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XII : Un automne au Ministère



Repères chronologiques

2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

1er septembre 1998 : Harry entre en septième année

6 septembre 1999 : Harry devient aspirant Auror

Période couverte par le chapitre : 30 octobre au 10 décembre 1999

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— J'ai plus une robe à me mettre, se plaignit Harry, planté devant son placard, le premier samedi où Ginny revint enfin alors que s'achevait le mois d'octobre.

— Pardon ? s'enquit Ginny qui finissait de se coiffer.

— Elles sont toutes usées. Même mon partenaire me l'a fait remarquer. Il m'a dit que s'habiller de façon commune, c'est bien, mais avoir l'air d'un loqueteux, ce n'est pas bon pour l'image de l'autorité magique.

— Tu veux dire que tu vas travailler avec les robes que tu mets le week-end ? comprit soudain Ginny.

— Je n'en ai pas d'autres, confirma Harry.

— C'est assez miteux, effectivement.

— Ça va, j'ai saisi l'idée. Tu pourrais m'aider ? Je ne saurais pas les acheter tout seul.

— Harry... commença-t-elle, le visage peiné.

Harry l'interrompit d'un geste.

— Je sais ce que tu vas me dire et j'ai trouvé une solution, déclara-t-il avec un grand sourire. Tiens, regarde !

Il pointa sa baguette vers son visage et le modifia rapidement, technique qu'il ne maîtrisait parfaitement que depuis peu. Ginny en fut nettement impressionnée.

— Joli sortilège, admira-t-elle. Je peux indiquer mes préférences ? ajouta-t-elle curieuse.

— Pour le moment, je ne sais faire que celui-là sans miroir, admit Harry tout en se demandant, un peu troublé, ce que Ginny avait en tête. Bon, alors, ça te va ? Tu acceptes de te montrer publiquement avec moi, maintenant ?

Le visage de Ginny refléta une vive émotion.

— Merci d'avoir trouvé un moyen pour qu'on fasse des choses ensemble, dit-elle doucement en s'approchant de lui pour l'embrasser. Tu sais que tu es quelqu'un de formidable ?

— Inutile d'insister, dit Harry d'une voix qu'il s'efforça de rendre ferme. Je ne signe jamais d'autographe !

Ils écumèrent le Chemin de Traverse pour reconstituer la garde-robe de Harry, sous-vêtements compris. Ginny avait des idées très arrêtées sur la question et Harry considérait comme normal de se conformer à ses préférences sur ce point. Il se demanda dans quelle mesure sa petite amie serait d'accord pour en faire autant. Il fut quand même étonné du nombre de vêtements qu'elle semblait trouver indispensables. Pour sa part, il avait des goûts très minimalistes en la matière et il tenta de limiter sa fièvre acheteuse. Elle lui rétorqua qu'avec la fortune qu'il avait à la banque, il pouvait s'habiller correctement.

Il laissa tomber, mais il la soupçonna de se faire plaisir en dépensant autant d'argent. Elle s'offrit d'ailleurs deux robes – mais de sa propre bourse, remarqua-t-il. Il ne proposa pas de lui en faire cadeau, de peur de froisser sa susceptibilité.

Le soir, alors qu'ils se déshabillaient, Ginny lui demanda de lui montrer comment marchait son sort de métamorphose. Il le lui enseigna et elle en profita pour voir si elle pouvait changer ses mensurations. Elle réussit au-delà de ses espérances – elle avait eu la main un peu lourde – et le résultat impressionna grandement Harry. Mais quand deux heures plus tard le sortilège prit fin, il retrouva avec plaisir la Ginny naturelle. Au fond, il était attaché à ses petites habitudes.

