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XI : L'esprit de groupe


Repères chronologiques
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny
20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique
17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter
2006 : Naissance de Rose Weasley (4 janvier) et d'Albus Severus Potter (26 juin)
2008 : Naissance de Lily Luna Potter (16 mai) et d'Hugo Weasley (28 juin)
Décembre 2009 : Harry devient commandant des Aurors
30 juin 2011 : Inauguration du musée de la Magie
Période couverte par le chapitre : du 7 février au 6 avril 2013

Le procès des trafiquants dont l'arrestation avait coûté la vie à Simon Belby se tint quatre mois après les faits, vers la fin du mois de février.

Dans l'intervalle, les relations entre Muldoon et Harry avaient lentement évolué, les deux hommes étant passés de l'indifférence la plus marquée à des échanges retenus et prudents. C'était un progrès cependant, chacun ayant fait certaines concessions.

Ainsi, trois jours après que Harry lui en eut donné l'ordre, Muldoon s'était présenté le samedi à l'entraînement, le visage fermé. Harry s'était demandé si Pritchard avait insisté pour que l'Auror leur fasse l'honneur de sa présence ou s'il l'avait fait de lui-même. Quoi qu'il en soit, il avait été soulagé de ne pas avoir à sanctionner un refus d'obtempérer.

Le commandant des Aurors avait fait signe à Janice de prendre en charge leur nouveau participant et était parti entraîner un autre groupe. Il voulait voir Muldoon à l'œuvre, mais avait préféré le laisser prendre ses marques avant d'aller l'inspecter. Il ne s'était rapproché qu'en fin de séance : comme il l'avait déjà remarqué, Muldoon tirait vite et juste. Par contre, il ne savait pas se placer correctement par rapport à ses collègues pour les couvrir et bénéficier de leur protection de la manière la plus efficace.

Muldoon avait néanmoins un très bon niveau de manière générale. Il s'était manifestement tenu au courant des manœuvres de base mises au point par Harry et Janice, sans doute par l'intermédiaire de son partenaire, Christopher Summers. Ainsi, il maîtrisait correctement le transplanage dos à dos ou la prise de coordonnées d'arrivée à partir d'un miroir. Mais il lui manquait encore l'esprit de groupe qui ne pouvait naître que des exercices inlassablement répétés avec ses camarades chaque samedi.

Muldoon était revenu à la séance suivante mais pas à celle d'après. Harry avait laissé passer sans rien dire. Les entraînements n'étaient pas officiellement obligatoires et, s'il était conseillé de s'y rendre le plus souvent possible, il était toléré de les manquer de temps en temps. Cela arrivait d'ailleurs parfois à Harry ou Janice, qui s'arrangeaient simplement pour que l'un d'eux soit toujours présent. Un samedi, où ils avaient tous les deux eu un empêchement de dernière minute, Hilliard Hobday et Horacius Hipworth avaient pris les choses en main, et les Aurors avaient enchaîné les exercices habituels.

Le quatrième samedi, Muldoon était revenu et, après la séance, Harry avait demandé à Janice si tout se passait bien. Sa collègue avait eu un petit sourire :

— Tu sais, tu n'es pas le seul à avoir des soucis avec lui. De son temps, il y avait peu de femmes Aurors et, quand elles l'étaient, elles avaient la décence de ne pas monter en grade. Autant te dire qu'il a fait la tête quand j'ai été nommée chef de Brigade et encore plus quand j'ai remplacé Pritchard auprès de Faucett il y a sept ans.

— Ah bon ? s'était étonné Harry qui ne s'était aperçu de rien.

— On a donc eu des petites conversations musclées et on est plus ou moins parvenus à un statu quo.

— C'est bien, avait approuvé Harry en se demandant s'il parviendrait un jour à ce stade.

— Je n'ai rien dit pour son absence de la semaine dernière, avait continué Janice, mais tout à l'heure j'ai opposé son équipe à nos amis de la Police magique. Son groupe s'est fait laminer par sa faute parce qu'il ne sait toujours pas se placer correctement. Ça devrait le convaincre de revenir prendre sa revanche. Par contre, tu vas l'entendre râler sur la stupidité d'intégrer la police dans nos entraînements.

