Épisode 3
Oui Aurélie avait été prête pour son test. Elle avait gratté, gratté, gratté tant et si bien qu’une semaine après, elle ressentait toujours une douleur physique. C’était une douleur fantôme, lui avait dit sa meilleure amie, mais elle ne pensait pas que son esprit était suffisant stupide pour avoir imprimé la douleur de sa main. Non. C’était une douleur réelle et non pas un détour de son imagination débordante.
Elle leva les yeux vers son professeur de droit du T. Elle faillit lui demander si la couverture sociale du salarié marchait pour les étudiants dont les mains étaient abimées à force de prendre les cours et les TD, et si ils pouvaient aussi recevoir des indemnités pour risque estudantin. Il n’avait pas l’air d’humeur à plaisanter ce jour là aussi elle ne leva pas la main et continua à taper sans un mot.
Quand elle l’entendit faire une blague à la fille qui venait de rentrer dans l’amphi, elle se dit que finalement, il était peut être de bonne humeur. Elle se rappela de l’avoir croisé le matin dans le hall de la faculté. Il riait avec une blonde. Elle s’était demandée si il n’avait l’intention de lui filer un rencard mais elle s’était reprise avant de rire. Elle serait passée pour la fille folle qui rit pour un rien.
Elle tourna les yeux de droite à gauche puis de gauche à droite. Elle se mordilla la lèvre. Elle aurait aimé être chez elle. En plus, il pleuvait comme une vache qui pisse. Elle aurait donné n’importe quoi pour ne pas avoir sa note le soir même. Elle repensa au bonheur qu’elle avait quand elle était enfant et qu’elle n’avait rien d’autres à penser que la prochaine robe de Barbie Malibu. En approfondissant quelque peu, elle repensait à toutes les entraves qu’on lui imposait dans sa prime jeunesse et finalement, elle ne pouvait s’empêcher d’être soulagée à la pensée d’être majeure et vaccinée. L’enfance n’avait été qu’une période difficile et ingrate. Les autres enfants à l’école étaient des monstres. Ils criaient, hurlaient, se battaient. La maternelle, c’était Hunger Games pour avoir des jouets. Elle avait un souvenir atroce de la cantine. Son traumatisme avait été tel que même avec son psy elle ne pouvait en parler. Elle revoyait encore la platrée de hachis parmentier qui aurait mieux servi à reboucher les trous des murs.
-L’employeur explique ce qu’il reproche au salarié.
Elle se sentait encore une fois fatiguée et amorphe. Il lui restait encore deux heures de TD avec M. B. Elle avait honte de se retrouver devant lui. Elle avait rendu les quelques verres anti-stress sur ses pieds, ce n’étiat pas rien.
-Foutrecouille de la Malpeste ! avait hurlé son chargé de TD
-Oops pardon Monsieur B*, je suis désolée, je ne voulais pas… vous me direz ce que je vous dois pour vos chaussures.
La jeune femme avait essuyé sa bouche, courut dans les toilettes pour handicapé et s’était passé de l’eau sur son visage. Elle était prête pour son test, certes mais pas au courroux de son chargé.
Elle ne devait pas y penser. Pas maintenant. Elle n’avait pas osé le regarder droit dans les yeux et elle avait été soulagée lorsque la fac avait eu une coupure de courant, elle ne sentait plus son regard désapprobateur qui pesait sur elle. Elle lui avait envoyé une lettre avec un billet de 100 pour qu’il puisse racheter une paire, du moins s’avancer une paire, il aurait sûrement un extra pour une nouvelle paire de chaussette.
-Belle,c’est un mot qu’on dirait inventé pour…elle. Quand elle danse et qu’elle met son corps un jour tel..
Aurélie se frappa le front avec force et le prof arrêta de parler quelques secondes, les yeux rivés vers elle. Il eut un petit rire, et il reprit :
-En cas de licenciement irrégulier, le tarif c’est un mois de salaire.
-Belle, malgré ses grands yeux noirs qui vous ensorcellent, la demoiselle serait-elle encore pucelle ? Quand ces mouvements me font voir monts et merveilles, sous son jupon aux couleurs de l’arc-en-ciel…
Ce n’était juste pas possible d’avoir une telle chanson dans la tête en plein milieu d’un cours, comme ça sans prévenir. En plus, elle sentait sa lèvre palpiter et elle avait horreur de ça. Elle sentait des fourmis dans ses gambettes. Vivement que tout cela se termine. Pour de bon.
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