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XVII : Changer ses habitudes


Repères chronologiques
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny
20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique
17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter
2006 : Naissance de Rose Weasley (4 janvier) et d'Albus Severus Potter (26 juin)
2008 : Naissance de Lily Luna Potter (16 mai) et d'Hugo Weasley (28 juin)
Décembre 2009 : Harry devient commandant des Aurors
30 juin 2011 : Inauguration du musée de la Magie
Période couverte par le chapitre : 23 novembre 2013

Quelques minutes plus tard, Edmund et les quatre Aurors – Harry, Wellbeloved, Demelza et Plumpton – se trouvaient dans une salle d'interrogatoire. Sur l'invite du commandant, Edmund expliqua :

— C'est moi qui ai mis le flacon dans le sac à ouvrage de Nell. Je voulais le cacher et je n'ai pas trouvé d'endroit plus sûr. Je ne pensais pas que vous reviendriez tout fouiller.

— Sur qui aviez-vous l'intention de l'utiliser ? s'enquit Harry.

— Sur mon oncle. Vous vous êtes complètement fourvoyé sur mes intentions. Je voulais simplement avoir la société pour moi tout seul. J'ai paniqué quand mon oncle a dit qu'il allait vendre.

— Il ne vous en a parlé que ce matin, fit remarquer Harry.

— Je me doutais qu'il avait ça en tête.

— Votre intention était donc de le tuer avant qu'il ne mette son projet à exécution ? lui fit préciser Harry.

Edmund hésita et temporisa :

— Je ne sais pas si je l'aurais fait mais, au cas où, j'ai préparé le terrain.

— Où avez-vous trouvé le flacon ?

— Allées des Embrûmes.

— Quel magasin ?

— Je ne sais plus. Ce n'est pas un endroit que je connais bien. Ça ressemblait à une apothicairerie.

— Quand avez-vous déposé la fiole ?

— Hier, répondit le jeune homme avec aplomb. Après le départ de votre chien de garde.

Un silence suivit ces paroles pendant que Harry échangeait un regard avec ses collègues. Soudain, agacé par cette affaire dans laquelle il s'enlisait et par le mensonge énorme de son interlocuteur, il laissa la colère l'envahir :

— J'aimerais que vous arrêtiez de nous prendre pour des imbéciles, Mr Plunkett, lança-t-il sèchement. J'ai vraiment autre chose à faire qu'entendre de faux aveux. Je peux vous coffrer si vous y tenez, mais cela n'améliorera pas la situation de votre belle-sœur pour autant. Parce que, moi, je pense que vous tentez de sauver votre complice en racontant n'importe quoi. Par vos mensonges, vous l'enfoncez plus qu'autre chose. Sachez-le, je pensais la faire sortir rapidement mais, grâce à vous, elle va dormir ce soir au Manoir de Justice.

— Non ! s'écria Edmund, pâle comme la mort. Vous ne pouvez pas faire ça.

— Je vais me gêner ! cria Harry en se levant. Bon, alors, vous maintenez votre version pour que je vous coffre avec elle, ou bien vous repartez tant que vous le pouvez ?

— Vous allez garder Nell ? C'est vrai ?

— Et comment !

— Mais ça ne peut pas être elle ! Elle adorait Jerold ! Jamais elle ne lui aurait fait du mal. Jamais !

— Vous n'en savez rien.

— Parce que vous en savez davantage, vous ? hurla Edmund en se levant à son tour et défiant Harry.

Wellbeloved, Plumpton et Demelza firent mine de s'interposer mais leur commandant, d'un geste, les enjoignit de ne pas intervenir.

— Ce n'est pas vous qui l'avez vue tomber amoureuse pratiquement au premier regard ! continuait Edmund hors de lui. Ce n'est pas vous qui avez dû assister Jerold quand il a commencé à faire sa cour ! Comme je la connaissais, c'est à moi qu'il a demandé quels étaient ses goûts et c'est grâce à moi qu'il lui a offert des cadeaux qui la touchaient et l'a emmenée dans des restaurants qui lui plaisaient. J'ai accédé à sa demande parce que je savais que cela la rendrait heureuse. J'ai encouragé Jerold à lui demander sa main car c'est ce qu'elle attendait et souhaitait de tout son cœur. Bon sang, si elle avait arrêté de l'aimer, je l'aurais vu ! Mais ils étaient tellement heureux ensemble que j'en crevais de les voir et je me sentais dégueulasse de ne pas réussir à me réjouir pour eux !

