10 - À malin malin et demis...
Sherlock se désengagea doucement des bras de John, qui grogna dans son sommeil. Le détective prit un instant pour observer le reflet de la lune sur la peau dénudé de son amant avant de se lever. Finalement, ils n'étaient pas aller manger. Leur escale dans le « coin sombre » leur avait pris un peu plus de temps que prévu...
Sherlock résista à la tentation d'effleurer sa peau -de peur de le réveiller- et s'éloigna du lit. Il fouilla dans ses affaires pour retrouver ses cigarettes, puis dans celles de John, puisque apparemment, le blogueur les lui avait confisqué à son insu. Heureusement pour le détective, John n'était pas débordant d'originalité quand il s'agissait de cacher quelque chose.
Le sociopathe poussa les battants de la porte-fenêtre, fit quelques pas sur le balcon, et alluma une première cigarette. Il en inhala la fumée avec plaisir, les paupières à demis fermées, et se dépêcha d'en prendre une autre.
Un petit bruit lui fit tourner la tête.
Depuis le balcon qui jouxtait le sien, un homme le fusillait du regard.
-Mycroft, commenta sobrement Sherlock.
-Vraiment, Sherlock ? Lâcha froidement l'autre. Il fallait que tu t'installe dans la chambre mitoyenne de la notre ? Entre toute ?
-Un pur hasard, je t'assure, répondit le détective en tirant sur sa cigarette.
-Tu sais ce que je pense du hasard, petit frère, commenta l'aîné.
-Depuis le temps, Mycroft, tu aurais dû comprendre que ce que ce que tu penses à autant d'intérêt pour moi que Shakespeare. C'est à dire à peu près aucun.
-Parle moins fort, le réprimanda Mycroft en jetant un coup d'oeil dans la chambre, derrière lui. Tu vas réveiller Greg.
-Tu ne me feras pas taire, mon cher frère...
-Pour l'amour de Dieu, Sherlock, dit ce que tu veux, mais moins fort !
Sherlock eut un soupir d'exaspération et, avant que son frère ait pu dire quoi que ce soit, il avait grimpé sur le garde-fou et sauté par-dessus le vide qui séparait leur deux balcons.
Le cœur du pauvre Mycroft eut un raté. Comment était-il censé veiller sur un petit frère pareil ?
Sherlock passa négligemment la main dans ses cheveux et s'accouda au balcon, juste à côté de Mycroft. Le peu de place les obligeait à se tenir épaule contre épaule.
D'autorité, Mycroft glissa la man dans la poche de son frère, et le vola une cigarette.
-Je croyais que tu ne fumais plus, commenta sarcastiquement Sherlock.
-Je croyais que tu ne te droguais plus, rétorqua Mycrof avec une violence contenue.
Pour une fois, le détective se le tint pour dit.
-Alors, Sherlock, dis-moi : à quel point as-tu triché ?
-Que vas-tu supposer...
-Je te connais. Tu n'as pas pu t'empêcher de continuer à enquêter.
-Figure-toi, répondit Sherlock, un mince sourire sur les lèvres, que j'ai été un peu trop ... occupé pour ça.
Mycroft le scanna rapidement du regard. Un sourire naquit au coin de ses lèvres.
-Je vois ça...
Il perdit un instant son regard dans le vide.
-John est quelqu'un de bien, lâcha-t-il finalement.
Sherlock le regarda avec des yeux ronds.
-Il te fait du bien, en tout cas. Je suis heureux qu'il veille sur toi.
-Mycroft, la conversation prend un tour gênant.
-Tout à fait d'accord.
-Parlons de l'enquête.
-Qui a pus voler le diadème de Béryls ? Qui pouvait savoir ?
-Les Holder ne sont pas très appréciés. Pas d'amis. Pas d'autres familles qu'eux deux.
-Et Arthur Holder n'est pas proche de ses collègues, compléta Mycroft. Il n'avait aucune raison de se confier, et personne à qui le faire... Qui savait où était le diadème ?
-Peut-être... Peut-être que personne ne savait.
Un éclair passa dans les yeux de Mycroft.
-Idiots que nous sommes ! Nous nous sommes laissé distraire !
-Il faut dire qu'il y avait de quoi, commenta Sherlock avec un sourire en quoi et un regard appuyé vers la chambre.
-Personne ne savait où était le diadème. Ceux qui sont venus n'étaient pas là pour ça, continua Mycroft en ignorant superbement la remarque.
-Le veilleur de nuit, conclut Sherlock. Ce n'est pas un vol qui a mal tourné. C'est un meurtre déguisé en cambriolage.
-En retournant la pâtisserie, les bandits sont tombés sur le diadème...
-Et l'ont volé.
Mycroft sortit son portable de sa poche.
-Il est 22h30, dit-il. Le corps du veilleur de nuit devrais être rendu à ses proches demain.
-Comment sais-tu une chose pareille ?
-J'ai horreur de m'avancer sur une affaire sans faire quelques recherches sur les personnes impliquées.
-Donc, finalement, c'est toi qui a triché !
-Je n'ai pas triché, Sherlock, j'ai joué sur une règle que tu avais oubliée de spécifier. La morgue ferme à 23h. Il faut qu'on se dépêche si on veut inspecter le corps.
Mycroft fit volte face, attrapa son parapluie et, son frère sur les talons, dévala le grand escalier du hall de l'hôtel pour débouler dans la rue, où Sherlock se chargea de happer un taxi.
Ce n'est qu'une fois dedans qu'ils se rendirent compte qu'ils avaient oubliés un petit quelque chose...
-John !
-Gregory !
Ils échangèrent un regard, puis haussèrent les épaules. Après tout, ils se débrouillaient très bien tout seuls.
*
John frappa trois coups à la porte de la chambre adjacente. Greg lui ouvrit, tout habillé.
-Ils sont enfin partit ? Demanda le médecin.
L'inspecteur acquiesça en souriant.
-De vrais gamins. Ça s'est passé exactement comme tu l'as dit : ils se sont envoyé des vacheries, Mycroft a lancé un truc pas trop méchant et Sherlock a immédiatement détourné la conversation sur l'affaire. Ils se sont rendu compte qu'ils avaient été distraits, et ils ont détallés en nous laissant en plan.
John laissa échapper un petit rire.
-C'est que je commence à le connaître, mon détective ! S'amusa-t-il.
-J'ai expliqué la situation à Anthea, elle trouvé ça tellement drôle qu'elle a accepté de me donner toutes les informations que je voulais sur le veilleur de nuit.
-Elle va en parler à Mycroft ?
-Pas s'il ne lui demande rien. C'est sa limite : elle ne lui mentirait jamais frontalement.
-Tant mieux. Mais toi, comment t'es-tu douté de quelque chose ?
-Je trouve que les tous le monde à tendance à oublier que je suis inspecteur de Scotland Yard depuis bientôt quinze ans. Je ne suis pas un génie, mais j'ai un minimum d'instinct. Allez, dépêchons-nous avant que nos Holmes nous fassent perdre notre avance !
-Où va-t-on ?
-George Burnwell avait beaucoup de dettes de jeux. Commençons donc par son bookmaker...
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