*

Sa vie professionnelle était assez différente de ce qu'il s'était imaginé, mais il ne s'en plaignait pas. Comme on le lui avait expliqué à son arrivée, l'essentiel de son travail ne se limitait pas à la chasse aux mages noirs qui, Merlin merci, n'étaient pas si nombreux. Outre les morts suspectes et les trafics illégaux, ils étaient appelés en urgence par des concitoyens confrontés à un problème sérieux : actes de violence, sort douteux ou créature se trouvant dans un endroit où elle n'avait rien à faire. Dans ce dernier cas, ils veillaient à ce qu'aucun sorcier ou Moldu ne soit blessé, pendant que leurs collègues de la régulation des Créatures magiques s'occupaient du trouble-fête. Pour se rendre rapidement sur place, les Aurors s'entraînaient régulièrement à transplaner vers les lieux sorciers les plus fréquentés.

Les nuits où il ne dormait pas sur un lit de camp dans le bureau des Aurors, Harry savourait ses soirées. Il commençait par se détendre, confortablement installé devant le feu que Kreattur avait préparé, en sirotant une Bièraubeurre. Ensuite, Ron arrivait, lui racontait les dernières anecdotes de la boutique – généralement cocasses. Puis les deux jeunes gens allaient prendre leur repas dans la cuisine.

Harry était relativement satisfait des services de Kreattur. Celui-ci ne tenait pas la maison aussi bien qu'il cuisinait, mais ni Harry ni Ron ne s'offusquaient de trouver des moutons sous les lits ou de récupérer leur linge repassé de façon approximative. Certaines habitudes avaient la vie dure et le vieil elfe passait toujours son temps à bougonner entre ses dents. Mais ses diatribes n'avaient plus l'acidité qu'on lui avait connue et aucun des deux garçons ne se donnait la peine de les écouter avec attention.

Quelque mois après avoir emménagé, Harry avait émis l'idée d'employer un autre elfe pour décharger un peu son serviteur. Ce dernier s'était raidi d'émotion. Le nez frémissant, les oreilles tremblantes, il avait dignement signifié que si son travail ne convenait pas à Maître Harry, il était prêt à recevoir un vêtement et aller mourir ailleurs. Harry l'avait assuré de sa grande satisfaction et avait renoncé à tout réaménagement domestique. Il s'était à cette occasion fait la réflexion que, tout esclave qu'il était, l'elfe se débrouillait plutôt bien pour imposer ses volontés.

Petit à petit, les deux jeunes gens avaient pris leurs marques. Leur chambre à coucher constituait leur domaine privé – surtout quand une des filles était là – et ils se partageaient le salon et la bibliothèque. La cuisine, par contre, était sous la direction de Kreattur.

Chacun savait où il pouvait entasser ses affaires et être sûr de les retrouver. La présence d'Hermione était très discrète : elle entreposait toujours son manteau à la même place dans l'entrée et rangeait soigneusement le reste de ses biens dans la chambre de Ron. Et si elle modifiait le classement des livres dans la bibliothèque, personne ne s'en rendait compte. L'arrivée de Ginny, au contraire, exposait tous les habitants du Square Grimmaurd à buter sur des chaussures laissées dans le passage, retrouver des ronds de thé sur les magazines et les coussins du canapé par terre, car elle aimait s'asseoir sur le sol. Cela occasionnait des prises de bec entre Ron et sa sœur, ainsi que des remarques agacées d'Hermione. Harry gardait un silence neutre, se contentant de demander à Kreattur d'effacer les traces les plus visibles. L'elfe lançait des imprécations à mi-voix contre la jeune fille, mais s'exécutait sans tarder, car Ginny avait gagné ses bonnes grâces en lui procurant l'autographe d'une Harpie, vaguement apparentée à la famille Black.

Tous les dimanches après-midi, ceux qui avaient dormi Square Grimmaurd, c'est-à-dire Ron, Hermione et moins régulièrement, Harry, Teddy et Ginny, se rendaient au Terrier pour le traditionnel déjeuner. Ils y retrouvaient George, Percy, Bill et Fleur, Andromeda et, quand son emploi du temps le lui permettait, Charlie.

On s'installait tant bien que mal autour de la table dans le jardin ou dans la cuisine et on mangeait dans une humeur joyeuse, ce qui n'excluait pas les petites querelles internes de la fratrie Weasley. Andromeda y racontait les plus récents exploits de Teddy, on parlait Quidditch, Bavboules, recettes de cuisine (surtout Molly et Fleur qui défendaient la gastronomie de leurs pays respectifs) et on rapportait les derniers potins.

