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Partie 71 : trucages

3 et 5

Thune, grand chef de clan et maître de la clé pour sortir du Ghetto, ne peut pas rester sans protection rapprochée un seul instant. Mais certaines affaires nécessitent de la discrétion, c'est pourquoi il a formé un corps spécial d'enfants sourds chargés de veiller sur lui dans les moments où il ne veut pas être entendu. Comme maintenant où il accorde une audience "privée" au Prophète furieux.

« Sacrilège ! hurle le colosse en marchant à travers la pièce. Abomination ! Épouvante ! Comment as-tu osé, scélérat !

— Ta gueule, dit sèchement Thune. Tu me dois ta vie, alors ta gueule.

— Tu as truqué la cérémonie ! Ce miracle était faux ! Aucun Esprit ne m'a parlé ! C'est une honte !

— Tout le monde il croit en toi. Il y a plein de pigeons qui veulent qu'on les tue au lieu de te faire du mal. Pareil pour moi. Sans ces crétins, les autres clans vont nous bouffer et nous voler les gamines qui ouvrent les portes, et ça crois-moi il n'en est pas question.

— Si tu tiens tant que ça à sortir, pourquoi est-ce que tu n'as pas accompagné l'enfant qui est parti ? Au nom de quoi nous fais-tu encore l'insigne honneur de ta présence ?

Les yeux de Thune flamboient un bref instant avant qu'il ne parvienne à se maîtriser et à répondre :

— On va sortir tous ensemble, avec tous les enfants, Prophète.

— Mais les Techs sont mauvais !

— Alors nous on va les tuer. Après. Fais-moi confiance.

— Mais...

— Allez, Prophète... murmure Thune d'une voix charmeuse. Tu sais que je t'aime beaucoup. Je t'ai sauvé la vie. Les Esprits t'ont dit de venir me voir. Je t'ai protégé. Je t'ai donné une église. Je t'ai donné des fidèles. Ne m'abandonne pas quand j'ai besoin de toi, Prophète.

— Mais... tu n'as pas le droit de truquer mes miracles !

— Pourquoi ? Les Esprits ont beaucoup de travail en ce moment. Je les aide juste un peu. Ils voulaient sûrement faire pareil. »

Le Prophète voudrait protester encore, mais d'un bref regard plus assassin que d'habitude Thune lui fait comprendre que ce serait une mauvaise idée. Vaincu, le Prophète repart, sous le regard méfiant des enfants sourds guettant le moindre de ses gestes. Après quoi Thune fait signe à l'un d'eux pour lui demander de lui amener Vicky : à elle aussi il a besoin de parler discrètement.

Dans sa cellule 3 s'est assise par terre. Elle n'a pas tellement le choix : c'est ça ou le matelas posé près de la porte. Devant la porte un enfant armé monte la garde et elle préfère le surveiller de loin. Elle s'est installée le dos contre le mur, le plus loin possible du combattant qu'elle regarde fixement et en silence. L'autre la regarde tout aussi fixement et tout aussi silencieusement. Il y a presque une heure que ça dure. Deux Sphinx auraient mis un peu plus d'animation dans la petite pièce décrépite.

On frappe à la porte selon le code convenu. 3 parvient à se retenir de sursauter, contrairement au combattant qui lui adresse ensuite un regard furieux avant de dire :

« C'est qui ?

— Mok. »

L'enfant à l'intérieur sort sa clé et ouvre le premier verrou tandis que ceux de l'extérieur ouvrent le deuxième verrou. L'échange de gardien se fait en menaçant 3 avec trois armes à feu, après quoi Mok récupère la clé et ferme la pièce de l'intérieur. 3 a déjà pris toutes ces mesures de sécurité en compte pour trouver un plan et elle en revient à chaque fois à la même conclusion : elle ne pourra pas s'en sortir sans une aide extérieure. Dans ce rôle, Mok serait justement le candidat idéal, si seulement elle parvenait à trouver un moyen de le retourner en sa faveur...

