13 - S'enfuir ensemble
Coucouuuu! Je suis revenuuuu! (et je repars aussitôt ^^' mais à priori, cette fois, j'aurais internet... ) Wattpad m'a tellement manqué! Sans plus tarder, la suite des aventures des compères Holmes et de leurs déboires amoureux ;) Tout plein de poutous!!
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Gregory bailla à s'en décrocher la mâchoire, faillit louper une marche, et fut rattrapé in extremis par son amant, qui tendit distraitement un bras, ses yeux étant occupé par le journal du matin. Il fit une moue réprobatrice et plia rageusement la feuille de chou.
-Que se passe-t-il ? Demanda l'inspecteur en se frottant les yeux, rougis par le manque de sommeil. Des problèmes ?
-Deux semaines que je suis parti, et c'est déjà le chaos, pour ne pas utiliser de terme plus vulgaire. L'Angleterre sort de l'Europe. C'est la crise. Les citoyens ont un petit aperçut des réelles compétences de leurs élus.
Gregory arbora un air grave.
-Tu devrais peut-être rentrer...
-Non. On ne me renvoie pas impunément.
-Mycroft, ils ont certainement compris la leçon...
-Peu me chaud, Gregory.
L'inspecteur leva les yeux au ciel et se dirigea vers le restaurant de l'hôtel, suivis de près par l'ex-politicien, qui profitait outrageusement de sa position pour admirer le dos de son compagnon, dont les vêtements civils soulignaient plutôt avantageusement les courbes.
Il ne releva la tête qu'au moment de rentrer dans la grande salle...
La stupéfaction lui coupa le souffle.
Gregory, qui l'avait entendu piler net, se retourna pour s'enquérir de ce qui n'allait pas, mais ses paroles moururent devant l'air étrange qu'arborait son amant. D'abord profondément surpris, puis consterné, son expression se teintait maintenant d'une pointe d'amusement, qui allait en grandissant... En fait, si Greg ne l'avait pas aussi bien connu, il aurait juré que l'homme de glace était sur le point d'exploser de rire.
Complètement largué, il fit traîner son regard dans la pièce, à l'affût de ce qui aurait pu provoquer chez Mycroft une telle stupéfaction... Mais rien ne lui sauta aux yeux.
La salle était bondée, surtout d'hommes, la plupart en costard cravates, qui mangeaient en silence.
Enfin, au deuxième coup d'œil, Gregory s'aperçut que ce n'était pas tout à fait vrai. La plupart semblaient dévorés d'anxiété, et ne faisaient que grignoter ou jouer distraitement avec la nourriture. Et pas un ne s'était retourné vers les nouveaux venus. Tous gardaient obstinément leur tête tournée ailleurs, comme des élèves essayant de ne pas se faire remarquer par la maîtresse.
Un visage connu arrêta l'attention de Gregory.
Le premier ministre essayait désespérément de dissimuler sa bouille derrière un journal. Tenu à l'envers.
Pris d'un drôle de soupçon, l'inspecteur dévisagea de nouveaux les convives. Oui, décidément, pas mal de ces faciès lui étaient familiers...
-L'intégralité du gouvernement anglais, lui chuchota Mycroft, qui avait décidément du mal à calmer son hilarité.
La musique de Candy Crush résonna soudain dans la pièce, faisant sursauter tout le monde. À part Mycroft. On ne surprenait pas deux fois un Holmes dans la même journée, tout de même. Il y avait des limites.
-Les garçons, soupira Anthea en posant son portable sur le comptoir auquel elle était adossée, il va falloir qu'un de vous se décide à parler. On ne va pas y passer la nuit...
À l'unanimité, toutes les têtes se tournèrent vers le premier ministre, qui tenta de faire comme s'il n'avait rien remarqué, avant que l'un d'entre eux se lève carrément pour le pousser hors de sa chaise.
L'homme politique soi-disant à la tête du gouvernement britannique fit quelques pas hésitants en direction de l'homme qu'il craignait le plus au monde, et pris la parole d'une voix mal assurée.
-Monsieur Holmes... Mycroft... Mycroft Holmes... Je... Enfin le gouvernement britannique... Enfin, la nation... l'Angleterre... Votre devoir de citoyen ... La patrie... Vous conjure de revenir ! Parce que... heu...
Il y eu un blanc. Le ministre se retourna vers ses collègues, qui l'encouragèrent d'un mouvement de tête unanime.
-Nous vous sommons... repris le pauvre homme. Enfin, nous vous demandons... Si ça ne vous dérange pas trop... S'il vous plaît... Je vous en prie...
Il prit une grande inspiration et, enfin, débita d'un trait :
-On a eut tort et on a besoin de vous est-ce que vous voudriez bien revenir s'il vous plaît monsieur Holmes ?
Mycroft prit le temps de planter son regard dans le sien, appréciant intérieurement la décomposition de ce pauvre premier ministre -qui, de toute sa vie, n'avait rêvé que de devenir horticulteur mais avait été forcé par sa maman- et prononça sa réponse d'une voix claire et nette, qui vola dans l'air comme la détonation d'une arme à feu.
-Non.
Une balle de fusils n'aurait pas fait plus de dégâts dans l'assemblée, dont tous les visages blêmirent d'un coup. Mais Mycroft n'en avait cure. Il fit volte face, se saisit du bras de Gregory, et laissa les ministres houspiller leur porte-parole pour sa magnifique incompétence.
