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VIII : Un an, déjà


Repères chronologiques

2 mai 1998 : Bataille de Poudlard

1er septembre 1998 : Harry entre en septième année

Période couverte par le chapitre : 19 avril au 23 juillet 1999

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Harry se traîna mélancoliquement toute la journée du lendemain, ayant peine à se concentrer pendant les cours. Il était douloureusement conscient de la présence rigide de Ginny à ses côtés, de son corps devenu comme étranger et de son refus à croiser son regard.

Il ne se souvenait pas de ce qu'il avait écrit dans ses devoirs rédigés la veille, mais il les rendit sans même les relire. En sortant de son dernier cours, il hésita sur ce qu'il allait faire. Il savait qu'il serait incapable d'étudier sérieusement. Il aurait bien fait un tour dans le parc, mais il pleuvait à verse. Il sentit un souffle chaud dans son cou et une voix murmura :

— On va à la bibliothèque ?

Il hocha la tête et ils marchèrent en silence, sans se prendre la main, mais leurs épaules se frôlant parfois. Un peu avant d'atteindre leur destination, Ginny bifurqua et entraîna Harry dans une classe vide. Elle le poussa contre une table sur laquelle il s'assit à moitié et elle se planta devant lui le touchant presque.

— Je ne veux pas qu'on soit fâchés, dit-elle en le regardant dans les yeux. On peut se parler de nouveau ?

— Je croyais que c'était toi qui m'en voulais, souffla-t-il troublé par sa proximité.

— Et bien, c'est fini, maintenant, assura-t-elle avant de bâillonner les lèvres de son amoureux avec les siennes.

Quand ils repartirent pour la bibliothèque, on aurait pu croire que rien ne s'était passé. Les jours suivants, ils travaillèrent ensemble comme d'habitude, se ménageant de très rares et très courts moments de détente. Harry savait pourtant que rien n'était réglé entre eux. Mais il leur restait six semaines avant le début des examens et il était déterminé à en profiter. De plus, il devait absolument obtenir de bonnes notes dans ses cinq matières et il ne pouvait se permettre de se laisser distraire par quoi que ce soit. Il décida donc de vivre au jour le jour, sans se préoccuper de ce qui se passerait ensuite.

Mais régulièrement, il ne pouvait s'empêcher de songer qu'il avait été bien mal inspiré de lui offrir ce balai.

*

Le 2 mai, date anniversaire de la Bataille de Poudlard, amena au château ceux qui avaient combattu l'année précédente ou qui avaient perdu des proches ce jour-là. Pour l'occasion, les cours furent supprimés et les élèves concernés purent retrouver leur famille. Curieusement, ce fut plutôt une bonne journée pour Harry. Un an avait passé et il avait accepté la disparition de ses parents et amis. Nul regret n'entachait leur mémoire. La conversation qu'il avait eue avec leurs fantômes en ce jour fatidique l'avait convaincu qu'ils l'aimaient et étaient fiers de lui. Harry se sentait en paix quand ils pensaient à eux.

On ne lui demanda pas de jouer un rôle quelconque et il put en toute quiétude déambuler parmi les personnes présentes, Teddy sur les épaules. Il en profita pour parler avec ses camarades et connaissances. Neville lui raconta combien son métier chez un apothicaire lui plaisait. Il était chargé de cultiver les simples qui servaient de base aux préparations.

— Je dois aussi apprêter des potions faciles, précisa-t-il. J'ai eu un peu peur au début, mais tout s'est bien passé finalement. Rien à voir avec les cours de cet abruti de Rogue ! Oh, pardon Harry !

— Ne t'en fais pas, je sais qu'il était un prof détestable et injuste, sourit Harry.

Lavande, sur la recommandation de la professeure Trelawney, travaillait dans un magasin d'articles pour la divination. Elle était, elle aussi, très satisfaite de son sort.

— On rencontre des personnes très intéressantes, confia-t-elle à Harry. Par contre, d'autres sont de vrais charlatans, je le vois du premier coup d'œil.

