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Partie 19 : Anura Milley

Abhaya Singh

Le trajet est calme jusqu'à leur destination. Abhaya et les deux agents d'Edmund prennent un taxi tech. La jeune femme n'a pas à taper leur destination, le véhicule est déjà programmé.

Abhaya reste parfaitement immobile, à l'exception de son bracelet porte-bonheur qu'elle fait tourner machinalement autour de son poignet. Ça y est, elle est dans la gueule du loup. Si tout ceci n'est qu'une machination d'Edmund, elle est totalement impuissante.

À côté d'elle, le jeune homme fait de son mieux pour cacher son excitation et dévore le paysage des yeux. C'est sans doute son premier voyage dans le Nord. Abhaya, pour sa part, n'est pas particulièrement impressionnée. Trente ans et une guerre mondiale plus tard, et Nava n'a pas changé d'un iota. D'immenses immeubles vitrés qui en mettent plein la vue, quelques arches de fausse pierre qui assurent la jonction entre les tours, des arbres, des murs de végétaux. La rue est dédiée aux voitures, le sous-sol au métro, seuls les parcs sont faits pour les promenades au ras du sol. Sinon, les jolis coins sont tous en hauteur, dans les places au croisement des arches, sur les toits, dans les jardins intérieurs. Elle avait visité avec Anura, il y a très, très longtemps, lorsqu'elles étaient encore deux étudiantes pleines de vie qui espéraient vivre un jour ici. L'endroit parfait pour des retrouvailles hors du temps. Dommage que tout semble aussi froid et morne, depuis la rue.

Le taxi s'engouffre dans le sous-sol d'un gratte-ciel impressionnant. Des sas de sécurité s'ouvrent les uns après les autres. Sans autorisation, cet endroit doit être une véritable forteresse.

Hindgam devine les pensées d'Abhaya et explique avec une certaine satisfaction :

"On l'a pris à la SRAM. Tout le système de sécurité est tech, mais il y a aussi quelques pièces isolées et plusieurs laboratoires bien équipés, plus des bureaux et pas mal d'appartements de fonction. Bienvenu au QG des Techs.

— M. Edmund ne s'affiche toujours pas ? Je pensais qu'il commençait à rallier les troupes pour son propre camp.

— Pour l'instant ça reste le professeur Milley la figure du mouvement... on est encore au tout début de l'aventure. Par ici.

La jeune femme les guide jusqu'aux ascenseurs. Elle en désigne un à Abhaya en précisant :

— Nos routes se séparent ici. Prenez cet ascenseur, il vous amènera jusqu'à Milley. Quant à ce jeune homme et moi, nous allons discuter dans un autre secteur. Bonne journée.

— Merci. À bientôt, si l'occasion se présente."

Les deux agents d'Edmund la saluent d'un signe de tête et la regardent s'engouffrer dans l'ascenseur. Dire qu'elle ne connaît même pas le véritable nom de son accompagnateur... Ni celui de la femme, sans doute. Tout cela est typique d'Edmund, l'apparence de l'honnêteté pour mieux... Bah, peu importe. Tout le monde joue à ce jeu de toute manière. Ce qui compte, c'est qu'il ne reste plus que quelques étages entre elle et sa soeur.

Abhaya n'a pas cessé de se jouer cette conversation dans sa tête depuis qu'elle a démarré sa mission. Elle pensait avoir trouvé des centaines d'idées et d'arguments imparables. À présent, son esprit lui semble désespérément vide.

Lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvrent, Anura est là, patientant dans le couloir comme si de rien n'était. Elle a changé, c'est certain, vieilli, prématurément, elle est épuisée aussi, ces rides et ces cernes lui donnent l'air d'être plus âgée qu'Abhaya alors que c'était elle, la petite sœur, et le cœur de la grande sœur se serre. Que lui est-il arrivé pendant tout ce temps ? Des épreuves, c'est certain, elle le savait déjà, on ne fuit pas la SRAM en partant en croisière à durée indéterminée, mais à ce point...

Elle est maigre. Sa peau est pâle, presque grise. Ses cheveux coupés court sont vaguement rejetés en arrière, sans doute avec les doigts. Non, Anura ne va pas bien, et le petit sourire qu'elle adresse à sa sœur n'a rien de convaincant, il est trop fragile, trop plein d'ombres et de non-dits, comme un fantôme.

Au diable les discours. Abhaya enlace Anura et la serre contre elle, réprimant un sanglot qui remonte depuis le fond de son cœur, elle la serre comme si son corps, sa chaleur et son amour pouvaient réparer tous les outrages que le monde cruel a osé faire subir à sa sœur.

