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Partie 61 : panique

Edwige Indiana :

L'appartement est froid et impersonnel, si ce n'est le fait qu'il contient beaucoup de matériel informatique tech, pourtant rarement accessible aux gens que connait Edwige. Elle conduit Mok jusqu'à l'ordinateur et laisse Stew s'occuper de la suite, tandis qu'elle commence à monter le chauffage et chercher de quoi leur faire un repas. Le frigo de Stew est aussi vide que le reste, mais pas son congélateur - ce sera donc burgers et frites pour ce soir. Ça fera sans doute plaisir à Mok, et ça lui fera du bien à elle aussi. Une journée aussi éprouvante mérite son lot de junk food.

Elle attend dans la cuisine, tandis que les plats chauffent. Elle devrait retourner au salon voir si Mok a réussi à contacter les Techs, elle le sait, elle veut le faire. Mais elle n'y arrive pas. À présent qu'elle est arrivée, qu'il y a quelqu'un d'autre avec le garçon, qu'on n'a plus absolument besoin d'elle... rien ne parvient à la contraindre de se relever. Elle est épuisée, physiquement bien sûr après avoir marché toute la journée, mais mentalement surtout. Comme s'il ne lui restait plus assez d'énergie pour envisager une suite à cette journée tant qu'elle n'aura pas rechargé ses batteries, même pour faire quelque chose d'aussi simple que de changer de pièce.

Edwige se connait assez pour savoir qu'elle a besoin de se reposer, loin de tout stress, et surtout de ne pas ruminer sur tous les dangers qui peuvent l'attendre. Regarder les frites se décongeler lentement est un bon point de départ. Ne pas penser à la suite. Ne pas penser à demain. Demain n'existe pas. Pour l'instant, elle est en sécurité. Tout ce qui devait être fait a été fait. Elle prendra son médicament ce soir. Tout va bien.

"Edwige ! appelle Stew. Viens voir ! Viens voir les infos !

Oh non. Pas les informations. Quoi qu'il se passe, elle ne peut pas le gérer, pas maintenant, sinon elle va craquer.

— Non, je préfère pas. Je... je ne me sens pas très bien, je crois que c'est mieux si je reste là pour...

— Non, mais tu ne te rends pas compte !

L'homme déboule dans la cuisine comme une fusée, plus agité qu'Edwige l'a jamais vu, et explique à toute vitesse :

— Le Sud a donné six heures à l'AGN pour annuler le Traité, sinon ils passeront à l'offensive ! Ils disent que les premières attaques n'étaient qu'un coup de semonce, et que les armes techs ne pourront pas nous protéger ! Ils disent qu'ils peuvent raser la moitié des villes du nord en une seule salve ! Et l'AGN a dit qu'ils allaient contre-attaquer et détruire une ville du Sud par heure jusqu'à ce que l'Hydre se rende et que tous ses membres soient envoyés dans le Nord pour être jugés !

Non, fait Edwige de la tête, non, non, ça c'est trop, ça c'est beaucoup trop, c'est bien plus que tout ce qu'elle est capable d'encaisser. Elle n'a rien à faire avec cette histoire, elle n'en veut pas, elle ne voulait même pas savoir, parce que c'est trop, tout simplement trop, et son fil de pensées vrille et s'enroule sur lui-même jusqu'à casser net, jusqu'à ce qu'il ne reste plus un mot de clair dans sa tête, juste un grand blanc qui envahi tout, tandis que son coeur et son souffle s'emballent et qu'elle ne se laisse tomber au sol.

Non, c'est le seul mot qui reste et qui se répercute contre les parois de son crâne comme un corbeau emprisonné dans une cage trop petite, non, non, non, non, non...

En face, Stew s'affole encore davantage et lui demande ce qu'elle a, s'il doit appeler une ambulance, il lui demande de répondre, il ne comprend rien, Edwige a encore les yeux ouverts et il voit bien qu'elle réagit à ce qu'elle a devant elle, il ne comprend pas pourquoi elle ne répond pas et se contente de rester recroquevillée au sol, aussi petite et serrée que possible, en pleine hyperventilation, incapable de penser à autre chose que non, non, non, non, non...


