Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Partie 74 : l'appel

Edwige Indiana :

La nuit est tombée et la situation est chaotique. Pas assez pour déclencher une véritable bataille, mais bien trop pour dormir.

Les citadins réfugiés dans le gite sont bien trop nombreux pour les lieux et chacun tente de prouver qu'il est le seul légitime à avoir une chambre, à coup de réservation, de surenchère d'argent, de menaces et de mise en avant des plus fragiles. Edwige ne tente même plus de suivre les discussions de plus en plus houleuses. Sa grand-mère dort sur l'une des banquettes arrière de la voiture, Joyce a pris l'autre, et les autres membres de la famille se sont dispersés pour trouver une solution ou - pour Roland - fumer discrètement. La jeune fille quant à elle est restée sur le siège passager, Laïka sur les genoux, et tente de grappiller un peu de sommeil également. L'exode ne fait que commencer, et ils ne sont clairement pas prêts. Enfin... toutes les villes ne vont pas disparaitre en une nuit, n'est-ce pas ? Peut-être que leur petit quartier sera épargné. Après tout, qui pourrait y gagner en le bombardant ? Peut-être qu'ils pourront rentrer rapidement.

Tina, sa grande soeur, revient vers la voiture et toque au carreau. Edwige baisse légèrement la vitre - autant ne pas faire rentrer dans l'habitacle trop d'air glacé de novembre.

"Papa te fait dire que ça risque d'être compliqué pour récupérer la chambre, mais qu'on peut rester à l'intérieur du gite quand même, au moins on sera au chaud.

— Mais on ne va pas laisser Mamie dormir par terre !

— Si elle dort dans la voiture, il va falloir qu'on laisse tourner le moteur pour remettre du chauffage, et vaut mieux éviter de gaspiller du carburant. On ne sait pas quand les stations vont être à court. Apparemment, il y a plein de gens qui se sont jetés dessus.

— D'accord. Je vais les réveiller.

Sa grand-mère se réveille immédiatement. Elle devait être mal installée, de toute façon, repliée comme ça dans l'auto. Joyce, au contraire, la plus jeune de la famille, dormait comme un bébé et Edwige doit la secouer pour qu'elle émerge en bougonnant. Tina aide Edwige à rassembler quelques affaires pour les emporter à l'intérieur, puis ferme très soigneusement la voiture. La situation n'est pas tendue au point de ne pas vouloir laisser le véhicule sans surveillance, personne ne va forcer la porte pour voler toutes leurs affaires, mais si quelque chose d'utile traine il va sans doute disparaitre. L'heure n'est pas à l'entraide, vu les regards méfiants qui les entourent quand ils entrent dans le gîte.

L'endroit reçoit plutôt des colonies de vacances en temps normal, comprend Edwige d'après les plaquettes disponibles à l'entrée, et en plus des chambres il dispose d'une grande salle à manger qui a été débarrassée de ses tables pour que les gens s'installent de leur mieux. Tina a raison : à défaut d'être confortables, ils seront au chaud.

Leur père est encore en train d'essayer de négocier avec une femme qui doit être la propriétaire, et qui pianote frénétiquement sur son ordinateur, visiblement complètement dépassée par les évènements. Tina ricane :

— Hé, Edwige, ce serait le moment de prier ton alien, non ? On aurait bien besoin d'un petit miracle !

— Ne dit pas n'importe quoi, ça ne marche pas comme ça...

— Je sais. Ce que je trouve bizarre, c'est que toi tu y crois. Ça ne te ressemble pas.

— Qu'est-ce qui ne me ressemble pas ?

— Tu sais bien... Tout ça. Parler aux aliens, faire des prières, rejoindre un culte. Te barrer de la maison.

Edwige aurait bien envie de lui demander comment elle pourrait le savoir. Ce n'est pas comme si elles étaient proches, et Tina n'a jamais montré le moindre intérêt pour les préoccupations de sa petite soeur. Plutôt de la jalousie envers cette soeur trop fragile, qui préoccupait tellement leurs parents et leur prenait trop de temps. Et qui était la soeur sage. Même Joyce, encore au lycée, a déjà reçu plus d'heures de colle qu'Edwige dans toute sa scolarité. Edwige soupire :

— C'est moi qui ne vous comprends pas. C'était... c'est une occasion extraordinaire. Quelque chose qu'on ne rencontre qu'une fois dans sa vie, qu'on n'aurait jamais pu imaginer. Comment est-ce qu'on peut ne pas avoir envie d'y participer ? On parle d'un contact avec une autre forme de vie intelligente ! Elle est différente de tout ce qu'on connait ! Et elle veut apprendre à nous connaitre ! C'est une chance de pouvoir lui parler !

