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XXVI : Des voisins calmes et courtois


Chronologie :
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny
20 juin 2004 : Élection de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique
17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter
04 janvier 2006 : Naissance de Rose Weasley
26 juin 2006 : Naissance d'Albus Severus Potter
16 mai 2008 : Naissance de Lily Luna Potter
28 juin 2008 : Naissance de Hugo Weasley
Décembre 2009 : Harry devient commandant des Aurors
30 juin 2011 : Inauguration du musée de la Magie
22 mars 2014 : Élection d'Adrian Ackerley comme ministre de la Magie
Période couverte par le chapitre : 20 et 21 octobre 2015

Avant qu'il ne parte de chez lui le lendemain matin, Harry reçut un appel par miroir du directeur de Poudlard.

— Un message vous attend à la Tête de Sanglier, l'informa-t-il.

— Ah ! Excellente nouvelle. Merci, Professeur, bonne journée.

— Aurons-nous le plaisir de vous voir ?

— Je ne le sais pas encore, répondit prudemment l'Auror.

Le bar n'était pas réellement ouvert quand Harry y passa. Cependant, le tavernier entrebâilla sa porte et lui tendit un parchemin plié. De son autre main, il tenait un balai. Manifestement, il faisait de temps en temps le ménage, ce qui était inattendu, vu l'état du pub en règle générale. Harry transplana au ministère.

Owen était plongé dans un livre quand Harry le rejoignit. D'autres ouvrages étaient posés sur sa table de travail, ayant tous trait aux buveurs de sang.

— On a rendez-vous avec Sânge Tivornya, ce soir, à dix-neuf heures, à la Tête, apprit Harry à son partenaire. Tu me résumeras tes saines lectures avant qu'on y aille.

— C'est le vampire ?

— Oui, c'est ça.

— Vous ne vous ennuyez pas dans cette enquête, s'exclama Demelza qui s'était approchée d'eux.

— C'est le moins qu'on puisse dire, sourit Harry. Alors, de ton côté, quoi de neuf ?

— À première vue, tout le sang que vous avez prélevé vient d'un centaure. Althea est repassé derrière moi pour vérifier. Je n'ai rien repéré qui pourrait être humain ou venir d'une autre créature.

— Des résidus de salive sur la peau ?

— Seulement de la sueur, mais là, je ne peux pas trop dire si elle est centaurienne ou pas. Mon échantillon n'était pas assez consistant.

— Des traces de corne, de chitine ou quoi que ce soit de non humain ?

— Nous n'avons rien trouvé.

— On a pensé à une arme qui ne serait pas métallique. Des restes de bois, os, pierre ?

— Absolument rien. Les entailles sont très propres.

— D'accord. Que vas-tu mettre sur le rapport ?

— Pas grand-chose, en fait. D'après les photographies, la créature a été blessée plusieurs fois par un objet coupant qui n'a pas laissé de trace. C'est la veine sectionnée de son cou qui a causé la mort. Les coups ont été portés par un droitier. J'ai agrandi les photos, je ne peux que confirmer que les coupures ont bien saigné, donc que les blessures ont été faites quand elle était encore vivante, et qu'elles ont été nettoyées ensuite.

Depuis que l'usage des photographies moldues s'était généralisé pour servir de pièces à conviction, la question du développement était devenue cruciale. Les Aurors avaient besoin d'avoir les tirages rapidement et éventuellement de faire des agrandissements, possibilité que n'offraient pas les clichés sorciers.

Les enchanteurs d'appareils magiques dédaignaient les équivalents moldus et s'étaient indignés à l'idée d'apprendre à développer les photos statiques. Par ailleurs, il était délicat de confier les pellicules en dehors du monde sorcier, au vu des images immortalisées par les Aurors. De plus, au cours des dernières années, les Moldus étaient passés aux photos numériques, et il devenait plus difficile de trouver des boutiques assurant le développement des pellicules argentiques.

Harry avait donc décidé qu'ils s'occuperaient eux-mêmes de leurs clichés. L'exercice était proche de leurs techniques de potion, et la magie permettait d'obtenir très facilement l'obscurité requise pour les manipulations avec un minimum d'aménagements. Les policiers en faisaient autant.

— Et l'enquête sur les apothicaireries ? continua Harry.

— J'ai lancé l'alerte, on a interrogé quelques contacts, mais rien pour l'instant. Désolée, commandant.

— Cela ne fait que vingt-quatre heures qu'on a commencé, rappela Harry. Tu as fait du bon boulot, merci. Pour la suite, j'aimerais que tu trouves un spécialiste en créatures magiques et que tu lui demandes si l'une d'elles aurait pu infliger ce genre de coupures.

— D'accord.

Harry se dirigea vers son bureau pour vérifier que Stanislas n'avait rien à lui faire signer.

— Tu as été voir le ministre ? fut le salut de son adjoint.

— Non, je n'ai pas encore grand-chose à lui dire.

— Il faut quand même que tu ailles au rapport. Il n'ose pas l'exiger, mais depuis ton départ hier midi, j'ai déjà eu quatre messages pour demander si tu étais là.

— Je suppose que je ne peux pas y couper, soupira Harry.

— C'est lui le ministre, confirma son second.