Si la vie de sa sœur est en danger, 3 se dit qu'elle pourrait tuer. Cette idée la terrorise et elle se force à ne pas la repousser au fond de son esprit. Au contraire, elle veut l'examiner, l'analyser et l'accepter. Pas question d'hésiter au moment crucial. Pas si ça peut sauver 5. Les plus grands doivent s'occuper des plus petits. 3 fait de son mieux. Au moins, ces réflexions l'empêchent de penser aux professeurs, à leur atroce absence qui lui dévaste le cœur à chaque battement. Elle la ressent sans cesse, mais elle s'empêche de se torturer encore davantage avec des questions et des angoisses. Elle se concentre sur l'instant présent. Mok. Son blouson tech. Les armes. La clé. La porte. L'autre combattant. Les murs pourris. Le Ghetto. Mok est un dur qui ne se laissera manipuler ni par la douceur ni par la force, c'est ce point qui pose le plus de problèmes.

« Alors ? demande-t-elle sans bouger de sa place.

— C'est bon, elle a touché mon blouson.

— Passe-le-moi.

Mok s'avance vers elle et se penche pour qu'elle lui prenne la manche. Elle ne lit que ses propres informations.

— Elle n'a pas répondu ! s'exclame-t-elle.

— J'en sais rien moi ! Elle m'a touché, et après c'était la cérémonie. C'est quoi le problème ?

— Ça n'a pas duré assez longtemps. Où est-elle maintenant ?

— Avec Thune et les sourds. Ça c'est quand il veut garder des secrets. C'est de pire en pire dehors. Tout le monde veut les Princesses-Esprits. Heureusement qu'il y a Thune, sinon ça serait la guerre !

— Comment il va nous faire aller jusqu'aux portes alors ? Il va bien falloir attendre que tout le monde sorte.

— Je sais pas. C'est Thune. Il trouve toujours.

Mok s'assoit familièrement à côté de 3, posant par réflexe une main pour protéger son pistolet.

— Et on a vu un miracle ! continue-t-il avec un enthousiasme désarmant. Vous êtes plus des maudites, c'est bon, le Prophète a demandé aux Esprits !

3 réfléchit beaucoup depuis tout à l'heure. Elle sait qu'elle tient presque la solution, un plan comportant énormément de risques, mais un bon plan quand même, si seulement elle parvenait à trouver comment obliger Thune à lui rendre sa sœur...

5 arrive devant Thune, presque portée par les grands costauds chargés de l'escorter. Elle se dégage avec mauvaise humeur et regarde Thune avec insolence : elle sait qu'elle arrive bien mieux à mentir lorsqu'elle est furieuse, surtout si elle a quelque chose à se reprocher. Thune est un adversaire redoutable lorsqu'il s'agit de bluffer, mais il a trop l'habitude des enfants en adoration devant lui et il y a des chances pour qu'il la sous-estime.

Le chef des combattants commence par lui poser des questions sur sa vie parmi eux, si elle s'entend bien avec les autres enfants, si c'est mieux qu'à l'extérieur. 5 se méfie et répond honnêtement, prenant simplement le temps de réfléchir et de formuler ce qu'elle ressent d'une manière claire. Puis, tout innocemment, il lui demande si elle s'est fait des amis parmi les combattants. Et avant que 5 ait compris ce qui se passait, le nom de Mok arrive sur le tapis, accompagné de lourds sous-entendus sur la nature de leur relation et de la promesse implicite que s'ils ont tenté de tromper Thune, seul Mok sera puni. Si 5 avait davantage l'habitude des manœuvres politiques, elle admirerait l'habileté de la démarche. Ce n'est pas le cas et elle se sent tout simplement piégée.

Ce que Thune a négligé, c'est que Mok est le lien qui unit 5 à sa sœur, il est donc tout à fait hors de question que 5 le trahisse.

« C'est moi, je lui avais demandé un truc, affirme 5.

— Quel truc ? demande doucement Thune avec un sourire indulgent.

5 se tortille. Elle sait qu'après Thune va poser la même à Mok, à part. Comment l'empêcher d'avoir deux récits différents ? Il faudrait qu'elle parvienne à lui parler avant, ce qui est impossible, ou que Thune oublie cet interrogatoire. Qu'il soit préoccupé par quelque chose de plus grave. Et 5 sait justement faire ce que le professeur Milley appelait "la grande scène de l'acte II"... Tous les surveillants du laboratoire s'y sont laissés prendre au moins une fois, pourquoi pas Thune ?

La fillette commence par vaciller légèrement et balbutier :

— Je... oui, je me souviens, il m'avait expliqué... j'avais peur...

Thune ne lui demande pas si elle se sent bien, même quand elle pose la main sur son front et bat des paupières plusieurs fois très vite, les yeux dans le vague. Mais son regard montre qu'il s'inquiète — ça commence à prendre.

— Il m'a dit..., continue 5 de plus en plus laborieusement, il m'a... il m'a... dit... je ne sais plus... attendez... moi j'ai... moi j'ai dit que... AAAAAAAAAAAAAAAAAAH !

Dans un long hurlement hystérique elle se jette en arrière sans hésiter et attaque la mise en scène la plus importante, la fausse crise d'épilepsie, avec tremblements violents et roulements par terre, prête à se blesser s'il le faut : jamais elle n'a été aussi motivée à convaincre qui que ce soit qu'elle est gravement malade. Dans le laboratoire ce n'était qu'un moyen d'éviter les corvées qui ne lui plaisaient pas, devant l'énorme effet qu'elles avaient ces crises étaient devenues un jeu, un moyen de manipuler l'équipe ou tout simplement de les faire tourner en bourrique. Ici c'est tout le plan de 3 qui en dépend, leur évasion à toutes les deux, et 5 sent des larmes monter à ses yeux dans la terreur d'échouer. Elle les laisse couler sur ses joues.

Après les hurlements vient l'essoufflement, pour ne pas donner l'impression d'un gros caprice : 5 se met à inspirer et expirer très fort, battant l'air de ses bras comme si au contraire elle étouffait. Et Thune tombe dans le panneau : par geste il ordonne à ses troupes de la transporter dans sa chambre, de lui donner de l'eau, de l'air, de l'alcool, bref tout et n'importe quoi. Il y a belle lurette qu'on ne trouve plus de médecins dans le Ghetto, mais certains connaissent bien l'effet des différentes drogues sur l'organisme, il envoie chercher l'un de ces experts.

5 fait mine de revenir à elle et pousse un long gémissement.

— Ooooh... je suis où ?

Thune se précipite à côté d'elle.

— Tu es malade ?

— J'ai besoin... de Nora... j'ai besoin de la toucher... sinon je n'arrive plus à respirer. Je croyais que... ça irait... et puis non, ça ne va pas, ça ne va pas du tout ! J'ai peur, j'ai peur, je ne veux pas mourir !

Les derniers mots sonnent vrai, surtout accompagnés de ce regard désespéré. 5 ne les a pas prononcés au hasard. Dans le laboratoire, une expérience a déjà mal tourné, très mal tourné. Ils ont réussi à sauver 2, mais de justesse. Ses cris, sa douleur gravée dans le Réseau ont marqué 5 qui n'a aucun scrupule à les réutiliser maintenant. Et ça marche. Thune lui promet :

— C'est bon, je vais la faire venir, t'inquiète pas. Combien de temps il faut ? Dis bien !

— Plusieurs heures... un jour complet, c'est même mieux... »

Thune s'éloigne et donne ses ordres. 5 sait bien qu'il va tenter de les avoir, mais elle est sûre à présent de pouvoir triompher.

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