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Partie 44 : confiance


Edwige Indiana :

La vie chez Margaret - dans le Culte Spirituel et Matériel de la Voix - n'est pas désagréable pour Edwige. La jeune fille a encore du mal à retenir les noms de chacun, mais elle n'est pas la seule à avoir temporairement élu domicile chez Margaret, même si la plupart des autres font des aller et retour réguliers à leurs propres foyers. L'organisation du quotidien se fait sans heurts et chacun peut rester concentré sur l'essentiel : la Voix.

Une bonne partie des volontaires du culte tentent de retrouver Mok pour le sauver, en menant l'enquête sur le Réseau, en contact permanent avec d'autres volontaires tout autour de l'AGN. L'enfant peut être n'importe où sur la planète, y compris dans le Sud, ce qui compliquerait drastiquement la mission de sauvetage, mais les cultistes restent positifs. Il y a de nombreux lieux sans tech dans le Nord également, sans oublier qu'on peut isoler une pièce en plein coeur de la ville. Ils traquent la piste des kidnappeurs avec plus d'enthousiasme que d'efficacité jusqu'à présent, mais ils pensent toujours que leur persévérance finira par payer. Après tout, c'est à eux que la Voix a adressé sa demande.

Edwige, de son côté, s'est lancé dans un autre genre d'enquête : classer et archiver les différentes demandes adressées à la Voix et la manière dont celle-ci leur a répondu. Elle espère ensuite faire émerger un schéma logique qui leur donnerait plus d'indications sur ce que souhaite la Voix. Tout le monde s'accorde pour dire que les réponses aux voeux sont aléatoires, mais ça peut aussi vouloir dire qu'on n'a pas encore trouvé la logique pour l'instant. En tous cas, la base de données constituée par le culte est encore complètement désorganisée et personne ne pourrait résoudre le mystère en se basant là-dessus, aussi la jeune fille a décidé de mettre à profit sa formation et d'avancer sur ce sujet.

La question est loin d'être simple. Quels critères sont pertinents aux yeux de la Voix ? Il faut tenir compte de tout ce qui est lié au demandeur, mais aussi de la nature de sa demande, ainsi que de la formulation du souhait, avant d'établir un lien avec la réponse de la Voix. Des informations manquent dans presque tous les cas. Première chose à établir, un protocole pour que ceux qui recensent les cas recueillent toutes les informations nécessaires...

Edwige se sent à sa place dans ce lieu, dans ce rôle. Elle aime les discussions aussi passionnées que fantaisistes sur la nature de la Voix, du Tech et de l'humanité au milieu de tout ça. Elle aime cette impression fascinante d'être en train de forger l'Histoire. D'être face à une découverte extraordinaire.

C'est en début de journée que l'agitation gagne les cultistes : les brigades antiterroristes font route vers les quais, en nombre, pour répondre à une fusillade. Ça n'a sans doute rien à voir avec l'enfant, mais c'est dans leur ville, à une heure de route seulement, ils doivent absolument aller enquêter sur le terrain !

Edwige n'hésite qu'une demi-seconde avant d'aller avec eux. Ce n'est qu'après, dans la voiture, qu'elle commence à se demander si elle a bien fait : la police ne les laissera sûrement pas approcher, mais si c'est le cas, qu'est-ce qu'elle viendrait faire au milieu d'une fusillade ?

"On y va juste pour voir, la rassure Stew, toujours équipé de sa fidèle caméra. Si l'enfant est là, ils ne devraient pas lui faire de mal, il faudra juste qu'on arrive à les suivre pour voir où ils l'emmènent. S'il n'est pas là, on n'intervient pas.

— Le B.A.G.N. risque d'enquêter, estime Margaret qui semble tout excitée par l'aventure. Si quelqu'un a déjà des ennuis avec la justice ou a peur pour sa citoyenneté, il faut le dire tout de suite, on s'arrête et cette personne peut descendre. Mais je pense que ça ira. Le B.A.G.N. ne peut pas comprendre, mais au fond d'eux ils savent qu'il y a quelque chose qui les dépasse dans toute cette affaire. Qui nous dépasse tous, simples humains. Ils nous laisseront tranquilles.