Après le repas, Harry, qui avait souvent trop mangé, s'installait dans un fauteuil et s'assoupissait plus ou moins, en regardant Ron et Fleur jouer aux échecs. Il avait constaté avec surprise que la jeune femme gagnait régulièrement, alors qu'elle déplaçait ses pièces très vite, sans paraître réfléchir, au contraire de Ron qui soupesait toutes les possibilités avant d'avancer ses pions. Il s'était interrogé sur la méthode de Fleur et avait fini par s'en enquérir tout haut.

— Je n'ai pas de stratégie particulière, avait répondu l'épouse de Bill.

— Moi non plus, avait répliqué Harry, et c'est pour ça que je perds à tous les coups.

— Rendors-toi, avait conseillé Ron, le front plissé par la concentration.

Une fois sa digestion achevée et si le temps était beau – quand il ne pleuvait pas à verse, plus exactement – Harry partait ensuite faire un tour sur sa moto, après s'être soigneusement désillusionné et entouré d'un sortilège de Silence. Il survolait discrètement la région, Ginny accrochée à sa taille. Il s'étonnait presque de la voir accepter un rôle si passif, mais il comprit que, comme lui, elle était fascinée par la perspective qu'on avait du ciel sur la campagne anglaise. Si le vol en balai était formidable, cela demandait beaucoup de concentration et ne favorisait pas la contemplation du paysage.

Parfois, Harry et Ginny s'affrontaient dans des duels d'attrapeurs, Harry sur son Éclair de feu et son amie sur le Brossdur de son frère. Harry dut admettre que la tactique de Ginny dépassait la sienne et qu'elle devenait un redoutable adversaire, même sans son balai de compétition. Ils volaient tous deux de manières très différentes : lui, tout en instinct, elle, tout en technique. Elle anticipait moins la trajectoire du vif, mais se plaçait mieux et faisait faire à son balai des mouvements qu'il n'aurait jamais crus possibles. Visiblement, son entraînement portait ses fruits.

— Quand participeras-tu à un match officiel ? lui avait-il demandé trois mois après son entrée chez les Harpies.

— Je ne ferai que des matchs amicaux la première année, lui avait-elle répondu. Pas en championnat, sauf si une des joueuses a un accident et doit être remplacée au balai levé. Mais pour nos chances de remporter la Coupe, il vaut mieux que cela n'arrive pas, avait-elle conclu avec une modestie qui était assez rare pour être remarquée.

*

Durant son premier mois au ministère, Harry avait fait deux rencontres qui l'avaient marqué. La première intervint la seconde semaine après sa prise de fonction. Alors qu'il traversait le ministère pour se rendre d'un bureau à un autre, feignant de ne pas apercevoir les regards divers dont il était l'objet, il reconnut un fonctionnaire et se souvint soudainement de toute l'inquiétude qu'il avait ressentie pour lui :

— Mr Cattermole ?

L'homme se retourna, ne semblant pas réussir à croire que le grand Harry Potter s'adressait à lui.

— Que puis-je pour vous, Monsieur ? s'inclina-t-il respectueusement.

— C'est moi qui vous ai empêché de rejoindre votre femme le jour où elle a été convoquée au ministère pendant l'Année des Ténèbres, avoua Harry. Mon ami Ron avait pris votre place. J'espère que vous avez pu vous en tirer tous les deux.

— C'est très gentil à vous de vous en préoccuper, dit l'homme d'une voix émue. Tout s'est bien terminé pour nous. Nous avons suivi les conseils qu'on nous a donnés et nous sommes allés nous réfugier avec les enfants chez le frère de ma femme, côté moldu. Nous avons même poussé mes beaux-parents à aller à l'hôtel, car le ministère connaissait leur adresse.

— Sage précaution, approuva Harry.

— Nous sommes restés là-bas toute la guerre. Nous nous apprêtions à quitter le pays quand nous avons appris que vous nous aviez délivrés de Vous-Savez-Qui. Nous ne pourrons jamais vous en remercier assez, conclut-il avec ferveur.