Trois ans et demi plus tôt, lors de l'affaire qui les avait mis face à une série d'incendies criminels, Harry avait demandé l'aide de la police magique, car il manquait d'effectifs pour l'opération de grande envergure qu'il avait déployée pour débusquer le coupable. En remerciement pour la totale coopération que lui avaient offerte le commandant Watchover et le capitaine Thurston, Harry avait proposé d'accueillir leurs hommes à ses entraînements.

Certains de ses collègues s'en étaient offusqués et avaient protesté quand les premiers policiers étaient arrivés. Harry avait tenu bon, rappelant leur efficacité dans l'enquête qui venait enfin de se terminer. Finalement, au prix de quelques ajustements, leur présence avait été acceptée. Harry et Watchover avaient convenu que le nombre de policiers devait rester largement minoritaire par rapport à celui des Aurors pour que ceux-ci ne se sentent pas dépossédés de leur séance. Watchover n'envoyait donc que ses officiers supérieurs, les capitaines et les brigadiers. Les policiers se débrouillaient pour transmettre ce qu'ils apprenaient à leurs collègues lors de séances organisées de leur côté.

Harry et Janice veillaient également à ne pas mélanger les policiers avec des Aurors ayant exprimé leur répugnance à les côtoyer. Heureusement, leurs collègues les plus jeunes, moins influencés par la concurrence féroce qui existait avant la guerre entre les deux services, n'y voyaient aucun inconvénient. Cependant, Janice et Harry n'hésitaient pas à opposer les deux corps, considérant que l'émulation était propice au perfectionnement.

Comme l'avait espéré Janice, Muldoon était revenu assez régulièrement après son humiliation, et travaillait sérieusement pour rattraper son retard. Les rapports entre les deux hommes, néanmoins, restaient tendus. Harry n'avait osé féliciter Muldoon ni pour sa présence du samedi ni pour ses progrès, de peur que ce ne soit interprété comme une manière de se réjouir de l'avoir fait plier.

D'une manière générale, il s'interrogeait sur ce que Muldoon pensait de ses efforts pour préserver sa fierté. En était-il soulagé ou au contraire, méprisait-il Harry de ne pas vouloir affirmer sa suprématie ? De même, le commandant des Aurors se demandait si son subordonné était conscient que la sanction encourue pour son geste criminel aurait été plus sévère si Harry ne s'était pas senti coupable de l'avoir aussi longtemps mis sur la touche par défiance.

Au début de l'année, Kevin Whitby, le partenaire de Simon Belby, était revenu des vacances prolongées qui lui avaient été accordées pour se remettre du choc. Pritchard avait alors proposé qu'il soit confié à Christopher Summers et que Muldoon soit mis en équipe avec Michael Corner. Cela conférerait ainsi à Muldoon un partenaire beaucoup plus jeune que lui à qui il pourrait transmettre son expérience. De son côté, Michael avait participé à la mise en forme des enquêtes lors de la mise en place des nouvelles règles de procédure et saurait faire le nécessaire pour que leurs dossiers soient aux normes. Harry avait accepté cet arrangement et, autant qu'il avait pu en juger, Muldoon n'en avait pas paru mécontent. Il n'avait pas manifesté de satisfaction pour autant, mais Harry comprenait que cela puisse être contraire à sa dignité.

Les malfaiteurs furent condamnés à cinq ans d'emprisonnement pour la vente de produits illicites et dangereux. Le décès de Belby y fut évoqué en étant qualifié d'acte involontaire. Sans l'intervention malvenue de Muldoon, une accusation d'homicide aurait sans doute été lancée. La défense aurait alors dû démontrer que la conjonction des deux sorts, qui avaient causé le décès, n'était pas concertée.

Ce demi-silence fut farouchement commenté chez les Aurors. Plutôt que de laisser des théories se développer, Harry décida d'en donner la véritable explication.

— Il y a eu des irrégularités lors de l'arrestation, ce qui nous a obligés à transiger avec la défense, indiqua-t-il en réponse à une question qu'on lui posa dans la grande salle du QG, de manière assez forte pour être entendu par tous ceux qui se trouvaient aux alentours. C'est ce qui arrive quand on outrepasse les règles. Quoi qu'il en soit, cela ne nous aurait pas rendu Simon, et ceux qui ont lancé les sorts qui ont causé sa mort sont en prison pour des années. Gardez bien à l'esprit que notre mission est de défendre la loi et que notre conduite doit toujours être irréprochable.

— Quelles irrégularités ? demanda l'un des Aurors.