Les yeux brillants, comme s'il était fiévreux, il assena :

— Elle était folle de lui ! Elle est désespérée par sa mort. Ce ! N'est ! Pas ! Elle !

— Est-ce vous, alors ? demanda posément Harry, calmé par le désespoir qui émanait de son interlocuteur.

— Mais vous n'avez rien compris ! À quoi ça m'aurait servi ? Aujourd'hui, j'ai perdu mon frère, mais je n'ai pas gagné Nell. Elle ne sera jamais à moi, jamais !

— Qui pensez-vous que ce soit, alors ?

— Comment voulez-vous que je le sache ?

— Vous avez bien dû vous poser la question.

Edmund recula et se rassit. Harry en fit autant et attendit la réponse.

— Bien sûr que je me le suis demandé. Quand j'ai compris que c'était Marvin qui avait donné ma lettre, je me suis demandé si ce n'était pas lui. Mais c'est grotesque.

— Pourquoi ?

— Pourquoi aurait-il fait ça ? On a pratiquement été élevés ensemble ! Qu'est-ce qu'il gagne à la disparition de Jerold ?

— L'héritage ?

— Mais Marvin se fiche de l'argent. Il en a assez pour mener sa petite vie, ça lui suffit. S'il l'avait voulu, il aurait depuis longtemps développé son commerce ou aurait pris en charge une des activités de mon oncle. Mais cela ne l'intéresse pas. Il préfère avoir du temps pour lire, se promener. Pour vivre quoi !

— Pas vous ?

— J'adore m'occuper de l'affaire de mon oncle, mais ma position actuelle de second me convient parfaitement. Depuis un an, je bosse comme un elfe, mais ce n'est pas pour l'argent ni le pouvoir que je me suis jeté à corps perdu dans ses affaires. C'est pour m'écrouler comme une masse sur mon lit en rentrant chez moi et me relever le matin avec trop de choses à régler pour avoir le temps de penser à ma vie sentimentale.

— Mais quand même, insista Harry. Mettons que ce ne soit pas vous. Quelqu'un a bien éliminé votre frère et a tenté de vous faire jeter en prison en mettant des preuves chez vous.

— Je vous dis que ce ne peut pas être Marvin. Ça n'a pas de sens. Je le connais depuis l'enfance. Il n'aurait jamais imaginé un plan aussi cruel et tordu.

— Et son épouse ?

Edmund dévisagea Harry avec étonnement, avant de baisser les yeux, plongé dans ses pensées. Quand il releva le regard, le commandant des Aurors fut surpris par la dureté qu'il y découvrit.

— Avec votre réputation, on a l'impression que vous êtes un chic type, mais en fait, non ! fit Edmund d'une voix grinçante.

— Pardon ? s'étonna Harry.

— Ce serait facile, hein ! Elle ne fait même pas partie de la famille au sens propre. Je la charge et, comme ça, je suis libre, je disculpe Nell et je garde mon cousin Marvin. Vous trouvez que c'est correct, vous ? Ça vous arrive souvent d'acheter des témoignages ?

— Je ne vous demande pas d'inventer des charges contre elle, recadra Harry. Simplement de nous dire ce que vous pensez d'elle.

— Je ne suis pas stupide. Je me doute bien que, vu la situation, toute critique à son égard vaut une accusation.

— Ce n'est pas vous qui la jugerez, rappela Harry. Ni moi d'ailleurs. Par contre, je sais que votre frère est mort, qu'un témoin a été tué et que votre oncle est sans doute le prochain sur la liste. Alors, aidez-moi à rassembler tous les éléments qui pourraient aider à arrêter le meurtrier.

Edmund parut réfléchir, puis se décida :

— C'est presque trop facile, dit-il avec ironie. Plus j'y pense, plus je me dis que c'est elle qui vous a parlé de mes sentiments pour Nell. Ni mon oncle ni mes tantes n'auraient pu faire une chose pareille. Marvin n'est pas du genre à remarquer ce genre de chose, alors il ne reste plus qu'elle. Je me trompe ?

Harry resta parfaitement impassible.

— Que pouvez-vous nous dire d'autre sur elle ? relança-t-il.

— Que c'est une casse-pied. Je ne sais pas comment Marvin peut la supporter. Elle n'est jamais contente, toujours à le houspiller parce que son magasin pourrait rapporter davantage, s'il le voulait. Régulièrement, j'ai envie de lui dire de la fermer, en entendant la façon dont elle lui parle. Marvin est un type génial : il est gentil, patient, toujours de bonne humeur. Pourquoi l'a-t-elle épousé si elle voulait un battant qui gagne toujours plus d'argent ?

Edmund se tut, pensif, avant de réaliser :

— Je ne me rendais même pas compte à quel point je la détestais. C'est immonde de vous dire tout cela en sachant ce que vous pouvez en tirer contre elle... mais ça fait du bien !

— Mr Plunkett, intervint Wellbeloved, maintenant que votre frère n'est plus là, dans l'hypothèse où vous seriez arrêté pour son meurtre, qu'arriverait-il une fois votre oncle disparu ? Je veux dire du point de vue de la société ?

— Comme vous l'avez sans doute déduit, c'est Marvin qui hériterait du tout.

— Dans le cas où la société serait encore dans la famille au moment du décès de votre oncle, pensez-vous que votre cousin la garderait ? se fit préciser Wellbeloved.

— Il serait capable de le faire, en mémoire de mon oncle. Il n'a jamais été question de vendre jusqu'à hier. Pas avec moi qui m'en occupe et deux autres héritiers prêts à soutenir mes efforts. En tout cas, je pense que, s'il le voulait, Marvin pourrait maintenir l'entreprise à flot. Mais il préfère sa boutique, ses clients qu'il connaît bien et son temps libre.

— Que se serait-il passé à la disparition de votre oncle, si la situation avait été normale ?

Edmund considéra la question un moment avant de comprendre ce qu'elle sous-tendait :

— Ah, vous vous demandez, dans le cas où la société serait le mobile, pourquoi tuer Jerold qui ne s'en occupait pas, et non moi ? C'est vrai que ce n'est pas très logique. Je comprends mieux pourquoi vous avez privilégié la piste sentimentale. Eh bien, le meurtrier a peut-être fait une erreur et a inversé les...

Il s'arrêta brusquement et resta figé de longues secondes. Son visage mobile qui était passé dans les heures précédentes de la résolution au désespoir, de la colère à l'ironie semblait maintenant sculpté dans la pierre. Harry eut même l'impression que son témoin avait cessé de respirer. Personne ne parla, attendant que celui-ci arrive au bout de sa pensée.

Enfin, une profonde inspiration redonna vie à leur interlocuteur. Il ferma les yeux et dit d'une voix basse, pratiquement un chuchotement mais d'une rare intensité :

— Je vais la tuer !

*

Après la retentissante exclamation de leur témoin, les Aurors ne pipèrent mot, attendant qu'il en dise davantage. Il ne se fit d'ailleurs pas prier :

— Je suis désolé, ça aurait dû me revenir pendant votre reconstitution. Mais comme je n'étais pas persuadé à l'époque que c'était un meurtre, je n'y ai pas mis tellement de bonne volonté. Enfin bref ! Autant vous prévenir tout de suite : en soi, ce n'est pas tellement déterminant, mais à la lueur de ce qui s'est passé après... Donc, normalement, c'est moi qui prends le cou du poulet. Sauf que cette fois, c'est Jerold qui l'a pris. Il faut savoir qu'on s'était vus la veille et que je l'avais taquiné sur le fait qu'il était très routinier et qu'il n'aimait pas changer ses habitudes. Du coup, il m'a pris mon morceau, sans doute pour me montrer qu'il n'était pas le seul à avoir ses petites manies. Pour le faire bisquer, je n'ai rien dit et j'ai pris le croupion à la place. Comme ça, cela n'a l'air de rien. Mais il faut savoir qu'au déjeuner de famille précédent, Jerold et moi aurions dû faire notre petite balade habituelle, mais qu'on ne l'a pas faite parce que je me suis endormi comme une masse après le déjeuner. C'est pour ça que je ne me suis pas installé sur le canapé pour le café comme d'habitude, mais sur une chaise. Que pensez-vous de tout ça ?