— Oh, de rien, sourit avec gêne Harry. Bien, je vous souhaite une bonne continuation, ajouta-t-il pour prendre congé.

Tandis qu'il s'éloignait, il vit du coin de l'œil l'un des collègues de son interlocuteur se précipiter vers celui-ci, sans doute pour s'enquérir de ce que lui voulait le Survivant. Harry se demanda si la carrière du terne fonctionnaire en serait favorisée.

*

Quelque temps plus tard, Hermione proposa à Harry de venir déjeuner avec elle. À l'heure prévue, il partit de son bureau pour rejoindre son amie dans le sien. Mais quand il abandonna l'ascenseur après que la voix chantante lui eut indiqué qu'il était arrivé à destination, il se retrouva dans un couloir inconnu.

Il s'était résigné à frapper à la première porte et à demander son chemin, quand une silhouette familière se profila devant lui. Il sentit aussitôt ses entrailles se nouer. Quatre ans avaient passé, mais il se rendit compte qu'il ne pouvait toujours pas soutenir le regard d'Amos Diggory.

— Harry, prononça l'homme d'une voix douloureuse.

Deux secondes insupportables s'étirèrent avant qu'il ne réussisse à se reprendre.

— Bonjour, mon garçon. Qu'est-ce qui t'amène ?

— Je... je cherche Hermione, balbutia Harry. Hermione Granger.

— Bien sûr, bien sûr. Tu n'as qu'à suivre ce couloir, c'est la première porte à droite après le tournant.

— Merci, Monsieur.

Ils se saluèrent de la tête. Mr Diggory s'engouffra dans l'ascenseur et Harry se mit à avancer machinalement. Il se sentait nauséeux et il avait les jambes tremblantes. Il se demanda combien de temps encore rencontrer le père de Cédric s'avérerait être une telle épreuve. Il toqua à la porte que l'homme lui avait indiquée et entra en entendant l'invite d'Hermione.

Elle était manifestement en train de dicter une note de service. Elle lui fit signe de patienter une minute et Harry ne fut pas mécontent de son répit. Quand la jeune femme ponctua énergiquement son message et le fit décoller d'un gracieux coup de baguette, Harry était presque en état de lui adresser un sourire.

*

Un soir de novembre, les aspirants de la même année que Harry et ceux de la promotion précédente se retrouvèrent autour d'une Bièraubeurre, comme cela arrivait régulièrement. La conversation roula sur la façon dont ils avaient été recrutés chez les Aurors. Ceux qui étaient entrés en même temps que Harry avaient, comme lui, présenté leur candidature après avoir obtenu leurs cinq E aux ASPIC. Les autres, par contre, avaient un parcours plus atypique. Angelina et Alicia étaient déjà dans la vie active quand elles avaient été contactées. Seamus, Michael Corner et Anthony Goldstein l'avaient été après avoir passé leur ultime examen à Poudlard, lors des sessions de rattrapage organisées par Aristote Brocklehurst.

— J'ai vraiment eu de la chance, se félicita Seamus. Lorsque j'ai vu que j'avais obtenu que quatre E, j'ai cru que c'était fichu. J'étais fou de joie quand ils m'ont fait leur proposition.

Harry faillit s'étrangler dans sa Bièraubeurre. Bien sûr, il aurait dû comprendre plus tôt que les aspirants de cette année-là n'avaient pas eu à présenter leur bulletin de notes. C'était évident puisque même Ron qui n'avait pas passé son examen avait été sollicité par le bureau des Aurors. Mais pourquoi diable l'avait-on obligé, lui, à faire une dernière année à Poudlard, alors que d'autres n'avaient pas eu besoin d'une autre qualification que leur participation à la chute de Voldemort ? N'en avait-il pas fait plus que chacun d'entre eux ?