— Le dossier est clos, fit sèchement Harry. Il n'y a plus à y revenir.

S'il avait mis au courant Janice, pour qu'elle ne se sente pas mise en accusation, il se refusait à épingler Muldoon en public. Il savait que les rumeurs courraient et que Muldoon pourrait raconter une version arrangée à sa façon, mais Harry n'avait jamais mis au pilori une des personnes sous ses ordres.

Le procès et l'explication mirent le commandement des Aurors en difficulté. Pour commencer, la façon dont Harry avait expliqué la situation avait choqué un grand nombre de ses subordonnés.

Les Aurors trouvaient indécent qu'il semble davantage condamner l'action des Aurors, qui avaient perdu l'un des leurs, plutôt que les agissements des malfaiteurs, qui étaient des meurtriers. Le silence de Pritchard à ce sujet montrait clairement son désaccord. Il aurait sans doute préféré que Harry pointe l'intransigeance des lois et de la justice ou la roublardise des avocats de la défense.

Le sort d'incendie de Muldoon fut également commenté ; le commandant des Aurors ne sut qui en avait parlé : peut-être Muldoon lui-même ou Kevin Whitby qui avait assisté à la scène. À moins qu'un des combattants arrivés sur les lieux quelques instants plus tard n'ait deviné ce qui s'était passé. Quoi qu'il en soit, d'après ce que lui rapporta Janice, près d'un tiers de la brigade pensait que c'était bien fait et que cela compensait le défaut de jugement.

Quand il l'apprit, Harry ne regretta pas d'avoir fermement condamné le sortilège, même si cela devait lui valoir une impopularité passagère. Il l'estimait préférable au sentiment d'impunité que ses équipes auraient pu éprouver s'il avait paru soutenir l'attaque portée par Muldoon. Il comprenait leur colère et leur besoin de vengeance : il avait lui-même ressenti ce penchant et avait lui aussi dérapé à une reprise. Mais cela ne rendait pas cette inclinaison légitime pour autant.

En tant que commandant, il était de son devoir de rappeler à ses équipes que leur fonction avait pour objectif premier d'empêcher leurs concitoyens d'exercer une justice privée. Celle-ci ne pouvait donner lieu qu'à une escalade de la violence et déboucher sur le règne du plus fort sur le plus faible. Il était donc particulièrement grave de leur part de déroger à ces principes.

Il se souvenait encore avec acuité de son entretien avec Kingsley Shacklebolt, quelques semaines après la bataille de Poudlard. Celui-ci lui avait fait comprendre qu'il espérait le voir s'engager dans le corps des Aurors pour personnifier la droiture et servir d'exemple. Harry faisait de son mieux pour être à la hauteur des espoirs du ministre de la Magie.

Il n'y avait plus qu'à espérer que le message était passé, et qu'aucun de ses subordonnés ne le contraindrait à prononcer de punition exemplaire.

*

Le mois d'avril et la seconde tâche du Tournoi des Trois sorciers finirent par arriver.

Comme la fois précédente, Harry s'y rendit avec sa belle-sœur et le secrétaire de la Coopération magique. Les spectateurs furent installés dans le réfectoire, à l'extrémité normalement occupée par l'estrade des professeurs. La salle était séparée dans sa longueur en trois bandes de largeurs égales, chacune surmontée par un grand sablier qui évoqua à Harry le décompte des points à Poudlard. Au premier plan se trouvaient trois portes closes qui condamnaient l'accès au reste de la salle. À droite de chaque porte, on voyait un pied supportant un petit sablier.

Une notice fut remise aux spectateurs, expliquant la série d'épreuves qui allait se dérouler. Pour commencer, les candidats avaient reçu des instructions la fois précédente, leur indiquant qu'ils allaient devoir revenir en arrière dans le temps. Une énigme leur donnait la mesure exacte du saut temporel à réaliser. Ainsi, les petits sabliers étaient des retourneurs de temps, dont le champ d'action était limité, précisait la fiche, pour éviter tout accident. La porte ne pouvait s'ouvrir qu'à un moment bien précis. Il était donc important pour les champions de ne pas s'être trompés dans leur calcul. S'ils arrivaient trop tôt, ils devraient attendre que la porte puisse être ouverte et, comme les sabliers commenceraient leur décompte du temps dès leur apparition, ce serait autant de temps à rattraper pour la suite. S'ils arrivaient trop tard, ils pourraient passer, mais ils se verraient infliger une pénalité de cinq minutes.