— Si le cou de poulet était le vecteur du somnifère, la dose était trop forte la première fois, parfaite la seconde, mais votre échange fraternel a modifié la cible, évalua Harry. Mais quand est-ce que le meurtrier aurait assaisonné le poulet ? Personne n'a quitté la pièce, d'après la reconstitution que nous avons faite.

— Personne ne l'a prise au sérieux, votre reconstitution, révéla Edmund. Du coup, personne n'a jugé utile de préciser que Nell et Janet ont toutes les deux quitté le salon avant le déjeuner – pour aller aux toilettes, avons-nous tous imaginé. Je suppose que ma chère cousine en a profité pour faire un petit tour à la cuisine.

— À moins que ce ne soit Nell, releva Harry.

— Pourquoi aurait-elle voulu me tuer ? riposta Edmund.

— Qui sait ? répartit Harry. Si vous êtes la cible, il nous faut reprendre l'enquête à zéro.

Le silence s'abattit sur la pièce pendant que tout le monde méditait sur les révélations du témoin.

C'était plausible, songea Harry. Janet aurait pu faire une première tentative et suite à son échec, recommencer en modifiant les doses.

— Avez-vous réfléchi sur la lettre que nous a donnée votre cousin ? demanda Wellbeloved. Vous rappelez-vous précisément quand vous l'avez vue pour la dernière fois ?

— Comme je vous l'ai dit, je n'étais pas très clair quand je l'ai écrite. J'étais saoul comme un troll et je ne l'aurais jamais composée dans d'autres circonstances.

— Où étiez-vous ?

— Chez moi, je pense.

— Quelles personnes peuvent venir chez vous sans être bloquées par la cheminée ? s'enquit Wellbeloved.

— On en a déjà parlé et ma réponse n'a pas changé. Je l'avais ouverte pour mon oncle et ma tante, Jerold, Nell et Marvin. Maintenant, sur les conseils de mon avocat, elle est fermée pour tout le monde.

— Elle n'était pas ouverte pour Janet.

— Non, mais il arrive de temps en temps qu'elle et Marvin viennent dîner chez moi, indiqua Edmund. Je suppose qu'elle a pu avoir accès à mon bureau et fouiner, pendant que Marvin et moi discutions dans la cuisine. On ne minute pas le temps qu'une dame passe dans la salle de bains.

— Pas d'autres personnes qui pourraient avoir accès à votre domicile ? Un bon copain à vous ou une petite amie ? questionna Wellbeloved.

— Non. Mon meilleur ami, c'est mon frère. Je n'en ai pas d'autre à qui je laisserais libre accès à chez moi.

— Pas de petite amie ? insista l'Auror.

Edmund haussa les épaules :

— Quelques rencontres pour tenter d'oublier que je me suis attachée à la mauvaise personne, mais sûrement pas de quoi ouvrir ma cheminée, expliqua-t-il.

Harry se leva et fit signe à ses collègues de le suivre dans le couloir. Il referma soigneusement la porte derrière eux et lança une bulle de silence.

— Qu'en pensez-vous ? demanda-t-il.

— Que c'est l'audition la plus passionnante de toute ma carrière, assura Demelza. J'en ai eu des frissons !

— Demelza ! soupira Harry.

— Oups, pardon, Commandant ! Mais avoue qu'il est rare qu'un type arrive pour se dénoncer et termine en nous donnant une nouvelle piste après s'être fait enguirlander par le commandant des Aurors pour faux témoignage, et lui avoir crié dessus à son tour.

Harry ne put s'empêcher de sourire devant le naturel de sa subordonnée. Il aimait beaucoup la jeune femme qui était pleine d'énergie et de joie de vivre.

— Ça peut être un coup monté du début à la fin, remarqua Plumpton. Il nous a savamment donné des éléments pour nous amener à nous détourner de lui et de sa chérie.