Il maîtrisa sa quinte de toux sous le regard inquiet de ses camarades en faisant signe que tout allait bien, mais il passa la fin de la soirée à cogiter dans son coin. Il n'en parla pas à Ron en rentrant, car il savait qu'il serait indélicat de rappeler à son ami qu'il aurait pu faire la carrière dont il rêvait s'il n'avait pas décidé de rester auprès de son frère. Harry n'évoqua pas davantage ses pensées le lendemain soir, durant le repas qu'ils partagèrent avec Hermione et Ginny.

Plus tard, alors qu'il était en train de se laver les dents dans la salle de bains attenante à sa chambre, Ginny vint se planter à ses côtés en se brossant les cheveux.

— Qu'est-ce que tu as, ce soir ? demanda-t-elle.

— 'ien, répondit Harry, la bouche pleine de dentifrice.

Ginny n'insista pas et continua son débroussaillage. Elle avait vraiment de beaux cheveux, d'un roux éclatant, qui lui tombaient à mi-dos. Elle les tressait quand elle volait, mais le reste du temps, elle les laissait libres ou en queue de cheval. Harry l'observa tandis qu'elle se lavait les dents à son tour et se débarbouillait avec une potion qu'elle prit dans un des nombreux flacons qui débordaient de l'armoire de toilette que Harry avait mise à sa disposition.

De retour dans la chambre, elle retira le peignoir qu'elle avait passé sur sa nuisette et se mit au lit. Harry se déshabilla lentement et se glissa à ses côtés. Adossée aux oreillers, elle lisait Quidditch Magazine, mais il savait qu'elle était prête à l'écouter.

— Les Aurors ont invité tous ceux qui ont participé à la bataille à les rejoindre. Je veux dire, les plus jeunes, corrigea-t-il. Et qui en avaient terminé avec l'école, précisa-t-il encore.

Ginny garda le silence, mais abaissa son journal pour le regarder attentivement.

— Pourquoi ne me l'ont-ils pas proposé, à moi ? formula enfin Harry.

— Tu voulais avoir tes ASPIC, supposa Ginny.

— Non, je n'ai jamais aimé étudier. Personne n'ignorait que je souhaitais devenir Auror et je ne suis retourné à Poudlard que pour obtenir ces fichus E !

Il n'avait pas pu contrôler sa voix et la fin de sa phrase laissa transparaître la colère qu'il ressentait.

— Qu'est-ce qui te gêne le plus, là-dedans ? questionna patiemment Ginny.

Harry respira à fond pour se calmer.

— Disons que j'aimerais bien savoir pourquoi Kingsley n'a pas voulu qu'on me prenne à ce moment-là.

— Tu crois que c'est lui qui...

— J'en suis certain !

Ginny réfléchit et finit par demander :

— Tu penses que cela aurait été mieux que tu deviennes Auror tout de suite ?

— Cela m'aurait évité de perdre un an.

— C'était vraiment une année perdue pour toi ?

Il faillit hurler Oui !, mais se retint de justesse, pensant que ce ne serait pas très gentil à l'égard la jeune femme. Après tout, il avait passé le plus clair du temps en sa compagnie.

— J'étais content d'être avec toi, dit-il prudemment.

Elle eut un mouvement de tête indiquant que ce n'était pas à cela qu'elle pensait. Elle précisa :

— Tu as réglé certaines choses, non ? Tu as pu souffler un peu, tu as pris la décision de t'installer ici, tu t'es prononcé sur tes choix politiques, fait connaissance avec Teddy...

Ce n'était pas complètement faux. Il se souvint de sa sérénité lors de la commémoration du premier anniversaire de la bataille de Poudlard. Il avait eu le temps d'accepter ses deuils, de retrouver une vie sereine, de prendre du recul au sujet de ce que tout le monde appelait l'Année des Ténèbres. Il n'est pas dit qu'il aurait été bénéfique pour lui de se replonger dans la guerre en traquant les derniers Mangemorts avec les Aurors. Son retrait à Poudlard l'avait aussi éloigné des procès et des intrigues pour chasser Kingsley du ministère. Avoir vécu tout cela par presse et courriers interposés lui avait largement suffi.

Mais il avait besoin d'être rassuré sur un point :

— Tu crois... tu crois que Kingsley savait que je pourrais l'aider politiquement, quand il a décidé cela pour moi ?

