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Partie 27 : le calme malgré la tempête

"La SRAM n'est pas et n'a jamais été notre alliée. Elle a choisi le camp du Nord bien avant la guerre. La SRAM n'était alors qu'une entreprise créant des gadgets à partir d'une molécule extra-terrestre. Ses projets d'ordinateur tech, de réseau, et surtout d'armes techs n'étaient qu'une chimère. Elle a soigneusement préparé la Troisième Guerre Mondiale pour que les armées du Nord, craignent une insurrection du Sud, financent ses projets. À partir de là, le Nord a réalisé quel contrôle formidable ces ordinateurs inviolables lui offraient, en comparaison de la pagaille de l'internet. Il les a offerts à sa population comme une belle pomme empoisonnée. [...]

Il ne faut pas oublier pourquoi le Nord a eu peur au point de développer le tech. Nous étions prêts. Pendant qu'ils regardaient leur nombril et tournaient le dos à la violence vécue dans les pays moins favorisés, les nordiens n'ont fait qu'attendre nerveusement ce jour, et ce jour arrivait : le sud s'armait, s'organisait, et se tenait prêt à se révolter contre ses exploiteurs."

Ken Roch, 2110, Briser les chaînes





Edwige Indiana :

La normale n'a jamais semblé aussi lointaine pour Edwige, et en même temps si proche. Tout, autour d'elle, est normal. Extraordinairement normal. Le métro, les gens, les publicités, le vent un peu mordant de novembre tandis qu'elle marche jusqu'à chez elle. Tout est normal.

Et tout est différent.

Il existe quelque chose, là, dans ces fils d'or si familiers qui courent discrètement de maison en maison, quelque chose qui regarde sans avoir d'yeux, qui entend sans avoir d'oreilles, qui d'une manière ou d'une autre perçoit le monde et les humains, au travers de tous les objets que les humains ont cru créer pour leurs propres besoins... Il y a quelque chose là qui essaye de comprendre toutes ces choses qui composent l'univers familier d'Edwige, et tenter de se mettre mentalement à sa place est vertigineux. À quoi peut ressembler la pensée d'une super IA se promenant à sa guise dans le Réseau entier ? Comment peut-elle distinguer ce qui est important de ce qui ne l'est pas, dans la gigantesque masse de données auxquelles elle a accès ? Il faut des années à un humain pour s'y retrouver, alors qu'ils restent limités aux perceptions d'un seul corps et aux pensées d'un seul cerveau. Comment communiquer avec un être si différent qu'on ne peut même s'imaginer à quoi il ressemble ? Vues comme ça, les capacités de la Voix à parler et faire des cadeaux, même ratés, semblent miraculeuses.

D'un autre côté, la Voix a sans doute été créée par des humains, donc son programme de base - ou quelque que soit le terme pour les super IA - doit lui avoir donné quelques indications sur ce qu'elle est censée faire et comment communiquer. Pourquoi l'a-t-on créée au départ ? Est-elle la Singularité ? Son existence vient-elle de la nature du tech, qui a toujours semblé si vivant, dont les origines sont si mystérieuses ?

Edwige est brutalement tirée de ses réflexions lorsqu'elle pousse le portail de la maison et découvre, jetés en vrac dans l'allée, les restes désossés de dizaines d'objets de leur maison, tandis que son père et son frère massacrent les coussins du canapé pour en extraire la bourre. Elle reste muette devant le spectacle, sidérée, tandis que son père la salue très naturellement :

"Bonjour ma puce, ça a été les cours ? Je pensais que ce serait annulé, tu vois...

— Mais... mais... mais qu'est-ce que vous faites ?

— On récupère du plastique ! Ta mère est partie faire des réserves au supermarché avec Mamie. Elle va aussi faire le stock de nourriture.

— Pourquoi vous voulez du plastique ?

Roland, son frère, répond avec sarcasme :

— Pour faire un parapluie géant, c'te question.

— Rol, arrête d'embêter ta sœur. Tu sais bien qu'elle est sensible. Tout va bien, ma grande. Le mieux c'est que tu ailles tranquillement dans ta chambre te reposer, d'accord ? On en rediscutera tous ensemble quand ta mère sera rentrée. Elle... elle va t'expliquer.