Harry opina gravement, en tentant de ne pas regarder en direction de Trelawney qui bénéficiait toujours du respect si peu mérité de son ancienne élève.

Angelina Johnson, Michael Corner, Anthony Goldstein, Alicia Spinnet et Seamus Finnigan étaient devenus Aurors. Ils défilèrent auprès de Harry en ordre dispersé pour lui dire qu'ils attendaient avec impatience qu'il les rejoigne. Harry s'étonna du nombre de ses comparses à pratiquer ce métier, mais se souvint que Kingsley lui avait confié qu'il allait faire un grand ménage au sein des chasseurs de mages noirs. Sans doute avait-il fallu remplacer ceux qui étaient partis.

Après avoir agréablement bavardé avec ses amis, Harry revint vers les Weasley qui étaient restés groupés avec Andromeda. Pour eux, c'était une journée difficile. Une fois de plus, Harry ressentit son incapacité à les soutenir dans ces circonstances. Il se rapprocha de Ginny, mais elle semblait préférer la présence de ses frères à la sienne.

Hermione prit le bras de Harry et s'éloigna avec lui.

— Je crois qu'ils ont besoin d'être là, mais qu'ils n'ont pas envie de parler, lui souffla-t-elle.

Harry regarda son meilleur ami qui généralement s'appuyait sur Hermione quand il était en détresse. Il contemplait le lac, les yeux vides.

— J'ai l'impression que Ron tient moins bien le choc que l'année dernière, s'inquiéta Harry.

— Il y a un an, il n'avait pas encore réalisé. Depuis, il a travaillé comme un fou à la boutique et a donné toute son énergie pour maintenir George à flot. Je pense qu'il a enfin pris la mesure de l'absence de son frère, expliqua Hermione d'une voix triste.

— Seulement maintenant ? s'étonna Harry.

— Tout le monde ne réagit pas de la même façon.

— Qu'est-ce qu'on peut faire ? demanda-t-il.

— Pas grand-chose, hélas. Il faut qu'il fasse son deuil, comme les autres. Ne t'en fais pas, il s'en sortira, affirma-t-elle comme pour s'en convaincre elle-même.

La subite prise de conscience de Ron perturba Harry plus que ne l'avait fait tout le reste. Il se demanda si lui-même n'était pas effroyablement insensible. Ne devrait-il pas se sentir plus abattu par la commémoration de la mort de ses amis ? Il avait aimé et apprécié Fred, Remus, Tonks, Dobby et Dumbledore. Colin était un camarade, même s'ils n'étaient pas très proches. Pourquoi n'était-il pas plus triste ?

— Ne t'en fais pas Harry, lui dit doucement Hermione. Ron va s'en remettre et accepter ce qui s'est passé, comme toi.

— Comme moi ? répéta-t-il d'un ton amer. Tu voudrais qu'il oublie, comme moi ?

Elle le dévisagea, interloquée, avant de lui dire avec force :

— Mais oui, Harry. Cela ne sert à rien de se sentir coupable ou de refuser de vivre parce que d'autres n'ont pas eu cette chance ! Qu'aurions-nous fait si tu ne t'étais pas remis de la disparition de tes parents, de celle de Sirius ou celle de Dumbledore ? Tu penses que tu as mal agi en te battant comme tu l'as fait ?

— Non, bien sûr !

— Ils sont morts pour que nous soyons heureux. Ce n'est pas les trahir que de l'être !

— D'accord. Merci Hermione.

— De rien, dit-elle en lui serrant le bras. Bon, changea-t-elle de sujet, si tu faisais un peu marcher Teddy ?

L'enfant était toujours perché sur les épaules de son parrain, ravi d'avoir une vue panoramique sur l'assemblée. Il avait salué chacun des interlocuteurs de Harry par des gazouillis et avait répondu par de grands sourires à tous les compliments qu'on lui avait adressés. Le jeune homme le posa sur le gazon et Teddy s'empressa de faire la démonstration de sa dernière acquisition : la marche en bipédie. Il avait tendance à tomber tous les deux mètres, mais se remettait vaillamment debout et continuait son chemin. Harry passa le quart d'heure suivant à lui courir après. Ils se promenèrent en zigzaguant entre les participants. Certains commençaient à parler à Harry quand celui-ci attendait que son filleul se relève, mais Harry repartait en trombe dès que l'enfant reprenait sa route, craignant de le perdre dans la foule.

Peu à peu, les rangs des personnes présentes s'éclaircirent, au fur et à mesure que les sorciers retournaient chez eux. Harry et Ginny embrassèrent les Weasley avant qu'ils ne s'en aillent puis remontèrent dans leur salle commune.

*

Harry fit de son mieux pour réconforter Ginny les jours suivants. Heureusement, la jeune fille était forte et se replongea dans le travail scolaire. Les semaines passèrent de plus en plus vite à mesure que la date des examens se rapprochait. Quelques jours avant le commencement des épreuves, Ginny partit une demi-journée à Pré-au-Lard et revint ravie d'avoir réussi son examen de transplanage.

L'arrivée des examinateurs à Poudlard rendit Harry et Ginny fébriles. Ils se consacrèrent entièrement à leurs copies d'examens, se faisant réviser de façon maniaque entre chaque séance. La période des écrits se termina enfin et ils abordèrent les tests pratiques. Harry fut assez satisfait de sa prestation en métamorphose : on lui demanda de transformer un briquet en dragon miniature et il en avait vu d'assez près pour que sa représentation soit criante de vérité. Il espéra que cela rattraperait la partie théorique dans laquelle il avait oublié un ou deux détails.

Il s'en sortit plutôt bien en enchantements – son travail acharné avait payé. Il fit une petite confusion en botanique, mais l'examinateur ne sembla pas s'en formaliser. Sa potion fut correcte, peut-être laissée une demi-minute de trop, mais cela la rendit un peu épaisse, sans impact sur son efficacité. On ne lui demanda pas grand-chose en défense contre les forces du Mal : juste de lancer un Expelliarmus.

— C'est tout ? s'étonna-t-il quand son examinatrice lui indiqua que l'épreuve était terminée. Vous ne voulez pas que je fasse autre chose ?

— Avec vous, cela semble suffisant, lui répondit Griselda Marchebanck avec un grand sourire. Je vous donne un O.

Après avoir fait la grasse matinée le lendemain de leur dernier examen, Ginny et Harry allèrent prendre l'air dans le parc. Au bord du lac, ils s'assirent côte à côte dans l'herbe. Après avoir laissé passer un moment de silence, Harry demanda :

— Que penses-tu faire, le mois prochain ?

— Prendre des vacances, répondit-elle, le regard fixé vers l'eau qui clapotait à leurs pieds.

Harry n'osa pas insister, de peur qu'elle n'interprète mal ses questions. Mais la jeune fille reprit la parole au bout d'un petit instant, sans tourner la tête :

— Je vais rentrer au Terrier et me reposer un peu. Dans dix jours, j'ai rendez-vous avec la présidente des Harpies et on signera notre contrat. Ensuite, j'annoncerai la nouvelle à mes parents.

Elle laissa passer un moment avant d'enfin le regarder et lui demander :

— Tu ne leur diras rien avant ?

Harry mit quelques instants avant de comprendre ce qu'elle craignait :

— Tu crois que j'irais cracher le morceau pour qu'ils tentent de t'en empêcher ?

— Je sais qu'ils ne vont pas comprendre.

— Mais tu crois vraiment que je te ferais ça ? répéta Harry avec colère. Mais pour qui tu me prends ?

Ginny rougit. Elle baissa les yeux et chuchota d'un air gêné :

— Tu semblais tellement opposé à cette idée. J'ai eu peur, tout à coup...

Harry ne répondit rien. Il se sentait blessé par sa défiance et préférait se taire plutôt que de dire ce qu'il avait sur le cœur.