Au bout de ce qui parait une seconde et une heure à la fois, Edwige réalise qu'elle est en train de faire une attaque de panique. Elle doit se concentrer, se concentrer sur quelque chose, elle en a déjà fait et s'en est déjà sortie, elle sait quoi faire, il suffit de retrouver cette chose, cette chose si importante pour calmer son coeur, calmer cette horrible impression qu'elle est en train de devenir folle, de s'enfoncer dans un puits dont elle ne pourra plus jamais sortir, alors que c'est faux, elle sait très bien que c'est faux, elle peut en sortir, elle l'a déjà fait, elle sait quoi faire. Respirer. Lentement. Elle tente de ralentir son souffle et se sent étouffer, c'est normal, c'est toujours comme ça, le corps affolé croit avoir besoin d'autant d'oxygène, mais c'est faux, il faut ralentir, et ralentir encore, et ignorer la voix agaçante de Stew qui ne comprend rien, ne pas se souvenir de ce qui a déclenché la crise, ne pas savoir, se concentrer sur ce qui est là tout de suite, convaincre le corps et le cerveau qu'il n'y a pas de danger, est-ce que ça marche quand il y a un réel danger ? Il va bien falloir, en tout cas ça ne change rien au présent, au souffle qui ralentit encore et encore, le coeur qui s'apaise, et soudain les larmes qui jaillissent en immenses sanglots qui lui contractent le corps tout entier, parce que c'était trop. Tout ça, c'était trop.

Peu à peu, Edwige se remet. Elle finit par répondre à Stew que ça va, que c'était juste une attaque de panique. "Juste". Elle est la première à détester à quel point son anxiété a l'air d'une maladie anodine pour les autres, mais ce n'est pas le moment, n'est-ce pas ? Pour l'instant, il faut revenir à la réalité et faire face.

Elle n'est pas capable de faire face. Elle ne veut pas savoir, ne pas avoir à penser tout ce qui arrive. Elle refuse.

— Est-ce que tu peux te relever ? Tu es sûre que tu ne veux pas que j'appelle un médecin ?

— Sûre. J'ai l'habitude. Enfin, ça faisait longtemps depuis la dernière fois, mais... après tout ça, j'imagine que ça me pendait au nez.

— Qu'est-ce que je peux faire ?

— Changer de sujet. Laisse-moi... un peu me reposer.

— Edwige, faire l'autruche ne sert à rien, il faut...

— Est-ce qu'il y a une chose que je peux faire ? Moi ? Matériellement ? Est-ce que je peux y changer quoi que ce soit ?

— Non, mais...

— Alors laisse-moi tranquille. Au moins jusqu'à demain. Par pitié.

— ... très bien. Je vais regarder suivre les infos dans ma chambre et téléphoner aux autres, voir si la Voix a parlé de tout ça. Appelle-moi si toi ou Mok vous avez besoin de quelque chose.

— Très bien."

Il quitte la pièce, laissant Edwige, morose, regarder la minuterie du four. Les frites ne sont même pas prêtes. L'univers n'en a absolument rien à faire qu'elle se sente broyée et réduite en morceaux. Comme si rien ne s'était passé. Comme d'habitude.

La jeune fille retourne au salon. Au moins, la télévision est éteinte. Mok martèle l'ordinateur en marmonnant dans sa barbe ce qui ressemble à une série de jurons.

"Ça va ? demande Edwige. Tu as eu une réponse ?

— Non. C'est pas normal.

Il se mord la lèvre, tout en gardant les sourcils de plus en plus froncés, de plus en plus furieux que le matériel tech lui résiste ainsi. C'est évident qu'il est inquiet, et pour Edwige qui l'a vu traverser sans broncher toute la ville en dépit de l'hostilité des habitants, c'est perturbant. Elle lui propose :

— Et si on appelait la Voix ? Elle pourra peut-être nous dire ce qui arrive aux Techs.

— Elle va dire le quoi que vous allez me faire, je veux pas lui parler.

— Je t'ai promis qu'on allait veiller sur toi, quoi que dise la Voix. Ne t'inquiète pas. Essaye, il n'y a aucun risque.

Il hausse les épaules, ce qui équivaut à un "oui", et Edwige entame le rituel d'appel. Petit à petit, elle se sent mieux. S'occuper de quelqu'un d'autre l'aide à ne surtout pas penser à elle. Ce qui va se passer dans les prochaines heures est tellement hors de sa portée qu'elle n'arrive même pas à le considérer dans sa globalité, pas sans faire une nouvelle crise de panique. Mais elle sait appeler la Voix, elle a toujours eu cette impression merveilleuse de rencontre unique et extraordinaire à chaque fois qu'elle lui a parlé, ça elle peut le faire. Parler à un alien est bien moins effrayant que de parler à ses contemporains en ce moment.

