Pendant que le cerveau d'Ellie surchauffait à la recherche d'explications logiques, son père gara la voiture devant la maison. La jeune fille sortit rapidement et se décida à monter les escaliers de sa maison rapidement pour se retrouver seule et ne pas avoir à subir les remarques de sa mère ou son frère. 

C'est sans compter sur la présence de son petit frère dans le salon qui, à son arrivée lui lança : 

- Alors la petite, qu'est ce que ça fait que d'être une grosse crêpe qui s'écrase au sol

Ellie n'était pas d'humeur et leva son majeur en direction de son idiot de frère. La mère d'Ellie qui avait assisté à toute la scène s'écria : 

- Hé c'est fini ces grossièretés, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Et pour ta gouverne, Matthias, la plus grande gloire n'est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute, s'exclama cérémonieusement la mère des jeunes adolescents. 

Les enfants étaient habitués à ce que leur mère trouve toujours une situation pour analyser le moindre de leurs faits et gestes. Elle était en effet prof de philosophie au lycée et était toujours aussi fière d'étaler ses connaissances et références dès que l'occasion se présentait. 

- Sur ce, je vous rappelle qu'avec votre père nous allons au restaurant ce soir et que nous rentrerons tard. Je suis désolée ma chérie de te laisser seule ce soir mais cela fait une éternité que nous ne sommes pas sorti avec ton père. Je suis sûre que ton petit frère saura veiller sur toi.

Ellie alla répliquer que son frère avait la maturité d'un gamin de cinq ans et qu'il ne risquait pas de faire quoi que ce soit sachant qu'il ne savait pas se gérer lui même mais Matthias la devança : 

- Non M'man je t'ai dit que j'avais une soirée avec des potes ce soir. Je peux pas louper ça à cause de ma godiche de sœur qui ne sait pas tenir debout.

- Je ne veux rien savoir, tu restes veiller sur ta sœur, elle a fait une grosse chute et il faut que quelqu'un la surveille pour être sur qu'elle n'ai rien de grave, trancha leur mère.

La conversation s'acheva sur des cris mais rien ne pu faire changer d'avis la mère. Le jeune homme parti en claquant la porte de sa chambre et en marmonnant je ne sais quelles injures.

Ellie n'étant pas d'humeur à se disputer avec sa mère, décida donc d'obtempérer. Sachant que ce qui la préoccupait le plus était les évènements récents, qui tournaient et retournaient dans sa tête sans aucune explication logique. Pour se changer les idées, elle décida de passer un coup de fil à son petit-ami qu'elle n'avait pas revu depuis le jour du match. Celui-ci la rassura et lui raconta brièvement les détails de la soirée pour ne pas chagriner Ellie. Cette dernière mit fin à la conversation quelques minutes plus tard en jurant à son petit ami qu'elle viendrait chez lui dès qu'elle se sentirait mieux pour fêter la fin d'année et rattraper ces derniers jours. 

La jeune femme déposa son téléphone mais voilà qu'elle entendit à nouveaux des bruits étranges, pas des voix non mais plutôt des grincements.

Elle chercha une explication logique, c'était sans doute son frère qui devait être en train de rager sur ses jeux en ligne.

Cependant, elle chercha quand même à être sure que ce qu'elle avait vu en arrivant chez elle n'était pas réel et bien le seul fruit de son imagination.

Elle décida alors de demander à sa mère si la route résidentielle était dangereuse ou s'il s'était passé des choses ces dernières années. Sa mère, surpris, lui demanda pourquoi cela et Ellie lui répondit qu'elle aimerait en savoir plus sur le lieu où elle vit et connaître le passé et les histoires marquantes qui avaient pu s'y dérouler. 

Sa mère lui expliqua alors qu'il ne se passait rien dans ce quartier tranquille et familial et que de plus en plus de familles cherchaient à acheter ici depuis qu'il y a cinq ans, les limitations de vitesse avaient été changés et passées à 30 km/h par raison de sécurité après qu'une personne âgée ait été sauvagement fauchée par un chauffard. Cela rassurait ainsi les parents qui pouvaient laisser plus librement leurs enfants s'amuser avec leurs copains dehors sans être inquiet constamment.

