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10 - Svartalfheim

— Je veux que tu te concentres. Que tu visualises ce que tu veux faire.

Evvie plissa le nez, grinçant silencieusement des dents, mais se focalisa sur sa mission de la journée, qui était d'appeler un certain esprit, que Möker connaissait personnellement, et l'obliger à venir là où elle était. Sans se déplacer elle-même, bien sûr.

— Imaven... murmura-t-elle en prenant une profonde inspiration.

Elle s'imagina parcourir la grande lande déserte comme un souffle de vent, murmurant le nom de l'elfe qu'elle recherchait. Elle projeta son esprit sur les plaines arides, glissa au-dessus des dunes sans soulever ne serait-ce qu'un grain de sable noir sur son passage, se faufila parmi les groupes, s'éleva un peu au-dessus de ces âmes torturées qui attendaient leur salut.

Imaven ! appela-t-elle dans sa tête.

La réponse se fit ressentir comme une faible traction, dans une direction donnée. Suivant le fil de cette sensation, elle se laissa glisser jusqu'à sa source, et, lorsqu'elle eut « localisé » l'âme en question, elle la happa, et la transporta directement devant elle.

Au début, l'elfe parut ne pas se rendre compte qu'il avait changé d'environnement. Il se contentait de regarder droit devant lui, les yeux perdus dans le vague, sans réaliser qu'il venait de passer d'une lande à l'air libre à une caverne obscure qui sentait légèrement le renfermé. Evvie leva les yeux vers Möker, qui ne semblait pas totalement satisfaite.

— J'ai l'impression que pour lui parler, ça va être compliqué, jeune fille...

Evvie comprit immédiatement. Elle se concentra sur l'esprit, lui insuffla un peu de son énergie. Très peu, juste assez pour le réveiller. Le fantôme papillonna des paupières, hésitant et perdu. Finalement, en voyant la jeune fille face à lui, il s'inclina profondément, les contours de son corps translucides se brouillant dans le mouvement.

— Ma Dame.

Comme souvent, la princesse ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Qui qu'ils soient, les morts la traitaient toujours avec crainte et déférence, pour une raison qui lui échappait. Elle se contenta d'un hochement de tête. Le fantôme se retourna lentement, pressentant probablement l'autre présence. Et, avisant Möker, il sourit.

— Möker. Quel plaisir. Combien de...

— Evvie, peux-tu nous laisser ?

L'interpellée ne se fit pas prier. Elle ferma les yeux, se fondit dans une ombre.


Elle réémergea à l'air libre par une autre ombre, à une dizaine de kilomètres de la grotte. En réalisant qu'elle n'était même pas essoufflée, elle se permit un léger sourire. Son entraînement avec la gardienne du chaos commençait à donner des résultats. Auparavant, le moindre déplacement de plus de quelques dizaines de mètres lui était difficile. À Arendelle, cela ne lui avait jamais causé de problèmes puisque, aussi immense le palais puisse-t-il lui paraître à ce moment-là, ce n'était rien comparé à ce monde. Maintenant, elle était plus forte.

Elle passa une main dans ses cheveux, sourit en regardant le ciel ocre, et s'allongea par terre, dans le sable, respirant profondément. Elle se sentait calme, ici. Apaisée.

Toujours à l'horizontale, elle leva une main devant ses yeux. De sa paume s'échappèrent des volutes de brume noire, qui vinrent tourbillonner autour de son poignet. Elle les laissa là un moment, curieuse, puis, en fin de compte, les fit disparaître d'un simple geste, les dissolvant dans l'air comme de la vapeur d'eau. Un soupir lui échappa.

Son frère lui manquait. Comme jamais auparavant. Puisqu'ils n'avaient jamais été éloignés, elle ne s'était jamais réellement rendue compte à quel point elle tenait à lui. Elle l'avait deviné, certes, avait senti, dès sa naissance, ce lien indéfectible entre eux, rendu presque matériel puisqu'elle ressentait parfois ses émotions les plus fortes. Et inversement. Mais, maintenant qu'il était loin, maintenant qu'elle ne pouvait plus lui parler... elle réalisait à quel point ce qu'ils avaient était précieux.

Elle ferma hermétiquement ses paupières, laissa lentement son esprit remonter le lien comme un fil invisible, comme elle le faisait avec les fantômes. Mais là, la connexion était bien plus forte, bien plus stable. Et totalement hors de sa portée, encore une fois. Elle avait beau aller aussi loin qu'elle le pouvait, longer le fil jusqu'à l'infini, il y avait une barrière à laquelle elle se heurtait à chaque fois. Une barrière invisible, immatérielle, et pourtant tangible, qui, dès qu'elle la percutait, la renvoyait violemment vers le monde réel.

