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V : Le sentiment du devoir accompli


Repères chronologiques
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
26 décembre 2003 : Mariage de Harry et Ginny
20 juin 2004 : Election de Ron à la tête de la guilde de l'Artisanat magique
17 juillet 2005 : Naissance de James Sirius Potter
2006 : Naissance de Rose Weasley (4 janvier) et d'Albus Severus Potter (26 juin)
2008 : Naissance de Lily Luna Potter (16 mai) et d'Hugo Weasley (28 juin)
Décembre 2009 : Harry devient commandant des Aurors
30 juin 2011 : Inauguration du musée de la Magie
Période couverte par le chapitre : 25 décembre 2011 au 10 août 2012

Durant la semaine entre Noël et jour de l'An, la brigade tourna au ralenti : la Maison de Justice ne tenait que les audiences urgentes, une grande partie des Aurors était en vacances, et on avait suspendu toutes les enquêtes qui ne demandaient pas un règlement immédiat.

Harry avait donné quelques jours à Stanislas Pritchard et assurait la permanence. Ses excursions sur le Chemin de Traverse pour manger le midi lui avaient appris qu'on débattait énormément du cas de Niklas Timberland. On en parlait partout : dans les bars, dans les magasins, lors des dîners familiaux, au travail, dans les files d'attente... Exaspéré, Harry avait envie de quitter les lieux dès que les noms de Timberland ou de Spavin étaient prononcés. Il prit d'ailleurs un certain nombre de gardes cette semaine-là, pour être dispensé d'aller dîner au Terrier où le sujet ne pouvait manquer de tomber.

L'initiative du père avait profondément choqué. La culture du Secret était fermement implantée dans l'esprit des sorciers et savoir que leur existence avait été exposée à la vue des Moldus les effrayait. Joeffrey Timberland était donc violemment critiqué, et beaucoup pensaient qu'il fallait lui envoyer les Oubliators pour prévenir tout risque de récidive.

De même, la décision du ministère de lui rendre son enfant était désapprouvée par la plupart des sorciers, qui estimaient que le père avait, par son action, perdu toute légitimité pour élever l'un des leurs. A posteriori, la mainmise sur l'enfant par les grands-parents devenait parfaitement justifiée : ils auraient agi, car ils avaient détecté l'irresponsabilité de l'homme et son incompréhension profonde du monde auquel son fils appartenait.

Avec le recul, Harry réalisa que s'il avait fait savoir publiquement la manière dont les Dursley l'élevaient, Dumbledore n'aurait jamais pu le renvoyer chez eux. Mais d'un autre côté, cela aurait donné du grain à moudre à ceux qui prétendaient qu'il était un adolescent perturbé, équilibra-t-il.

Alternatives Magiques, à son habitude, avait tenté de permettre à ses lecteurs de se faire une opinion avec le maximum d'éléments : Daisy Hookum avait réussi à décrocher une interview auprès de Mr Jeoffrey Timberland. Elle était spécialisée dans les dossiers sur les Moldus – Lee l'avait engagée, car elle avait écrit le best-seller Ma vie de Moldue, après s'être privée de magie pendant un an.

Par Hermione, Harry avait appris que, dans un premier temps, le père avait refusé de parler à la presse, désirant se fondre dans l'anonymat et profiter de son fils. Mais Daisy avait fait valoir que son nom était désormais très connu dans le monde sorcier. Elle avait présenté son article comme une occasion de se justifier et de rassurer les sorciers sur ses intentions à leur égard. Il avait fini par accepter, sans doute inquiet de la manière dont son fils pourrait plus tard avoir à répondre de ce qui s'était passé.

L'article parut la première semaine de janvier :

Alternatives Magiques : Mr Timberland, avez-vous conscience que vous avez commis un acte grave à l'encontre de la communauté sorcière ?

Jeoffrey Timberland : Au moment où je l'ai fait, non. Mais depuis, mon gouvernement et le vôtre se sont chargés de me le faire comprendre. Moi, tout ce que je voulais, c'était attirer suffisamment l'attention des sorciers pour qu'on m'aide à retrouver mon enfant. Ça a été terrible quand mes beaux-parents m'ont enlevé Niklas. Je n'avais aucun moyen de les joindre ni de savoir où se trouvait mon fils. Je me suis senti très démuni, et cela a été la seule idée que j'ai eue.

AlterMag : Vous ne saviez pas que révéler notre existence aux Moldus était parfaitement interdit ?

J. Timberland : Si, mais je n'avais pas réalisé que cela mettait des personnes en danger.

AlterMag : L'auriez-vous fait si vous l'aviez su ?

J. Timberland : Eh bien... j'étais tellement désespéré que oui, je l'aurais peut-être fait.

AlterMag. : Merci pour votre sincérité. Et maintenant ? Pensez-vous que vous avez d'autres manières de vous faire entendre ?

J. Timberland : Je sais que je peux adresser une demande à mon Premier Ministre et que votre ministère de la Magie prend en compte les demandes qui sont faites de notre côté.

AlterMag : Acceptez-vous pleinement que Niklas passe du temps avec ses grands-parents ?

J. Timberland : Vu la manière dont ils se sont conduits envers moi et la certitude qu'ils tenteront de monter mon fils contre moi, ce ne sera pas de gaieté de cœur. Mais je n'ai pas vraiment le choix.

AlterMag : Avez-vous été menacé ?