Edwige essaye de ne pas imaginer sa mère assistant à son procès pour acte de terrorisme avec retrait de citoyenneté. Non, Margaret a raison, même si ce n'est pas pour des raisons mystiques, le B.A.G.N. les laissera tranquilles. Il y aura une enquête, mais ils ne font rien de mal.

Personne ne demande à descendre.

Jeff suit l'interpellation sur les nouvelles. En temps normal, une opération de ce genre tournerait en boucle sur toutes les chaines d'informations, mais actuellement seule une chaine locale a envoyé un reporter. Il y a d'ailleurs de plus en plus de rediffusions sur les chaines d'informations, alors que les gens n'ont jamais été aussi avides de savoir. On voit de moins en moins de responsables de la SRAM, aussi. Alors que les attachés de presse et les porte-parole de l'AGN sont partout.

Au bout d'une dizaine de minutes, il signale :

— Ils se déplacent ! Ça ressemble à une course-poursuite ! Ils vont bientôt quitter les quais et entrer dans la zone industrielle !

— Et l'enfant ? demande Margaret. Ils parlent de l'enfant ?

— Non, toujours rien. Qu'est-ce qu'on fait, on les suit ou on essaye de trouver d'où ils viennent ?

Maria, la cinquième passagère de la voiture, qui surveille le trajet par GPS et assure la communication avec les autres cultistes restés à la maison, ajoute :

— Les autres pensent qu'on risque de ne pas pouvoir accéder à la zone. Il faut un laissez-passer, non ?

— Alors c'est réglé. Dis-leur qu'on va chercher là d'où ils viennent. Et puis ce sera moins dangereux.

— Et s'il y a encore des flics qui enquêtent...

— On leur explique. Tout le monde a vu le message de la Voix. Ils comprendront qu'on ne veut de mal à personne.

Edwige suggère timidement :

— Est-ce qu'on ne peut pas... poser la question à la Voix ? Si ils ont emmené l'enfant avec eux, ils ont bien dû être en contact avec le Réseau pendant leur fuite, non ? Toutes les industries fonctionnent automatiquement, tout est hyperconnecté.

— Non, on ne peut pas... interpeller la Voix comme ça... Enfin, je ne pense pas que ce soit une bonne idée...

Margaret hésite, lorsque soudain Jeff et Maria s'exclament :

— Un message ! On a un message de la Voix !

Leurs deux écrans sont passés brutalement à la même image, une vidéo de l'enfant, qui court entre les hangars immenses, guettant tout ce qui l'entoure avec méfiance.

— C'est lui ! Il est tout proche ! s'exclame Maria, qui ajoute d'une voix sourde : Allez, Voix, donne-nous sa position, on ne peut pas reconnaitre l'endroit juste avec les caméras ! Donne-nous un plan, un nom de rue, quelque chose !

Margaret ne dit rien sur cette façon de s'adresser à la Voix. Concentrée sur sa conduite, ses lèvres remuent silencieusement tandis qu'elle récite une prière.

L'image de Mok disparait, tandis que les appareils reviennent à la normale. Pas la moindre trace d'un indice sur la position de l'enfant. D'après les autres cultistes, l'information, tout comme la première demande de la Voix, a été transmise sur tout le Réseau. Ce qui veut dire que tout le monde, y compris la SRAM, le B.A.G.N. et les antiterroristes, sont en train d'analyser méticuleusement les images pour le retrouver.

— Nous on est sur place, gronde Margaret, on va y arriver avant eux !

— Mais s'ils nous voient le prendre avec nous, objecte Edwige, ils n'auront aucun mal à nous retrouver et à nous reprendre Mok...

— Je sais, je sais... Mais il faut qu'il soit en sûreté, c'est l'essentiel, c'est la première demande que la Voix nous ai jamais faite...