Cette fois-ci ne fit pas exception. Evvie se prit le contrecoup de son choc avec une force d'autant plus grande qu'elle avait essayé de forcer le passage. Elle rouvrit brusquement les yeux, le cœur battant à cent à l'heure, le souffle haché, avec l'impression d'être rentrée dans un mur de pierre. Elle grogna, mais ne réessaya pas. L'effort l'avait laissée exsangue.

Au lieu de cela, elle s'assit, et essaya l'une de ces fameuses techniques de méditation que Möker lui avait conseillées. Pas qu'elle ait besoin de se concentrer davantage, ou quoi que ce soit de similaire. Mais ces techniques permettaient entre autres de régénérer son énergie magique.

Elle se redressa, ramena les plantes de ses pieds sous ses cuisses pour s'asseoir en tailleur, ficha son regard dans le vague, et se lança dans une introspection profonde.

Elle n'avait pas encore l'habitude de ces méthode, qui prenaient du temps. Mais, une fois qu'elle parvint à ressentir chaque battement de cœur, à deviner chaque souffle qui lui échappait et chaque inspiration qu'elle prenait – ce qui lui prit une bonne vingtaine de minutes – elle se sentit mieux. Plus à l'aise, sur le sol froid. Comme en communion avec le monde et elle-même. Une sensation étonnante.


Des heures s'écoulèrent ainsi avant que son mentor ne la rappelle. Lorsque ce fut le cas, comme à chaque déplacement qu'elle faisait, elle se contenta de se laisser disparaître, visualisant simplement l'endroit où elle voulait réapparaître. Et, autant au début, la maîtrise de cet exercice s'était avérée être difficile, autant maintenant, tant que la distance n'était pas trop grande, elle y parvenait sans problème.

— Tu as essayé à nouveau.

Ce n'était pas une question, et Evvie n'essaya pas de démentir. Möker lui avait déjà dit de ne pas essayer de contacter son frère. Mais ça allait totalement à l'encontre de ses instincts. Elle voulait son frère, à côté d'elle. Ni plus, ni moins.

— Je n'ai pas envie de me répéter, jeune fille. C'est dangereux.

— Pourquoi ?

Si elle avait répondu ainsi le jour de son arrivée, Möker se serait offusquée. Mais là, elle se contenta d'une simple grimace.

— Tu risques de traverser la barrière entre les mondes. Et les mondes ne sont pas directement reliés. Il y a un espace entre eux.

— Et qu'est-ce qu'il y a dans cet espace ?

— C'est un endroit où tu ne veux pas te retrouver.

Bref silence. Evvie ne dit rien, attendant qu'elle poursuive.

— Le néant.

— Le vide ? Comme dans l'espace ?

Möker se permit une ombre de sourire. Voyant que de toute façon, la jeune princesse allait lui réclamer une explication, elle se lança dedans avant que les questions ne puissent fuser.

— Ce que tu appelles vide n'en est pas réellement un. Dans l'espace intersidéral, les flux magiques circulent toujours. Ténus, presque imperceptibles, mais ils sont là pour qui sait les percevoir. Ils maintiennent la cohésion du monde, sa structure. Les barrières de chaque monde, elles, sont constituées de flux très denses. Et hors des mondes... il n'y a absolument rien. Ni magie, ni flux, ni matière, ni lumière. Rien.

Evvie fronça les sourcils. Essaya, brièvement, de visualiser ce que « rien » pouvait être. Mais elle n'y arrivait pas. Elle avait vu le vide spatial de ses propres yeux, avait éprouvé la sensation d'apesanteur. Mais elle avait bien senti qu'il y avait tout de même quelque chose. Qu'elle existait, elle. Se détacher de ce sentiment... c'était totalement contre-intuitif.

Au bout de quelques secondes, lasse d'essayer d'imaginer quelque chose qui dépassait son entendement, elle abandonna.

— Comment pouvez-vous ressentir ce qui se passe dans les autres mondes, vous, alors ?

— Tu m'as déjà posé cette question.

Evvie poussa un soupir grincheux.

— Vous êtes une entité primaire, qui était là à la création de la vie, et ainsi de suite. Mais ça ne me semble pas vraiment être une justification.

— Ce n'en est pas une. C'est une réponse à ta question. Et, pour répondre plus en détail, moi-même, je ne suis pas certaine de ce qu'il y avait avant nous. Nous sommes peu nombreux, nous immortels. Il y a moi, Engill, les Célestiaux...