*
Mycroft et Greg firent le trajet en silence. Pas un silence gênant ou embarrassé, pas spécialement complice non plus. Simplement le silence de deux personnes qui sont plongés dans leurs pensées, et peuvent se côtoyer sans éprouver forcément le besoin de discuter.
La parole ne leur revint qu'à trois cents mètres d'altitude, au-dessus des toits de Paris.
-Mycroft, lança doucement l'inspecteur, il faut que tu y retournes.
L'intéressé lui lança un regard blessé.
-Il faut que tu y retournes vite, continua Gregory.
-Mais tu voulais visiter Paris...
-Ils ont besoins de toi. Nous voyagerons plus tard...
-Non, répondit tristement Mycroft. Il n'y aura pas de plus tard. Pas si je reprends cette vie. Il n'y aura pas le temps pour toi et moi. Pas comme ça. Faire l'amour n'importe quand. Prendre tous nos repas ensemble. Se promener. Se découvrir. Vivre avec toi. Si je rentre là-bas...
Le policier sourit gentiment et posa une main sur son bras.
-Mais, My, tu sais bien qu'un jour, moi aussi, je serai forcé de rentrer...
-Pourquoi ? Lâcha Mycroft en détournant le regard.
Sa voix étrangement éraillée, vulnérable, prit des accents enfantins.
-On pourrait rester ici, tous les deux. Ou ailleurs. Voyager. J'ai assez d'argent pour qu'on vive dans le luxe tous le reste de notre vie. On ne se soucierait de personne...
-À part Sherlock...
-Oui, à part Sherlock...
-Et John.
-Et John...
-Et mes autres amis ? Mon métier ?
Mycroft ne répondit rien.
-My, murmura Gregory, ce que tu me proposes et bien tentant. Qui n'en a jamais rêvé, au moins une fois, dans sa vie ? Tout plaquer et partir avec la personne qu'on aime ?
-Mais ?
-Mais tu ne trouves pas que ça ressemblerait un peu trop à une fuite ?
-Serait-ce si mal ? Répondit l'homme politique dans un soupir.
-Ce serait surtout inutile. Où qu'on aille, darling, on s'emporte toujours avec soi. On ne peut pas se fuir soi-même. Et puis, régner sur l'Angleterre, manipuler les gens, être tout puissant, protéger et supporter Sherlock... Avoue que cela te manquerait. Autant qu'à moi les crimes, les enquêtes, les courses poursuites et mes collègues insupportables. C'est notre vie.
-J'en aurais voulu une autre. Avec moins de barreaux.
-Mais si tu avais eu une autre vie, Mycroft, peut-être ne nous serions-nous pas rencontrés... Ça aurait été dommage, non ?
Mycroft tourna sa tête vers lui et le dévora du regard.
-Oui. Ça aurait été la chose la plus triste de l'univers.
-Ta vie n'est donc pas si horrible...
-Mon cher, tu as l'art de choisir tes arguments ! Plaisanta l'aîné des Holmes d'un ton mi-doux, mi-amer.
Soudain, il fit volte face, posa brutalement ses lèvres sur celles de Greg, se sépara, poussa un énorme soupir, et se redressa, le visage barré de son expression habituelle, entre l'impassibilité et la moquerie. Troublé d'une pointe de tendresse pour le policier qui lui jetait un regard surpris, accoudé à la balustrade.
-C'est moi, demanda soudain Lestrade, où tous les touristes voulant monter sur la Tour Eiffel sont soudain devenus anglais ?
Mycroft leva les yeux au ciel et entraîna Gregory dans une des cabines d'ascenseur mises à leur disposition.
La porte s'ouvrit sur un premier ministre plus désespéré que jamais, littéralement poussé en avant par le reste du fier et glorieux gouvernement de Sa Majesté.
Mycroft le dépassa sans le regarder, et fourra au passage dans ses mains un morceau de papier sur lequel il avait griffonné tout le long de la descente.
-Mes instructions, lâcha-t-il simplement. Et mes conditions.
Et il s'en fut, son parapluie battant les pavés au rythme de ses pas.
Il se sentit soudain pris d'un élan de joie. Mycroft Holmes était dans la place.
*
-Sherlock ! Râla John en ouvrant la porte de leur chambre. Peux-tu m'expliquer ce que fait une tête de porc dans le micro-onde ?
-Il ne restait que la tête ? Répondit le détective consultant, affalé sur le lit. Intéressant...
-SHERLOCK !
L'intéressé grogna et tourna vers le docteur un visage ennuyé.
-Quelque chose ne va pas ? Demanda aussitôt John en venant s'asseoir près de son colocataire.
Sherlock roula sur lui-même et posa sa tête sur les genoux du médecin.
-Mycroft reviens au pays, geignit-il. C'est la fin de la liberté...
Et il semblait si contrarié que John explosa de rire.
-The game is on ! Lança-t-il en sortant de la pièce, toujours plié en deux.
À cet instant, son portable vibra. John décrocha machinalement et porta l'appareil à son oreille...
Il blêmit d'un coup et chancela en reconnaissant la voix à l'autre bout du fils.
Il écouta un instant, un long instant ce que son interlocuteur lui demandait.
Et lorsqu'il raccrocha, ses yeux étaient pleins de larmes.
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