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XV : A charge et à décharge


Repères chronologiques
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny
20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique
17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter
2006 : Naissance de Rose Weasley (4 janvier) et d'Albus Severus Potter (26 juin)
2008 : Naissance de Lily Luna Potter (16 mai) et d'Hugo Weasley (28 juin)
Décembre 2009 : Harry devient commandant des Aurors
30 juin 2011 : Inauguration du musée de la Magie
Période couverte par le chapitre : 21 novembre 2013

Un quart d'heure plus tard, Harry et son partenaire frappaient à la porte de la maison où habitait Edmund Plunkett. Celui-ci leur ouvrit et se rembrunit en les reconnaissant :

— Encore vous ? Qu'est-ce que vous voulez encore ?

— Vous poser quelques questions, répondit calmement Harry.

— Et si je ne veux pas y répondre ?

— On vous les posera au ministère, dans nos locaux, indiqua sèchement le commandant des Aurors.

Edmund soupira en se passant la main dans les cheveux :

— D'accord, mais je vous assure que vous perdez votre temps. Je ne sais pas comment mon frère a absorbé cette potion, et ce n'est pas en me posant des questions que vous le découvrirez.

— C'est ce qu'on verra, rétorqua Wellbeloved en avançant, obligeant Edmund à lui céder le passage.

La maison du frère de la victime était nettement moins imposante que le manoir de son oncle, mais meublée avec goût. À première vue, le standing de l'habitation était compatible avec les fonctions qu'il occupait dans la compagnie familiale. Edmund avait aménagé un salon-bureau au rez-de-chaussée, où il guida ses visiteurs. En s'asseyant, Harry jeta un œil sur les papiers qui jonchaient la table de travail. Il y reconnut l'écriture du parchemin que Marvin leur avait confié.

Il sortit de son aumônière la pièce à conviction entourée d'un charme protecteur et la posa devant Edmund Plunkett. Il vit celui-ci écarquiller les yeux avant de devenir blême.

— Reconnaissez-vous cette lettre ? s'enquit Harry.

— Où l'avez-vous trouvée ? demanda l'autre en retour.

— Reconnaissez-vous l'avoir écrite ? insista l'Auror.

Edmund resta quelques secondes sans réaction avant d'admettre d'une voix blanche :

— Oui, c'est moi.

Très vite, il redemanda :

— Où l'avez-vous trouvée ?

— Mr Plunkett, réalisez-vous que vous nous avez menti à propos de votre belle-sœur et que cela vous met dans une situation très délicate ? demanda Harry sans répondre à la question.

— Mais bon sang, cela n'a rien à voir avec ce que vous cherchez ! Je n'avais pas à vous raconter ça !

— Je pense que vous n'avez plus le choix, maintenant. Il va falloir que vous nous racontiez ça, et tâchez de ne plus mentir !

Leur suspect jeta un regard désespéré sur le parchemin et soupira :

— Ce n'est pas ce que vous croyez. Je n'ai jamais donné cette lettre à Nell. Je l'ai écrite un soir où j'avais trop bu et... je ne l'ai pas retrouvée, du coup je pensais l'avoir brûlée. Je... je n'ai plus de souvenirs très clairs de cette soirée. C'était juste avant son mariage avec Jerold et j'avais encore un problème avec cette idée.

— Dans ce courrier, vous dites que vous l'aimez comme un fou et que vous ferez tout pour qu'elle soit à vous un jour, releva Wellbeloved impitoyable. N'est-ce pas ce que vous avez fait ? Il n'y a plus d'obstacle entre elle et vous, maintenant.

— C'est dément ! Je vous dis que j'étais ivre quand j'ai écrit ça ! Et puis ça fait presque un an, maintenant. Si j'avais voulu éliminer mon frère, pourquoi aurais-je attendu aussi longtemps ?

— La lettre n'est pas datée, fit remarquer Harry. Vous l'avez peut-être écrite la semaine dernière.

— Je...

Edmund relut sa missive et soupira :

— Bon, d'accord, y'a pas de date, mais je l'ai écrite il y a des mois, et je pensais qu'elle n'existait plus. Et où l'avez-vous trouvée ? redemanda-t-il.

— Dans les affaires de votre frère.

Edmund devint encore plus livide qu'il ne l'était déjà. Ses yeux papillonnèrent, et Harry crut qu'il allait défaillir. Il se rattrapa d'ailleurs au bord de son bureau, assommé par cette nouvelle.