Celle-ci se laisse faire quelques instants, puis se dégage maladroitement et lui dit " Par ici" en la guidant à travers les couloirs. Elles n'ont pas à aller bien loin avant de rejoindre un immense bureau vitré, dominant un jardin intérieur composé d'une véritable jungle. Anura laisse sa sœur admirer la vue et lui demande :

— Tu veux quelque chose à boire ou à manger ? Ou te reposer ? Le voyage a dû être rude...

Abhaya lui sourit gentiment. Formelle, bien sûre. Quand Anura ne sait pas comment se comporter, elle est toujours formelle.

— Tu ne m'as même pas dit bonjour, Anura.

— Ah.

Anura sourit à son tour, comme si elle venait de comprendre une blague. Elle hausse les épaules :

— Je ne sais même pas ce qu'on est censé dire quand on n'a pas vu quelqu'un depuis si longtemps. Il y a une formule adaptée pour ça ? Sinon, on s'est retrouvée, on s'est fait un câlin, c'était l'essentiel de ce qu'on avait à se dire en tant que sœurs, non ? À présent, il faut surtout qu'on parle en tant que... représentantes, j'imagine. Alors, tu veux un café ?

— Très sucré, s'il te plait.

— Ça marche.

Anura se dirige vers une porte de placard, qui révèle une kitchenette encastrée. Le matériel tech haut de gamme semble fonctionner tout seul, elle n'effleure même pas l'écran des doigts et se contente de faire quelques gestes évoquant de la sorcellerie. Puis elle revient s'asseoir avec leurs deux tasses.

Abhaya a des millions de choses à lui dire, en tant que sœur, et des milliards de questions à lui poser. Mais elle accepte les conditions posées par Anura. Quoiqu'elle ait vécu, il faudra du temps pour reforger leur lien et obtenir suffisamment sa confiance pour qu'elle en parle. En attendant, elles ont d'autres choses à se dire.

— Alors, commence Anura, tu travailles avec Aurore, c'est ça ? Ou ils t'ont recrutée à cause de notre lien de famille ?

— J'en fais partie depuis la guerre. Je suis ingénieure agronome et j'ai des facilités pour voyager entre les différents pays du Sud, donc j'ai fini par être une des messagères les plus utilisées par Aurore... Et toi, tu travailles pour Edmund ? Vous vous êtes alliés ?

Anura regarde sa tasse et ne dit rien. Au moment où Abhaya est prête à insister, elle lâche :

— Edmund est mort.

— Que... quoi ? Edmund ? M. Edmund ? Le M. Edmund qui dirige la moitié de la résistance ? C'est impossible. On aurait...

— Je l'ai vu de mes yeux. Il a pris une balle, il a agonisé une dizaine de minutes et il est mort. La plupart de ses agents qui ont été témoins de la scène ont ensuite été atomisés par une bombe de la SRAM. Nous ne sommes pas très nombreux à être au courant. C'est plus simple. Son réseau est très puissant, et très utile. Même s'il est pour l'instant complètement désorganisé, on travaille à récupérer le plus d'agents possible. Après tout, on poursuit les mêmes buts... Même si c'est compliqué de savoir exactement ce qu'il a promis à qui. Pour ces aspects-là, je me repose beaucoup sur Hindgam, que tu as déjà rencontrée. Elle est au courant, et elle a choisi de rejoindre les Techs. Elle connait les enfants, elle a confiance en eux.

— Les enfants...

— Tu les rencontreras, si tu le veux. Au moins 1 et 2.

— Ils n'ont pas de nom ?

— Si tu es plus à l'aise, tu peux les appeler Ben et Betsie. Ne me demande pas d'où ça sort, c'est eux qui ont choisi.

— Je... j'aimerais les rencontrer, oui. J'aimerais rencontrer toutes les personnes importantes de... je ne sais même pas comment appeler votre groupe ! J'étais tellement certaine que tu travaillais avec Edmund !

— C'est une histoire compliquée. Pour résumer, ici c'est le camp des Techs, on veut plus ou moins que les choses restent dans l'ordre, mais en brisant le monopole de la SRAM et un certain nombre de mesures sur le fonctionnement de la citoyenneté. On n'est pas, basiquement, hostiles au Gouvernement, mais j'ai bien peur que lui ne nous apprécie guère... En tout cas nous n'avons d'accord clair avec eux. Un coup ils veulent que nous prenions la place de la SRAM pour assurer l'intégrité du Réseau tech et faire tourner l'économie avant que le Nord ne flambe, un coup ils veulent nous interdire de nous réunir et de prendre la moindre décision.

— Donc, ce que tu es en train de me dire, c'est que vous avez battu l'univers entier. L'A.G.N, la SRAM et Edmund. Vous êtes les... les nouveaux chefs du monde, même si personne ne le sait.