Ginny considéra l'idée et secoua la tête.

— Je pense qu'il n'avait que ton bien à l'esprit en décidant de te laisser une dernière année à Poudlard. C'est Hermione qui a proposé que tu te prononces publiquement en sa faveur. Et tu n'aurais pas eu à le faire sans l'article de Rita Skeeter. Kingsley n'est pas un manipulateur.

L'ombre de Dumbledore se glissa dans la chambre. Harry se dit que même si le ministre n'avait eu que son bien-être à l'esprit, il aurait aimé qu'on le laisse choisir par lui-même. N'avait-il pas le droit de faire ses propres erreurs ? Le mal que se donnaient les autres pour le guider vers la bonne direction en disait long sur ce qu'ils pensaient de ses capacités de réflexion. Donnait-il à ce point l'impression qu'il était incapable de prendre les bonnes décisions ? Ce manque de confiance était-il justifié ?

Ginny interrompit ses réflexions :

— Je sais que ce n'est pas forcément le plus important, mais je ne pense pas que je serais ici maintenant, si nous n'avions pas eu le temps de nous retrouver.

— Si, c'est important ! s'écria Harry.

Il ne disait pas cela par galanterie ou pour lui faire plaisir. Il savait la chance qu'il avait de l'avoir avec lui. Certes, elle n'était pas toujours facile à vivre et sa soif de reconnaissance était parfois agaçante. Mais quand Harry voyait de parfaites inconnues rougir en croisant son regard, glousser ou s'efforcer de lui plaire parce qu'il était le Survivant, il mesurait combien l'affection durement gagnée de Ginny était rassurante pour lui. C'était un espace dans lequel il pouvait se construire, un miroir sans complaisance qui lui indiquait où il en était. Elle l'aimait réellement pour lui-même, acceptant ses coups de tête, ses gaffes, ses maladresses. Elle lui donnait ce que peu étaient en mesure de lui offrir : un amour qui ne devait rien au Survivant, cette image déformée qui s'interposait le plus souvent entre les autres et lui.

Il lui avait fallu du temps pour déterminer à quel point elle comptait pour lui. Et sans doute leur année commune à Poudlard avait beaucoup compté dans cette prise de conscience. Il avait été pris par surprise quand elle avait décidé de partir à Holyhead, mais leur dernière discussion à ce sujet lui avait fait comprendre ce qui la poussait à le faire. Et quelques semaines de réflexion supplémentaire l'avaient convaincu qu'elle avait raison. Pour que leur couple ait une chance de tenir, il fallait qu'elle acquière autant d'estime d'elle-même qu'elle en avait pour lui.

Il savait que certains prenaient les fanfaronnades de Ginny pour de l'arrogance. Il est vrai qu'elle disait volontiers, pendant leur dernière année à Poudlard, qu'elle était bonne au Quidditch, qu'elle valait bien tous ceux qui s'étaient battus pendant la guerre. Harry comprenait maintenant qu'elle revendiquait ces qualités davantage pour s'en persuader elle-même que pour en convaincre les autres. D'ailleurs, au fur et à mesure qu'elle trouvait sa place parmi les Harpies, elle se vantait beaucoup moins et reconnaissait même avoir encore de gros progrès à faire pour être à la hauteur des plus grandes joueuses.

Ce fut avec infiniment de tendresse qu'il la prit dans ses bras.

— C'est vrai que si cela t'a persuadée de rester auprès de moi, je n'ai pas perdu cette année-là, lui murmura-t-il à l'oreille.

*

Deux semaines plus tard, Harry était en train de remplir un rapport quand Owen Harper s'approcha de son bureau :

— Je me suis renseigné pour l'équipe de Quidditch, annonça-t-il. Généralement, les rencontres interministérielles commencent en avril ce qui nous laisse cinq mois pour nous entraîner. À part l'équipe du département des Sports magiques, ils n'ont pas un niveau bien élevé.

— Mais il faut composer l'équipe, choisir un capitaine...