— S'il avait voulu inculper Janet, il n'aurait pas dit avoir placé la fiole dans le sac à ouvrage de Nell hier soir, opposa Harry. Il aurait attiré notre attention sur son arrivée ce matin par la cheminée du hall pendant qu'il était dans la cuisine avec son oncle.

— Concrètement, qu'est-ce que vous avez contre Janet ? demanda Demelza.

— Le mobile, commença Harry. Son mari se retrouve aux commandes de la société si les deux frères sont mis hors circuit.

— Comment se serait-elle débarrassée de Jerold une fois Edmund tombé de son balai ? souleva Demelza.

— La lettre pouvait servir contre Jerold aussi, comprit Wellbeloved. Un mobile pour avoir tué son frère et être envoyé en prison, libérant la place pour Marvin.

Les quatre Aurors se regardèrent.

— Ça se tient, mais on n'a quand même pas grand-chose de concret contre elle, fit remarquer Harry.

— La mort de l'elfe la désigne indirectement, jugea Wellbeloved. Il est mort parce qu'il aurait pu témoigner contre l'assassin. Or il n'a pas quitté sa cuisine pendant l'apéritif ni pendant le déjeuner. On peut donc supposer que, s'il a vu quelque chose, c'est dans cet endroit. D'après Edmund, elle et Nell se sont absentées au bon moment pour assaisonner le seul plat qui pouvait être individualisé.

— L'oncle et la tante aussi auraient pu se charger du poulet, avant l'arrivée de leurs invités, nota Harry. Mais on n'a pas de mobile pour eux, reconnut-il aussitôt.

— L'apéritif et le café ont été servis devant tout le monde, continua Wellbeloved. Mais pas facile de verser quelque chose sans se faire remarquer. Alors que, pour le poulet, il suffisait d'envoyer l'elfe dans la réserve sous un prétexte quelconque pour faire sa petite affaire tranquillement. C'est même peut-être pour ça qu'il a été tué : pour qu'il ne puisse pas révéler qu'il a laissé Janet seule dans la cuisine avant le début du repas.

— Il faut quand même faire confirmer cette histoire de cou de poulet et l'absence de ces dames, rappela Harry.

— On relâche Nell ou non ? demanda Demelza.

— Si j'en crois votre surveillance et l'analyse de sa baguette, elle n'a pas pu matériellement mettre ce flacon dans son sac, analysa Harry. Et vu qu'on avait fouillé la maison avant et qu'elle-même n'est pas sortie, je ne vois pas d'où elle l'aurait tiré de toute manière. Donc il vient de l'extérieur. Il a été amené soit par Edmund, mais son aveu stupide l'innocente, soit par Marvin, soit par sa femme. Laquelle commence à attirer pas mal de présomptions sur elle.

— Fournies par les autres suspects, rappela Wellbeloved.

— Il en est de même pour Edmund. Allez, on libère Nell et on fait venir Janet pour l'interroger à son tour. Demelza, tu peux te charger de la levée d'écrou et nous rejoindre avec la dame dans l'Atrium ?

— Bien, Commandant, tout de suite, Commandant ! lança la jeune femme avant de partir vers l'ascenseur.

Elle allait descendre aux cellules provisoires du ministère, qui se trouvaient au dixième niveau. Ces lieux d'emprisonnement servaient non seulement aux Aurors mais aussi aux policiers magiques pour garder sous les verrous les personnes soupçonnées d'un délit qu'on voulait interroger ou empêcher d'interférer dans une enquête en cours. Auparavant, le temps de maintien en détention n'était pas réglementé, et certains suspects y restaient plusieurs semaines. Ils ne s'en plaignaient pas toujours, l'alternative étant Azkaban dont le seul nom faisait trembler les plus endurcis.