— Alors tu as vraiment rejoint ce culte ?

— Ce n'est pas un culte ! Enfin, oui, je sais qu'il y en a qui croit à la Voix comme à une divinité, mais...

— La Voix ?

— C'est comme ça qu'on l'appelle. Elle peut répondre à de nombreux noms de toute façon, mais comme pour l'instant elle s'exprime beaucoup à l'oral, on l'a appelée la Voix. C'est aussi pour marquer le fait que c'est une voix étrange, qui vient du son des ordinateurs et pas des interfaces vocales habituelles des IA.

— Mais toi, tu ne lui as pas parlé, à cette Voix, si ?

— Si. Plusieurs fois. Elle...

— C'est flippant ! Je comprends même pas que tu gardes ta carte tech. À quoi elle te sert en plus ici, on est hors Réseau.

— Ce n'est pas parce que c'est flippant qu'il ne faut pas le faire ! La Voix essaye tellement de comprendre et de faire au mieux ! Il faut l'aider et être patient avec elle ! Et...

— Ils disent aux infos que si on n'a toujours pas largué les bombes sur le Sud, c'est parce qu'elle nous en empêche.

— Qu'est-ce qu'ils en savent ? Écoute, elle n'est pas hostile contre nous, juste curieuse ! Je pense juste qu'il faut que les gens arrêtent de lui dire de se mêler de la guerre. Ce n'est pas sa guerre, elle ne doit pas intervenir, sinon ça va... ça va la perturber !

— C'est elle qui fout la merde ! Le monde était normal avant qu'elle débarque ! Si elle peut nous aider, pourquoi elle le ferait pas ?

— Elle ne comprend même pas ce que c'est que la vie et la mort ! Elle est très différente de nous, elle pense mais elle est...

L'évidence frappe Edwige. Connectée, la Voix est connectée à tout le tech existant, ça elle le savait déjà, mais le tech de la Terre est mort, ou du moins inerte. A part les enfants Techs. Mais là d'où vient la Voix, si le tech compose chaque être vivant, alors c'est normal que les idées de vie et de mort n'aient pas de sens. La pensée composée de toutes les autres pensées, elle, ne meurt jamais.

— Je pense qu'elle est immortelle.

— Et ben manquait plus que ça. Un alien immortel dans notre Réseau. Moi je dis qu'une fois qu'on aura dégagé les sudiens, il y aura moyen d'envoyer quelques missiles et de nettoyer ce coin de l'espace...

Leur grand-mère intervient. Edwige la croyait endormie, appuyée de son mieux sur les sacs, mais elle rouvre les yeux et demande à Tina :

— Pourquoi est-ce que tu penses que les bombes peuvent régler quoi que ce soit ?

— Ben, on ne va pas se laisser faire, quand même !

— Ah, ça, on ne s'est pas laissé faire pendant la 3e guerre mondiale. La guerre propre, qu'ils ont dit. Tu parles !

— Je connais tout ça, Mamie, je l'ai vu en cours...

— Et tu as vu quoi ? Les photos des villes après les bombes T ? Des trous tout ronds, pas de sang, pas de gravats, pas de problème ?

— Écoute, je comprends que les sudiens aient envie de se venger. Ils ont perdu, ils ne sont pas contents, ils essayent de reprendre le dessus. À leur place je ferais pareil. Mais il faut qu'on se défende et qu'on leur montre qu'on est les plus forts. On ne va quand même pas se laisser faire !

— Tu sais, quand j'étais jeune, on n'avait pas besoin du tech pour exister. Légalement, je veux dire. On était là, fin de l'histoire. Maintenant, ils se sont servis du tech pour mettre des pays entiers à l'écart. Aujourd'hui, ils sont complètement invisibles, alors qu'ils sont des milliards.

— Ce n'est pas notre faute...