— Oh, non ! souffla-t-il. Je n'ai pas fait ça...

— Vous n'avez pas fait quoi ? s'enquit Harry d'une voix douce.

Edmund secoua la tête.

— Mais comment l'a-t-il eue ? Je ne voulais pas...

— Vous ne vouliez pas quoi ? insista Harry espérant des aveux.

— Je ne voulais pas qu'il le sache. Tout ceci est tellement... injuste. Nous nous sommes toujours bien entendus, c'était un frère formidable. S'il a lu ça... Qu'est-ce qu'il a dû penser de moi ?

— C'était insupportable et vous l'avez supprimé pour ne pas avoir à en assumer les conséquences ! proposa Wellbeloved.

Harry avait l'impression qu'Edmund ignorait réellement que son frère avait lu sa lettre, car il ne voyait pas comment on pouvait imiter la stupéfaction et l'horreur que cette nouvelle lui avait causée. Mais l'homme leur avait déjà menti et il était souvent efficace de prêcher le faux pour savoir le vrai.

— Donc vous aimez toujours désespérément votre belle-sœur et son veuvage est une vraie aubaine pour vous, continua-t-il.

L'homme ne répondit pas, se contentant de secouer négativement la tête, le regard fixe, comme si son enfer intérieur l'isolait de son entourage.

Harry se demanda s'il devait continuer à enfoncer le clou. Il songea avec malaise à George et Angelina qui avaient, eux aussi, bâti leur couple sur une tragique disparition. Avait-il le droit de reprocher à cet homme d'aimer la même femme que son frère ? Il échangea avec son partenaire un regard incertain. Son coéquipier fit un geste de la main, pour suggérer de fouiller la maison.

— Pouvez-vous nous confier votre baguette ? demanda Harry.

Brisé, Edmund sortit docilement sa baguette de sa poche pour la confier à l'Auror. Wellbeloved fit signe qu'il restait sur place et qu'il s'occupait de fouiner dans la pièce où ils se trouvaient. Harry sortit pour inspecter le reste. Il lui fallut une demi-heure à peine pour trouver, dans la salle de bains parmi les flacons de potions de toilettes, une fiole correspondant, selon son étiquette, au produit qui avait servi à endormir Jerold. Il la mit de côté et continua son exploration. Ce fut dans la chambre à coucher, sous le lit qu'il fit une découverte encore plus déterminante : dans la poussière, traînait un torchon sur lequel étaient cousues deux lanières : un vêtement d'elfe de maison.

Après avoir soigneusement relevé les empreintes sur la bouteille de somnifère et vérifié qu'aucun sortilège sortant de l'ordinaire n'avait été absorbé par le linge de maison, Harry redescendit retrouver son collègue et leur suspect.

— C'est à vous ? commença-t-il en posant le flacon sous les yeux d'Edmund.

— Non.

— Vous en êtes certain ?

— Je n'en prends jamais. Et vu ce qui est arrivé à Jerold...

— Donc c'est arrivé chez vous par l'intervention de Merlin ?

— Vous dites que vous l'avez trouvé chez moi mais je ne l'ai jamais vu.

Harry changea brusquement de conversation :

— L'elfe Catena est-il venu récemment ici ?

— Non, pourquoi ?

— Vous ne lui demandiez jamais de faire le ménage chez vous ?

— Je le fais moi-même. Je sais que ce n'est pas impeccable, mais cela me suffit.

Le niveau de propreté avoué correspondait à ce que Harry avait constaté en furetant dans les autres pièces. Il fit léviter devant lui ce qu'il avait trouvé sous le lit et demanda au suspect.

— Avez-vous une explication pour ça ?

— Qu'est-ce que c'est ?

— Vous ne le reconnaissez pas ?

Au bout de quelques secondes, Edmund dit lentement :

— On dirait un des torchons de Catena. Ma tante en a toute une série avec des bandes bleues et vertes comme celui-ci. D'où le sortez-vous ?

— Je l'ai trouvé chez vous.

— Je suppose qu'un jour ma tante me l'a prêté et que j'ai oublié de le lui rendre.

— Vous n'avez décidément pas beaucoup de mémoire.

— Je ne vais pas inventer une explication pour vous faire plaisir. J'ai autre chose en tête en ce moment que de comprendre pourquoi Catena a laissé un torchon sale chez moi et puis je m'en fiche. Je voudrais que vous me laissiez en paix.