Elle renouvelle l'appel, encore et encore, jusqu'à qu'enfin le familier mélange de sons bourdonnants résonne dans la pièce pour dire :

— LA GUERRE QUE VEUX-TU IL NE FAUT PAS LA MORT.

On aurait pu espérer qu'un alien reste à distance de la guerre, mais Edwige n'a pas le temps de demander à la Voix plus de détails, Mok s'écrit immédiatement :

— Où est 5 ?

— C'EST TRÈS GRAVE 5 IL NE FAUT PAS LA MORT DE 5 C'EST TRÈS GRAVE.

— QUOI LA MORT DE 5 ? hurle l'enfant.

Edwige le prend par l'épaule pour le reculer un peu et qu'il lui laisse la parole. Il tremble comme une feuille, mais il se laisse faire. Elle explique :

— Voici Mok, l'enfant que vous nous avez demandé de chercher. Il va bien. Il s'inquiète pour les enfants Techs, surtout pour la cinquième. Est-ce qu'elle va bien ?

— NON.

— Qu'est-ce qui lui est arrivé ?

— UNE BALLE DU REVOLVER DU NON TECH ELLE DOIT GUÉRIR SINON C'EST LA MORT LA MORT C'EST TRÈS GRAVE.

— Oh, bon sang... et où est-ce qu'elle est ? Elle est à l'hôpital ?

— JE NE PEUX PAS LA VOIR ELLE N'EST PLUS DANS LE RÉSEAU IL FAUT LA TROUVER IL FAUT LA SAUVER IL FAUT LA GUÉRIR VITE VITE.

— Où ça ? Où est-ce qu'elle est ?

— 5 EST HORS RÉSEAU JE NE L'AI PAS JE NE LA VOIS PAS L'ENFANT EST REVENU AU RÉSEAU JE LE VOIS 5 N'EST PAS DANS LE RÉSEAU JE NE LA VOIS PAS.

— Est-ce que... est-ce que l'alerte est donnée ? Il faut demander à tous les humains de vous aider, comme vous l'avez fait pour Mok ! On peut y arriver !

— LES HUMAINS VEULENT LA GUERRE ILS ME DEMANDENT BEAUCOUP DE MIRACLES DE BOMBES DE DÉTRUIRE.

— Non ! La guerre, ça veut dire tuer des gens ! Vous avez dit que vous ne vouliez pas la mort !

— JE NE VOIS PAS LA MORT DES HUMAINS.

— La mort des humains aussi, c'est très grave ! Il ne faut pas faire ça !

— IL FAUT IL NE FAUT PAS IL FAUT IL NE FAUT PAS IL FAUT...

— Et les autres Techs, est-ce qu'ils vont bien ? Est-ce que je pourrais leur parler ?

— MAL LES AUTRES TECHS ONT MAL IL FAUT RETROUVER 5 JE NE VOIS PAS 5 ILS ONT MAL ET ILS NE VEULENT PAS.

— Ils ne veulent pas quoi ? S'il vous plait, laissez-nous leur parler ! Mok veut leur parler, n'est-ce pas ?

Mok n'a pas l'air de vouloir parler aux Techs, en réalité. Alors que c'était la seule demande qu'il ait faite de toute la journée, à présent il est silencieux, buté, et de plus en plus furieux.

Il finit par exploser et se met à frapper l'ordinateur, à coups de poing, à coups de pieds, en hurlant :

— Pourquoi tu sers à rien ! Pourquoi 5 est pas là ! Fallait s'occuper de 5, connard ! Saloperie de gritch de snoll de merde ! Pourquoi !

La jeune fille fait de son mieux pour le contrôler, tandis que Stew arrive, alerté par le bruit. Il attrape Mok et l'éjecte sans ménagement loin de son matériel informatique, qui a commencé à plier sous les coups. Rien qui se verra encore d'ici une heure, grâce au matériel tech autoréparant, mais ça a suffi pour rompre le contact avec la Voix.

— Qu'est-ce qui s'est passé ici ? demande-t-il, hors d'haleine.

Edwige commence à lui expliquer, lorsque le bruit de la porte qui claque les fait sursauter tous les deux. Mok est parti.

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