— Ce n'est pas notre responsibilité, à nous les gens qui vivons nos petites vies tranquilles. Mais quand tes responsables font n'importe quoi, tôt ou tard, c'est toi qui trinque. Quand ils ont créé l'AGN, ça devait être la solution magique, la paix dans le monde. Au final, on est tous dépendants du tech, le tech est branché sur un alien, et le Sud veut s'émanciper du tech une bonne fois pour toutes. Et on ferait mieux d'en faire autant. On a déjà vécu sans le tech, on peut le refaire, et ça calmerait les choses avec le Sud.

— Ce n'est pas si simple...

Tandis qu'Edwige suit la discussion, partagée entre les deux positions, elle sursaute en entendant sa carte tech sonner. Ils sont hors Réseau, comment quelqu'un pourrait l'appeler ?

Le choc est bien pire lorsqu'elle sort la carte et qu'avant même qu'elle ait appuyé sur le bouton "décrocher", une voix retentit, une voix modulée sur les sons de son appareil :

— IL FAUT MOK MOK NE DOIT PAS DISPARAITRE 5 DISPARAIT MOK DISPARAIT IL FAUT IL NE FAUT PAS POURQUOI POURQUOI POURQUOI...

— Attend ! s'exclame Edwige en ignorant les regards effrayés autour d'elle. Si tu veux que je fasse quelque chose, il faut me le dire clairement ! Tu sais où est Mok ?

Pas de réponse, mais des images de l'enfant, prises avec des caméras de sécurité tech. Encore. Bonne nouvelle, il va bien. Mauvaise nouvelle : il est seul, et peut-être ciblé par ceux qui l'avaient déjà kidnappé.

— D'accord, ajoute Edwige. Je vais prévenir les autres et le chercher. Envoie-nous tout ce que tu sais pour le retrouver. Et s'il te plait, dis aux Techs de nous appeler ! On arrivera beaucoup mieux à se comprendre s'ils nous aident !

Pas d'autres réactions de la part de la Voix, qui est sans doute en train de porter son angoisse ailleurs. Peu importe : Edwige a sa mission. Maintenant, ce qu'il faut, c'est trouver un moyen de convaincre ses parents de la laisser retourner en ville...

C'est alors qu'elle réalise qu'on la regarde avec un mélange de peur, de déférence et de mépris, comme si les autres personnes de la pièce - y compris et surtout les inconnus - n'en revenaient pas qu'elle ose parler ainsi avec la terrible entité inconnue. Alors que pour en faire autant, il fallait juste le voir - la Voix est sans doute la créature la plus accessible de la planète à ce jour. Edwige se contente de signaler à sa famille :

— Il faut que j'y aille.

— Mais tu es folle ! s'exclame Tina.

— Apparemment. Mais tu vois ce gosse ?

Elle lui montre les photos de Mok qui ont été téléchargées sur son appareil.

— En suivant la Voix, j'ai pu le sauver une fois, et on dirait bien que j'ai l'occasion de recommencer. Souhaite-moi bonne chance.

— Surtout, soit prudente... murmure sa grand-mère avant de l'embrasser.

— Promis.

— Tu es folle, continue Tina, tu ne vas pas retourner en ville maintenant ! Et comment ? Je te préviens, si tu prends la voiture...

— Je vais chercher autre chose.

Elle balaie la salle du regard. Quasiment tout le monde a entendu la Voix, sauf ceux qui étaient vraiment profondément endormis, et beaucoup la regarde. Faisant de son mieux pour pousser sa voix, Edwige appelle :

— Est-ce que quelqu'un peut m'aider ? J'ai besoin de me rapprocher de la ville, au moins assez pour retrouver le Réseau et appeler mes amis. S'il vous plait ?

Des regards se détournent, des ricanements se font entendre, des murmures outragés aussi, mais aucun acquiescement. Évidemment, tout le monde a fui la ville, ce n'est pas pour y retourner au moment où les bombes vont pleuvoir...

Elle entend derrière elle son père intervenir :

— Si vraiment tu en as besoin, je t'emmènerais.

— Vraiment ?

— Mais pas en ville. Retrouve des amis au-dehors, ils ne doivent être en ville non plus. Ne mets pas un pied en ville, quoi qu'il arrive. D'accord ? Si tu peux me promettre ça, on y va.

— Merci."

Les émotions l'étranglent un peu, mais elle arrive à ne pas pleurer. C'est bon. Elle peut encore réussir.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro