable de respirer, et tomba à genoux. Le monde tourbillonnait autour de lui. Gregory. Ses mains étaient crispées sur sa poitrine, déchirant presque sa chemise. Gregory. C'était sa faute. Sa faute. SA FAUTE. Il l'avait mit en danger. Il mettait tout le monde en danger. Il était un poison. Une nuisance. Gregory. La culpabilité l'écrasait, appuyé de sa propre haine de lui-même. Gregory. Il haletait maintenant, sans savoir exactement s'il cherchait à reprendre son souffle ou cesser de respirer. Il voulait que tout s'arrête, tout, tout, le monde entier, maintenant, il ne voulait plus rien savoir, plus exister, plus bouger, plus respirer, et Gregory...

« Mon cher frère, tu es ridicule », lança de quelque part une voix familière.

Sherlock.

Il n'était pas dans la pièce, bien sûr. Mycroft laissa échapper un sourire en pensant que la seule chose qu'avait trouvé son esprit pour le calmer était son frère.

Mais c'était vrai. Il était ridicule. Il devait sauver Gregory, il aurait tout le temps de se haïr et de s'apitoyer sur son sort plus tard.

Évidemment, la somme demandée contenait un nombre astronomique de zéros. Ce n'était pas vraiment un problème. Mycroft appela son banquier, et lui donna une liste d'action sur lesquelles parier tous son capital. Il ne lui fallut qu'une dizaine de minutes pour rassembler la somme nécessaire. Plus un excédent.

Il appela chez Gregory, au cas où. Mais le téléphone sonna dans le vide. Mycroft connaissait par cœur son emploi du temps : on était samedi, le policier aurait dû être chez lui, en train de petit déjeuner.

Le lieu du rendez-vous était à une dizaine de minutes en voiture. Il se débarrassa de son chauffeur, retira tous les traceurs du véhicule et colla son pied au plancher.

*

Les vieux quais étaient vides, sordides.

Mycroft savait qu'il prenait un risque énorme. Venir avec l'argent, c'était presque suicidaire. Mais il n'avait pas eu le temps d'élaborer un plan plus complexe. Il s'était contenté de prendre un parapluie spécial, en comptant sur sa colère et sa peur pour lui donner du courage.

Il prit une longue respiration, les mains sur le volant.

Ce n'était pas le moment de faillir.

Il ouvrit brusquement la portière, et jaillis du véhicule comme un diable en boite. Il savait, au fond de lui, qu'il n'avait rien d'un héros et tout d'un lâche. Il ne voulait pas réfléchir, il ne voulait pas prendre le risque de laisser l'hésitation empoisonner son âme.

Il pénétra d'un pas ferme dans l'entrepôt délabré.

D'abord, il ne vit rien, rien d'autre que la pénombre et ses formes indistinctes, ses jeux trompeurs de clairs-obscurs. Des caisses éventrées. Le squelette métallique, monstrueux, de quelque machine laissée à l'abandon.

La porte claqua dans son dos. Il s'y attendait. Il ne sursauta pas.

C'était un jeu de pouvoir, entre eux et lui. Ne pas montrer de peur, c'était leur enlever tout sentiment de domination. Mycroft s'appliqua à ressembler à cet être froid et cruel qu'on voyait si souvent en lui. Celui qu'on traitait de serpent.

Il y eu un frottement.

Une vieille lampe à gaz fit danser une lueur tremblante sur la scène, donnant aux objets et aux corps un aspect onirique.

Un homme faisait face à Mycroft.

Un mètre soixante-quinze. Mercenaire. Divorcé. Un fils. Problème d'argent. Addiction à l'alcool et à la cigarette. Propension à la violence et à la cruauté.

Il pointait sur un Holmes impassible sa mitraillette.

Le deuxième individu restait dans l'ombre, à droite de Mycroft. Tout ce que ce dernier pouvait déduire, c'était son ascension sur l'autre. Il donnait les ordres.

L'aînée des Holmes fils un pas sur le côté, se tournant vers l'homme de l'ombre en ignorant superbement le sous-fifre, qui n'en menait pas large.

Il avait ordre de tirer si le rupin attaquait. Mais s'il se retournait ? Que devait-il faire ? Ça ne se passait pas comme ça d'habitude. Ça n'était pas normal. L'impassibilité de l'homme lui donnait des frissons. Personne pouvait rester aussi calme au bout d'une mitraillette. Pas s'il craignait la mort. Pa s'il était humain.

-Vous êtes assez ennuyant, déclara nonchalamment l'homme au parapluie.

-C'est bien la première fois qu'on se plaint de manque d'animation, plaisanta le bandit en sortant de l'ombre.

-J'ai d'autres affaires en cours. Faisons ça rapidement.