Edwige les regarde continuer le massacre et se sent presque étouffer. Elle sait très bien ce qu'ils font, elle n'est pas stupide. Elle est sensible, selon ses parents qui évitent pudiquement d'évoquer le problème de manière plus directe, elle est cinglée, selon Roland et sa grande sœur Tina qui n'ont pas cette délicatesse, elle est spéciale, d'après sa grand-mère et sa petite sœur Joyce, et elle a longtemps souffert de troubles anxieux généralisés selon le corps médical. Rien de tout ça ne fait d'elle quelqu'un de stupide. Au contraire, en voulant éviter qu'elle ne s'inquiète, les autres ont tendance à rester dans un flou qui laisse libre cours à l'imagination, et elle est capable d'inventer des milliers de scénarios tous plus affreux les uns que les autres en moins d'une minute.

Toutefois la situation est complètement inhabituelle. C'est la première fois qu'elle voit les autres complètement paniqués tandis qu'elle reste raisonnable. Comment pourrait-elle leur dire, elle entre tous, qu'ils font n'importe quoi et essayent de se protéger de quelque chose qui ne leur veut aucun mal ?

La jeune fille prend lentement une grande inspiration et leur demande :

— Vous comptez faire quoi, avec ça ? Emballer toute la maison comme un gros paquet cadeau ? Sérieusement ?

Franck Indiana n'est pas un homme d'action, en temps normal. Au contraire, c'est plutôt un diplomate, celui qui va écouter tout le monde et trouver des compromis - un talent indispensable quand on est l'heureux père de quatre enfants qui n'auront financièrement pas les moyens de quitter la maison avant d'avoir fini leurs études et travaillé quelques années. La maison est grande, mais à sept personnes, un chien, trois chats et une tortue, on se marche assez vite dessus. Franck sait apaiser les tensions quand les noms d'oiseau fusent et que les portes claquent.

La veille, la famille s'était mise d'accord pour placer du plastique devant les fils de Réseau, un compromis efficace entre ceux qui avaient peur du tech et ceux qui avaient peur de la SRAM. Pourquoi à présent...

Edwige demande anxieusement :

— Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi vous avez besoin de plus de plastique ?

— Non, non, il ne s'est rien passé, mais avec tout ce qu'on voit aux infos, on s'est dit que c'était la meilleure solution. On va enlever les fils techs et protéger la maison.

— Comment ça, enlever les fils ? On ne pourra plus rien faire ! On n'aura même plus les infos ! Et pour l'argent, comment on va faire ? On ne peut pas se couper du monde !

Roland intervient :

— Si on a besoin de quelque chose, on ira dehors sur une borne publique. On ne va pas jeter nos cartes, on va juste les mettre à l'écart dans une boite protégée. Relax, on s'occupe de tout, ok ?

Il ajoute à l'égard de son père :

— Je t'avais dit qu'elle flipperait.

— Je ne flippe pas !" s'écrie Edwige un peu plus fort qu'elle en avait l'intention.

Mais c'est vrai, elle n'a pas peur. Bien sûr, elle a peur de beaucoup de choses dans la situation actuelle, de ce que la Voix peut faire ou non, de ce qui pourrait arriver à sa famille, de ce qui pourrait lui arriver, de ce que la Voix peut penser d'elle. Mais elle est surtout en colère. Tout le monde réagit sans réfléchir et refuse d'en discuter avec elle, pourquoi est-ce qu'elle devrait accepter ça ?

Mais qu'est-ce qu'elle pourrait dire ? Leur avouer à présent qu'elle a déjà été en contact avec la Voix et que celle-ci n'est pas hostile ? Ça ne ferait que les paniquer un peu plus. Edwige est convaincue qu'il faut parler à la Voix, lui permettre de mieux comprendre les humains, et que se montrer hostile ne fera qu'apprendre l'hostilité à une entité qui a la mainmise sur leurs vies à tous. La stratégie est évidente dans sa tête. Mais comment formuler ça ? Les mots se bousculent et restent bloqués dans sa gorge tandis que les larmes montent. Edwige préfère partir et se réfugier dans sa chambre. Elle a besoin de calme, elle n'arrivera à rien si elle laisse ses émotions la bouleverser.


Son antre est restée relativement à l'abri de la chasse au plastique, ils n'ont pris que sa chaise de bureau et trois caisses contenant ses chaussures, à présent éparpillées dans la pièce. Ils n'ont pas encore enlevé le fil tech. Comment est-ce qu'ils comptent s'y prendre sans le casser, d'ailleurs ? Peu importe, elle doit se concentrer, trouver un moyen de les convaincre d'arrêter...