Depuis la réforme de la procédure judiciaire, les Aurors et les policiers ne pouvaient maintenir des prisonniers dans ces cellules que vingt-quatre heures. Au-delà, ils devaient demander au service de la Justice magique un renouvellement pour une journée. Les enquêteurs devaient présenter des arguments propres à démontrer que cette privation de liberté était indispensable à la bonne marche de leurs investigations. Au bout de deux renouvellements – trente-six heures – le suspect était transféré dans la zone de détention du Manoir de Justice. Pour justifier une telle procédure, il fallait non seulement apporter suffisamment d'éléments pour que la culpabilité soit envisageable, mais aussi démontrer que la privation de liberté était indispensable – crainte que le suspect ne se présente pas à l'audience qui devrait trancher sur sa culpabilité, trouble à l'ordre public, disparition des preuves. Désormais, plus personne ne pouvait être envoyé à Azkaban sans procès.

C'était cependant des gardiens administrativement rattachés à la sinistre prison sorcière qui s'occupaient des personnes en détention préventive. Ces postes étaient réservés aux plus âgés ou ceux qui avaient été blessés dans l'exercice de leur fonction et qui ne pouvaient plus assurer leur service dans le froid bâtiment de la mer du Nord.

Les hommes revinrent dans la salle d'interrogatoire où Edmund faisait nerveusement les cent pas. Il lança vers eux un regard anxieux :

— On va vous laisser partir, annonça Harry.

— Et Nell ?

— Elle aussi. Ma collègue est allée la faire sortir, vous la retrouverez aux cheminées.

Un intense soulagement se peignit sur le visage d'Edmund qui se précipita pour les suivre. Dans l'atrium, ils n'eurent pas longtemps à attendre avant de voir Demelza et Nell surgir à leur tour des ascenseurs. La veuve se montra surprise en découvrant son beau-frère.

— Tu es venu me chercher ? demanda-t-elle finalement.

Edmund avala sa salive et avoua :

— Je suis venu me constituer prisonnier pour qu'ils te fassent sortir, mais ils ne m'ont pas cru.

Nell le dévisagea un moment sans expression avant qu'une grimace de dégoût ne déforme ses traits. Trop vite pour que Harry ne puisse intervenir, sa main fusa, et Edmund reçut une gifle qui lui dévissa le cou. Il pivota lentement la tête pour lui faire de nouveau face, la bouche ouverte de stupéfaction.

— Espèce d'imbécile ! lui signifia la jeune femme. Comment as-tu pu croire que j'avais tué Jerold ?

— Je ne l'ai jamais cru, assura Edmund d'une voix blanche. Je voulais juste qu'ils te laissent sortir et...

— En racontant que c'était toi ? coupa-t-elle avec mépris. Il ne t'est pas venu à l'esprit qu'ils ne pouvaient rien avoir contre moi puisque je suis innocente ?

— J'ai eu peur que cela ne suffise pas et...

— C'est toi qui l'as fait ? le coupa-t-elle d'une voix sèche.

— Bien sûr que non ! affirma-t-il avec force. Comment...

— Alors pourquoi les mènes-tu sur une fausse piste ? tempêta-t-elle. Tu ne veux pas savoir quel est le salaud qui a fait ça ?

— Si, mais...

— Ne m'adresse plus jamais la parole, le coupa-t-elle avant de se tourner vers Harry qui suivait l'échange médusé. Je suis libre ou non ?

— Oui, vous êtes libérée, lui confirma-t-il, tentant de ne pas rire de l'expression passionnée de Demelza qui suivait l'échange du couple avec fascination. Vous pouvez rentrer chez votre oncle. Vous n'avez pas le droit de quitter le pays et devez prévenir le ministère si vous changez de résidence. Nous vous raccompagnons. Transplanage ou cheminée ? demanda Harry.

— Je n'aurai pas la force de transplaner, assura Nell.

Harry l'invita d'un geste à se diriger vers les cheminées, ce qu'elle fit, sans un regard pour Edmund qui lui emboîta le pas d'un air malheureux, tandis que les Aurors fermaient la marche.

Nell entra résolument dans le conduit. L'âtre du ministère demeura un long moment bloqué, signe que la veuve restait en attente. Ulysses avait finalement verrouillé sa cheminée même pour les membres de sa famille, ce qui était plutôt sage. Edmund en profita pour se tourner vers Harry :

— J'ai vraiment agi comme un imbécile, reconnut-il d'une voix éteinte. Je pensais qu'au moins je pourrais l'aider, mais, même ça, j'en suis manifestement incapable.