— Comprends-moi, Harry, plaida Ginny en arrachant une touffe d'herbe d'un geste nerveux, je sais que tout le monde va être contre moi. Tu crois que cela m'amuse de devoir me battre contre ma famille ?

— Je suis certain qu'Hermione te soutiendra, grommela Harry encore agacé, mais touché malgré lui par la faiblesse qu'il entendait dans sa voix.

— Je préférerais que ce soit toi qui me soutiennes, murmura Ginny.

Son visage se crispa comme si elle retenait ses larmes et elle détourna la tête.

Harry inspira profondément, tentant de remettre de l'ordre dans ses pensées et ses sentiments. Il ne voulait pas perdre Ginny, c'était une évidence pour lui. Or il craignait que de vivre séparément ne les éloigne l'un de l'autre. Par ailleurs, il sentait bien qu'elle ne lui pardonnerait jamais s'il ne la soutenait pas dans son rêve.

Il la revit, pendant sa cinquième année, partageant avec lui son œuf de Pâques pour lui redonner le moral, lui assurant qu'elle s'arrangerait pour qu'il puisse parler à Sirius. Il se remémora l'année suivante quand elle avait accepté leur rupture sans protester, comprenant pourquoi leur relation était devenue trop pesante pour lui. Elle n'avait pas non plus tenté de le retenir lorsqu'il était parti avec Ron et Hermione, alors même qu'elle avait dû se sentir frustrée de ne pouvoir l'aider comme ses amis le faisaient.

Dans le fond, ce qu'elle attendait de lui, c'est ce qu'elle lui avait elle-même accordé tant de fois : un soutien sans faille et l'acceptation de ses choix. Il se demanda si cela avait été aussi dur pour elle que ça l'était maintenant pour lui. Il se rapprocha d'elle et l'enlaça. Elle ne bougea pas, continuant à fixer le lac devant eux.

— Je t'aiderai, dit simplement Harry.

— C'est vrai ? répondit-elle en pivotant vers lui.

— Oui. Si c'est important pour toi, il faut que tu le fasses, affirma-t-il en se forçant.

— Oh, Harry, je t'adore, s'écria-t-elle en le serrant contre elle.

Il lui rendit son étreinte et ne put s'empêcher de murmurer :

— Tu crois que nous deux, ça va tenir ?

Il craignit qu'elle lui reproche encore de ne penser qu'à lui, mais elle avoua :

— Ça me fait peur aussi. Je ne veux pas tout gâcher entre nous. Mais je sais que si je ne le fais pas, j'aurai des regrets.

Les regrets, Harry comprenait. Il en avait assez traîné pour savoir à quel point ils peuvent tout empoisonner.

— J'espère que les joueurs de Quidditch ont des vacances, soupira-t-il.

— S'ils n'en ont pas, j'en prendrai, lui assura Ginny avec un petit rire.

*

Cette année-là, ce fut Poufsouffle qui gagna la Coupe des Quatre maisons. Sans retrait de points arbitraire infligé par un professeur de potions irascible ni d'activités extrascolaires héroïques, la compétition inter maisons avait été un peu morne, et l'assiduité et l'étude avaient payé.

Le Quidditch avait permis aux Poufsouffles de passer de justesse devant les Serdaigles. Les Gryffondors, par contre, n'arrivaient qu'en troisième position malgré leur performance sportive, handicapés par l'indiscipline chronique qui les caractérisait. Les Serpentards étaient bon derniers, l'hostilité générale contre eux étant telle – en dépit des efforts du directeur pour condamner toute attitude agressive à leur égard – que les plus jeunes osaient à peine prendre la parole en classe, ce qui les avait empêchés de grappiller des points pendant les cours.

*

Dans le train qui les ramenait chez eux, Harry demanda à Ginny si elle réalisait que c'était leur dernier voyage en Poudlard Express.

— Pas vraiment. De toute façon, cette année était bizarre. Toi dans ma classe, Colin absent... Tu sais que je suis contente de ce que je vais faire maintenant... Et toi ? questionna-t-elle précipitamment, voulant éviter le sujet sensible.