Harry décida qu'il était temps de passer à l'étape suivante.

— Vous êtes celui qui a le plus à gagner de la mort de votre frère. Vous avez eu la possibilité matérielle de lui faire prendre une potion de sommeil quand vous lui avez servi son verre de whisky. Vous êtes en outre le seul témoin de son décès. Vous avez chez vous le produit qui a servi à l'endormir. Vous avez aussi en votre possession un vêtement appartenant à une créature qui a sans doute été tuée car elle en savait trop. Vous n'avez aucune explication satisfaisante pour expliquer la présence de ce linge chez vous. Vous nous avez en outre menti sur un point important, se rapprochant de ce qui pourrait bien être un mobile. Mr Plunkett, je vous arrête pour le meurtre de votre frère, Jerold Plunkett, et je vous demande de nous suivre sans résistance au ministère.

Edmund ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit.

— Vous pouvez prévenir votre famille, lui indiqua Harry, et vous faire assister par un avocat.

Ces précisions n'étaient pas obligatoires, mais Harry, qui avait participé à la mise en place de la loi qui concédait ces droits, se sentait moralement obligé d'en informer ceux qu'il arrêtait. Il savait que la plupart de ses collègues s'en abstenaient, bien qu'il les ait encouragés plusieurs fois à les faire. Il n'avait cependant pas donné à ces consignes un caractère obligatoire, sachant que c'était un point délicat pour beaucoup d'entre eux, et il n'avait pas voulu les heurter de front sur ce plan.

Même avertis de leurs droits, les suspects utilisaient rarement la possibilité qui leur était donnée d'appeler un défenseur. Sans doute n'était-ce pas encore suffisamment entré dans les mœurs, et la plupart des sorciers estimaient qu'ils étaient assez grands pour se débrouiller tous seuls, du moins avant le procès. Par contre, ils demandaient la plupart du temps à prévenir leur famille de leur arrestation, sans qu'il soit besoin de le leur conseiller. Edmund ne dérogea pas à la règle :

— Je veux parler à mon oncle.

D'une main tremblante, leur suspect sortit un miroir communicant de sa poche et prononça le nom d'Ulysses d'une voix blanche. Ce dernier répondit rapidement.

— Ils m'ont arrêté, dit simplement son neveu.

— Qui, quoi ?

— Les Aurors. Ils pensent que j'ai tué Jerold. Je ne l'ai pas fait, je te jure que je ne l'ai pas fait !

— Évidemment que tu ne l'as pas fait, Edmund, nous le savons. Ne t'en fais pas, nous n'allons pas les laisser faire. Où es-tu maintenant ?

— Encore chez moi, mais ils parlent de m'emmener au ministère.

— Passe-les-moi.

Harry tendit la main et ferma le miroir d'un claquement sec, mettant ainsi fin à la communication. Wellbeloved exécuta une fouille experte à l'aide de sa baguette et confisqua tout ce que leur suspect avait dans ses poches. Ils le firent ensuite transplaner au ministère et le pilotèrent rapidement vers une des geôles où ils pouvaient temporairement garder un prisonnier.

— Tu penses que c'est lui ? demanda Harry à son partenaire en poussant la porte du QG.

— On n'a pas de meilleur suspect et, plus on gratte, plus on trouve d'éléments contre lui. Il nous reste encore à faire les comparaisons d'empreintes. Je suis certain que l'oncle Plunkett va nous envoyer un baveux, et on a intérêt à avoir de quoi lui fermer son caquet.

Une bonne surprise les attendait néanmoins sur la table de Wellbeloved : le compte-rendu de l'examen du corps de l'elfe Catena.

— Il a succombé à une overdose de potion de sommeil, s'écria le partenaire de Harry qui avait lu le rapport en diagonale pour sauter à la conclusion. La même que celle qu'on a trouvée chez Edmund !

— Ah, très bien, commenta Harry avec satisfaction. Je vais voir Pritchard pour vérifier qu'il n'a pas besoin de moi. Je te laisse chercher les empreintes.