Après la porte, toute une série d'épreuves entravait leur avancée vers la ligne d'arrivée. Le vainqueur serait celui qui y parviendrait le premier. Il gagnerait dix points. Le second se verrait attribuer cinq points et le dernier zéro. On jugerait également leurs diverses performances, sur une échelle de douze, chaque juge attribuant une note sur quatre, qui compléterait les points relatifs à l'ordre d'arrivée.

Hope Ketteridge, la championne britannique, fut la première à apparaître. Elle s'escrima immédiatement sur sa porte, mais elle était arrivée trop tôt, et le battant resta hermétiquement clos. Au bout de deux minutes, ainsi que l'indiquait le sablier personnel de la jeune fille, les deux autres candidats apparurent à leur tour.

Les trois portes s'ouvrirent et les champions les franchirent. Ils s'éloignèrent des spectateurs pour affronter les diverses épreuves mais, grâce à la magie particulière de la salle, le public ne manqua aucun détail.

Les tâches auxquelles les Trois sorciers étaient confrontés semblaient avoir été conçues pour vérifier si les champions maîtrisaient toutes les formes de magie qu'on leur enseignait dans leurs écoles respectives. Ils durent métamorphoser des objets pour passer des obstacles, lancer des sortilèges particuliers, déchiffrer un texte en runes, reconnaître parmi d'autres graines celles d'un haricot magique qu'ils plantèrent et arrosèrent avant d'y grimper pour attraper un objet attaché au plafond. Ils durent aussi choisir le bon ingrédient pour rendre inoffensive une potion d'endormissement.

Chaque épreuve prenait d'autant plus de temps qu'elle était mal exécutée, alors que les grains dans les sabliers géants s'écoulaient inexorablement, mesurant l'efficacité de leurs efforts.

Au début, Hope avait deux minutes de retard sur les autres. Batoura Utchenik, le Bulgare, lui permit de remonter à la seconde place quand il se trompa dans son choix en potions et resta pendant cinq minutes plongé dans un profond sommeil. L'épreuve de botanique se retourna contre Sébastien Lebeau : il ne prit pas la bonne graine et planta avec soin un flageolet des plus communs. Malgré un arrosage attentionné, rien ne vint et, au bout de deux minutes, le jeune Français retenta sa chance avec une autre semence qui s'avéra plus coopérative.

Mais il était désormais au coude à coude avec la Britannique. Ce fut l'épreuve de runes anciennes qui les départagea. Sébastien déchiffra son parchemin plus rapidement qu'elle, mais il fit une erreur d'interprétation qui le priva d'un indice, lui faisant perdre du temps lors de l'épreuve suivante.

Hope mit cinq minutes de moins que les autres à venir à bout du parcours, ce qui ne lui donna que trois minutes d'avance. De son côté, Sébastien Lebeau ne devançait que de peu Batoura qui avait fait un sans-faute après son échec en potion.

Avant de distribuer les points, on attendit que les doubles temporels des champions entrent dans la salle par une porte qui s'ouvrait près de l'estrade du public, s'avancent vers les portes closes et utilisent le retourneur de temps qui les fit disparaître soudainement.

Cela fit chuchoter les spectateurs qui étaient confrontés à ce phénomène pour la première fois de leur vie. Ils avaient du mal à se convaincre que la scène qui venait de se dérouler était antérieure au parcours, du moins du point de vue des champions.

— C'est dingue de penser qu'on peut se rencontrer soi-même, remarqua Fleur, bien que ça ne se soit pas produit.

Les deux versions des candidats ayant été soigneusement séparées, sans doute pour qu'ils ne puissent se transmettre à eux-mêmes des indices.

— Ça fait très bizarre, confirma Harry. Surtout quand on se demande si on a enclenché les évènements avant ou après leur déroulement.

— Ne me dis pas que tu as fait ça aussi ! s'écria Viktor.

— Je me suis même sauvé la vie, indiqua Harry, assez intime avec ses anciens co-champions pour frimer un peu.

— Que se passe-t-il si un de tes « moi » tue l'autre ? demanda Krum. Vous mourez tous les deux ou l'un de vous continue à vivre tranquillement ?

— Ça dépend si celui qui est tué est le premier ou le second, je suppose, répondit Fleur.

— Lequel appelles-tu le premier ? s'enquit Harry perplexe.