— J'ai déjà la composition, répliqua Harper. Poursuiveurs : Alicia Spinnet, Angelina Johnson et moi. Batteurs Albert Hurtz et Primrose Dagworth. Gardien et capitaine : Hilliard Hobday. Et toi comme attrapeur.

— Pourquoi moi ? Tu te débrouilles bien, aussi, non ?

— Potter, arrête de faire ton modeste. Tout le monde sait que tu as toujours été le meilleur, depuis ta première année.

— Si bon que ça ? intervint Pritchard de sa place.

— Il n'a jamais laissé passer un Vif, confirma Harper.

— Si, quand même, rectifia Harry.

— La première fois, il y avait les Détraqueurs, opposa son camarade. Et la seconde, ton gardien de but t'a assommé.

— Je n'ai pas joué tous les matchs, tempéra Harry.

— Mais quand tu les joues, il y a du spectacle. J'ai adoré la fois où tu as envoyé un Patronus contre cet imbécile de Malefoy juste avant de choper le Vif.

Harry dévisagea Harper, stupéfait de trouver en lui un tel supporter.

— Eh bien, admira Pritchard. Joli palmarès. Mais pourquoi envoyer un Patronus contre ce Malefoy ?

— Il s'était déguisé en Détraqueur, révéla Harper, qui, en un haussement d'épaules, montra à quel point il désapprouvait le procédé.

— Tu n'aimais pas Malefoy ? s'étonna Harry.

Harper le regarda un peu narquois.

— Ça t'étonne ? Parce que je suis Serpentard, je dois aimer tous les Serpentards ? T'aimais tous les Gryffondors, toi ?

— Euh, non, convint Harry.

Il vit que Pritchard suivait leur échange avec un regain d'acuité et se sentit un peu en minorité.

— Et si tu te poses la question, continua Harper, je ne déteste pas tous les Gryffondors non plus. Je sais faire la différence entre mes adversaires et mes ennemis.

Harry sentit qu'il devait répondre :

— Moi aussi, je sais faire cette différence, affirma-t-il.

Il se tourna vers son partenaire et indiqua :

— Et j'ai bien compris que tous les Serpentards n'approuvaient pas Voldemort.

Harper tiqua à l'énoncé du nom, mais Pritchard n'en sembla pas incommodé. Il rendit juste son regard à Harry en lui adressant son demi-sourire.

*

Un vendredi matin, Harry trouva un mot sur la table de la cuisine :

George invité pour ce soir. Tu rentres tard ?

Harry griffonna rapidement :

Vers 20 heures. Prenez l'apéro sans moi.

Hermione serait là aussi puisqu'on était vendredi, mais pas Ginny, hélas. Heureusement, elle devait rentrer une semaine entière pour les fêtes à la fin du mois et il attendait ce moment avec impatience, même s'il savait qu'il aurait des astreintes et qu'il ne profiterait pas d'elle autant qu'il le voudrait.

Quand il rentra douze heures plus tard, Ron servait à boire à George et à une très jolie jeune fille qu'il ne connaissait pas.

— Qui est-ce ? demanda-t-il tout bas à Hermione qui s'était avancée pour l'accueillir.

— La nouvelle vendeuse de George et Ron. Il ne t'en a pas parlé ?

— On ne s'est pas tellement vus cette semaine, justifia Harry. J'ai eu pas mal de gardes.

— Et tu ne la reconnais pas ?

— Je devrais ?

— C'est Éloïse Midgen. Elle était de notre année à Poufsouffle.

Harry sentit sa mâchoire s'affaisser. Même en rajoutant les boutons, il avait du mal à la faire coïncider avec ses souvenirs.

— Qui aurait dit qu'elle deviendrait aussi jolie, commenta Hermione d'une voix narquoise. Quel dommage qu'aucun de vous n'ait daigné l'inviter au bal de Noël, hein ?

Il fallut plusieurs secondes à Harry pour comprendre de quoi Hermione parlait. Quand il se remémora enfin la scène, il se dit que les filles avaient une mémoire d'éléphant et la rancune tenace. Harry récupéra sa mâchoire et s'approcha des trois autres pour les saluer. Un peu plus tard, en sirotant son hydromel, Harry demanda à Éloïse :

— Tu as travaillé dans d'autres boutiques, avant de venir chez les Weasley ?