Harry était à peine revenu vers Wellbeloved qu'il vit l'avocat St-John Bielinski entrer dans le QG et se diriger vers son bureau de commandant. Depuis son accession à son poste actuel, Harry avait eu à traiter plusieurs contestations rédigées par le brillant juriste. Ils se rencontraient régulièrement aux audiences auxquelles Harry assistait, sans échanger davantage que des salutations courtoises. Le commandant des Aurors n'avait plus croisé directement le fer avec l'avocat depuis le mémorable procès Grimstone et s'en félicitait. Mais il avait l'impression que cette fois-ci, il n'y couperait pas. Ulysses Plunkett avait les moyens d'envoyer à son neveu l'un des meilleurs avocats du monde sorcier.

Bielinski le repéra et s'élança vers lui.

— Commandant Potter, salua-t-il. Je viens pour assister Mr Edmund Plunkett. Il paraît que vous vous en occupez personnellement.

— C'est exact. Voulez-vous le voir tout de suite ?

— J'aimerais avoir accès à votre dossier auparavant.

— Très bien, mais toutes les pièces ne sont pas encore finalisées, prévint-il. Je vous fais immédiatement les copies de ce qu'on a déjà.

— Merci beaucoup.

Après un hochement de la tête en direction de Wellbeloved, Bielinski alla s'installer à la table qu'ils avaient installée dans un coin de la pièce à usage des avocats venant consulter les pièces. De son côté, Harry s'activa avec sa baguette pour dédoubler les documents principaux du dossier, terminant par le compte-rendu de Ste-Mangouste concertant Catena. Il alla ensuite le porter à l'avocat qui avait sorti une plume pour prendre des notes. De retour auprès de son partenaire, il lui demanda où il en était.

— J'ai analysé les empreintes du flacon de potion. Il y en a un paquet, ce qui est souvent le cas vu que le préparateur et le vendeur l'ont manipulé. Aucune n'est identifiable.

— Le torchon ?

— Rien trouvé d'intéressant dessus. Aux plis et à l'état général, j'ai l'impression qu'il était propre, plié et repassé, puis roulé en boule et jeté à terre. Il y a de la poussière dessus, mais pas comme si l'elfe l'avait porté en faisant un travail salissant. Plutôt comme si on l'avait posé sur un endroit poussiéreux.

Harry fit la grimace. Pour l'examen des tissus, la recherche magique piétinait et était loin d'atteindre les résultats que les Moldus obtenaient avec leurs microscopes surpuissants. Il se demanda s'il ne pourrait pas le faire analyser par les Moldus en passant par l'intermédiaire d'Audrey, l'épouse de Percy. Une procédure le permettait, mais une demande devait être déposée auprès du Mangengamot. Étant donné que l'objet devait porter des traces de l'elfe, créature inconnue et qui devait le rester hors du monde sorcier, il était peu probable qu'il obtienne l'autorisation. S'il passait outre, la preuve ne pourrait pas être retenue par le tribunal.

Peu après, Bielinski revint vers eux :

— J'aimerais voir mon client, indiqua-t-il.

Harry se leva pour l'amener dans la section d'incarcération provisoire que les Aurors partageaient avec le service de la police magique. En chemin, l'avocat demanda :

— Des regrets à propos de notre dernière conversation, Monsieur Potter ?

Harry songea à ce bref échange dans un café, durant lequel Bielinski avait su le convaincre de l'importance du rôle de la défense dans un procès, et aux encouragements qu'il lui avait donnés ce jour-là, sans imaginer que cela déboucherait sur une réforme aussi profonde du système judiciaire.

— Ça dépend des jours, répondit-il avec franchise.

Ils échangèrent un regard, mi-complice, mi-ironique, avant de se sourire. Ils restaient adversaires mais ils avaient en commun une action dont ils étaient fiers tous les deux.

Arrivé à destination, Harry abandonna l'avocat entre les mains du gardien, laissant celui-ci procéder à la fouille réglementaire du visiteur et mettre sa baguette de côté. Quand il revint au QG, Pritchard lui fit signe qu'il avait besoin de lui.

Une heure plus tard, Bielinski frappait à la porte du bureau de Harry, où ce dernier finissait de trancher les derniers points que son adjoint lui avait soumis.

— Pouvons-nous discuter du dossier ? le pria l'avocat.

Harry donna encore une instruction puis revint dans la grande pièce pour s'installer avec Wellbeloved et Bielinski à la table où l'avocat avait auparavant étudié les pièces qu'on lui avait transmises.

— Avez-vous l'intention de demander l'incarcération immédiate de mon client ? demanda l'avocat.

— Oui, le risque de fuite est trop important, répondit Harry. Sans compter qu'il a tué deux personnes et pourrait récidiver.

