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4. Le dialogue


Je me hissai hors de l'eau, sur la surface blanche de la plate-forme. Jamela m'attendait là. C'était une fémaq d'un âge similaire au mien, mais elle avait passé fort peu de temps dans les eaux de Nova ; toujours en mission diplomatique à l'étranger, parcourant le reste du monde en y portant la parole de la fédération.

Sa peau était beaucoup plus bleue que la mienne, et son ventre découvert par les vêtements de marche portait une estafilade, une longue cicatrice de fibrose blanchâtre. Attaque de requins ? Les eaux de Nova n'étaient pas si sûres à l'époque où le continent avait commencé à s'installer.

C'étaient des hommes qui avaient fondé Nova, mais les omaq en avaient été les premiers vrais habitants : leurs enfants génétiques, modifiés pour vivre durablement dans l'eau et aux contact des animaux marins. Nous étions le fer de lance de la reconquête des océans. Nos pères avaient planté un drapeau sur des îles abandonnées du Pacifique et sillonné les mers avec des barges solaires, ramassant les particules de plastique en suspension pour sauver le plancton de l'étouffement. Ils avaient installé des usines qui retraitaient ces molécules en matière inerte – et ces roches avaient été coulées au fond de la plaine océanique pour ancrer les câbles d'amarrage des cités flottantes.

Ici, dans ces eaux qui n'appartenaient à personne, une sorte de sanctuaire était né. Mais sans les longues batailles diplomatiques menées par Jamela, jamais les routes maritimes n'auraient été modifiées.

Nous avions un avantage indéniable pour assurer la protection de nos eaux : les groupes de cétacés qui nous rejoignaient constituaient les meilleurs des gardiens.

« Pourquoi m'avoir demandé ? Dis-je en ôtant le modulateur et le casque du résonateur.

— Nous avons besoin de notre meilleur interprète.

— Ça ne peut pas être la seule raison, objectai-je.

Elle m'invita à m'asseoir avec elle sur le sol mat et y déroula une carte sensitive. Le tissu électronique réagit au toucher de ses doigts fins.

— Avez-vous entendu parler des tiliens ? Demanda-t-elle. Les envahisseurs.

Je secouai la tête. Une goutte d'eau salée tomba sur l'écran presque transparent.

— Nous savons depuis Bergen et les premiers contacts avec les cétacés que les tiliens se cachent dans la population humaine. Depuis des milliers d'années peut-être. Mais s'ils voulaient envahir, ils l'auraient fait depuis longtemps.

— Savez-vous ce qu'est une terraformation ? Poursuivit-elle, comme si elle me donnait un cours.

Elle me regardait pour parler. C'était une habitude d'humain à laquelle je n'étais pas formé ; cela me gênait plus qu'autre chose.

— Le processus consiste à transformer la biosphère d'une planète pour la coloniser. Les humains rêvent de faire cela un jour ; c'est une idée fixe. Lorsque la vie se développe, elle doit aussi conquérir et vaincre les autres vies.

— Imaginez maintenant que cette biosphère soit extrêmement coriace. Il vous faudrait l'affaiblir. Mais imaginez, de plus, qu'un primate assez intelligent soit en passe de coloniser la planète. Normalement, il ne vous laisserait pas faire, car il remarquerait assez vite que ses intérêts sont menacés.

— Je comprends.

La théorie était nouvelle pour moi, mais Jamela la récitait comme une leçon bien connue. Elle continua de me fixer ; les traits de son visage formèrent une nouvelle expression – façon de communiquer qui ne m'était pas non plus habituelle.

— Je ne vais pas poursuivre très longtemps. Les tiliens sont ici depuis au moins cinq mille ans ; et nous pensons que leur projet est en passe d'aboutir. Un projet qui impliquait l'humanité elle-même.

— À quel titre ?

— L'être humain a été l'acteur de sa propre défaite dans une guerre qu'il ignorait totalement. Nous pensons que le réchauffement climatique était planifié. C'était la conséquence logique de deux faits : la croissance des activités humaines et l'emploi massif de combustion de matière carbonées comme source d'énergie.

— Les humains ne reconnaissent pas le réchauffement climatique, aujourd'hui.

— Oui, et ceci est le résultat de remous politiques mondiaux qui arrivent à point nommé, vous ne trouvez pas ? »

Je commençais à avoir peur. Jamela connaissait son sujet, et je savais qu'elle ne me mentait pas. Cette espèce qui vivait cachée parmi l'humanité depuis des siècles préparait un plan d'envergure pour prendre le contrôle de la planète. Je ne voulais pas le croire, car cela signifiait que Nova serait prise entre deux feux.

Klaus Bergen avait appris l'existence des tiliens, un secret que personne n'avait jamais pu révéler ; et depuis ses premiers jours, la fédération Nova se savait le seul bastion sur lequel ils n'avaient pas prise. Ils étaient incapables de se faire passer pour des omaq, de même qu'ils ne faisaient pas illusion face à des non-humains comme les orques. Le simple fait que leur corps ne résonne pas comme le nôtre, sans doute. Leurs fausses enveloppes étaient faites de chair, mais cachaient des éléments mécaniques de haute facture. Personne ne savait ce qu'étaient biologiquement les tiliens, s'ils étaient seulement des êtres biologiques et non pas de lointaines machines extraterrestres.

« Vous êtes en train de me dire que les tiliens ont manigancé la révolution industrielle. Et maintenant que la biosphère terrestre est affaiblie, voire, que les conditions climatiques sont meilleures pour eux, ils empêchent les humains de s'en rendre compte.

Elle fit un mouvement de la tête, sans doute pour dire oui.