Evvie savait ce qu'ils étaient. Des créatures surpuissantes, créés elles aussi à la naissance des Neuf Mondes, un peu plus jeunes qu'Engill et Möker. Elle avait eu, avec l'esprit primaire du chaos, des dizaines de cours théoriques sur les différents peuples de l'univers, sur les Neuf Mondes en eux-mêmes, sur leur création, sur les six Pierres d'Infinité... Depuis qu'elle était arrivée, elle avait beaucoup appris. Möker était un professeur dur et exigeant, qui complimentait rarement, mais critiquait dès que nécessaire. Aussi, les quelques félicitations qu'elle avait obtenues, à raison d'heures de pratique ou d'étude, Evvie sentait qu'elle les avait réellement méritées. Elle se sentait stimulée, ici, poussée à donner le meilleur d'elle-même, alors qu'aucun précepteur à Arendelle n'avait jamais réussi à la motiver ainsi.

Voyant qu'Evvie était perdue dans ses pensées, Möker claqua des doigts juste sous son nez. La jeune princesse tressaillit, se secoua.

— Oui, désolée.

— Je disais donc qu'il était temps d'aborder un nouvel aspect de ta formation.

Evvie ne pipa mot. Möker se laissait parfois aller à ces pauses théâtrales qu'elle affectionnait parfois. Ou alors, elle le faisait pour tester la patience de son élève. Dans un cas comme dans l'autre, Evvie n'était jamais la première à supplier pour avoir une réponse. Elle était de ceux qui attendaient qu'on lui dise ce qu'on voulait d'elle. Si elle pouvait anticiper, elle le faisait, mais sinon, elle attendait. Aussi longtemps que nécessaire.

— Imaven ?

— Je suis là.

L'esprit elfique qu'Evvie était allée chercher quelques heures plus tôt se matérialisa brusquement devant la princesse, s'inclina profondément. Elle ne cilla pas, désormais trop habituée à ces arrivées intempestives.

— Imaven était un nécromancien plus que reconnu, à son époque. Il t'apprendra les bases de son art.

Ledit nécromancien sourit, ses pommettes tirant légèrement vers le gris acier, ce qu'Evvie interpréta comme un rougissement flatté. Puis, il fronça les sourcils, paraissant analyser la jeune fille.

— Avec un potentiel magique comme le sien, nous ferons « les bases » – il mima des guillemets sceptiques – en quelques heures à peine. Et puis, j'ai l'impression que, instinctivement, elle le fait déjà très bien toute seule.

Möker secoua la tête, une ombre de sourire amusé aux lèvres.

— Tu sais très bien ce que je veux dire. Si vous allez plus loin, ce ne sera pas plus mal.

Imaven acquiesça, apparemment satisfait. Mais un pli demeurait sur son front immatériel, comme une ombre à son total contentement.

— Est-ce que tu veux que je m'occupe aussi de l'exorcisme ?

Au lieu de répondre directement, Möker se tourna vers Evvie, redirigeant la question vers elle. La princesse cilla, réfléchissant à toute allure.

— Exorcisme... comme expulsion d'entités maléfiques dans un corps ? questionna-t-elle finalement.

Les deux êtres surnaturels s'entre-regardèrent, puis éclatèrent tous deux de rire. Pour Möker, ce fut un gloussement discret, avec seulement une étincelle d'amusement au fond de ses yeux rouge et noir. Imaven, lui, s'esclaffa bien audiblement, plongeant Evvie dans la confusion.

— Ça, c'est la croyance populaire humaine, finit-il par expliquer, une fois calmé. Dans l'exorcisme traditionnel, celui que la majorité des humains ont oublié, on s'occupe entre autres de la possession par une entité, comme vous l'avez si bien formulé, qu'elle soit maléfique ou non, mais aussi de la manipulation mentale, de la possession par ce qu'on appelle des « singularités », des choses autres qu'un esprit, mais qui peuvent manipuler le corps possédé. Un exemple parmi tant d'autres serait...

— L'Éther... souffla la gamine sans vraiment réfléchir, se rappelant soudain du prince Silvester possédé par la Pierre d'Infinité rouge aux allures de liquide.

Imaven s'interrompit, sous le choc. Il pâlit, ce qui, avec sa condition de fantôme, le rendit brièvement presque transparent, eut du mal à se reprendre. Möker, elle ne manifesta aucun signe de surprise.

— Effectivement... comme l'Éther. Même si cet exemple est un peu extrême. Alors ?

À ce moment seulement, Evvie se rendit compte qu'elle n'avait pas répondu à sa toute première question. Elle hocha la tête.

— Bien sûr. J'apprendrai tout ce que vous serez prêt à m'enseigner.

Les lèvres d'Imaven s'étirèrent en un pâle sourire.


Un peu hors-sujet, mais je suis récemment tombée sur cette image, que je trouve juste sublime *-*

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