— Je n'ai rien vu qui l'accuse formellement d'avoir attenté à la vie de son frère, opposa Bielinski.

— Alors pourquoi nous aurait-il menti sur ce qu'il avait révélé à sa belle-sœur ? répliqua Wellbeloved.

— À propos de ses sentiments ? C'est personnel, et il estime que cela n'a aucun rapport avec l'affaire.

— Mr Bielinski, intervint Harry. Vous avez lu les conclusions de Ste-Mangouste à propos de la mort de la victime. La potion de sommeil qui l'a terrassé a été absorbée dans les deux heures qui ont précédé le départ des deux frères pour leur petite balade. C'est à dire pendant le repas. C'est forcément un membre de cette famille qui a fait le coup. Tout renseignement pouvant nous éclairer sur les rapports entre la victime et cette famille est au cœur de l'enquête.

— Pas si la victime a volontairement ou accidentellement pris cette potion.

— Le suicide ou l'absorption accidentelle était une possibilité avant la mort de l'elfe. Ce n'est plus le cas maintenant.

— Avez-vous envisagé que l'elfe aurait pu lui-même mettre fin à ses jours ? Par remords par exemple. Il a pu faire prendre le somnifère volontairement ou par accident à Jerold Plunkett et n'a pas supporté cette idée.

— Vous savez très bien que les elfes ne se suicident pas, sauf sur ordre de leur maître, ce qui constitue aujourd'hui une sorte de meurtre. Un elfe qui s'estime en faute a tendance à se punir en se faisant souffrir, or cette créature ne porte sur son corps aucun signe de violence, vous avez lu le même rapport que moi. En outre, le fait que je n'aie pas retrouvé de flacon de potion de sommeil près de lui indique que quelqu'un d'autre est intervenu.

— Les pistes qui vous mènent à Edmund Plunkett sont minces, voire inexistantes, réaffirma l'avocat. À part le béguin pour sa belle-sœur, votre dossier est vide.

— Vous avez lu la lettre qu'il lui a adressée, rétorqua Harry. Ce n'est pas un béguin, c'est une passion profonde qui, selon ce qu'il nous a lui-même expliqué, date de près de deux ans. Ensuite, il possède un flacon de la bonne potion...

— Comme la moitié de la population sorcière ! Il n'y a même pas ses empreintes dessus.

— ... et il refuse de nous dire quand il l'a acheté.

— Il ne refuse rien, il ne l'a pas fait !

— Il a en outre été trouvé en possession d'un vêtement de l'elfe si commodément réduit au silence...

— C'est un torchon qui peut avoir d'autres utilités.

— Sauf qu'il était dissimulé à un endroit où on ne range pas habituellement les torchons, et qu'il a des lanières qui indiquent son usage.

— Ce n'est pas au dossier.

— Vous savez bien qu'à ce stade de l'enquête il est important de garder certains détails pour nous.

Bielinski connaissait les règles du jeu et n'insista pas. Il savait qu'il aurait tous les éléments avant le procès, c'était la condition pour qu'ils soient opposés à l'accusé.

— Quoi qu'il en soit, dans l'hypothèse où il aurait empoisonné ce pauvre elfe, pourquoi aurait-il gardé un torchon qui l'incrimine ? demanda-t-il. Je n'ai pas lu que la créature ait été retrouvée dénudée. Ce tissu se trouve peut-être chez mon client depuis des mois.

Harry haussa les épaules :

— Désir de prendre un trophée, action sous l'effet de la panique, que sais-je ? Vous n'ignorez pas que les meurtriers créent bien souvent eux-mêmes les preuves qui les désignent.

— Il arrive aussi régulièrement qu'on crée de toutes pièces des preuves pour détourner les soupçons du véritable coupable. Mon client ne se souvient pas avoir acheté ce flacon de potion, et vous n'avez pas ses empreintes dessus ; pas plus qu'il ne sait comment il a récupéré le torchon de l'elfe. Si quelqu'un avait voulu l'incriminer, il ne s'y serait pas pris autrement.

— Sauf que c'est la lettre qui nous a mis sur la piste et qu'il ne nie pas l'avoir écrite. Et puis, qui aurait eu accès à chez lui ? On n'y entre quand même pas comme dans un moulin !

— Il m'a dit que sa cheminée était débloquée pour son frère et son cousin, répondit l'avocat.