Harry accepta de ne pas épiloguer sur le futur de Ginny et analysa ce qu'il ressentait :

— Moi aussi, j'ai du mal à considérer cette année comme normale sans Ron et Hermione. Ça a surtout été un passage obligé pour poser ma candidature comme Auror. Ça aurait été long si tu n'avais pas été là. Maintenant, je suis pressé de devenir Auror, mais tu vas me manquer...

— Je n'ai pas l'intention de disparaître de ta vie, lui promit Ginny, ne le rassurant qu'à moitié.

Ils retrouvèrent avec joie toute leur tribu. Charlie, qui était venu les féliciter, les quitta le dimanche soir et Molly se lamenta sur les enfants qui partaient travailler loin des leurs. Harry remarqua que Ginny serrait les dents à chaque fois que sa mère répétait cette rengaine. Il savait qu'il aurait dû être désolé pour elle, mais une part de lui-même, dont il n'était pas fier, se réjouissait de la voir à son tour souffrir de la décision qu'elle avait prise.

Il se sentait d'autant plus agacé par la situation qu'il avait espéré que leur retour au Terrier leur permettrait de reprendre les intermèdes amoureux expérimentés lors de leurs précédentes vacances, mais la présence permanente de Molly, qui avait abandonné temporairement ses occupations pour les accueillir, les empêchait d'avoir un moment d'intimité.

Le samedi qui suivit leur arrivée, Ginny dut invoquer des courses à faire pour se rendre à la rencontre prévue avec la présidente du club des Harpies et la capitaine de l'équipe. Harry, malgré toutes les réserves que suscitait en lui ce projet, accompagna son amie à Pré-au-Lard. Alors qu'ils s'approchaient des Trois Balais, Ginny ralentit sa marche et s'arrêta à une vingtaine de mètres de son but.

— Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Harry.

— Tu crois que je dois le faire ? demanda-t-elle d'une voix étranglée.

Il la contempla avec surprise. Sa belle assurance semblait s'être envolée et, pour la première fois de sa vie, il vit l'indécision dans son regard. Du coup, il se sentit plein de sollicitude à son égard et entreprit de lui donner les encouragements dont elle avait besoin :

— Vas-y ! Tu as fait le bon choix.

— Mais si je ne suis pas assez bonne, finalement ?

— Elles vont te trouver géniale, lui assura-t-il. C'est ton capitaine qui te le dit.

— Et Harry, il me dit quoi ?

— Que ça l'embête que tu partes, mais il sait que si tu ne tentes pas ta chance, tu lui casseras les pieds encore plus.

Ginny eut un petit sourire et reprit sa marche vers le pub. Sur le seuil, elle s'interrompit un instant. Harry allait lui proposer de l'accompagner à l'intérieur quand elle carra les épaules, ouvrit la porte et entra résolument.

— On se retrouve ici ! eut juste le temps de lui lancer Harry.

Le battant se referma derrière elle. Harry resta un petit moment dans la rue, hésitant sur ce qu'il allait faire en l'attendant. Puis il eut une idée et se mit en marche. En entrant dans l'établissement, il nota que la clientèle n'avait pas changé : toujours aussi louche.

Il s'assit au comptoir et le barman se tourna vers lui :

— Eh bien, voyez qui vient nous rendre visite !

— Je voulais savoir ce que vous deveniez, lui dit Harry.

— Que veux-tu qu'il m'arrive ? À cent ans et des poussières, je suis dans mes plus belles années.

Harry sourit. Abelforth essuya vaguement son comptoir avec un chiffon sale puis remarqua :

— Finalement, tu as réussi à faire ce dont mon frère t'avait chargé.

— Je pense que oui, répondit lentement Harry se demandant pourquoi son interlocuteur lui disait cela.

— Mais ça n'a pas été facile.

— J'ai bénéficié d'aides inespérées, temporisa le Survivant.

