∞ Ɗ Ɛ U X ∞
Je m'appelle Aaron. Je ne cessais de me répéter ça, comme pour m'assurer que je n'étais pas devenu fou. Ceci dit, « ça » ne marchait pas très bien : je flippais à mort, et me retournai dans mon lit. C'était la nuit, et après avoir mangé, l'infirmière m'avait dit de dormir jusqu'au lendemain, où je recevrais la visite de ma mère. Où plutôt, j'essaierais de la reconnaître et de retenir son nom.
Cette re-rencontre était censée m'aider, mais elle me stressait énormément : j'aurais aimé pouvoir ordonner à mon cerveau de me rappeler ma vie jusqu'à maintenant, car elle se résume pour l'instant à une infirmière à la voix aigüe, une femme brune aux yeux verts qui éclate en sanglots dès que je dis quelque chose, et une chambre d'hôpital blanche, neutre et sans âme. Ah oui, et une fille imaginaire appelée Leah.
Une âme positive et réconfortante me dirait que c'est mieux que rien. Sauf que justement. Ce n'est rien. Je ne savais même pas mon prénom, il a fallu qu'une tierce personne me l'apprenne en me grondant comme un enfant ! Je secouai la tête, triste et perdu, et fis ce que jamais un garçon ne faisait : pleurer. Ben oui, je pleurai, parce qu'on pourra dire ce qu'on voudra, mais pleurer soulage énormément. Tandis que je trempais mon oreiller, un souvenir me revint comme une gifle.
J'étais tout petit, je devais avoir quatre ou cinq ans. J'avais déjà ma tignasse noire et bouclée, et mes yeux verts émeraude. Je pleurai à gros sanglots, mais une voix chaude et grave me fit remarquer :
- Pleurer ne sert à rien. Relève-toi et affronte tes problèmes.
Je levai la tête, et vis un homme qui me ressemblait comme deux gouttes d'eau. Sans même le deviner, je ressentis un amour fou pour lui et je sus qu'il était mon père. Je m'entendis lui répondre :
- D'accord, Papa.
Il sourit et hocha la tête, puis me prit dans ses bras. Il sécha délicatement mes joues, et me demanda malicieusement :
- Est-ce que tu veux voler, petit oisillon ?
- J'éclatai d'un rire cristallin, et m'égosillai :
- Oui, Papa, fais-moi voler !
Il me lança en l'air, et je riais aux éclats. Les nuages se rapprochaient et s'éloignaient au fur et à mesure que mon père me lançait. Je sus qu'il avait dû me faire voler longtemps, et que « petit oisillon » devait être un surnom que me donnait Papa.
Le souvenir se termina là. Il était court, mais eut pour effet de me rassurer sur ma capacité à me remémorer ma vie. Je m'endormis et rêvai d'une prairie en fleurs où mon père me faisait voler. Une musique douce nous berçait, et la chanteuse semblait avoir la voix de Leah.
Je me réveillai et vis la femme brune à mon chevet, les mains tremblantes sur ses genoux. A nouveau, je sus qui elle était, me la remémorant à chaque étape importante de ma vie : mes premiers pas, mes premiers mots, le jour de la rentrées en classe enfantine, la première fois que je fis du judo (donc je faisais du judo... Intéressant), lors du spectacle de Noël. C'était ma mère. Je dis doucement :
- Maman...
Elle bondit.
- Alors tu te souviens de moi ?
J'acquiesçai et expliquai :
- Ça me revient par flashs... Par exemple, je viens de me rappeler que je fais du judo.
Elle pleura à nouveau, mais de joie.
- Oh, merci mon Dieu, merci !
Elle me prit dans ses bras, et, cette fois-ci, je lui rendis son étreinte de tout mon coeur. Puis, je me posai une question : avais-je des frères et soeurs ? Je me tortillai, très mal à l'aise de me demander des choses pareilles. Ma mère, - Nina Walker, comme je venais de me souvenir - , sentit ma gêne et pencha la tête :
- Qu'y a-t-il ?
J'hésitai. Je ne voulais pas la faire pleurer à nouveau. Comme si elle lisait dans mes pensées, elle dit encore :
- Ne t'inquiète pas pour moi, dis-moi ce qui te tracasse.
- Est-ce que... est-ce que j'ai des frères ? Ou des sœurs ? me lançai-je, rougissant de honte en m'entendant.
Elle sourit et secoua la tête :
- Non. Tu es mon fils unique.
Vous avez noté ? Elle a dit « mon ». Pas « notre ». Je me mis à trembler, redoutant ce que je sentais arriver : Papa était mort. Je demandai tout de même confirmation :
- « Mon » ? Mais, où est Papa ?
- Oh, mon chéri... Ton père est mort il y a longtemps, dans un accident de voiture. Un chauffeur ivre lui a rentré dedans, dit-elle d'une voix chevrotante, en tournant la tête.
Trop tard. J'avais vu une larme perler à son œil. J'ouvris de grands yeux, et serrai les poings. Mon père était mort, et je ne m'en souvenais à peine. Je me mis à pleurer à chaudes larmes, ne me cachant pas de ma mère. Je me sentais plus proche d'elle que je ne l'avais sans doute jamais été.
C'était comme si mon père venait juste de mourir. J'allais devoir faire le deuil d'un homme dont je venais juste de me remémorer ne serait-ce que l'existence.
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Bonjour tout le monde ! J'ai décidé de publier un chapitre par semaine, le mercredi.
Question du jour :
Un film/série ?
Bye ^^
PS : J'ai appris, grâce à WPAcademy, à mettre un tag ! Merci à lui !
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