Son cousin. Celui qui leur avait parlé le premier des sentiments d'Edmund pour Nell et donné la lettre qui avait concentré les soupçons sur lui, réalisa Harry. Il se tourna vers Wellbeloved qui avait l'air troublé lui aussi.

— Il faudrait qu'on pose quelques questions à son cousin, consentit Harry. Mais il me semble prématuré de permettre à Edmund de rentrer chez lui. Si jamais il est victime d'une machination, comme vous avez l'air de le croire, il peut aussi être le prochain à succomber d'un sommeil fatal.

— Vous pouvez le mettre en garde, suggéra l'avocat.

— Voici ce que je vous propose, tenta Harry. Vous nous laissez les vingt-quatre heures, durant lesquelles nous avons de toute manière le droit de le garder, sans interférer ni communiquer ce que vous savez aux autres membres de la famille. De notre côté, nous nous engageons à ne pas demander son maintien en détention auprès du juge si nous ne trouvons pas d'autres éléments contre lui.

— Sans éléments supplémentaires, la maison de Justice vous le refusera, affirma Bielinski.

— Ça, vous ne pouvez pas en être certain. Le torchon de l'elfe dissimulé chez lui est très incriminant. Par ailleurs, s'il est innocent, il a tout intérêt à ce que le vrai coupable pense avoir réussi son coup en constatant que nous le gardons.

— Allez-vous vraiment enquêter à décharge ? s'enquit l'avocat.

— À charge et à décharge, précisa Harry. Comme toujours.

— Je dois parler à mon client avant de vous donner ma réponse.

— Oui, je comprends.

Harry attira un morceau de papier et signa une nouvelle autorisation de visite. Son interlocuteur s'en saisit et repartit vers la sortie.

— Alors ? demanda Harry à Wellbeloved. Tu penses que ça peut être un coup monté ?

— Justement, comme tu étais occupé, je n'ai pas eu l'occasion de t'en parler, mais il y a un élément bizarre : je n'ai pas trouvé d'empreinte des doigts de Jerold sur la lettre d'Edmund.

— Tu en es certain ?

— Oui, il y a trois séries de paluches, dont celles de Marvin et Edmund. Je ne sais pas à qui appartient la troisième, mais ce n'est pas celles de Jerold.

— L'épouse de Marvin, sans doute, puisqu'il la lui a montrée et lui a demandé son avis.

— Il faut s'en assurer.

— Réinterroger tout le monde aussi. Et vérifier qu'il n'y a pas de potion de sommeil qui traîne dans les pharmacies familiales.

*

Ulysses leur ouvrit lui-même sa porte. Son visage se contracta quand il les reconnut.

— Où est mon neveu ? demanda-t-il sans ambages.

— Au ministère pour interrogatoire, répartit Harry.

Avant de partir, ils avaient revu Bielinski. Son client était d'accord pour que l'avocat garde pour lui les éléments du dossier qu'on lui avait communiqués pendant vingt-quatre heures, même vis-à-vis de sa famille.

— Mais pourquoi ? interrogea le vieil homme.

— Il avait en sa possession le produit qui a servi à endormir votre neveu Jerold, décida de révéler Harry.

— Une potion de sommeil ? Mais tout le monde en a. Vous en trouverez sans doute ici dans la pharmacie.

— Nous venons précisément pour nous en assurer, l'informa le commandant des Aurors. Nous allons fouiller votre maison.

Ulysses les regarda, sans mot dire, visiblement dépassé par la situation.

— Est-ce indispensable ? demanda-t-il.

— Nous enquêtons sur un meurtre. Maintenant, vous nous excuserez, nous avons du travail.

Durant l'heure suivante, les deux Aurors parcoururent la demeure de fond en comble. Nell Plunkett occupait sa chambre quand Harry demanda à vérifier l'endroit. Elle resta plantée dans la pièce, les bras croisés, le fusillant du regard durant tout le temps que dura l'opération. Harry remarqua qu'elle avait peu d'affaires à elle, ce qui était normal puisque son séjour en ces lieux n'était que temporaire.

Wellbeloved lui indiqua qu'il avait dérangé Mrs Bettany Plunkett quand il s'était attaqué à la cuisine et que Ulysses, réfugié dans la bibliothèque, avait prétendu être plongé dans un livre sans faire mine de le remarquer. Jusque-là, ils n'avaient pas trouvé de flacon de potion de sommeil, qu'il soit vide ou plein.