— Il règne une étrange agitation dans le monde en ce moment. Comme si les tiliens favorisaient les remous d'une guerre, à tout le moins, de désordres suffisants pour que les humains ne regardent pas dans la bonne direction.

— Et ensuite ?

— Ensuite, ils extermineront les humains, les omaq, peut-être la plupart des mammifères, avant d'implanter leurs propres espèces. Nous pensons que cela va pourrait arriver d'ici quelques années à peine. »

Je me levai brusquement. La tête me tournait déjà. Jamela était venue me voir, un paisible novane, certes spécialiste du langage de Bergen, pour m'annoncer la fin du monde en personne.

« Pourquoi êtes-vous ici ? Demandai-je de nouveau.

— La fédération ne pourra pas mener de conflit avec les tiliens. Nous ne sommes qu'une poignée de millions, et quelques centaines de milliers de cétacés. Ce n'est rien. Toutefois, nous savons que quelques graines ont été plantées il y a cinquante ans. Des graines de langage. Nous avons besoin de vous, spécifiquement, car vous êtes le meilleur pour les récolter.

Je ne comprenais pas ce qu'elle voulait dire. Et je craignais de le comprendre trop tard.

— Je viendrai avec vous », dit-elle.

Cela ne me rassurait pas.


***


Klaus émit un clic pour se localiser, puis un sifflement en trois syllabes pour s'identifier.

Klau-ber-gen.

Il ne suffisait pas d'échanger des sons pour se comprendre, car les orques avaient une étrange manière de penser et de voir le monde. Mais Klaus avait derrière lui une expérience similaire ; des années d'apprentissage des usages humains. Se plonger dans la culture d'une nouvelle espèce ne lui faisait pas peur.

Klau-ber-gen.

Le bon sens interdit de ne pas chercher à comprendre.

Il avait formulé cette phrase pour expliquer sa démarche ; et depuis, elle revenait dans leurs échanges. Comme s'il avait marqué, à sa manière, l'histoire de ce groupe, de cette petite tribu d'orques polaires.

Le plus vieux membre du groupe était un mâle d'une soixantaine d'années. Ils avaient parlé de tout : de l'histoire du groupe, des derniers arrivants, de la raréfaction des proies. Pour en avoir déjà vu plusieurs fois par le passé, l'orque posait des questions sur les humains. Klaus y répondait avec difficulté, car les formulations étaient étranges.

« Comment vivez-vous ?

Il vérifia plusieurs fois les syllabes.

— À la surface, sous le soleil, les étoiles, et les nuages. Nous naissons, nous apprenons de nos parents pendant une vingtaine d'années, nous vivons soixante années de plus ; et la maladie et la vieillesse nous emportent.

La réponse n'était pas satisfaisante. Mais Klaus maîtrisait trop mal les concepts employés par l'orque pour savoir précisément ce qu'il attendait.

— Comment mourez-vous ?

— Le plus souvent, dans le silence, et dans la peine des vivants restés.

L'orque remonta à la surface pour respirer et Klaus le suivit.

En réalité, nous sommes semblables, songeait-il. Nous sommes des mammifères et nos vies sont rythmées par les mêmes étapes. Nous devons avoir des conceptions similaires de la mort. Et peut-être des vues similaires sur la religion, découlant de notre expérience sensible.

— Que deviennent les nageants après leur mort ? Demanda-t-il.

L'orque patienta avant de répondre, et il crut avoir commis un impair.

— On ne meurt jamais vraiment, dit-il. Les nageants deviennent un souvenir, puis un chant. Le chant les porte jusqu'à leur nouvel océan. »

Le paradis, songea Klaus.

Ils se séparèrent, signe que la conversation du jour prenait fin. Puis Klaus alla jusqu'à pont du navire, prit appui et se hissa hors de l'eau. Depuis les résultats de l'année précédente, les financements avaient augmenté. À savoir qu'ils avaient pu isoler correctement la cabine.

Un des scientifiques l'attendait sur le pont. Tandis qu'il ôtait ses bouteilles de plongée et son masque humide, il reconnut Petersen, un biologiste marin qui les avait rejoint pour effectuer des mesures sur la population de phoques.

Malgré leur nature paisible, les orques étaient des prédateurs voraces comme les humains, et d'autres mammifères faisaient partie de leur menu.

Petersen le regardait avec une sorte de suspicion.

« Vous faites des progrès, remarqua-t-il.

— Vous en doutiez ?

— Disons que je n'imaginais pas qu'on puisse aller jusque-là.

— J'avais étudié les dauphins, indiqua Klaus. Ils sont intéressants, c'est vrai, mais les dauphins ont une vie sociale et des schémas mentaux moins développés que les orques.

— Quel est votre but, exactement ? Demanda Petersen.

— Je veux que nous puissions nous comprendre.

Angha l'avait vu revenir. Elle surgit de la cabine, lui apportant une serviette pour le réchauffer un peu. Malgré la protection de sa combinaison, ses extrémités étaient pratiquement violettes et couvertes d'engelures.

— Tu descends trop longtemps », dit-elle.

Cette année, elle était allée jusqu'à l'accompagner plusieurs fois pour le surveiller, déplorant les conditions de sécurité déplorables dans laquelle ils effectuaient leur expédition. Mais la fièvre du savoir était un attracteur bien trop puissant.

Klaus n'était pas ignorant. La promiscuité sur leur petit navire, à peine plus gros qu'un bateau de pêche, n'aidait pas à s'en rendre compte ; mais Angha tenait particulièrement à lui.

Cela faisait longtemps maintenant que l'indienne le suivait dans ses projets farfelus. S'il s'éloignait de l'humanité jusqu'à l'abandonner définitivement ; elle continuerait de le suivre ; et réciproquement, s'il ne devait garder de l'humanité qu'une seule âme, il savait que ce serait elle.

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