Comme toujours, Ackerley fut charmant. Il offrit une tasse de café à son commandant des Aurors et lui demanda des nouvelles de sa femme et de ses enfants avant d'aborder le sujet qui les réunissait ce matin-là.

— Alors, mon cher Monsieur Potter, vers où nous dirigeons-nous ?

— Pour le moment, nous avons fait le relevé de la scène du crime et avons établi les causes de la mort, ainsi que l'heure approximative du décès, exposa Harry. Nous savons dans quelle direction le tueur s'est enfui, mais sa trace se perd dans une zone rocheuse. Nous pensons aussi que le meurtrier devait avoir une arme à la main.

— Vous en êtes certain ?

— La victime présente de nombreuses estafilades et a eu le cou profondément entaillé. D'après mes sources, aucune créature ne peut faire ce genre de plaie. Mais je continue à enquêter là-dessus pour en être certain. Une grande partie du sang qu'elle a perdu a été collecté.

— Un animal ? proposa Ackerley.

— Nous n'avons pas trouvé de trace de salives sur les plaies. Le plus probable est que les blessures soient le fait d'une lame, ce qui implique une certaine intelligence et des mains.

— Plusieurs créatures vivant dans la Forêt interdite correspondent à cette définition.

— J'enquête dans cette direction. Je dois interroger un vampire ce soir.

— Vous avez parlé de sang recueilli. C'est assez caractéristique de cette race, non ?

— Il peut avoir été récupéré à d'autres fins. Comme ingrédient de potion, par exemple.

— Merlin nous en préserve ! s'exclama le ministre. D'ailleurs, cela me paraît un peu tiré par les cheveux.

La vision de la chevelure crème de Salomé étalée autour de son visage blafard s'imposa à Harry. Il en resta muet.

— Je suis certain que vous finirez par trouver quelle créature a agi, reprit Ackerley. Et puis, si ce cas demeure irrésolu, ce sont des choses qui arrivent, malheureusement.

— Pas à moi, répliqua Harry d'une voix sèche en se levant. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser, j'ai une enquête à mener.

*

D'après la carte du Maraudeur, il y avait trois accès qui émergeaient de la Forêt interdite. Selon l'expérience de Harry, confirmée par Hagrid et le professeur Brocklehurst, il était pratiquement impossible de sortir des chemins ou sentes qui serpentaient dans l'espace sylvestre. Les quitter exposait à des périls certains : sol marécageux où l'on pouvait se retrouver engloutis, territoires de créatures hostiles et plantes carnivores. Certains animaux, de nature paisible, pouvaient se transformer en dangereux prédateurs si le voyageur imprudent s'aventurait sur une zone de ponte ou d'élevage de petits.

Soit le meurtrier de Salomé habitait dans la Forêt, soit il en était sorti par une des trois issues qui y menaient. En attendant de rencontrer les vampires et les harpies et d'évaluer leur implication dans cette affaire, Harry décida de retourner à la carrière où les centaures avaient perdu la trace de celui qu'ils poursuivaient. Son but était de déterminer par où celui-ci avait pu sortir de la forêt.

— Ce n'est pas forcément le meurtrier qui a été pourchassé, fit remarquer Owen quand Harry lui fit part de son programme. Ça peut être quelqu'un qui passait dans le coin. Il a vu la scène ou est tombé sur le cadavre, une fois que tout était terminé. Il a ensuite jugé que ses chances de convaincre les centaures de son innocence étaient inférieures à celles de leur échapper en prenant les jambes à son cou. Personnellement, j'aurais choisi la fuite.

— Même si c'est le cas, ça peut être un témoin intéressant, fit valoir Harry.

— Il peut aussi ne pas être sorti de la Forêt, continua Owen.

— On va déterminer quelles créatures vivent dans ce coin, confirma le commandant des Aurors.

Ils étaient conscients qu'ils ne pouvaient partir y déambuler seuls. En milieu d'après-midi, ils débauchèrent Hagrid pour leur expédition. Le demi-géant confia sa classe à Madame Darnapan, avec le soin de surveiller un devoir portant sur les leçons précédentes.

Alors qu'ils traversaient le parc, Harry parla à son guide des deux issues qu'il voulait vérifier, Hagrid se gratta la tête :

— Je ne connais qu'une seule autre voie pour sortir de la Forêt : celle de Pré-au-Lard.

Harry sortit la carte du Maraudeur de sa poche et l'activa.

— C'est le plan de ton père et de ses amis ? demanda le géant d'une voix émue.

— Oui, vous l'avez déjà vu ? s'étonna Harry.

— Je les ai récupérés une paire de fois dans la Forêt. Je n'savais pas encore pour Rémus, mais j'avais repéré qu'ils s'y promenaient souvent. Ils ne s'en cachaient pas de moi, les coquins, ils savaient bien que je ne les dénoncerais pas. Je les ai vus plus d'une fois sortir ce papier et poser leur baguette dessus, comme tu viens de le faire.

Harry avala sa salive et montra du doigt les deux chemins qui s'ajoutaient à la sortie du parc.