-Mais certainement. Je suppose que vous...

-J'ai l'argent, le coupa Mycroft comme on réprimande un élève. L'autre, par réflexe, rentra la tête dans les épaules. Je vous le donne, vous laissez tranquille le ministre. C'était l'échange convenu, nous n'allons pas y passer la matinée.

Les deux hommes échangèrent un regard perdu.

-Mais, euh, et l'autre... tenta le chef, que la situation déroutait quelque peu.

-L'autre ? Répéta Mycroft d'un ton moqueur en levant un sourcil, comme si la simple évocation de « l'autre » n'avait pas fait déraper son cœur.

-Ben, le type qu'on a enlevé, continua le bandit, cette fois complètement perdu. Vous savez, votre mec...

L'air de surprise qui se peignit sur les traits de Mycroft n'était pas entièrement feins.

-Je suis désolé, répondit-il d'une voix qui dégoulinait d'ironisme -après tout, il ne disait que la stricte vérité- mais on vous a mal renseigné. Je ne sais pas qui vous avez enlevé, mais ça ne risque pas d'être mon « mec ».

-C'est un inspecteur, tenta presque désespérément l'autre, comme s'il voulait lui rafraîchir la mémoire.

-Vous avez enlevé un policier ? Lâcha Mycroft d'une voix qui suggéra toute la bêtise qu'il associait au geste en question.

Les deux hommes échangèrent un regard perdu.

-Écoutez, soupira Mycroft en regardant ostensiblement sa montre, je veux bien trouver un accord avec vous, parce que vous avez été réglo, mais vite. Je vous débarrasse du policier, vous me faites une remise.

-Euh...

-Cinq mille, et vous n'êtes pas poursuivis.

-C'est que...

-Bien, l'affaire est entendue. Où est le policier ?

Le sous-fifre consulta l'autre du regard, qui, complètement dépassé, acquiesça, sans oser poser les yeux sur l'homme en costume, appuyé sur son parapluie, dont les yeux le glaçaient d'effrois.

-Euh.. par ici, m'sieur... lança, hésitant, l'homme à la mitraillette, en contournant une pile de caisse.

Il y avait une forme humaine, allongé sur le sol.

Il n'attendit pas la lampe pour le reconnaître. Il avait l'étrange sensation que même aveugle, il l'aurait reconnu, l'homme inanimé sur le sol humide, l'œil tuméfié, la lèvre ouverte.

Il ne hurla pas son nom, pas à voix haute, mais il l'entendit quand même résonner à l'intérieur de son corps, cognant contre sa peau, dans sa poitrine, dans sa bouche, dans sa tête.

L'effort qu'il fit pour ne pas se précipiter vers lui fut si intense que ses mains se mirent à trembler violemment.

Son masque d'impassibilité tant bien que mal plaqué sur son visage, Mycroft se pencha sur Gregory. Certainement drogué, il n'était pas attaché.

Une terreur sans nom s'empara soudain de lui. Il agrippa le poignet de Lestrade, et, de deux doigts tremblant, chercha un pouls.

Vis.

Vis.

VIS !

GREGORY !

Pas de pouls. Il ne trouvait pas de pouls. Où était passé son cœur ? Pourquoi ne battait-il pas ? Il n'y avait pas de pouls. Pas de pouls. Pas de pouls.

La panique le gagna tout entier, cognant son âme contre les murs de sa prison de chair. Il n'arrivait pas à concevoir les conséquences d'une telle phrase. Pas de pouls. Des mots, ce n'étaient que des mots. Quels mots pourraient être assez fort pour décrire une chose aussi terrifiante, aussi monstrueuse que le corps de Gregory étendu là, froid, inerte, quels mots pour décrire les implications d'un cœur qui ne bat plus ?

-Vous l'avez tué.

Sa voix était si rauque qu'elle lui évoqua celle d'un animal. Le regard qu'il jeta aux deux hommes n'avait plus rien d'humain, plus rien d'un serpent non plus. Il n'était plus que rage. C'était celui d'une bête sauvage.

Les deux hommes virent distinctement se craqueler le masque de Mycroft avant d'imploser, révélant le visage le plus terrifiant qu'ils n'aient jamais rencontré.

Malgré tout, le chef compris de suite qu'ils s'étaient fait roulé. Le flic était bien son mec.

-Tire, lança-t-il a son associé.

L'autre mit un instant à réagir. Un instant de trops.

Mycroft, à genoux, avait ramené contre sa poitrine le torse de Gregory, qu'il enserrait d'un bras, laissant la tête de l'homme qu'il aimait reposer sur sa poitrine.

De son autre main, il s'était saisi de son parapluie. Il y eu un déclic. La toile noire tomba, révélant la forme effilée d'une arme à feu.