— Ce n'était pas très malin, reconnut Harry, mais ça partait d'un bon sentiment. Pouvez-vous nous débloquer la cheminée quand vous serez sur place ?

Edmund eut un sourire crispé avant de pénétrer à son tour dans le conduit qui venait de reprendre du service.

— Demelza, tu peux retourner te coucher, indiqua Harry. La surveillance continue, et on compte sur toi à une heure du matin.

— Bien, chef ! S'ils continuent à se faire des scènes, tu me raconteras, hein !

— Promis, assura Harry en riant.

Ulysses étreignait Nell quand Harry arriva à son tour dans le hall. Il ne parut pas ravi de revoir l'Auror qui commença par s'assurer que Plumpton et Wellbeloved le suivaient bien.

— Comment se porte votre épouse ? s'enquit Harry.

— Elle se repose, répliqua froidement Ulysses. Il est hors de question que vous l'interrogiez.

— Je ne suis pas là pour ça. Votre nièce par alliance, Mrs Janet Plunkett, est-elle encore ici ?

Le regard du vieil homme vers le salon lui fournit sa réponse. Harry avança dans la pièce, suivi de tous les autres :

— J'aurais quelques questions à vous poser, Mrs Plunkett, lança-t-il en direction de l'intéressée. Accepteriez-vous de me suivre au ministère ?

Elle resta un moment médusée, avant de se lever d'un bond :

— Vous n'avez pas le droit de m'arrêter ! cria-t-elle. Je ne veux pas payer pour quelqu'un d'autre.

— Il n'est pas question d'arrestation, assura Harry. Juste un entretien.

— Je sais que ça arrangerait tout le monde que ce soit moi ! affirma-t-elle comme si elle n'avait pas entendu sa réponse. Je ne suis pas vraiment des leurs ! Ils ne m'ont jamais acceptée ! Ma famille n'est pas assez bien pour eux ! Ils me font des sourires en devant, mais derrière, ils rient de moi, je le sais !

— Enfin, Janet, protesta Ulysses, je ne sais pas ce qui vous fait penser...

— J'ai des yeux pour voir, assura Janet d'une voix stridente. Je sais ce que je dis. Vous avez tout fait pour que Marvin se détache de moi. Il m'a dit que vous lui aviez conseillé de ne pas m'écouter.

— Je voulais simplement le rassurer sur certains de vos propos qui l'avaient inquiété... commença le vieil homme.

— Mais bien sûr, vous en savez davantage que moi sur mon mari ! l'interrompit Janet. C'est bien ce que je disais, vous avez tout fait pour nous séparer. Que lui – elle désigna Edmund qui avait suivi Harry –, il fricote avec la femme de son frère, tout le monde trouve ça normal. Mais quand je veux juste aider mon mari à obtenir ce qu'il mérite, tout le monde se ligue contre moi !

— Je ne te permets pas ! s'indigna Edmund tandis que son oncle laissait échapper une exclamation de surprise. Et tu es complètement folle ! Personne n'a jamais dit de mal de toi. Nous savons que Marvin t'aime, et nous respectons ses sentiments.

— Comme tu respectes ceux de ton frère ? ricana Janet.

Edmund devint rouge – de honte ou de colère – et Harry sentit qu'il se retenait pour ne pas se jeter sur sa cousine par alliance. Nell avait caché son visage entre ses mains, tandis qu'Uysses et Marvin contemplaient la scène, l'air atterré.

— Mrs Plunkett, pouvez-vous me suivre ? répéta Harry d'un ton calme.

— Et si je ne veux pas ?

— Dans ce cas, vous pourrez vous considérer en état d'arrestation, répliqua froidement le commandant des Aurors.

La femme le contempla, puis jeta un œil vers Plumpton qui avait ostensiblement porté la main à sa baguette. L'œil étincelant, elle avança vers les Aurors d'un pas altier.

— Quelqu'un pourrait m'expliquer..., commença Marvin.

Edmund s'avança vers son cousin, lui posa la main sur l'épaule et lui dit d'un ton doux :

— Il faut qu'on parle.

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