— Celui qui a vécu le moment en premier, répondit-elle.

— Mais ils le vivent en même temps, rétorqua Harry.

— Celui qui a l'impression de le vivre en premier, alors, précisa Fleur.

— Et lequel des toi a failli mourir ? coupa Krum.

— Le premier.

— Ça fait comment de savoir qu'on va se sauver la vie ensuite ? interrogea Fleur.

— Je n'en savais rien, expliqua Harry. Je ne m'étais pas reconnu.

— Attends, un type mal coiffé, avec une cicatrice en forme d'éclair sur le front, ça ne t'a vraiment rien rappelé ? s'étonna Krum d'une voix incrédule.

— Il était loin. Enfin, j'étais loin et je me suis pris pour mon père.

— Je croyais qu'il était mort depuis plus de dix ans, commenta Fleur.

— Je comprends ! s'exclama Krum. Tu étais revenu en arrière de plus de dix ans.

— Mais non, puisque je n'étais pas encore parti, protesta Harry.

Il y eut quelques secondes de silence, le temps que les autres tentent de mettre un peu d'ordre dans ces informations. Leurs regards compatissants n'étaient pas flatteurs pour l'équilibre mental supposé de Harry.

— Enfin, l'essentiel est que tu aies réussi à te sauver la vie, conclut Krum.

— Si j'avais échoué, il n'y aurait eu personne pour revenir me secourir, fit remarquer Harry.

— Mais alors, comment aurais-tu pu échouer ? interrogea Fleur.

— Eh bien... mais je n'en sais rien, protesta Harry. Vous m'avez tout embrouillé, là !

Pendant leur discussion, les juges avaient décidé des notes à attribuer.

L'Anglaise, qui s'était débrouillée correctement, reçut sept points à ajouter aux dix que lui avait valus la première place. Batoura avait fait un parcours magnifique si on mettait de côté son erreur d'ingrédient. Ses sortilèges et ses métamorphoses, notamment, avaient une élégance qui avait enchanté les juges qui lui attribuèrent un onze pour le style. Sébastien, qui avait montré un côté brouillon, n'obtint que six points de bonus qui, ajoutés aux cinq obtenus pour son arrivée en second, le mirent ex æquo avec le Bulgare.

Ainsi, avec la première tâche, Hope totalisait maintenant vingt-six points, Sébastien vingt et un et Batoura vingt. Les spectateurs anglais firent connaître bruyamment leur satisfaction, et Harry vit les journalistes se ruer sur la jeune championne pour recueillir ses impressions.

Il songea que c'était le moment de rentrer chez lui.

*

Le lendemain était un dimanche. Une fois sortis de table au Terrier, Ginny proposa à Harry d'aller voir la retransmission de la seconde tâche par Pensine. Une séance était prévue à Pré-au-Lard dans l'après-midi.

— Mais je l'ai déjà vue, protesta Harry.

— Mais j'ai envie de la voir quand même, rétorqua son épouse. Comme tu y assistes en direct, tout le monde m'en parle pour me demander ce que j'en pense.

Jusque-là, Harry s'était peu préoccupé de la manière dont le Tournoi était retransmis auprès des sorciers. Après la désignation des Champions, il n'avait cependant pas pu échapper à ses retrouvailles avec Viktor reproduites à la Une de La Gazette. Il s'y était attendu et avait accueilli avec bonhomie les plaisanteries de ses amis et les remarques sans malice des fonctionnaires qu'il avait croisés les jours suivants dans les couloirs du ministère.

Il suivit donc finalement Ginny sans trop maugréer, curieux de voir une Merveill'image en action. Audrey et Percy les accompagnèrent, les autres ayant déjà assisté à une séance ou n'étant pas intéressés. Leurs enfants restèrent sur place avec leurs cousins, trop jeunes pour se tenir tranquilles assez longtemps.

La projection avait lieu dans un bâtiment qui n'existait pas du temps où Harry était collégien et qui s'élevait à côté du magasin Honeydukes sur un ancien terrain en friche. Des chaises étaient disposées en cercle autour d'une table où se trouvait une Pensine au moins deux fois plus grande que celle que Harry conservait dans le placard de sa chambre. Les Potter s'acquittèrent d'un gallion pour entrer tous les deux. Tous les sièges étaient occupés quand les fenêtres s'occultèrent, plongeant la salle dans une demi-pénombre. La Pensine s'éclaira alors et le réfectoire de Beauxbâtons apparut, d'abord localisé au-dessus de la bassine de pierre, avant d'englober chaque spectateur dans la vision.