Hagrid plissa les yeux, se gratta la tête et finit par dire :

— Ah, je vois. Par là, c'est de l'histoire ancienne, expliqua-t-il en désignant l'une des deux sorties. Cela fait un bout de temps qu'on ne peut plus y passer. Il y a près de trente ans de ça, un peu avant que tu n'arrives à Poudlard, il y a eu une invasion de Mimbulus Mimbletonia, ce qui a rendu le chemin totalement impraticable. Il ne reste que ce passage-là, celui qui permet aux vampires et aux harpies d'aller à Pré-au-Lard.

— Il passe par les grottes où nous nous sommes arrêtés l'autre fois, nota Owen.

— Si c'est bien le meurtrier qui a été poursuivi par les centaures, il a pu soit rejoindre les camps des buveurs de sang, soit ressortir par Pré-au-Lard, déduisit Harry. Il n'a pas pu repasser par la clairière, puisque la veillée funèbre s'y tenait. On va reprendre la voie jusqu'aux grottes et explorer la suite du chemin.

Une fois sur les lieux du drame, les Aurors vérifièrent qu'aucun indice n'avait échappé la veille à leur vigilance. Durant la nuit, Salomé avait été inhumée. Un monticule de terre se dressait à l'endroit où elle se trouvait auparavant.

Avant de repartir sur les traces de la chevauchée des centaures, Harry examina encore sa carte et s'interrogea sur les raisons qui avaient poussé son père et ses amis à intituler le lieu Clairière sombre. De quoi y avaient-ils été témoins ? Cette pensée fit remonter un souvenir dans la mémoire du Survivant. Si la Forêt éveillait en lui moins de terreur que chez Owen, il y avait cependant vécu des moments effrayants, avant même sa dernière confrontation avec le Seigneur des Ténèbres.

— Hagrid, est-ce que vous vous souvenez de la fois où vous m'avez emmené dans la Forêt pour une retenue, durant ma première année ?

— Pas vraiment, répondit le demi-géant après un moment de réflexion. Ça fait bien longtemps, maintenant.

— Vous enquêtiez sur la mort de licornes, lui rappela Harry. Nous avons su ensuite que c'était Quirrell qui les égorgeait pour renforcer l'âme de Voldemort qu'il portait en lui.

— Oui, se souvint enfin le Gardien des clefs avec émotion. Il en avait tué plusieurs. Pauvres petites créatures si pures...

— Est-ce que ce n'était pas déjà ici que nous en avions trouvé une ? insista Harry. Quirrell – Voldemort était en train de boire son sang quand je suis arrivé.

Hagrid s'abîma dans une profonde réflexion et finit par concéder :

— C'est bien possible, Harry, c'est bien possible...

— Vous parlez de la fois où Malefoy est entré dans la Forêt ? interrogea Owen. Le fameux soir ?

— Oui, confirma Harry qui était de plus en plus certain qu'il se trouvait au même endroit. Je t'accorde que le courage n'est pas la vertu principale de Malefoy, mais ce que nous avons vécu aurait été flippant pour n'importe qui. Moi aussi, j'ai eu très peur.

Il se tut un instant, alors qu'ils se remémoraient les sombres évènements qui s'étaient déroulés, il y avait si longtemps.

— C'est ce jour-là que j'ai vu des centaures pour la première fois, se rappela-t-il. Il y avait Bane et un certain Ronan. Firenze est venu à mon secours quand Voldemort m'a attaqué. J'avais oublié ça, murmura-t-il avec émotion.

— Firenze est quelqu'un de bien, renchérit Hagrid.

— Tu veux dire que ta première confrontation avec Voldemort était déjà ici ? en déduisit Owen faisant le lien avec ce que Harry lui avait révélé la veille.

— Il semblerait bien, réalisa Harry un peu troublé.

Les trois hommes restèrent un moment silencieux. Enfin, Harry se secoua et dit :

— Bon, on a du travail. Je le dois bien à Firenze.

Ils prirent le chemin menant aux grottes, vérifiant chaque embranchement rencontré, pour voir où il menait et vérifier qu'ils n'y trouvaient pas d'indices. Chacune de ces pistes finissait par se rétrécir et n'être praticable qu'à des créatures trop petites pour correspondre aux suspects en puissance. Pas de trace de sang séché non plus, rien de fabriqué par la main de l'homme.

Une fois à la carrière, seule une allée s'en éloignait, si on excluait celle par laquelle ils étaient arrivés. Ils s'y engagèrent en gardant la même méthode d'investigation. Cela les amena à suivre les bifurcations qui menaient au camp des vampires puis vers celui des harpies. Hagrid les empêcha cependant de trop s'approcher des lieux d'habitation des buveurs de sang. Il leur montra des tas de pierres et des plantes disposées de manière particulière, qui signifiaient qu'il ne fallait pas aller plus loin sous peine de contrevenir aux traités signés avec ces créatures. Ces déambulations les avaient menés à la fin de l'après-midi, et la luminosité se mit soudain à baisser.

— Nous ne sommes plus très loin de l'orée de la forêt, les rassura Hagrid.

Les trois promeneurs accélérèrent le pas, mais la nuit tombait vite, et Harry craignit qu'ils n'arrivent pas à sortir du couvert des arbres avant d'être complètement dans l'obscurité. Il était en train de se demander si allumer sa baguette pour s'éclairer serait considéré comme une agression par les centaures, quand il aperçut, à son grand soulagement, des lueurs dans une trouée d'arbres. Malheureusement, le chemin s'incurva et sembla les en éloigner.