— D'autres victimes d'Albus, je suppose, insinua l'homme d'une voix acide.

Harry allait protester, mais il repensa à Rogue.

— Nous connaissions les risques, préféra-t-il dire. Il ne nous disait pas tout, mais nous savions à quel point c'était dangereux. Je ne regrette pas de l'avoir écouté.

Comme l'autre le fixait sans répondre, Harry ajouta :

— Il s'en voulait sincèrement pour ses erreurs.

— Ce n'est pas ça qui les répare, grommela Abelforth. Mais je suppose que tu n'es pas tellement concerné par tout cela, reconnut-il d'une voix radoucie.

Le vieil homme laissa passer un temps puis admit :

— Tu as fait du bon travail en fin de compte.

Il reprit son chiffon puis releva brusquement les yeux en demandant :

— Comment va le rouquin qui a perdu son jumeau ?

La chaleur qui avait envahi le regard bleu de son interlocuteur rappela à Harry son ancien directeur et il dut déglutir avant de répondre :

— Il a beaucoup changé. On a réussi à lui faire rouvrir sa boutique, mais c'est son frère Ron qui fait l'essentiel du boulot.

— Je les aimais bien ces deux-là, dit l'homme d'une voix nostalgique. C'est chez moi qu'ils s'approvisionnaient en Bièraubeurre quand ils faisaient le mur. La Rosmerta, elle est bien gentille, mais elle aurait été capable de les dénoncer. On discutait un coup, ils me racontaient leurs dernières inventions. Je leur ai même appris deux ou trois choses que leur maman désapprouverait.

Harry ne put empêcher son sourire de revenir. C'est vrai que cette paire de lascars avait dû bien s'entendre avec ce misanthrope cynique.

— Un coup à boire ? demanda le vieil homme.

— Je prendrais bien une Bièraubeurre, accepta Harry.

— T'es un grand, maintenant, lui rétorqua Abelforth en posant devant lui un verre de whisky Pur-Feu.

Harry titubait un peu, mais trouvait que la vie était bien belle quand il descendit précautionneusement de son tabouret pour aller retrouver Ginny. Elle était déjà sortie et le cherchait du regard lorsque Harry la rejoignit.

— Alors ? demanda-t-il.

— J'ai signé ! répondit-elle avec un grand sourire, toute hésitation manifestement envolée.

— Félicitations ! beugla-t-il en lui donnant une tape dans le dos.

— Dis, qu'as-tu fait pendant ce temps ? questionna-t-elle soupçonneuse.

— J'ai eu une petite discussion entre hommes.

*

Ginny n'eut pas longtemps à patienter pour révéler la nouvelle à sa famille. Le lendemain, Bill et Fleur les rejoignirent pour le déjeuner dominical. La jeune fille attendit le dessert pour déclarer :

— J'ai rencontré Gwenog Jones hier, à Pré-au-Lard.

— La capitaine des Harpies de Holyhead ? s'écria Ron. Tu lui as demandé un autographe ?

— Non, c'est moi qui lui en ai donné un, répondit Ginny.

Un silence surpris accueillit ses paroles. Puis Bill reprit, comme s'il participait à une plaisanterie :

— Elle t'a vu jouer sur ton nouveau balai ?

— Oui, et elle m'a proposé un poste de poursuiveuse, explicita Ginny.

Nouveau silence.

— Tu rigoles ? demanda Ron.

— J'ai un contrat, assura Ginny.

— Tu as signé quelque chose ? s'inquiéta Arthur. Tu aurais dû nous en parler avant, ma chérie. Tu n'as pas l'habitude des textes juridiques.

— Ce n'est pas sérieux ! s'exclama Mrs Weasley. Pourquoi t'aurait-on proposé un poste chez les Harpies, Ginny ?

— Peut-être parce que je suis douée pour le Quidditch, répondit sa fille.

— Mais enfin, ce sont des professionnelles ! rappela Molly.

— Eh bien moi aussi, je le serai, affirma sa fille.