Tout le monde se met à parler en même temps. Tous ont conscience de l'importance de l'évènement, mais comment savoir quoi faire à présent ? Jeff estime que si Mok est remis au B.A.G.N., il sera en sécurité, comme l'a demandé la Voix, tandis que Maria hurle à cette seule idée qu'on ne peut pas faire confiance aux autorités. Stew, quant à lui, estime que s'ils ont été guidés jusqu'à l'enfant, c'est que la Voix les protégera, et qu'ils n'ont pas besoin de se préoccuper d'une stratégie. Margaret ne dit plus rien, concentrée sur sa route, tentant des tours et des détours au hasard pour retrouver la trace de Mok.

Edwige tente de trouver une solution. Leur voiture est facilement identifiable, et avec les caméras les enquêteurs n'auront aucun mal à savoir qui est monté à bord. Cacher leurs visages, à ce stade, ne servirait à rien. Ils ont été imprudents... Ils n'ont pas réfléchi comme des HR habitués à se cacher de tout et surtout du Réseau. Ils pensaient ne rien faire de mal.

Et ils n'ont rien fait de mal. Pour l'instant. Personne ne peut leur reprocher d'être venus dans le port et même d'avoir retrouvé Mok, s'ils le retrouvent. Par contre, à l'instant où ils refuseront de le rendre aux autorités, ce sera le début de leur sédition, et les conséquences peuvent être très lourdes...

Ce n'est pas le moment de paniquer. Si elle a peur, dans quel état doit être ce pauvre gosse ? Il a été kidnappé par des terroristes ! La Voix a réussi à le faire s'échapper et à lui amener du secours, mais il doit être terrorisé !

— Il faut qu'on descende de la voiture.

Personne ne réagit - le débat flambe de plus belle - et elle relance plus fort :

— Il faut qu'on descende de la voiture ! Le système de pilotage automatique est tech et ils nous suivront à la trace ! Il faut qu'on y aille à pied, en se séparant pour couvrir plus de terrain, et le premier qui le retrouve doit l'emmener en sécurité, sans utiliser sa carte tech ! Et loin des caméras techs !

— Et comment on peut faire ça ? demande Jeff. Il y en a partout !

— Dans un port, c'est seulement les hangars et les zones de déchargement qui sont surveillées, là où il y a des marchandises. On peut contourner les bâtiments... Il y a toujours des petits passages, des raccourcis pour que les gens n'aient pas à faire le tour... On peut gagner du temps ! Tant qu'on l'amène en sécurité hors caméra, après on peut toujours... expliquer qu'on n'est au courant de rien, et... Enfin, c'est le meilleur moyen de...

— En sécurité où ?

— On peut trouver ! s'exclame la jeune fille, pensant à sa propre maison à présent épluchée de tout son tech.

Maria et Stew approuvent. Eux aussi semblent penser à un endroit précis. Edwige préfère ne pas leur demander lequel. L'important, c'est qu'ils soient d'accord. Margaret arrête la voiture et leur dit :

— Laissez vos cartes d'identité ici. On reviendra les chercher plus tard, quand tout sera fini.

— Mais on ne pourra aller nulle part sans elles ! proteste Jeff. On est censés sortir d'ici à pied ? C'est ridicule !

— Alors prends la voiture et rentre chez moi. On se retrouvera là-bas, d'une manière ou d'une autre. Les autres, vous êtes prêts ?

Tout le monde approuve. Ils sortent et se séparent.

Réfléchis, se répète Edwige tandis qu'elle cherche parmi les bâtiments, cherchant à reconnaitre l'endroit vu sur les vidéos. Tu peux le faire. Tu peux sortir d'ici. A pied, en passant sous la voie rapide, puis par le quartier... non, là il y aura encore des caméras. Est-ce que tout le monde aura arraché le tech des murs dans la rue si elle passe par une zone pavillonnaire, comme là où elle habitait ? Quant au métro, c'est impossible sans carte. Comment les non-citoyens font-ils pour vivre ainsi au quotidien ?