Les actions étaient commentées par la voix de Rita Skeeter qui se superposait au brouhaha des spectateurs et aux bruits naturels. On avait l'impression d'être plongé dans les pensées de la journaliste, même si Harry savait par Ron que les observations avaient été ajoutées après coup, au moment où les souvenirs avaient été sélectionnés et ordonnés.

Harry estima que la retransmission était bien plus passionnante que le spectacle en direct. Pour commencer, on suivait les champions de manière chronologique, tel qu'ils avaient vécu l'épreuve. L'énigme qu'ils avaient eue à résoudre était présentée en premier et la solution donnée. Puis on voyait les jeunes gens arriver devant leur porte, et Rita indiquait de combien de minutes ils avaient choisi de revenir en arrière. Ils disparaissaient ensuite jusqu'à l'arrivée de Hope. Puis, on enchaînait directement sur le début des épreuves, le handicap de la jeune Anglaise étant précisé oralement.

Par la suite, on voyait les champions affronter tour à tour chaque test, sans avoir à passer de l'un à l'autre, en espérant ne rien manquer d'important, comme cela avait été le cas pour les spectateurs. Au contraire, les moments présentés avaient été choisis pour être à la fois exhaustifs et sans temps morts. Les sorts pratiqués étaient expliqués, et des comparaisons étaient faites entre les méthodes adoptées par les champions pour franchir chaque obstacle. Harry dut reconnaître que Rita savait tenir un public en haleine et trouver des manières amusantes de lancer des piques sur les jeunes candidats, même si ce n'était pas toujours gentil pour le Bulgare et le Français.

Quand on arriva vers la fin, l'intonation haletante de Rita fit monter la tension chez les spectateurs qui devaient pourtant connaître l'heureuse issue de l'épreuve pour la Britannique. Harry entendit des encouragements quand on montra Hope en train de grimper sur son haricot magique, elle fut applaudie pour son excellente traduction des runes, et ce fut le délire quand elle franchit la ligne d'arrivée la première. Bien que les magnifiques sorts de Batoura aient été présentés à leur avantage, le public siffla la note de style qu'il obtint, estimant qu'il faisait de l'ombre à leur championne.

Une interview de la jeune fille était présentée juste après. Elle fut acclamée quand elle apparut en gros plan et religieusement écoutée. Elle exprimait sa fierté d'être venue à bout des épreuves et d'avoir fait le meilleur temps. Elle avouait être complètement épuisée mais qu'elle n'avait pas vu le temps passer, trop concentrée sur les actes à accomplir. Elle espérait garder ses points d'avance lors de la troisième tâche et elle salua ses camarades restés à Poudlard.

Adrian Ackerley lui succéda. Il vanta l'excellente ambiance du Tournoi (plan sur les élèves qui assistaient au spectacle et encourageaient leurs champions) et complimenta les candidats sur leur niveau de magie. Il se réjouit également du rapprochement entre les pays que cela occasionnait (gros plan sur les trois directeurs d'école en train de conférer, puis sur Harry et ses amis en pleine discussion, sans doute en train de débattre de la relativité du temps). Cette image réenclencha les applaudissements, la plupart des spectateurs ayant remarqué que le Survivant était des leurs pour cette séance. Enfin, le secrétaire de la Coopération magique réaffirma sa confiance dans les capacités de Hope à remporter définitivement la victoire.

Sur ces bons mots, les images se rétrécirent pour réintégrer la Pensine, tandis qu'une voix espérait que les spectateurs avaient apprécié le spectacle offert par la Merveill'image et la guilde des Artisans. Des applaudissements confirmèrent le bon moment qu'ils venaient tous de passer.

En sortant de la séance, Harry eut envie de prolonger un peu leur sortie. Pas que retourner au Terrier et y retrouver le reste de la famille soit une corvée, mais il avait rarement l'occasion de sortir avec Ginny et encore moins avec Percy et Audrey. Il leur proposa donc d'aller boire une petite Bièraubeurre, ce qui fut accepté avec joie.

Les Trois Balais étaient pratiquement en face, mais ils n'étaient pas les seuls à avoir eu cette idée, et on y refusait du monde. Harry savait que Madame Rosmerta se débrouillerait pour lui trouver une place s'il se présentait à l'entrée, mais il eut une meilleure idée :

— Si on allait à la Tête de Sanglier ? proposa-t-il. Je n'y ai pas mis les pieds depuis que ça a changé de direction.