— Ma chérie, intervint Mr Weasley, pourrais-tu me montrer ce que tu as signé ?

Ginny se leva pour chercher le papier dans sa chambre.

— Il est hors de question que nous la laissions faire ça ! s'exclama Molly. Il faut faire annuler ce document.

— On devrait demander à Charlie de lui trouver un stage dans sa réserve de dragons, proposa Bill. Cela lui fera peut-être oublier le Quidditch.

— Ce n'est pas drôle, affirma Molly alors que les sourires fleurissaient autour de la table.

— Maman, il y a tout de même pire que le Quidditch, insista Bill.

— La robe des Arpies ira très bien avec ses cheveux, renchérit Fleur.

— Beaucoup de joueurs font ensuite carrière au ministère, tenta de la rassurer Percy.

— Vous croyez qu'on aura des places pour voir les matchs ? s'enthousiasma Ron.

Harry se dit que Ginny avait été pessimiste en pensant que tous les siens s'opposeraient à son choix. Dans le fond, il n'y avait que lui et Mrs Weasley pour se désoler de son envol. Il se sentit troublé de se trouver ainsi relégué dans le camp des mères de famille.

— Il n'est pas question que Ginny soit une Harpie ! martela Molly.

À ce moment, sa fille passa derrière elle et déposa son contrat devant son père. Arthur lui sourit d'un air rassurant et entreprit de lire le parchemin.

— Ginny, tu ne vas pas faire cette folie ? commença Mrs Weasley.

— Et pourquoi pas ?

— Tu as un bon balai, sans doute, mais tu n'as pas leur niveau.

— Tu le sais mieux que leur sélectionneuse, peut-être !

— Je reprendrais bien du dessert, intervint Ron

Tout le monde tendit son assiette, mais Molly ignora superbement la tentative de diversion et changea de tactique :

— Et toi Harry, qu'en penses-tu ?

— Hein ? demanda le Survivant pris par surprise.

Il vit le regard suppliant que sa petite amie lui lançait et il décida de ne pas la décevoir :

— Je suis d'accord avec Ginny, affirma-t-il d'une voix qu'il espérait ne pas sonner trop faux. C'est une opportunité formidable.

— Mais elle va partir pendant des mois ! souligna sournoisement Molly.

Harry serra les dents et fit remarquer, reprenant les arguments que Ginny lui avait opposés :

— Moi aussi, je serai occupé si je vais chez les Aurors.

— Tu veux vraiment qu'elle fasse cela ? insista Molly qui manifestement ne le croyait qu'à moitié.

— Je suis très fier d'elle, affirma-t-il bravement, espérant qu'il arriverait un jour à se convaincre lui-même de ce qu'il avançait.

— Cela m'a l'air correct, finit par déclarer Mr Weasley émergeant du parchemin. Maintenant que Ginny a signé, elle devra verser des pénalités en cas de dédit, sauf maladie ou grossesse. J'espère qu'aucune de ces excuses n'aura à être invoquée, précisa-t-il en jetant un regard rapide vers Harry qui se sentit rougir. Le salaire qu'on lui propose est très intéressant. Surtout pour un premier emploi.

— Tu commences quand ? demanda Percy, empêchant sa mère de reprendre la parole.

— Dans quinze jours. La Coupe de la ligue a débuté et je verrai de l'intérieur comment ça se passe. Mon véritable entraînement démarrera en septembre.

— Félicitations, Ginny, s'exclama Hermione, en levant son verre.

Les autres suivirent le mouvement, sauf Mrs Weasley qui resta obstinément les dents serrées pendant que chacun buvait à la santé de la dernière recrue des Harpies.

*

Les jours suivants furent tendus entre la mère et la fille. Molly faisait la tête même à Harry qui trouvait ce traitement injuste. N'était-il pas le premier à pâtir de la décision de Ginny ? Entre sa petite amie qui préparait sa malle en fredonnant et sa mère adoptive qui lui parlait froidement, il se sentait quelque peu incompris.

