Possédés - Gardaya, Gaspard, Hoyata (5)
Gardaya s'excusa un instant et s'éloigna des deux autres. Elle courut, toujours tout droit, à travers les arbres jusqu'à ce qu'un point de côté la frappe. Elle s'appuya contre un arbre et essuya les larmes qui roulaient contre ses joues. Elle ne pouvait pas supporter cette vérité. C'était trop dur à porter.
Alors dans une tentative misérable, elle implora son Dieu. Elle répéta encore et encore la petite comptine entre ses sanglots, les genoux à terre et les mains jointes.
"Peut-être, entends-tu ? Peut-être, entends -tu ?
Ces regards braqués sur moi, les vois-tu ?
Donne moi ta force, ta sagesse et ton savoir,
Bientôt, j'aurais encore besoin de toi.
Oh, Peut-être, l'âme Emeraude, jamais ne mourra.
Grand Tout, Grand toi, jamais ne mourra."
Mais personne ne vint. Le Grand Peut-être ne venait jamais. Ses larmes redoublèrent et malgré tous ses efforts pour les arrêter, ses spasmes la ramenaient de nouveau dans les bras de ses angoisses. Presque en transe, elle n'entendit pas derrière elle les pas de ses deux nouveaux alliés. Gaspard lui pressa l'épaule et la chef des armées se détendit.
Hoyata, dans un élan d'empathie, l'aida à se relever et la prit dans ses bras jusqu'à ce qu'elle se calme. Tout se fit dans un silence entendu. Ils savaient à présent qu'ils devraient compter les uns sur les autres pour comprendre et se sauver des jeux des Dieux. De plus, ils venaient seulement de comprendre la présence d'un nouveau joueur dans la partie : Mère Nature.
La gouvernante de la cité Bleue se détacha de Gardaya, lorsque Gaspard frôla son bras. Ce geste,pourtant si insignifiant, scella leurs liens et s'accompagna d'un léger picotement sur la peau touchée. Les Dieux, bien sûr, le ressentirent aussi et en profitèrent pour prendre le contrôle de leurs élus.
— Mes frère, commença le Grand Tout depuis le corps de Gardaya, comme cela faisait longtemps.
— Effectivement, Mère n'a pas été très tendre à propos de nos communications.
— Alors faisons au plus vite, coupa le Grand Tout, en plus je déteste emprunter leur corps. Tu fais diversion comme nous l'avions prévu, je te remercie, Grand Peut-être. Elle doit penser que nous sommes montés les uns contre les autres, c'est parfait.
— Oui, enfin la seule question est : penses-tu qu'ils vont réussir ?
— Ils n'ont pas le choix de toute façon. C'est notre seule chance. Ils ont l'avenir du monde entre leur main. Un d'entre nous va devoir leur dire d'ailleurs...
Le Grand Peut-être et le Grand Tout se tournèrent vers le Grand Bientôt. Celui-ci semblait plus occupé à s'informer au plus près du corps des humains, spécialement le corps des femmes, ce qui fit lever les yeux au ciel d'un de ses frères. Lorsque l'intéressé sentit le regard des autres Dieux, il sursauta :
— Ah non ! Elle vient à peine de m'adresser une prière. Si elle apprend que j'ai pris possession de son corps et que, en plus, je lui ai caché quelque chose, elle va me détester !
Le Grand Tout soupira, exaspéré. Parfois il avait l'impression que son frère oubliait qu'il était infiniment plus puissant que ses protégés.
— Peut-être mais ils te font confiance. Nous, nous ne leur avons rien dit et ça m'étonnerait que Gardaya soit très enclin à entendre ce que son Dieu a à lui dire.
Le Grand Peut-être se raidit à ses mots, déjà mal à l'aise d'emprunter le corps de l'humaine. Il était très attaché à elle mais il était uniquement capable de communiquer avec les infirmes. Ce lourd fardeau lui avait permis d'autres privilèges bien sûr, mais il en payait tous les jours le prix.
Le Grand Bientôt finit par accepter et les deux autres Dieux s'échappèrent des deux corps, laissant ceux-ci s'étendre sur le sol de la jungle, tel des poupées de chiffon. Le dernier contempla alors les deux corps avant de les secouer doucement pour les réveiller. Les deux compères se réveillèrent complètement désemparés. L'être surnaturel passa une main sur chacune des joues des deux élus et leur sourit tendrement.
L'assurance que le corps d'Hoyata déployait dans chacun de ses mouvements la trahit et ils reculèrent tout les deux en cœur. Celle-ci se releva et inspira doucement.
— Bonjour, vous deux. Vous ne me connaissez pas, je suis le Grand Bientôt et tout cela peut vous paraître complètement irréaliste mais j'ai besoin de toute votre attention pour que vous puissiez accomplir votre destinée. Hoyata a dû vous expliquer qui était Mère Nature ?
Les deux hochèrent la tête, bouche-bée. Ils regardaient Hoyata mais ils ne la voyaient plus vraiment. Elle arborait une pause bien droite, un regard déterminé mais attentionné,... Même sa voix semblait avoir prit un demi-ton plus grave.
— Bien. Il faut que nous puissions la plier à notre volonté. Il faut que vous marchiez jusqu'au cœur de la forêt. Vous serez guidés par le trident de ma demoiselle. Il devrait émettre une petite lumière vers la grotte si vous pensez suffisamment à tout ce qui se rapporte à la nature. Mais surtout pas à vos relations humaines. Arrivés à la grotte, vous aurez une série d'épreuve à accomplir. Ensuite vous serez conduit à l'autel de Mère Nature. Si vous réussissez jusque là, vous allez devoir déposer chacun une goutte de votre sang sur celui-ci. C'est compris ?
Les deux hochèrent la tête de nouveau, complètement hébété, avant de voir le corps de la gouvernante de la cité Bleue s'effondrer au sol. Les deux autres firent de leur mieux pour la réceptionner. Ils parvinrent à la réveiller à son tour et lui racontèrent en détail ce qui venait de se produire.
Hoyata se frotta la tête et fut moyennent étonné. Après tout, les trois avaient reçu une formation militaire et semblaient tous avoir été suivi par leurs Dieux. Sauf peut-être Gaspard, à la limite. Elle prit une profonde inspiration et balança sa tête en arrière pour présenter son visage au ciel.
— S'il il doit en être ainsi... Allons exhausser les désirs de nos Dieux puisque le sort de notre monde repose entre nos mains. Mais avant, il faut qu'on se trouve de quoi se nourrir !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro