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Partie 56 : les Hors Réseau

2

La jeune fille attend dans sa cellule.

Elle n'a pas réussi à atteindre la station de métro. Elle n'a même pas pu franchir le périmètre de sécurité. Les antiterroristes l'ont arrêtée, menottée et enfermée pour avoir seulement essayé. Elle a vu quelques dégâts, mais ne peut pas dire s'il y avait réellement des morts. Elle ne peut pas fouiller directement leurs données, les antiterroristes utilisent de la technologie binaire, rien d'exploitable pour les Techs. Ils n'ont pas le moindre matériel tech, pas même une petite cravate. Aucun ne porte de cravate, d'ailleurs. En civils, à cran, dans des locaux délabrés... D'où est-ce qu'ils sortent ? Des psychopathes paranoïaques, d'après les gens du métro. Ce qui est sûr, c'est qu'ils font peur.

Elle s'est assise en tailleur sur le sol et se repose en s'appuyant sur le mur. Elle éprouve un certain apaisement à être ainsi mise sur la touche. Elle qui se faisait toujours du souci pour tout ce qu'elle ne parviendrait pas à faire, elle découvre le détachement. Comme Sanx. Un drôle de type. Au moins il va bien.

Il y a une certaine agitation hors de la cellule, une atmosphère tendue que 2 ne reconnaît pas : celle de personnes ayant tout pouvoir dans leur petit univers et à qui un supérieur hiérarchique vient de taper sur les doigts. Il n'y a pas grand-monde qui puisse se vanter de pouvoir pénétrer les sacro-saints secrets des brigades antiterroristes, la version moderne de l'Inquisition, qui se protège de l'infiltration en étant le plus à l'écart possible de toutes les autres agences gouvernementales. Heureusement, le Premier ministre de l'Alliance possède encore ce pouvoir.

2 n'a pas encore été interrogée, elle a juste été scannée et photographiée sous toutes les coutures et son ADN a été enregistré. Ou plutôt ils ont tenté de l'enregistrer. L'ADN tech se code de la même manière que l'ADN organique mais ses réactions aux tests chimiques classiques sont très particulières. Ils avaient hésité douze heures avant de demander de l'aide au B.A.G.N. - alors qu'ils auraient dû contacter la SRAM, mais la SRAM est leur ennemi juré et plus d'un témoin a été relâché plutôt que de leur confier. Les antiterroristes ne jouent pas selon les règles du Réseau et affrontent un ennemi qui ne s'y fie pas non plus, et dans leur guerre personnelle une Tech est une donnée encombrante qui n'a pas sa place. Retour à l'envoyeur, merci et au revoir.

M. Kanrish en personne est venu chercher 2. Sous son habituel calme de façade il fulmine, peu habitué à être défié par une gamine. Une fois seuls il lui passe un savon retentissant avant de la raccompagner au B.A.G.N. sous bonne garde et de passer un autre savon à Andrew Burther, qui comprend bien que c'est sa dernière chance de garder la responsabilité des précieux Techs. Les dispositifs de sécurité sont renforcés, trop lourdement pour que 2 puisse sortir à nouveau. La jeune fille n'a plus le moindre doute : elle est bel et bien prisonnière. Comme elle l'a été toute sa vie. Et il y a pire.

Ce n'est que lorsqu'elle réalise qu'on ne lui permet plus de revoir 6 que 2 réagit et proteste violemment. Elle fait trembler tous les objets techs à sa portée pour tenter de faire peur au Premier ministre. Mais ne récolte pour sa peine qu'une piqûre censée la faire tomber rapidement dans les pommes. 2 se concentre pour se reprendre, elle ne doit pas laisser ses émotions dominer ses actes, pas dans un moment où chaque geste est crucial. Tant qu'elle a un accès au Réseau, tout va bien. Et même si elle n'en a pas pour le moment, on finira bien par lui en donner un un jour, c'est après tout pour ça qu'elle est venue au monde. Elle doit rester calme et faire semblant d'être affaiblie.

Sauf qu'elle ne se sent plus vraiment capable de faire semblant de quoi que ce soit. Elle n'arrive plus à sentir son corps. Elle peut toujours parfaitement voir et entendre mais est complètement paralysée. 2 maudit silencieusement les agents du B.A.G.N. qui pour une fois ont parfaitement réussi leur coup : les Techs ne sont pas programmables mais certains produits les rendent très suggestibles à l'hypnose. La jeune fille n'est parvenue à garder aucun souvenir des expériences que les professeurs avaient tentées là-dessus, et elle n'espère pas en garder davantage cette fois-ci. Déjà sa conscience sombre dans le néant.

Elle se réveille en compagnie d'Ève Hindgam, dans sa chambre-cellule du B.A.G.N. Son petit frère n'est pas là mais il a laissé un chaleureux message de bienvenu dans les jouets techs. C'est bon, on les réunira à nouveau bientôt. La jeune fille sourit. Il lui manque, même si ça ne fait pas longtemps qu'elle l'a quitté. Et les autres aussi lui manquent vraiment, un manque physique, un besoin de chaleur et de paix qui l'envahit si brusquement qu'elle est proche des larmes.

« Ça va ? lui demande Hindgam. Tu te réveilles ?

- Ça va. Qu'est-ce qu'on m'a fait ?

- Juste un somnifère.

2 retient un sourire moqueur. Elle sait qu'elle s'est fait hypnotiser. Mais peut-être qu'Ève est sincère et qu'elle ignore tout simplement ce qui s'est réellement passé.

- Et maintenant, demande la jeune fille, qu'est-ce qui va se passer ?

- Difficile à dire. Tu avais fait d'énormes progrès pour qu'on te considère comme une personne à part entière mais avec ton comportement instable...

- J'ai tout réduit à néant.

- À peu près, oui.

La Tech s'étonne qu'Hindgam ne crie pas. La femme paraît comprendre parfaitement ce que 2 a ressenti et pourquoi elle a agi ainsi, et lui explique calmement quelles conséquences aura son geste, d'égale à égale, pour qu'elles trouvent ensemble une solution.

- L'argument que j'aurais pu utiliser, continue Ève Hindgam, et que j'aurai utilisé dans un contexte moins cynique, c'est que justement tu t'es conduite comme une humaine : tu es allée aider quelqu'un pour ton frère, malgré les conséquences pour ta carrière. C'est une conduite très noble. Sauf que ce qui compte, ce n'est pas ton humanité, mais ton utilité, et les moyens de la contrôler. Tes beaux sentiments, tout le monde s'en fiche. Qu'est-ce que tu veux, ce sont des politiciens... Si encore tu travaillais pour l'argent, ça les rassurerait. Mais tu poursuis un idéal qu'ils ont tous trahi depuis si longtemps qu'ils sont incapables de comprendre ce que tu recherches, et pour eux tu es incompréhensible. Vous tous, les Techs, vous les inquiétez.

- C'est de ma faute, ils n'ont pas à condamner ma fratrie pour...

- Non, ce n'est pas uniquement de ta faute. Tu n'as pas vu le message de ta petite sœur ?

- On m'en a... parlé. Enfin, si, je l'ai vu, mais je n'ai pas compris pourquoi les gens étaient aussi marqués...

- L'image, toujours l'image... Enfin, celle-ci n'est pas la pire. C'était très puéril, du coup elle ne contredit pas l'essentiel de ce qu'on a avancé sur votre côté enfant humain et touchant. On va réussir à rattraper le coup, ne t'en fait pas.

Hindgam continue à lui résumer la situation, les manifestations anti-Techs, le succès de la conférence de 6, l'entêtement de 1, la fureur du Président et celle pire encore du Premier ministre. Il ne manque que...

- Et l'attentat ? demande 2.

- Pardon ? Ah, là où on t'a attrapée ? C'est vraiment pour ça que tu es allée dans les bras des antiterroristes ? J'ai cru que c'était une erreur de ta part.

- J'ai entendu parler de... d'une bombe.

- Les HR sans doute.

- Qui ?

- Les Hors-Réseau. Ils font souvent des actions terroristes, et comme les responsables sont très bien protégés, ils s'en prennent à des innocents.

- Pourquoi ?

- Pour se venger.

- De quoi ? Pourquoi vous tournez autour du pot ? Pourquoi personne ne m'a parlé d'eux ?

Ève la jauge du regard, comme si elle évaluait les risques qu'il y aurait à lui dire la vérité. Finalement elle se décide en regardant ailleurs, marmonnant comme si elle se parlait à elle-même :

- Évidemment, si tout ce que tu sais vient du Réseau, tu ne peux pas connaître les HR. En fait, si on n'en parle jamais, c'est parce qu'il n'y a pas vraiment de quoi être fier.

Hindgam s'arrête et soupire. Puis elle regarde à nouveau 2 et lui dit, avec un pitoyable sourire d'excuse :

- Il n'y a pas assez de matériel tech pour tout le monde, ça coûte très cher. Et l'écart entre ceux qui en ont et ceux qui n'en ont pas s'est... creusé. Vraiment beaucoup. Maintenant, sans ordinateur tech, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas possibles. Voter, pour commencer. Et avoir accès aux banques, à un travail officiel, au logement dans les bons quartiers. Même les gens endettés à mourir sont prêts à tout pour garder leur accès au Réseau et leur identité citoyenne. C'est le seul moyen de continuer à faire partie du système. Les quartiers pauvres sans accès au Réseau sont devenus de véritables ghettos, dont l'accès est règlementé pour éviter que les populations ne se mélangent, et où on peut parquer les non-citoyens s'ils gênent suffisamment les autorités locales. Dans les pays pauvres, c'est l'inverse, ce sont les accès au Réseau qu'on a barricadés et réservés à l'élite.

L'expression de 2 se fait plus en plus fermée. Elle tente de contrôler sa colère. Hindgam s'y attendait. Tous les nantis, un jour, s'aperçoivent qu'ils sont du bon côté de l'injustice. Il y a ceux qui se sentent coupables avant de blinder leur cœur pour continuer à vivre. Il y a ceux qui se sentent très bien à leur place et n'ont aucune envie de la partager. Et il y a ceux qui se battent pour les HR, jusqu'à tomber entre les mains des antiterroristes et d'être déchus de leurs droits civiques, devenant s'ils parviennent à s'évader des HR à leur tour. Les attentats ne sont pas leur seul moyen de combattre, ils cherchent aussi à faire entrer des HR clandestins dans le monde bénéficiant du Réseau, mais c'est très difficile et dangereux, d'autant plus attirant pour certaines têtes brûlées qui veulent devenir des héros.

2 est encore une idéaliste, Ève le sait et dose savamment la quantité de renseignements qu'elle lui donne. En règle général, la traque des HR se fait dans la plus grande discrétion, et rares sont les gens qui réalisent l'importance et l'organisation du mouvement, et surtout à quel point les HR seraient dangereux si jamais ils étaient libérés. L'interdiction de médiatiser leurs actes et leurs revendications, la mise en place par les mythiques et terrifiantes brigades antiterroristes dont les pouvoirs sont au-dessus des lois, a été préférée à une campagne de diabolisation. Il ne faudrait pas qu'on s'aperçoive que les revendications de ces assassins sont légitimes, en dépit des moyens mis en place. Il a été préféré, en haut lieu, de les ignorer. Effacer leur existence. Et distraire les foules connectées, qui n'ont pas d'intérêt à se poser des questions, jusqu'à ce que le problème soit réellement résolu. Ève insiste sur l'horreur des attentats et sort les chiffres des victimes à ce jour. On en parle peu, mais... on sait. Dans les milieux bien informés, on sait.

Ce que même les milieux bien informés ignorent, ce qui heurte 2 si profondément, c'est que rien n'empêche tout le monde de bénéficier du Réseau. Les matériaux techs sont comme des plantes : une fois la cellule-souche programmée, il suffit de laisser l'objet tech se développer jusqu'à ce qu'il ait atteint sa forme définitive. Le programme nécessite quelques clés chimiques faciles à créer. Non, la seule chose qui empêche la SRAM d'en produire autant que nécessaire, c'est parce qu'elle est la seule à connaître ce secret et qu'elle peut le monnayer à prix d'or.

Les Techs aussi connaissent ces secrets. Peuvent-ils les offrir à des assassins ?

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