— Ce n'est pas plutôt par là ? demanda Harry en retenant leur guide par la manche.

— Non, mon garçon, tu irais droit vers des marécages. Ces lumières sont des Pitiponk. Il ne faut pas les suivre, si on ne veut pas se perdre. Ce sont de petits chenapans.

Harry n'eut pas besoin de regarder Owen pour savoir ce que celui-ci pensait. Selon leurs livres de classe, ces créatures prenaient un malin plaisir à égarer les voyageurs en faisant briller une lumière sur leur pied unique, et de nombreux explorateurs avaient payé de leur mort les « plaisanteries » de ces « chenapans ».

La voie qu'ils suivaient changea encore de direction, et ils se trouvèrent brusquement devant les rues illuminées de Pré-au-Lard. Le chemin qui menait à la Forêt était séparé de la première maison par un pré où paissaient des vaches. L'étendue herbeuse qu'ils traversèrent était hors du cercle de lumière, et Harry nota qu'ils pouvaient entrer directement dans le village, ou en faire le tour, sans que personne ne les remarque. Les chances qu'on ait repéré quelqu'un qui sortait de la Forêt le soir du meurtre étaient pratiquement nulles.

*

Il était presque dix-neuf heures, le moment d'honorer leur rendez-vous avec le chef de clan des vampires de la Forêt interdite. Dans le pub, Harry fouilla des yeux les endroits les plus sombres, sachant que son interlocuteur ne serait pas à l'aise en pleine lumière. Mais les recoins étaient nombreux, les habitués se rendant dans ce lieu pour rencontrer leurs connaissances sans être dérangés. Il fallut le signe discret d'un homme pour repérer celui qu'ils étaient venus voir. De loin, Harry n'aurait pu l'identifier comme un vampire. Il fallut qu'il soit assis en face de lui pour remarquer les yeux trop brillants et le teint pâle qui caractérisaient ces créatures.

Sânge Tivornya ne se leva pas pour les accueillir ni n'eut de mouvement pour les mettre à l'aise. Il se contenta de regarder les Aurors prendre place devant lui, attendant qu'ils indiquent ce qu'ils lui voulaient. Harry décida de se passer de préliminaires.

— Nous enquêtons sur la mort d'une centauresse, lui apprit-il. Votre campement est à un kilomètre de l'endroit où cela s'est produit. L'un des vôtres aurait-il des informations à nous donner pour savoir qui a commis ce meurtre ?

Le vampire resta un moment silencieux, sans expression particulière, avant de demander :

— Pensez-vous que c'est l'un des miens qui a fait ça ?

— La proximité de votre camp et le recueil du sang de la victime nous incitent à penser que c'est une possibilité. Mais mon enquête suit aussi d'autres pistes.

Toujours impassible, Tivornya demanda :

— Avez-vous trouvé sur son corps des marques qui nous identifient ?

Harry mit quelques instants à comprendre que c'était d'une morsure dont il était question.

— Surtout des coupures, accepta-t-il de révéler.

Le visage du vampire se contracta de dégoût.

— Ce ne peut être nous. Nous ne pouvons ingérer que du sang qui n'a pas été corrompu par l'air. C'est pour cela que nous allons le chercher en profondeur, ajouta-t-il avec un sourire carnassier qui révéla ses canines hypertrophiées.

Harry sentit Owen se raidir à ses côtés. Lui-même s'efforça de rester impassible.

— Avez-vous des différends avec les centaures ? demanda-t-il le plus tranquillement possible.

— Pourquoi en aurions-nous ? feignit de s'étonner Sânge Tivornya. Ce sont des voisins si calmes et si courtois.

Le ton dégoulinait de sarcasme. Harry garda le silence, se contentant de se renverser contre son dossier, pour montrer qu'il attendait que le vampire réponde sérieusement. La créature parut réfléchir quelques secondes, puis se résigna à exposer la situation sans faux-semblants.

— Nous tenons beaucoup à pouvoir rester dans la Forêt interdite. Même si les centaures ne font que nous y tolérer, nous y sommes en sécurité. Nous préférons les lieux humains, mais les gens ont peur de nous et nous attaquent régulièrement. Avoir la liberté de circuler dans le monde sorcier le soir et avoir notre camp sous la protection de la Forêt durant le jour quand nous sommes vulnérables est le meilleur compromis que nous ayons eu depuis des siècles. Ce serait suicidaire de notre part de nous mettre les centaures à dos.

— Je comprends, fit Harry. Mais, quelles que soient les orientations politiques d'un groupe, on ne peut attendre que tous les individus qui le composent aient la sagesse d'agir pour le bien de tous.

— Nous n'avons pas tellement de relations avec les centaures. Ils nous ignorent, même quand nos chemins se croisent. Bien peu se donnent la peine de nous saluer, et encore moins de chercher à nous connaître individuellement. Firenze et sa fille comptent parmi les rares qui le font. Si l'un de nous avait eu la bêtise de s'attaquer à un centaure, il n'aurait pas choisi Salomé. Et imaginer qu'il l'ait fait pour se défendre est impensable. Elle aurait été la dernière à chercher à nous nuire.

Pour la première fois, les traits du vampire laissèrent apparaître une émotion.

— Nous avons tous été tristes d'apprendre sa mort. La nuit passée, tout mon clan a observé un jeun rituel.

— Je vois, promit doucement Harry. Et qu'en est-il de la relation entre les harpies et les centaures ?

— Elle ressemble à la nôtre, si ce n'est qu'ils se croisent encore moins, car les harpies sont diurnes. Tout comme nous, elles sont protégées des attaques extérieures par les centaures qui ne tolèrent pas qu'on s'en prenne à ce qui est sur leur territoire, que ce soit des lapins ou des êtres pensants.

De leur côté, les harpies et les vampires sont protégés des centaures par le Traité des buveurs de sang, compléta Harry dans sa tête.

— Aucun habitant de la forêt n'a intérêt à attaquer les centaures et encore moins la possibilité physique d'en sortir vainqueur, ajouta Tivornya.

— Une arme a été utilisée, révéla Harry. L'agresseur avait des mains pour la tenir.

— Ce peut donc être un sorcier.

— Nous ne l'excluons pas, assura le commandant des Aurors.

Le vampire le regarda avec acuité et s'étonna :

— Pourquoi faites-vous cette enquête ?

— Firenze me l'a demandé, lui apprit Harry.

— Depuis quand est-ce suffisant ?

— Depuis qu'Hermione Granger est arrivée à convaincre le Survivant que toutes les créatures pensantes ont droit à notre respect et notre attention, répliqua-t-il.

— Nous avons entendu parler d'elle, remarqua pensivement le vampire, mais n'avons jamais été persuadés que ses efforts pourraient avoir des conséquences sur notre sort. Peut-être allons-nous changer d'avis.

— Je l'espère, fit Harry. Bien, nous avons fait le tour. Si vous souhaitez me contacter ou me transmettre une information, vous pouvez passer par le gérant de ces lieux ou par Hagrid.

Harry se leva, imité par Owen qui était resté silencieux durant tout l'entretien. Le vampire se mit également debout et, quand ils furent face à face, Harry lui tendit spontanément la main pour prendre congé. Avec un mince sourire, le buveur de sang la saisit. Owen ne fit pas un geste, et le vampire les laissa partir sans quitter Harry des yeux.

Alors qu'ils rejoignaient la sortie, le barman les héla, brandissant un morceau de parchemin.

— Un message pour vous !

Harry alla le prendre et le remercia.

— Je n'arrive pas à croire que tu as failli me faire serrer la main d'un vampire, s'exclama Owen, dès qu'ils eurent refermé la porte du pub derrière eux.

— Pourquoi ne l'as-tu pas fait ? demanda Harry en dépliant son message. Tu ne risquais rien.

Owen frissonna de dégoût et secoua la tête :

— Je n'ai pas comme toi l'habitude des créatures.

Harry décida de laisser tomber. Owen était issu d'une très ancienne famille de sorciers, et son éducation ne l'avait pas préparé à de telles rencontres. Harry ne savait pas si sa propre ouverture d'esprit lui venait davantage des discours d'Hermione ou de son expérience de paria lors de ses premières années. Un peu des deux, sans doute. Par contre, Owen allait encore devoir prendre sur lui d'ici peu, apprit-il en déchiffrant la réponse que les harpies avaient tracée au verso du parchemin qu'il leur avait adressé.

— On a rendez-vous demain matin à onze heures avec une dame. Fais-toi beau !

— Ouais, ouais, fit Owen sans enthousiasme.

Ils marchèrent un moment sans rien dire, puis Owen affirma :

— Je crois qu'on est passé à côté d'un truc.

— Quel truc ? demanda Harry.

— Que ce soit une créature ou un humain, celui qui a attaqué Salomé n'a pas dû s'en tirer sans séquelles. Elle avait des sabots et un arc.

— Il avait une lame, fit remarquer Harry.

— Ça a duré un moment, rappela Owen. Il l'a blessée à plusieurs reprises avant de l'égorger. J'ai joué au football à ton mariage, avec Firenze dans les buts. Deux bras, quatre jambes, je t'assure que ça avantage drôlement. Tu imagines te battre contre lui, même avec une épée ?

— Ste-Mangouste ? demanda Harry après une seconde de réflexion.

— Si c'est un vampire ou une harpie, ils n'y seraient pas allés, raisonna Owen. Leur chef de clan nous mène en bateau et cache peut-être le coupable.

— Ils n'ont pas de mobile. Ce n'est pas pour le sang : un vampire aurait utilisé ses crocs et une harpie aurait préféré la chair, objecta Harry.

— La raison est peut-être ailleurs : la faire taire ou lui prendre quelque chose.

— Mais cela n'explique pas le recueil du sang, fit remarque Harry.

— Fausse piste ? proposa Owen.

— Vers qui ? opposa Harry.

— D'accord, commençons par Sainte-Mangouste, accepta Owen.

*

Ils s'y attelèrent à la première heure le lendemain matin. Ils y firent chou blanc. Aucun patient reçu les jours précédents ne correspondait à ce qu'ils recherchaient.

— Guérisseur privé ? avança Owen alors qu'ils repartaient vers les cheminées du hall d'accueil de l'établissement. Un vétérimage ?

— On ne peut pas tous les interroger, bougonna Harry. Je vais demander de l'aide à Watchover.

Ils se rendirent au service de la police magique, et Harry exposa les circonstances de son enquête à son homologue.

— J'ai déjà du monde sur les apothicaireries, au cas où du sang de centaure y serait proposé, indiqua-t-il. Ça m'arrangerait si vos hommes laissaient traîner leurs oreilles à Pré-au-Lard ou sur le Chemin de Traverse et me rapportent s'ils entendent parler de quelqu'un qui semble s'être pris une bonne raclée ou avoir été blessé par un Abraxan. Je ferai passer le mot de mon côté aussi.

— Vous pouvez compter sur moi, assura Watchover. Mais... sans vouloir m'immiscer dans votre enquête..., vous êtes certain que c'est un sorcier qui a fait le coup ?

— Non, reconnut Harry, mais je ne peux pas aller perquisitionner chez les harpies ou les vampires pour vérifier que personne n'a reçu de coup de sabot. Je ne lâche pas le morceau, mais je commence par ce que je peux faire facilement.

— J'espère qu'aucun jockey malchanceux n'a été blessé par sa monture, fit le policier sur le ton de la plaisanterie.

— Tant que son cheval peut témoigner de ce qui s'est passé, il ne risque rien, répartit Harry en souriant.

Tout à coup, Watchover reprit son sérieux et dit :

— Attendez, ça me revient, mais je crois bien qu'un de mes agents m'a dit qu'il avait remarqué quelque chose de louche concernant une harpie à la Tête de Sanglier, il y a quelques semaines. Vous voulez que je creuse un peu ça ?

— On en rencontre une demain matin, l'informa Harry.

— Un instant, je vais voir si mon agent est là, fit Watchover en sortant de son bureau pour scruter la salle où travaillaient ses équipes.

Harry et Owen l'entendirent crier un nom, et un policier ne tarda pas à les rejoindre.

— Oui, Chef, fit-il en saluant de la tête les deux Aurors.

— Tilden, tu m'as raconté quelque chose à propos d'une harpie, il y a un petit moment. Tu peux répéter pour le commandant Potter ?

— Oui, Commandant. Ce n'est peut-être rien, mais j'ai vu qu'une harpie était en affaires avec un type qui n'était pas du genre à venir à la Tête. C'est la manière dont il se tenait qui m'a alerté. On ne le sentait pas à l'aise. Il lui a filé quelque chose, peut-être de l'argent. Je ne sais pas ce qu'il a eu en échange. Un groupe est passé entre nos tables, juste à ce moment-là. Quand j'ai rétabli le contact visuel, il était en train de se lever pour partir. Je l'ai filé jusqu'à la cheminée publique de Pré-au-Lard. Je n'ai pas pu entendre sa destination. Je n'avais rien de spécial contre lui, alors j'ai laissé tomber.

L'agent Tilden jeta un regard nerveux vers les Aurors et s'inquiéta :

— Je n'aurais pas dû ?

— Difficile à dire pour le moment, minimisa Harry. Nous enquêtons sur un acte commis il y a deux jours dans la Forêt interdite. Cela n'a peut-être rien à voir. Si vous le revoyez, dites-le-nous. De notre côté, on tâchera d'en savoir plus, si on en a l'occasion.

— Entendu, répondit Watchover. Et nous, on ouvre l'œil sur tout ce qui pourrait ressembler à une blessure causée par un sabot.

*

Le soleil faisait de son mieux pour éclairer le bar quand Harry et Owen s'y rendirent plus tard dans la matinée. C'était une entreprise louable, mais laborieuse, compte tenu des traces opaques qui recouvraient les vitres. Un rayon de soleil particulièrement opiniâtre avait réussi à se frayer un chemin jusqu'à une table qu'il éclairait de manière indiscrète, révélant une saleté qui aurait gagné à rester moins visible. Mais il était de notoriété publique que les habitués du lieu n'avaient pas de grandes exigences ni pour le décor ni pour la bonne chère. On venait là pour affaires ou pour se faire servir une boisson dont la concentration en alcool était inversement proportionnelle à la taille du verre.

Le regard de Harry fut immédiatement attiré par une silhouette seule à une table. De loin, elle paraissait être une dame sur le retour, affublée d'une robe jaune citron, et dont le cou était orné d'un boa rouge en plume. Alors qu'il s'approchait, il remarqua le lourd maquillage qui, sans pouvoir rendre beau le visage ingrat de la harpie, lui donnait un relief qui n'était pas loin d'être fascinant.

Celeno Andor regarda vers Harry, alors qu'il s'avançait vers elle. Quand il s'arrêta près de sa table, elle lui tendit un bras terminé par un gant, d'un geste languissant. Harry ne put rien faire de moins que de se casser en deux pour un baisemain formel. Il garda avec soin ses lèvres loin du but, non seulement parce que c'était plus convenable, mais aussi parce qu'il savait ce qui était caché par le tissu. Owen lui avait lourdement rappelé que les griffes des harpies pouvaient être mortelles.