Ils ne sont pas censés vivre, lui souffle la partie la plus cynique de son esprit. Ils sont censés arracher leur survie, comme des rats, et crever discrètement, loin du Réseau et de ceux qui pourraient avoir de l'empathie pour eux.

Combien y en a-t-il, au juste ? Pourquoi ne s'est-elle jamais encore posé cette question ?

L'enfant. Mok. C'est sur lui qu'elle doit se concentrer. Elle peut le faire, même si ça va sans doute faire des heures de marche dans les pires recoins de la ville, elle peut l'amener en sécurité. Si elle le retrouve.

Elle y croit à peine lorsqu'elle le voit.

Il court. Heureusement qu'il courait dans sa direction et pas l'inverse, sinon elle n'aurait eu aucun espoir de le rattraper. Il s'apprête à la croiser, à distance très large, lorsqu'elle s'écrit :

— Mok ! Je suis là pour t'aider ! Arrête-toi !

Il s'arrête mais reste à distance, les muscles tendus, prêt à détaler à nouveau. Il est maigre. Son visage est dur. Elle avait mis ça sur le compte de la peur, mais à présent qu'elle le voit en face, elle le trouve froid, évaluant méticuleusement la jeune fille. Elle lève les mains et ajoute :

— Je ne te veux aucun mal, je te le jure ! Je suis là pour t'aider. La Voix me l'a demandé... Tu sais, la Voix dans le tech... tu connais le tech ?

Il tourne entre ses doigts un petit objet. Un caillou ? Il répond :

— T'es qui ? Tu veux quoi ?

— Je m'appelle Edwige ! Je... sur le Réseau, il y a une entité qui nous a demandé de te retrouver et de te protéger. On est plusieurs à te chercher pour faire ça. Je te jure qu'on ne veut pas te faire de mal !

Il la regarde de haut en bas et ricane :

— Tu peux pas me faire mal même si t'essayes fort. C'est 5 qui t'a dit de venir ? Où elle est ?

— 5 ? C'est comme ça que tu l'appelles ? Écoute, on n'a pas trop de temps pour discuter de tout ça, les antiterroristes risquent de débarquer d'une minute à l'autre...

Il jure - en tous cas, le ton indique un juron, mais Edwige n'a aucune idée du sens de ses mots. Le garçon est décidément très différent de ce qu'elle s'était imaginé. Il a une façon de parler, un accent, une façon de se tenir qui lui fait froid dans le dos.

Il vient des Ghettos. C'est ça qu'elle a reconnu. Dans tous les reportages, les hommes parlaient comme ça, même malades de la dixe à en crever...

Elle chasse ces pensées. La dixe, c'est encore un autre problème, et l'attitude du gamin ne change rien au fait que c'est un gamin, et qu'il a besoin d'aide. C'est peut-être même parce qu'il vient du Ghetto que la Voix a besoin qu'on le protège. Si quelqu'un l'attrape, même en dehors de l'histoire de la prise d'otage ou de l'intérêt de la Voix, il ira directement dans un camp.

Pendant que ces idées traversent la jeune fille, le garçon a une attitude étrange : il guette autour de lui, se rapproche du fil tech le plus proche, plaque sa main dessus et s'exclame :

— 5 ! Je sais que tu es là ! Cache-moi !

Pas de réaction du tech - ce qui est normal, un fil tech n'est pas censé répondre sans interface, mais Mok avait tellement de conviction qu'Edwige s'attendait presque à une réaction. Il se tourne vers elle et demande :

— Et toi, elle t'as parlé ? J'essaye de lui parler depuis je suis sorti, mais elle répond pas !

— Je... Je sais juste qu'elle veille sur toi. Mais là, il faut qu'on utilise un autre chemin, loin du tech. Pour te mettre en sécurité. Allez, viens."

Edwige lui tend la main. Après coup elle se dit que c'est une très mauvaise idée - la dixe est contagieuse par simple toucher. Mais c'était spontané. Il fallait qu'il lui fasse confiance. Comment réussir à obtenir sa confiance sans lui montrer de la confiance en premier lieu ?

Sans rien ajouter, Mok prend sa main et la suit.

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