Cela attisa la curiosité d'Ellie qui demanda plus de détails à sa mère sur ce fameux accident. Sa mère lui rétorqua qu'elle n'en savait pas plus mais que cette histoire avait pas mal fait parler à l'époque, pauvre dame !

Ellie monta les escaliers quatre à quatre et se rua dans sa chambre pour faire des recherches sur cette fameuse histoire, si cela avait eu lieu, il devait bien avoir des articles de presse de l'époque qui en parlaient. 

En tapant quelques mots clés dans sa barre de recherche, elle tomba sur un certain nombre d'articles relatant l'histoire d'une octogénaire qui se serait fait faucher il y a de cela dix ans et le choc aurait été tellement violent que cela lui aurait arraché les deux jambes sur le coup.

Ellie commença à paniquer mais se rassura tant bien que mal en se disant que ce n'était qu'une coïncidence (même si je vous l'accorde cela faisait beaucoup), elle cliqua tout de même sur le premier article et quand elle déroula l'onglet, la photo sur laquelle elle tomba lui glaça le sang.

Sur le cliché datant de quelques années, on pouvait voir la victime souriant au photographe lors d'une belle journée ensoleillée. En légende on pouvait lire, l'octogénaire Denise Paril renversée hier matin par un chauffard a succombé à ses blessures. 

Le plus glaçant, pour Ellie n'était pas le fait que cette pauvre dame soit décédée mais que ce soit exactement la même femme qu'elle ait vue il y a de cela une demi-heure marchant sans jambes dans l'allée de son quartier résidentiel. Comment une personne décédée il y a dix ans pouvait lui apparaitre !

Ellie cogita toute la soirée, ignorant son idiot de frère qui quitta la maison familiale discrètement dès que leurs parents eurent tournés le dos. Elle ne ferma pas l'œil de la nuit, et réussit seulement à l'aube à s'endormir avec toute la fatigue accumulée mais cette Denise hanta ses songes.

Le lendemain, elle décida quand même de retourner en cours mais avec la peur au ventre de recroiser cette dame ou qu'il se passe des choses étranges. Vous devez vous demander sûrement pourquoi retourner en cours alors que c'était la fin de l'année. En fait, le lycée organisait une semaine de mise à niveau pour leur permettre de préparer au mieux leur entrée dans de prestigieuses universités où les niveaux pouvaient être assez hétérogènes entre les étudiants de différents horizons. Sa mère avait insisté pour qu'elle y assiste et la voila embarquée dans une semaine intensive de révisions et travail acharnés sans ses amis proches ni son petit-ami, parti en vacances avec sa famille.

Heureusement, rien à déclarer pendant toute la journée à part un B en maths, elle imagina déjà la tête de sa mère si elle ramenait cette note à la maison. Privée de sortie, c'est sure que sa mère n'allait pas se gêner pour la punir. 

Ellie n'était pas vraiment douée dans les matières scientifiques mais s'efforçait de les travailler pour son dossier, elle ce qui lui plaisait c'était le droit, défendre coûte que coûte, et les langues,  en particulier le français, cette magnifique langue mais quelques fois casse pied, se plonger dans des livres et passer des journées baigner dans de vieux bouquins. C'est tout en rêvassant qu'Ellie vit que son bus était arrivé à son arrêt et qu'il était en train de redémarrer.

Elle se releva maladroitement le plus vite possible et faillit chuter (comme ses notes), et cria au chauffeur de s'arrêter, heureusement c'était Tara qui conduisait aujourd'hui et avait l'habitude qu'Ellie oublie son arrêt en rêvassant ou parfois en s'endormant dans le bus. Celui-ci la réprimanda gentiment en lui rappelant d'être plus attentive la prochaine fois puis elle descendit afin de rejoindre son domicile qui était situé à dix minutes à pied de son arrêt.

Le chemin le plus rapide pour rentrer la faisait passer le long du fleuve qui serpentait sa ville natale.

A cette heure ci, peu de personnes osaient se balader avec le froid qu'il faisait même si l'été était là, le bord de la rivière était toujours brumeux et les températures sur ses berges ne plafonnaient jamais très haut. Le cours d'eau qui ne devait pas atteindre les plus de 5 °C créait un brouillard qui rendait le chemin assez lugubre.