Ils terminèrent par la chambre de l'elfe, toujours bloquée par le sort que Harry y avait apposé la veille. Ils relevèrent soigneusement les empreintes, au cas où l'une d'entre elles aurait échappé à Harry mais une rapide vérification leur permit de déterminer qu'il n'y avait que des traces de la créature dans cet espace. Pas plus que la première fois, ils ne trouvèrent de flacon contenant de somnifère. Ils échangèrent un regard entendu : une tierce personne était nécessairement intervenue.

En ressortant de la niche, ils retrouvèrent les trois membres de la famille dans la cuisine, en train de commencer leur repas. Harry remarqua qu'ils s'étaient tous servis très chichement. Ils n'avaient visiblement que peu d'appétit.

— Avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ? interrogea Ulysses d'un ton brusque.

Les deux femmes le regardèrent d'un air inquiet, comme si elles trouvaient périlleux de s'en prendre ainsi à des Aurors.

— Non, répondit Harry.

— Je suppose que nous sommes supposés nous en réjouir, ironisa le maître de maison d'un ton froid.

— Pas spécialement, le renseigna Harry.

— Vous voulez dire que vous soupçonnez toujours l'un de nous ?

— Vous êtes-vous récemment débarrassé d'un flacon de potion de sommeil ou d'un autre flacon en verre ?

— Non, bien sûr que non. Et je suis persuadé que Jerold a pris cette potion par accident.

— Le problème, Mr Plunkett, c'est que nous n'avons pas trouvé trace de ce produit chez lui.

— Il a dû le finir.

— Dans ce cas, nous aurions retrouvé le flacon vide chez lui.

Dans le monde sorcier, les contenants en verre étaient rapportés à ceux qui les avaient vendus, en échange d'une consigne.

— Vous-même récupérez votre verre, continua Harry en montrant une caisse en bois près de l'évier où s'entassaient des bouteilles de lait et des bocaux.

— Oui, comme tout le monde, je suppose.

— Depuis quand cette caisse n'a pas été vidée ?

— Vu ce qu'elle contient, cela fait plusieurs jours que cela n'a pas été fait, jugea Ulysses.

— Mr Plunkett, votre elfe est décédé d'une surdose de potion de sommeil, lui apprit Harry.

— Oh, mon dieu, s'écria Mrs Plunkett, les yeux écarquillés. Le pauvre petit ! Il a dû se tromper et en prendre trop.

— Ma tante, intervint Nell très pâle, ce que Monsieur Potter est en train de nous expliquer c'est qu'il n'a pas retrouvé le flacon.

— Il est bien quelque part, répondit Bettany. Forcément.

— Pas dans cette maison en tout cas, assura Harry.

Mrs Plunkett se tourna vers la caisse pour le verre comme si elle espérait qu'on puisse y retrouver la fiole manquante. Elle dut comprendre que c'était sans espoir et commença :

— L'un de nous a pu la briser ou la jeter sans s'en rendre compte...

— Ma tante, la reprit Nell d'une voix cassante, vous savez bien que c'est impossible. Cela fait trois jours que les Aurors nous tannent avec cette potion et...

Elle s'interrompit brusquement, le regard dans le vide.

— Ils ont raison depuis le début, reprit-elle d'une voix sans timbre. Ce n'est pas un accident. Sinon nous aurions retrouvé le flacon à la maison ou sur lui. QUELQU'UN A TUÉ JEROLD ! hurla-t-elle soudain en faisant sursauter tout le monde. Il a été tué ! Il a été tué !!

Devenue écarlate, elle frappait de ses poings crispés la table devant laquelle elle se trouvait assise, faisant basculer son assiette et renversant son verre.

— Ma chérie, s'écria sa tante éperdue en tentant de la prendre par les épaules.

Nell la saisit aux poignets et la secoua avec force :

— Vous me l'avez tué ! Vous me l'avez tué !

Comprenant qu'elle faisait une crise de nerfs, Harry sortit sa baguette et lança sur la malheureuse un Impedimenta pour permettre à Wellbeloved et Ulysses, qui s'étaient précipités, de l'immobiliser et délivrer Mrs Plunkett de la poigne de sa nièce.

Très vite, la veuve se laissa aller en avant et se mit à pleurer en longs sanglots rauques. Sans rancune, sa tante la prit sans ses bras et la berça doucement en murmurant des mots tendres. Ulysses les contempla un long moment, le souffle court, les mains tremblantes.

Harry attendit patiemment qu'ils se souviennent de leur présence, les observant, tentant de ne pas manquer un indice. Finalement, Mr Plunkett se laissa tomber pesamment sur sa chaise.

— Vous m'avez dit, fit-il comme s'il avait du mal à s'exprimer, que vous avez trouvé un flacon de potion chez mon neveu Edmund.

— C'est exact.

— Je ne peux pas croire cela.

— Mr Plunkett, si vous veniez à disparaître, qui hériterait de vos biens ?

— Vous pensez que c'est moi qui étais visé ? demanda-t-il d'une voix incertaine.

— Ou bien que vous êtes le prochain sur la liste, répondit Harry en attrapant une chaise et se mettant au niveau de son interlocuteur.

— C'est un cauchemar, espéra Ulysses avec ferveur.

— C'est un moment difficile, convint Harry.

L'homme se secoua et fit un effort pour répondre à la question posée :

— J'ai fait un testament. Mon épouse héritera de la maison, ainsi que d'une somme d'argent suffisante pour la mettre à l'abri du besoin jusqu'à la fin de sa vie. L'entreprise et le reste de ma fortune seront divisés en parties égales entre mes trois neveux.

— Seul votre neveu Edmund travaille avec vous, c'est bien ça ?

— Oui, Jerold a voulu devenir médicomage, et Marvin ne court pas après les responsabilités. Il se contente de gérer l'épicerie qu'il possède avec sa mère. Une fois ma succession réglée, il y a assez de gallions pour que, si l'un d'eux veut se dégager de la société, les autres puissent racheter sa part. Je leur ai demandé de ne prendre aucune décision hâtive pour ne pas mettre l'assise financière de l'entreprise en péril, et cela n'a pas semblé leur poser un problème particulier.

— Quand avez-vous pris ces dispositions ?

— Il y a deux ans, quand j'ai eu un ennui de santé et que j'ai réalisé que je n'étais pas immortel. Il ne m'était pas venu à l'idée que je ne serais pas le premier à partir, soupira-t-il avec tristesse.

À ses côtés, Nell s'était arrêtée de pleurer. Elle fermait désespérément les yeux, comme pour éloigner d'elle la réalité. Harry retint de justesse son conseil machinal de lui faire prendre une potion de sommeil pour qu'elle puisse récupérer de ses émotions.

— Monsieur Potter, pensez-vous vraiment que c'est Edmund qui a fait ça ? reprit Ulysses.

— Certains éléments laissent à penser qu'il peut nous apporter des réponses qui nous feraient avancer vers la vérité, répondit précautionneusement Harry.

— Ça veut dire que vous n'en êtes pas certain, traduisit Mr Plunkett.

Harry ne releva pas.

— Je ne peux pas croire qu'Edmund ait pu faire une chose pareille, insista Ulysses.

— Mr Plunkett, si on considère que le coupable est vraisemblablement une des personnes qui étaient à votre table dimanche dernier, qui pensez-vous capable de faire une chose pareille ?

Après un long silence, l'homme répondit :

— Vous imaginez vraiment que je vais accuser quelqu'un de ma famille ?

— Si vous avez remarqué un élément qui puisse me mettre sur la voie, j'espère simplement que vous me le transmettrez.

— Ne comptez pas sur moi pour vous aider à mettre l'un des miens en prison.

— Je vous rappelle que cette personne a tué votre neveu et qu'il est probable que vous soyez très haut sur la liste des prochaines victimes potentielles.

— C'est mon affaire.

— Réfléchissez-y. Une dernière question : votre nièce par alliance fait-elle encore partie des héritiers, malgré le prédécès de son mari ?

Ulysses Plunkett ferma les yeux, refusant de parler.

Harry se leva et annonça :

— Je vais demander à un de mes Aurors de rester avec vous cette nuit.

— Sommes-nous assignés à résidence ? demanda Ulysses.

— Je pensais plutôt vous protéger, révéla doucement Harry. Et je vous déconseille de manger ou boire quoi que ce soit qui n'ait pas été vérifié par eux avant.

Il sortit son miroir pour joindre Pritchard et lui demander de donner les directives requises. Son adjoint lui demanda s'il allait repasser prochainement au bureau :

— Non, nous avons encore une visite à faire, lui indiqua Harry.


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