Percy fit une petite moue mais Ginny, qui connaissait les préoccupations de son mari à propos de ce lieu, le soutint sans réserve :

— Bonne idée, mon chéri. Audrey, ça va t'intéresser. Tu vas voir un pan de la société sorcière que mon frère ne t'a sûrement pas montré.

— C'est assez marginal, fit remarquer Percy.

— Mais ça fait quand même partie de notre monde, insista Harry. Je pense qu'Audrey comprendra mieux nos engagements si elle les voit pour de vrai.

— Si je vois quoi ? demanda la Moldue d'un ton intéressé.

— Nos réprouvés, répondit Harry.

S'il n'avait pas eu le temps d'y passer depuis la disparition d'Abelforth, il savait par Ron que la maîtresse de guilde avait tenu compte de leurs remarques et que le nouveau tenancier du pub, un certain Mars Jovial, avait l'esprit assez large et les épaules assez solides pour gérer la clientèle hétéroclite dont il avait hérité. D'après Tiern Watchover de la police magique, il avait également reconduit le marché qui avait été auparavant conclu avec l'ancien barman : la police le laissait tranquille et n'était pas trop regardante sur son heure de fermeture, en échange de quoi, leur service recevait régulièrement des tuyaux.

À peine cinq minutes furent nécessaires pour s'y rendre. L'extérieur n'avait pas changé, mais la salle avait été repeinte, et l'odeur de chèvre avait totalement disparu. L'endroit était toujours assez obscur mais, une fois que la vision de Harry se fut accoutumée, il put constater qu'il était bien plus propre qu'auparavant. Le barman avait une expression moins amène que le laissait supposer son nom mais les clients le saluaient avec chaleur, ce qui amenait à supposer qu'il ne fallait pas s'arrêter à son visage revêche.

Ils choisirent une table pas trop loin de la porte. Pendant que Ginny montrait discrètement à sa belle-sœur les harpies, vampires et autres singularités du lieu, Harry et Percy se rendirent au bar pour passer la commande. Harry se dit que c'était le bon moment pour poser une question à son beau-frère sans être interrompu par un autre membre de la famille :

— Percy, que penses-tu d'Ackerley, toi ?

Son beau-frère sourit et répondit sans paraître étonné de l'intérêt de Harry :

— Il est capable, ambitieux et charismatique.

— Et quelle est son ambition ?

— Être un candidat capable de récupérer le poste de Kingsley quand viendront les élections.

— C'est certain, King ne se représentera pas ?

— Il est fatigué et estime que quinze ans de pouvoir, c'est suffisant. Ça use, tu sais.

— Et toi, tu n'as pas envie de poser ta candidature ?

— J'y ai pensé, c'est vrai. Mais il me manque la capacité de plaire aux gens. Je ne sais pas plaisanter ni leur dire des choses qui leur font plaisir.

Effectivement, Percy était capable, ambitieux... mais pas charismatique.

— Et il t'a promis des choses quand il aura atteint son but ?

— Garder mon poste actuel me suffira. J'aime ce que je fais.

— Tu veux dire que les autres chefs de département vont changer ? s'inquiéta Harry.

— En fait, non, quoique je n'exclus pas quelques mises à la retraite sur d'autres postes prestigieux pour y placer ceux qui attendent un retour d'ascenseur. Sans compter que mon père sera volontaire pour céder son poste et se consacrer à ses petits-enfants et qu'il faudra bien pourvoir celui qu'Adrian occupe actuellement.

— Et le département de Contrôle des créatures magiques ? demanda Harry.

— Je sais que tu en veux à Hestia pour ce qu'elle a fait à Hermione, mais ne compte pas sur Adrian pour la mettre sur la touche. Kingsley l'a gardée en hommage aux engagements qu'elle a pris pendant la guerre. Ackerley n'aura pas ces égards, mais il a besoin d'elle car il est de notoriété publique qu'elle fait passer la sécurité des sorciers avant tout. Or, tu n'es pas sans ignorer que le principal argument de nos adversaires politiques est notre pusillanimité envers les créatures magiques. Sa présence permet de montrer que nous nous soucions, nous aussi, de préserver les sorciers des dangers qu'elles nous font courir. Il s'enverrait un sortilège dans le pied s'il la renvoyait.