Edwige commence à chercher des informations sur son ordinateur. La SRAM a bien dû envoyer un communiqué avec des consignes de sécurité strictes, non ? La multinationale n'est pas du genre à laisser les gens toucher au tech sans réagir...

Elle est absorbée par sa lecture lorsque Trish, sa mère, entre dans la chambre.

"Edwige ? Ma chérie, est-ce que ça va ?

— Oui, oui, ça va... et toi ? C'est quoi cette histoire de faire des réserves ?

— Oh, on s'est dit qu'avec tout ce qui se passait, il risquait d'y avoir des problèmes d'approvisionnement, donc on a préféré faire du stock pour tenir le coup en cas de problème... D'ailleurs, on a bien fait, il n'y a quasiment plus rien dans les supermarchés ! Mais on a trouvé ce qu'il fallait avec Mamie, ne t'en fait pas.

Edwige ne lui fait pas remarquer que, la crise ayant débuté trois jours auparavant, ce ne sont pas les problèmes d'approvisionnement qui ont vidé les supermarchés, mais bien les gens qui ont réagi comme elle et créé une pénurie dans la panique. Ça ne change rien au fait que les gens auraient vidé les rayons quoiqu'il arrive. La jeune fille se contente de s'appuyer sur l'épaule de sa mère et de se laisser enlacer. Trop d'informations, trop de pensées qui se bousculent, trop d'émotions : elle se sent épuisée et impuissante.

— Ça va, ma grande ? lui demande sa mère en lui caressant les cheveux. Tu tiens le coup ?

— Oui, oui, ça va...

— Il faudrait peut-être que tu reprennes tes médicaments, non ?

— Hein ? Pourquoi ?

— Et bien, avec tout ce qui se passe, ça te ferait du bien...

— Mais je vais bien ! Enfin, ce n'est pas génial, mais je n'ai pas besoin de reprendre le traitement, et surtout pas comme ça, en dosant n'importe comment ! C'est le meilleur moyen d'empirer les choses !

— Écoute, tu ne peux pas aller voir le médecin en ce moment, mais il ne faut surtout pas que tu rechutes...

Edwige a passé des années, durant son adolescence, à se battre contre ses troubles anxieux. Elle a fini par s'en sortir, même si certaines situations sont plus difficiles à gérer que d'autres. Ça n'aurait aucun sens de prendre ses cachets en prévention.

Elle finit par comprendre :

— Maman, ce n'est pas parce que la situation est plus grave que je vais être plus angoissée. Ça ne marche pas comme ça.

— Tu ne vas pas me dire que ça ne te fait rien ?

— Ça me touche, évidemment. Je déteste ne pas comprendre ce qui se passe, et je ne suis pas d'accord pour plastifier toute la maison, je trouve ça complètement fou. Mais ça ne me fait pas d'attaques de panique. Je suis juste... C'est comme si j'avais une alarme qui était mal réglée, et qui se déclenche même pour des petites choses sans importances. Mais une fois que c'est déclenché, c'est déclenché, et ça va être pareil pour un exposé ou une attaque zombie. Pour l'instant, j'ai peur, mais je gère.

Trish n'a pas l'air de la croire et lui demande :

— Tu es sûre ? Ce n'est pas la peine de faire semblant pour qu'on ne se fasse pas de soucis. Tu es sûre que ça va ?

— Oui. Pour l'instant, ça va.

— Il faut que tu me le dises dès que tu sens que ça ne va pas, d'accord ? Tu me le promets ?

— Promis, Maman. Pour l'instant, je vais chercher sur le Réseau si je peux avoir plus d'informations sur les risques et voir si ce n'est pas pire d'enlever les fils de tech.

— Non, chérie, je pense que c'est mieux si tu ne t'occupes pas de tout ça, tu vas t'inquiéter pour...

— C'est ma maison aussi, c'est normal que j'essaye de comprendre et savoir qu'il faut faire !

Trish hésite, semble sur le point de dire quelque chose, puis se ravise et embrasse sa fille :

— Très bien, ma grande. Je vais ranger les courses, ensuite je repars chercher Joyce à l'école. On en rediscutera tous ensemble ce soir, d'accord ?

—D'accord. À tout à l'heure."

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