Heureusement, Mrs Weasley n'était pas toujours là et, quand ils se retrouvaient enfin seuls, Ginny était encline à prouver à Harry combien il allait lui manquer. C'était certes une consolation, mais bien maigre au regard de ce que Harry avait escompté. Ginny lui redonna cependant une lueur d'espoir lors d'un de ces instants privilégiés :

— Quand penses-tu t'installer de ton côté ? lui demanda Ginny, lovée dans ses bras.

— Rien ne presse, lui répondit-il un peu amer. Pourquoi veux-tu que je rentre chaque soir dans une maison vide ?

— Tu pourras toujours passer ici lorsque tu te sentiras seul, mais quand je serai là pour le week-end, une maison vide pour nous deux ne me paraît pas une si mauvaise idée !

— Tu ne joueras pas le dimanche ? s'étonna-t-il.

— Pas toutes les semaines.

Harry sentit tout à coup son moral remonter en flèche.

— Tu viendrais me voir chez moi si je m'installais Square Grimmaurd ? demanda-t-il avec espoir.

— Bien sûr. Ce sera plus tranquille qu'ici pour se retrouver tous les deux.

— Tes parents vont finir par se douter de quelque chose, remarqua Harry.

Ginny éclata de rire.

— Parce que tu imagines qu'ils ne sont pas au courant ? Ils ne sont pas idiots.

— Tu es sûre qu'ils savent ? s'affola Harry.

— Je ne pense pas que la petite conversation que j'ai eue avec maman sur les sorts contraceptifs pendant les vacances de Pâques soit complètement fortuite. Tu crois être le seul à avoir remarqué que Ron rentre régulièrement à six heures du matin ? Encore un qui se croit discret...

— Et ça ne les embête pas ? s'inquiéta Harry mal à l'aise.

— Ils vous aiment bien, toi et Hermione, et puis ils doivent bien savoir que cela ne servirait à rien de chercher à nous en empêcher. Quand ils avaient notre âge, ils étaient déjà mariés et Bill était en route.

Harry se sentit très embarrassé. Il n'allait plus oser regarder Mr et Mrs Weasley en face !

*

Quelques jours avant le départ de Ginny, ils reçurent leurs résultats scolaires. Harry se souvint soudain que sa carrière dépendait de ses notes. Il en fut tellement ému qu'il lui fallut de longues secondes pour déchiffrer les annotations. Il avait obtenu des E en botanique, métamorphose et potions. Deux magnifiques O récompensaient ses efforts en sortilège et défense contre les forces du Mal.

— Alors ? demanda Ginny.

— Trois E et deux O... C'est bon, se réjouit-il. Je vais pouvoir poser ma candidature.

— Oui, Harry, bravo, tu feras un Auror formidable ! le félicita-t-elle en lui sautant dans les bras.

— Et toi ? s'enquit-il avec un instant de retard.

— O en défense et en métamorphose. Des E dans les autres matières.

— On est les meilleurs ! se vanta-t-il, satisfait de constater que les longues heures passées à travailler, et qui auraient pu être dévolues à des activités bien plus agréables, avaient vraiment servi à quelque chose.

— Deux O et trois E s'extasia Molly. Oh, ma chérie, mais tu aurais pu faire tous les métiers que tu aurais voulus.

— Mais je vais faire celui que je voulais ! rétorqua Ginny, agacée.

— Si on faisait un repas de fête, ce soir, coupa rapidement Harry.

— Bonne idée, accepta Molly.

— Je fais le gâteau, proposa Ginny.

Quand sa mère fut sortie de la pièce, Ginny se pencha vers Harry :

— Je vais dessiner un balai en garniture, le prévint-elle d'un ton féroce. Ça lui apprendra !

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Chat avec J.K. Rowling, 30 juillet 2007

o Abelforth est toujours à la Tête de Sanglier, il joue avec ses chèvres.

o [Ginny a été durant] quelques années une joueuse célèbre dans l'équipe des Harpies de Holyhead

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