Harry grimaça, mais les années et les responsabilités lui avaient fait perdre sa naïveté en politique. Les candidats au ministère avaient besoin de convaincre les sorciers qu'ils prenaient soin de leur sécurité tout autant qu'ils devaient se concilier les bonnes grâces de la presse. Il avait manifestement mangé son pain blanc avec Kingsley, qui souhaitait avant tout le bien-être de ses concitoyens. Il faudrait désormais composer avec un homme politique qui agirait tout autant par ambition que par devoir. La question était de savoir laquelle de ces deux notions allait prévaloir chez le bel Adrian.

— Pour en revenir à Ackerley, reprit Harry, tu penses que c'est quelqu'un de bien ?

— Je ne l'ai jamais vu faire quelque chose que je réprouve, répondit Percy. Je ne le connais pas si bien que ça, mais Kingsley l'a pris sous sa baguette et veille sur sa carrière. Il ne le ferait pas s'il le pensait capable de mener une politique mauvaise pour le monde sorcier.

— J'ai vu que son père avait été emprisonné pendant la guerre, se souvint Harry, sais-tu ce qu'il est devenu après ?

Harry pouvait faire enquêter sur la famille Ackerley par ses propres services s'il le voulait, mais il était certain que cela viendrait aux oreilles d'Adrian et il ne voulait pas avoir l'air de se défier de lui. Il savait pouvoir faire confiance à son beau-frère pour ne pas répéter ses questions à l'intéressé.

— D'après King, répondit Percy, le père travaille à la poste de Pré-au-Lard mais ne vit pas au village. Il a préféré s'établir dans le monde moldu, sans doute s'y sent-il plus en sécurité. Stewart, le frère d'Adrian, est employé au laboratoire de Ste-Mangouste comme assistant de maître de potions. Il semble qu'il vive à Londres et qu'il se soit marié avec une Moldue.

— Adrian aussi vit chez les Moldus ? interrogea Harry qui ne l'aurait pas imaginé aussi rattaché au monde non sorcier.

— Non, ce serait un suicide politique. Il vit à Tutshill dans le Pays de Galles.

Ce lieu était un village sorcier ancien où avait été fondée l'une des équipes de Quidditch britannique, les Tornades de Tutshill.

— Et que faisait-il avant la guerre ? s'enquit Harry qui ne l'avait pas connu à Poudlard, ce qui indiquait qu'il était plus âgé que lui.

— Il a travaillé deux ans au département de la Justice magique. Grâce à son poste au ministère, il a su qu'il était prévu d'arrêter sa mère mais est arrivé trop tard pour la sauver et pour empêcher qu'on emmène son père en prison. Par contre, il a réussi à récupérer son frère et à s'enfuir avec lui. Ils ont passé le reste de la guerre du côté moldu. Dès qu'il a su qu'on avait gagné la bataille de Poudlard, il est revenu, a pris soin de son père et l'a installé chez les Moldus avec son frère. Il a repris sa place au ministère et s'est fait remarquer par Sturgis Podmore qui l'a présenté à Kingsley. Je pense qu'il aurait eu le poste de secrétaire de Podmore si finalement King n'avait pas préféré le donner à Hermione. C'est ainsi que je l'ai récupéré.

— Et ça te plaît de le former pour qu'il monte au-dessus de toi ? questionna Harry, trop curieux pour faire preuve de délicatesse.

— Au moins je le connais, et il semble avoir les mêmes valeurs que nous. Quand on lui a demandé d'assister Ginny pour récupérer des objets magiques étrangers pour le musée, c'était une sorte de test. Il a démontré qu'il avait l'esprit ouvert, qu'il était cultivé et qu'il avait le tact nécessaire pour nous représenter auprès des puissances étrangères.

— Tu t'es servi de Ginny pour le jauger ?

— Oui, elle n'est pas mauvaise pour évaluer les gens, reconnut Percy d'un ton trahissant sa fierté.

Cela expliquait pourquoi Ginny avait deviné très tôt les espoirs que Kingsley fondait sur Ackerley, comprit Harry. Les questions de son frère lui avaient tout simplement mis la puce à l'oreille.

— Je suppose qu'elle t'a dit qu'il était charmant, s'esclaffa-t-il.

— Il devrait plaire aux sorcières, confirma Percy dans un sourire.

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