Serrant contre lui le policier, il tendit son bras en avant.

Contrairement à ce que beaucoup pensaient de lui, Mycroft n'avait jamais tué auparavant, jamais tiré sur personne. Il se rendit compte que sa main tremblait. De la force de sa seule rage, il la stabilisa.

Et il fit feu.

Le chef s'écroula, la poitrine mangée par une tache rouge, la bouche ouverte dans un dernier mouvement de stupeur.

L'autre fit feu à son tour, mais, terrifié par l'aura de violence et de désespoir que dégageait l'homme au parapluie, il fit en même temps un pas en arrière. La balle effleura l'épaule de Mycroft.

Il ne frémit même pas en sentant le sang couler le long de son bras. La douleur physique était une amie intime.

L'autre pris ses jambes à son cou et disparu de l'entrepôt.



L'écho des coups de feu se répercuta encore quelque instant contre les parois métalliques de l'entrepôt avant de mourir.

Mourir.

La main de Mycroft s'ouvrit toute seule. Il lui sembla qu'en heurtant le sol, l'arme fit le plus grand fracas qu'il n'avait jamais entendu. Lui n'aspirait qu'au silence.

Il referma doucement son autre bras autour de la poitrine du policier, et posa sa tête sur la sienne.

L'odeur de Gregory était mélangée à celle du sang.

Il s'aperçut qu'il pleurait. Depuis combien de temps ?

Quelle importance.

Il laissa le silence le recouvrir lentement. Sa respiration rauque diminua progressivement, jusqu'à retrouver l'état de souffle ténu. Tout ce qui le reliait à la vie. Un souffle. Il retint sa respiration.

Mais le souffle continua à venir jusqu'à ses oreilles, plus lent.

Ce n'était pas le sien.

Il eut l'impression de se détacher, de se voir, de l'extérieur, poser sa main sous le menton du policier pour incliner sa tête en arrière, et poser son oreille contre ses lèvres.

Il respirait.

Une vague de soulagement déferla sur Mycroft, emportant avec elle la terreur, l'angoisse, la panique, la culpabilité et le mal de vivre.

Vivant.

Que d'implication, pour un seul mot, un mot de rien du tout ! Mais Dieu, il n'y avait jamais eu de mot plus important dans l'univers, rien qui signifie autant que celui-là.

Vivant.

Le cerveau de Mycroft, voyant que la situation s'était amélioré, accepta enfin de se remettre en marche. Pourquoi n'avait-il pas sentit de pouls tout à l'heure ? Il compta les respirations.

Très lentes. Bien sûr, il avait été drogué. Son pouls s'était ralenti. De plus, il n'avait jamais été doué avec la médecine. Dans la panique, il avait pris son poignet, mais s'il voulait vraiment savoir si son cœur battait, il aurait été bien plus efficace, pour un néophyte tel que lui, de chercher dans son cou, ou de poser sa tête sur sa poitrine. Ou encore mieux, prendre sa respiration.

Il eut un rire nerveux, qui se transforma vite en fou rire. Il n'avait pas l'habitude d'être aussi bête et maladroit.

-Vous voyez, Gregory, murmura-t-il, dès qu'il s'agit de vous, je suis un cas désespéré.

Le policier ne répondit pas bien sûr. Mycroft profita de ce sommeil artificiel pour caresser son front, le dégageant de quelques mèches grises, éparses, poisseuses de sang.

Revenant à la réalité, il examina rapidement l'inspecteur. Il avait une blessure à la tête qui avait récemment cessé de saigner, pas mal d'hématomes -les fumiers !- et quelques menues coupures de long des bras, surtout sur les poignets, qui avait dû être attachés.

Il était temps de déguerpir. Pour aller où ? Il n'avait pas envie de le confier à un hôpital. Il venait juste de le retrouver, il n'allait pas laisser son Gregory entre des mains étrangères.

Il allait le ramener chez lui.

Cette question étant réglé -il balaya d'un geste de la main le fait que l'inspecteur ne serait peut-être pas ravis de se réveiller chez lui-, restait celle du transport.

Là encore, pas question d'appeler quelqu'un pour l'aider. Mais il lui fallait bien admettre que sa force physique laissait à désirer.

Il se remit debout et se pencha en avant, puis saisit les bras de Gregory et, avec le plus de précaution possible, le fit basculer par-dessus son épaule.

Il chancela un instant sous le poids de ce fardeau mais, ma foi, aucune cellule de son corps ne songea à se plaindre.

Avec une tendresse qui aurait pétrifié de stupéfaction tous ceux qui le connaissaient, Mycroft allongea le policier sur la banquette arrière de la voiture, sa veste roulée en boule sous sa tête.

Puis il prit le chemin du retour.

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