— J'ai fait quelques petits boulots chez les Moldus, avoua-t-elle avec un sourire gêné.

— Ah bon ?

— C'était pendant l'Année des Ténèbres. Je n'ai pas pu retourner à Poudlard, puisque mes parents sont moldus. Mais nous n'avons pas été inquiétés, grâce à mon ami Don Stebbins qui a fait venir son père pour sécuriser ma maison. Comme je n'avais pas de diplôme, j'ai pris ce que j'ai trouvé comme travail : caissière dans une grande surface.

Les garçons la regardèrent sans comprendre.

— Je faisais payer les gens quand ils sortaient d'un très grand magasin, expliqua la jeune fille. Cela n'a rien à voir avec chez nous : on encaisse sans parler aux clients. Ils sont tellement nombreux qu'il y a plein de personnes qui font la queue et ils sont toujours très pressés. Enfin bref, je n'ai appris qu'en décembre dernier que la guerre était finie chez nous et c'était trop tard pour me réinscrire à l'école.

— Stebbins ne t'a pas prévenue qu'on avait repris Poudlard ? demanda Harry.

Il se rendit très vite compte que c'était une gaffe, aux regards consternés de George et Ron, doublés du coup de pied féroce qu'il reçut d'Hermione.

— Don a suivi son père à la campagne et ils ont été tués par des Rafleurs. Ils étaient sang-purs, mais très opposés au régime des Ténèbres.

— Je suis désolé, s'excusa Harry confus.

— Tu ne pouvais pas savoir, l'exonéra Éloïse d'une voix triste. Quoi qu'il en soit, mes parents ne voulaient pas que je revienne dans le monde sorcier, car ils pensaient que c'était trop dangereux. Mais il y a un mois, j'ai craqué. Mon travail était nul et cela me manquait terriblement de ne plus faire de magie. Et puis j'avais peur qu'un jour je ne puisse plus me contenir. Plus le temps passait, plus je sentais que lorsque je m'énervais ou quand j'étais triste, j'avais des picotements dans les mains et je sentais la magie essayer de sortir. Je me suis dit qu'un jour ça allait exploser et que j'allais blesser quelqu'un.

Harry échangea un bref regard avec Hermione et Ron. Ils savaient à quel point les craintes de la jeune fille n'étaient pas exagérées.

— Mes parents n'étaient pas contents, mais j'ai décidé d'essayer au moins une fois. La semaine dernière, je suis allée à Pré-au-Lard puis sur le Chemin de Traverse, en me disant que si je ne trouvais pas de travail ce jour-là, je laisserais tomber. Mais j'ai eu de la chance, Ron et George ont bien voulu me prendre à l'essai.

— On a vraiment besoin de quelqu'un, justifia Ron, les oreilles rouges.

— Quelle chance ! commenta Hermione.

Le ton était sincère et seuls Ron et Harry purent en soupçonner l'ironie, d'autant qu'Hermione enchaîna tout de suite :

— Tu devrais inviter tes parents à venir sur le Chemin de Traverse, cela les rassurerait peut-être.

— C'est une bonne idée, je vais y penser, répondit Éloïse en souriant de gratitude à Hermione.

Elle était vraiment très jolie.

La soirée fut agréable, d'autant que, par égard pour la nouvelle venue, George fit un effort pour participer à la conversation. Harry se dit que c'était une expérience à recommencer. Ils pourraient inviter Neville ou Dean. Pourquoi pas leur ancienne équipe de Quidditch ? Il serait heureux de revoir Olivier Dubois et Katie Bell. Alicia et Angelina, qui travaillaient avec lui au bureau des Aurors, seraient également de la partie.

Oui, cela pourrait faire une soirée sympa – enfin, peut-être pas pour Hermione !

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Fleur redoutable joueuse d'échec, est une transfuge de Trois délicieux repas par jour de Fenice.

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