Ellie y était habituée et ne s'en inquiétait pas plus. Elle voulu écouter de la musique pour faire passer le chemin du retour plus rapidement mais se rendit compte rapidement en fouillant dans son sac qu'elle avait oublié son casque dans le bus en se précipitant, elle se maudit et se jura de demander dès demain matin à la chauffeuse si elle ne l'avait pas retrouvé. Voila comment Ellie se retrouva à renter chez elle, seule, sans musique, dans un froid de canard brumeux.

Comme elle n'avait pas de musique, Ellie se distraya en observant les quelques canards qui barbotaient au bord du fleuve. Deux étaient en train de se battre pour quelque chose, de la nourriture supposa Ellie. Cela la fit sourire mais quand elle releva les yeux sur la rive d'en face son sourire disparut aussi vite qu'apparu.

Sur la rive voisine, le spectacle qui se jouait cloua Ellie sur place. Un homme, assez jeune de ce qu'elle voyait était en train de se battre. Ou ce qui s'apparentait à se battre. Vêtu tout de noir, ses mouvements paraissaient si rapides qu'Ellie crût voir un Ninja. Cependant le plus stupéfiant n'était pas qu'il se battait, même si cela n'arrivait pas souvent dans cette ville plutôt calme, mais plutôt le fait qu'il s'en prenait à quelqu'un de bien plus jeune que lui. Cela semblait être un petit garçon n'ayant pas plus de huit, neuf ans. Les coups cependant ne semblaient pourtant pas l'atteindre mais Ellie, en bonne justicière et aimante des enfants fut choquée et voulut aller secourir ce pauvre petit. Ses années passées à faire du baby-sitting pour les familles avoisinantes avaient accentué son côté grande sœur, elle ne pouvait pas laisser un enfant en détresse sans aucun autre adulte à l'horizon. 

Mais il n'y avait pas de ponts à l'horizon et le prochain était bien trop loin, le temps qu'elle l'atteigne l'enfant pourrait déjà être bien blessé. La seule chose qui lui vint à l'esprit, peut être pas malin me direz vous, fut de crier sur l'agresseur pour essayer de détourner son attention et permettre à l'enfant de s'enfuir.

Elle s'exclama, « et toi là-bas ! Laisse ce gamin tranquille ! Arrête tout de suiyr, sinon.... » laissa sa voix en suspens, sinon quoi se demanda-t-elle lorsqu'elle s'interrompit, mais sa phrase eut l'effet escompté puisque cette phrase ridicule suffit à l'homme pour se détourner quelques secondes de l'enfant et la fixer.

Ellie se rendit compte que ce n'était pas une si bonne idée que ça puisque celui-ci allait peut être jeter son dévolu sur elle.

Mais tant pis, cela permis à l'enfant de se relever. Cependant, cela alla si vite qu'elle crut avoir rêvé quand elle vit le petit garçon asséner deux sacrés coup de poing dans la figure de son agresseur et de lui planter un couteau sortit de nulle part dans le bras.. Après cela, le garçon disparu sans laisser de trace et ne restait plus qu'en face l'agresseur en noir, qui semblait plutôt mal en point mais qui avait son regard fixé sur l'endroit où se tenait le petit garçon juste avant.

Ellie l'entendit crier mais ne comprit pas distinctement même si cela lui semblait être des injures.

Cependant le regard de ce mystérieux ninja se dirigea rapidement sur Ellie et celle-ci se rendit compte que depuis tout ce temps, elle n'avait pas bougé d'un centimètre et fixait toujours la scène figée et incrédule.

Son cerveau se remit en marche d'un coup lorsque l'homme sembla vouloir se relever et se diriger dans sa direction.

Malgré le fait qu'il y ait un fleuve qui les séparait, Ellie n'était pas sereine et se mit à détaler le plus rapidement possible pour mettre le plus de distance possible entre elle et ce mystérieux agresseur.

Elle osa jeter un coup d'œil derrière elle après avoir bien sprintée pendant cinq minutes. Heureusement personne ne la suivait.

Elle ne ralentît malgré tout pas le pas et aperçut enfin sa maison.

Elle rentra chez elle, essoufflée, personne n'était encore rentrée. Elle vérifia que la porte était bien fermée et se sentit enfin en sécurité dans la chaleur de sa maison.

Bon sang que se passait-il ? D'abords les bruits et apparitions et maintenant un ninja et un enfant  tueur... Un bon bain s'imposait pour se remettre les idées en place.