Anura sourit, du même sourire de fantôme qu'elle avait lorsqu'elle a accueilli sa sœur. Abhaya comprend brusquement pourquoi ce sourire la glace.

C'est le sourire de celle qui se sait vaincue, et jamais elle n'aurait cru le voir sur le visage d'Anura Milley.

La professeur reprend tranquillement ses explications :

— Techniquement, nous avons le pouvoir. Les Techs maîtrisent le Réseau, nous avons donc la mainmise sur l'essentiel de la vie de chaque habitant de l'Alliance et de toutes les enclaves nordiennes. Mais personne ne nous a donné ce rôle et n'a accepté que nous le prenions. C'est juste arrivé... comme ça. À nous maintenant de faire du bon travail et de protéger les gens pour qu'ils acceptent la situation.

— C'est complètement fou.

Anura rit légèrement. À nouveau, elle semble s'amuser d'une blague qu'elle est la seule à comprendre, une farce particulièrement cruelle que l'univers lui aurait réservée.

— En tous cas, c'est ce que nous essayons d'accomplir. Qu'en pense Aurore ? Serait-elle prête à s'allier avec notre camp qui aurait besoin d'un nom ?

— Pas si votre but est de garder les choses en l'état. La SRAM est tombée, le Sud prépare la guerre. Nous ne pouvons pas accepter plus longtemps la domination du Nord.

— Nous avons les bombes techs. Toujours.

— Anura... Pourquoi est-ce que tu dis "nous" ? Tu n'es pas nordienne, tu peux comprendre...

— J'ai déjà assez de soucis sur les bras sans ça. Le Sud veut reprendre sa liberté ? Ça n'est que justice. Que l'Hydre sorte une proposition pour abolir le Traité et je suis prête à signer - même si, officiellement, je ne suis personne. Je commence à avoir assez de poids pour forcer le président de l'Alliance à signer, j'imagine. Tout ce que je veux, c'est la paix. Le pouvoir du tech se limite à l'utilisation du tech, une attaque en force réduirait l'utilisation du tech à néant et plongerait le nord dans le chaos. D'un autre côté, comme je te l'ai dit, nous avons toujours les bombes techs.

Abhaya se demande si c'est sa soeur qui a mis au point les bombes. Si elle se sent responsable. Quoi qu'il en soit, elle ne semble pas avoir peur de s'en servir.

Anura continue calmement :

— Le message que j'ai pour les Sudiens, c'est : attendez. On a beaucoup de choses très délicates à régler pour l'instant. Si vous attaquez, on a toujours de quoi vous vaincre. Si vous ne bougez pas, on est prêt à tout négocier, et surtout à foutre en l'air le putain de Traité une bonne fois pour toutes.

— Tout ce qu'on veut ? Comme ça ?

— Je ne peux pas faire mieux.

— Mais tu sais que ça ne suffira pas.

Au grand regret d'Abhaya, d'ailleurs. La proposition est si belle que venant de n'importe qui d'autre elle aurait ressemblé à un piège. Elle n'est même pas sûre de pouvoir réellement faire confiance à Anura, d'ailleurs. Mais même si elle y croit, elle sait que ce ne sera pas si simple. La mainmise du Nord a fait trop de dégâts, pendant trop longtemps, pour que le Sud puisse se contenter de reprendre ses billes et de poursuivre sa route de son côté. Trop de souffrances réclament vengeance.

Anura hausse les épaules et souffle sur sa tasse.

— C'est tout ce que je peux proposer. Qu'est-ce que tu en penses ? Tu vas essayer de convaincre les autres résistants pour moi ?

— J'essayerai.

Un silence à nouveau. Ces négociations n'ont absolument pas pris la tournure qu'Abhaya s'imaginait, trop d'éléments nouveaux sont à intégrer au plan général, et surtout elle est de plus en plus certaine qu'il manque quelque chose d'essentiel au tableau, quelque chose qui lui permettrait de comprendre pourquoi sa soeur agit comme elle le fait. Elle demande de but en blanc :

— Qu'est-ce que tu me caches, Anura ? Qu'est-ce que tu as de si important à régler ?

Anura semble hésiter, puis répond par une autre question :

— Comment a évolué la technologie, dans le sud ? Vous utilisez toujours le binaire, mais ça a dû pas mal progresser depuis que je suis partie, non ?

— Je ne peux pas vraiment te donner de détails, mais oui, ça a progressé. Bien plus que la SRAM ou le B.A.G.N. ne se l'imaginent.

Anura semble prendre une décision :

— Je dois en parler aux autres avant, mais je vais peut-être avoir une autre proposition à faire à Aurore. Une demande spéciale. Si le Sud a tellement soif de batailles, on pourrait se rejoindre sur un ennemi commun. »

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