La créature parut apprécier l'hommage et lui désigna un siège tout près du sien. Harry sourit poliment, mais choisit plutôt de s'installer en face d'elle. Owen s'assit précipitamment près de Harry, le plus loin possible de leur interlocutrice. Harry l'entendit inspirer brusquement en remarquant ce qui se trouvait sur la table : une assiette où restait un morceau sanguinolent de viande crue. Il y avait aussi un gobelet en argent rempli d'un liquide rouge, et Harry se força à ne pas y laisser traîner son regard.

À la place, il fixa son interlocutrice. Elle l'observait, jaugeant ses réactions. Harry ressentit le charme étrange et toxique qui émanait d'elle.

— Merci d'avoir accepté de nous rencontrer aussi vite, commença-t-il poliment.

— Vous vouliez me parler ? demanda-t-elle d'une voix langoureuse.

— Tout à fait, Madame, dit Harry. Je suppose que vous savez pourquoi.

— Oui, la petite Salomé. (Elle resta pensive un instant.) Une charmante enfant. En quoi mon peuple est-il concerné par son trépas ?

— Vous habitez dans la forêt et pouvez avoir été témoin de la scène, ou avoir vu qui était dans les environs ce jour-là.

— Je suis rassurée. Je craignais que vous n'accusiez l'une des nôtres de cet acte affreux.

— Nous n'excluons aucune hypothèse à ce stade de l'enquête, fut la réponse automatique de Harry.

Il utilisait souvent cette formule, qui pouvait tout autant signifier un prosaïque « nous n'avons aucune idée de qui a bien pu faire ça » ou être l'expression d'un constat : « vous êtes encore sur ma liste de suspects ».

— Il paraît que vous avez interrogé ce cher Sânge, dit la harpie.

— En effet. Un entretien très instructif. Quel genre de rapport avez-vous avec les centaures ? enchaîna Harry pour l'empêcher de continuer à tourner autour du pot.

— Ces lourdauds ? Nous n'entretenons aucune relation avec eux. Ils ne daignent pas converser avec la race inférieure que nous sommes.

— Même Salomé ?

— Je vois qu'effectivement votre échange avec Sânge n'a pas été inutile. Oui, quand elle nous remarquait, la petite Salomé était correcte. Un peu condescendante, bien entendu, mais elle faisait un effort, ce qui n'est pas le cas de tout le monde.

— Quand elle vous remarquait ? souligna Owen.

— Ces quatre pattes se croient tellement malins ! fit dédaigneusement Celeno Andor. Mais ils ne sont pas aussi bons traqueurs qu'ils le prétendent. Ce n'est pas difficile de passer inaperçu avec eux. Ils n'ont aucun flair !

— Vous les sentez venir de loin, comprit Harry.

— Bien entendu. Ils ont le sang chaud.

— Les vampires ont-ils les mêmes facultés olfactives que les harpies ? s'enquit Harry qui ne se souvenait pas qu'Owen l'ait renseigné sur le sujet.

— Ils l'affirment, mais je n'en jurerais pas, fit leur interlocutrice en haussant les épaules.

— Pensez-vous que Salomé ait pu être surprise par son agresseur ? demanda Owen.

— Oui, s'il a été silencieux.

— Comme vous et les vampires savez l'être ?

— N'en tirez pas de conclusions hâtives, répondit-elle confirmant implicitement que les vampires, eux aussi, pouvaient être discrets. Les centaures sont persuadés ne rien craindre dans la forêt. Même si Salomé a entendu quelqu'un venir, elle ne s'en est pas forcément préoccupée. N'importe quoi peut approcher un de ces balourds sans éveiller sa peur ni sa méfiance. Si vous voulez mon avis, seul un centaure a pu efficacement s'en prendre à elle.

— C'est votre théorie ? interrogea Harry.

— C'est soit un centaure, soit un humain usant de magie, trancha-t-elle.

— Pas de magie, assura Harry. Une arme, que seule une créature ayant des mains a pu utiliser, choisit-il de révéler.

Elle resta un instant songeuse, pesant l'information qu'il venait de lui donner.

— Si les centaures ne veulent plus de nous dans la forêt, nous n'avons plus d'endroit où aller, se dédouana-t-elle. Aucune de nous n'aurait l'idiotie de s'en prendre à l'un d'eux.

— Pour éliminer le témoin d'une faute, peut-être, proposa Harry.

— Quelle faute ? Nous n'avons d'autre obligation que de ne pas toucher aux créatures pensantes. S'est-on plaint dernièrement qu'un sorcier ou centaure ait été dévoré ?

— Les centaures sont-ils comestibles pour vous ? questionna Harry.

— Aucune de nous n'a eu l'occasion de le tester, rétorqua-t-elle sèchement. Mais oui, sans doute. Comme les humains, ajouta-t-elle avec défi.

— L'une de vous a peut-être voulu essayer, insista Harry. Elle en a eu la possibilité, et s'est laissée tenter.

— Salomé a-t-elle été mordue ? s'enquit la harpie. Lui manque-t-il un morceau de chair ?

Aucun des deux Aurors ne répondit, ce qui valait une dénégation.

— Nous nous contrôlons parfaitement ! affirma Celeno Andor avec force. Nous prenons toutes notre potion quotidiennement. J'y veille personnellement. Si l'une de nous avait été saisie de la Grande Faim, elle n'aurait pas pu en cacher les symptômes, et nous nous en serions occupées.

— De quelle manière ? demanda machinalement Harry.

La harpie eut un large sourire qui dévoila une dentition démesurée.

— De la manière habituelle, répondit-elle, sibylline.

Harry décida qu'il préférait ne pas savoir, et qu'il était temps de changer de sujet.

— Que vendez-vous aux sorciers ? interrogea-t-il.

— Comment ça ? demanda-t-elle le visage figé.

— Certaines d'entre vous ont été vues en train d'échanger de la marchandise contre de l'argent. Qu'est-ce que c'était ?

La harpie les regarda un moment durement, faisant disparaître tout ce qui aurait pu être plaisant de son visage. Puis ses traits se détendirent sans effacer sa laideur, et un ricanement rauque fit presque sursauter les Aurors. Elle se laissa aller à son hilarité quelques secondes avant de lâcher :

— Vous n'êtes pas au courant ?

— Manifestement non, reconnut Harry.

— Certains d'entre vous paient des fortunes pour qu'on nettoie les buissons.

— Pardon ?

Harry savait que les harpies faisaient de basses-œuvres pour les sorciers, comme curer les étables, chercher du bois ou trier les ordures. Mais nettoyer les buissons lui paraissait une activité étrange.

— Il y a un monsieur qui veut du fil d'acromentule. Il n'est pas très regardant sur la qualité, alors on se contente de récupérer ce que ces bestioles laissent traîner derrière elle sur les branches des arbres. Même pas besoin d'approcher leur nid, tout bénef pour nous.

— Un monsieur ? répéta Harry, intrigué par le terme choisi.

— Oui, pas le genre à être à l'aise ici. Pire que vous. Il paraît qu'il est en recherche, c'est ce qu'il nous a dit. Comme il paie bien, j'ai mis deux filles sur le coup. Elles lui apportent ses bouts de fils, et il est content.

— Il fait de la recherche ? tenta de comprendre Owen.

Celeno Andor haussa les épaules. Visiblement, elle ne savait pas et ne trouvait pas le sujet intéressant.

— Et le sang de centaure, ça se négocie ? demanda Harry.

Elle lui lança un regard qui le mit sur la défensive et, quand elle se pencha pour combler l'espace que la table créait entre eux, il dut réprimer son instinctif mouvement de recul.

— Personne ne touche au sang d'un animal pensant dans mon clan, siffla-t-elle en détachant chaque mot. L'odeur du sang ne peut se dissimuler. Si l'une de nous le faisait, c'est son sang à elle dont nous nous abreuverions.

— Je vois, dit Harry d'une voix la plus neutre possible, alors que la sueur lui coulait dans le dos.

Il ne trouvait plus aucun charme à la créature et dut mobiliser tout son sang froid pour soutenir son regard. Il savait qu'il ne pouvait pas lui dissimuler l'odeur de sa peur, mais il n'avait pas l'intention de lui céder un pouce de terrain. Il devina plus qu'il ne vit le geste d'Owen vers sa baguette et il leva la main en sa direction pour prévenir toute action intempestive :

— Mrs Andor, reprit-il d'une voix ferme, je veux simplement savoir ce qui est arrivé à Salomé.

Après avoir fait durer l'affrontement silencieux quelques secondes supplémentaires, la harpie se recula enfin sur sa chaise et répondit :

— Moi aussi.

*

Quand Harry et Owen sortirent du bar, ils marchèrent un moment dans la grand-rue d'un pas rapide, pour évacuer la tension.

— Charmante, ta nouvelle amie, finit par dire Owen. Je comprends que tu la rencontres dans un endroit discret. Ta femme risque de ne pas apprécier, si cela vient à sa connaissance.

— Par Merlin ! s'écria Harry. J'ai cru qu'elle allait me bouffer sur place.

— Tu n'es pas le seul. J'ai vu les autres clients commencer à parier, l'informa Owen. Mais si ça peut te consoler, tu n'as pas trop mal géré. J'ai rêvé ou, au moment où on est partis, elle t'a fait un clin d'œil ?

— T'as pas rêvé, fit sombrement Harry. Je ne veux pas savoir ce que cela signifie.

— Je pense que tu l'as favorablement impressionnée, proposa Owen.

— C'est bon, arrête avec ça ! s'agaça Harry.

— Je ne plaisante pas. Elle t'a testé, tu as passé l'épreuve avec succès, évalua son partenaire avec sérieux. Je pense qu'on a des chances qu'elle nous révèle ce qu'elle sait, si du moins elle sait quelque chose.

Owen laissa planer un silence avant de confesser :

— J'en suis le premier étonné, mais je la crois quand elle dit que ce n'est pas l'une d'entre elles.

— Tu lui fais confiance ? Plus qu'au vampire ?

— Oui. Ne me demande pas pourquoi.

— En fait, c'est toi qu'elle a séduit, ricana Harry.

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L'idée de lier la clairière à l'épisode de la licorne est de judith1, lectrice sur hpfanfiction.org.

Agent TILDEN : Policier magique

Regulus MOONSHINE : Sorcier qui inventa dans les années 90 une potion réduisant l'appétit pour la chair humaine chez les harpies (Gazette du Sorcier)

Sânge TIVORNYA : Chef de clan des vampires de la Forêt interdite

Celeno ANDOR : Chef des Harpies de la Forêt interdite

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