J. Timberland : En quelque sorte, oui. Les sorciers m'ont dit qu'ils étaient capables de me faire oublier mon fils, et mon gouvernement m'a dit qu'il me ferait de gros ennuis si les sorciers ont encore à se plaindre de moi.

AlterMag : Êtes-vous content que votre fils soit sorcier ?

J. Timberland : C'est un héritage de feue mon épouse que j'aimais telle qu'elle était. Je ne peux donc pas vraiment le regretter. Par contre, ce sera dur quand il devra partir pendant de longs mois dans votre école.

AlterMag : Accepterez-vous qu'il épouse une sorcière et qu'il ait des enfants sorciers ?

J. Timberland : C'est un choix que j'ai fait moi-même. De quel droit pourrais-je le lui refuser ?

*

Comme l'avait craint Hermione, certains courriers de lecteurs dans les journaux étaient allés jusqu'à préconiser la récupération la plus précoce possible des jeunes sorciers nés au-dehors de la communauté magique. Sur ce sujet, les avis étaient néanmoins assez partagés.

Les sorciers issus de Moldus étaient dans l'ensemble assez opposés à cette proposition. L'idée qu'on aurait pu les retirer à leurs parents dès leur première manifestation magique les choquait, et ils s'y opposaient avec véhémence. Même si la plupart d'entre eux se mariaient dans la communauté magique, ils gardaient généralement des liens avec leur famille moldue. Ils y étaient d'autant plus incités que les habitudes de vie des deux communautés se rapprochaient : miroirs communicants, scolarisation précoce des enfants, nouveaux produits de consommation comme les plats cuisinés, vêtements de plus en plus inspirés des coupes moldues.

Les sorciers issus de mariages mixtes n'étaient pas non plus favorables à cette séparation anticipée. Leur parent non sorcier leur paraissait digne de leur prodiguer une éducation, et il était courant qu'ils connaissent leurs grands-parents moldus. Une partie d'entre eux, cependant, soutenaient que se trouver écartelé entre deux cultures n'était pas toujours confortable, et qu'une immersion totale dans le monde sorcier leur aurait épargné ce désagrément.

Du côté des familles entièrement sorcières se trouvaient des tenants d'une éducation magique la plus prématurée possible. Ils estimaient qu'il était plus facile d'inculquer les bonnes habitudes à un jeune enfant plutôt qu'à un préadolescent. D'autres, cependant, pensaient que Poudlard suffisait pour donner aux enfants élevés ailleurs les valeurs nécessaires pour qu'ils jouent plus tard leur rôle dans la société. Les faire venir dès leur plus jeune âge dans le monde sorcier et leur trouver une famille d'accueil était donc une complication inutile et un traumatisme affectif non justifié.

Alternatives Magiques avait tenté d'apaiser les esprits :

Finalement, la solution qui a été mise en place il y a trois siècles est celle qui correspond le mieux non seulement aux aspirations de chacun – être élevé par ses propres parents – mais aussi à l'intérêt de la communauté tout entière. Lors de notre petite enfance, nous recevons de notre famille naturelle les valeurs et les connaissances qui sont les siennes, jusqu'au moment où notre magie demande à s'exprimer et qu'il devient indispensable d'apprendre à la contrôler.

Certains pensent qu'il serait préférable que chaque jeune sorcier arrive à Poudlard avec les mêmes habitudes et les mêmes connaissances. C'est oublier que nous sommes largement minoritaires parmi les humains et que notre survie dépend de nos capacités d'adaptation. Ces dernières s'appuient sur ce que nous apprennent les enfants de Moldus qui rendent familières les notions non-sorcières à ceux qui n'ont jamais quitté le monde magique.

C'est ainsi que nos méthodes de dissimulation se sont adaptées aux évolutions technologiques, que nous anticipons les éventuelles intrusions du monde moldu dans le nôtre, et que notre ministère est capable d'inventer des excuses valables pour expliquer nos débordements hors de la sphère sorcière. Que nous le voulions ou non, nous avons besoin de cet apport culturel extérieur, et l'apparition spontanée de la magie chez des enfants de Moldus nous la donne de manière naturelle.

Mille ans nous séparent des Fondateurs et de l'ouverture de notre prestigieuse école. Mille ans durant lesquels nous avons fait rentrer à Poudlard des jeunes sorciers extérieurs au monde magique. Certes, cette acceptation a été régulièrement remise en cause et le monde sorcier s'est refermé sur lui-même. Cependant, les périodes d'ouverture ont largement prévalu. Où cela nous a-t-il menés ? À une communauté sorcière d'Angleterre qui se porte bien, qui augmente à un rythme maîtrisé, qui continue à inventer de nouveaux sorts et qui génère régulièrement des sorciers puissants.

Pourquoi bouleverser un usage qui a fait ce que nous sommes ? Pourquoi modifier ce qui est le rite de passage le plus important de notre vie, qui réunit dans un souvenir commun tous les sorciers de notre pays : l'arrivée à onze ans d'une lettre dans la maison où l'on a grandi.

Continuons à former tous ceux qui sont pourvus de pouvoirs magiques en les faisant venir de l'endroit où ils se trouvent, sans tenter de les faire correspondre à une image supposée parfaite, qui serait en réalité trop figée. Elle deviendrait rapidement inadaptée à notre environnement. N'intervenons pas de manière trop précoce, et sûrement néfaste, dans la vie des jeunes sorciers.

Laissons Poudlard appeler à lui ceux qui méritent d'être formés. C'est son rôle, il l'a toujours correctement rempli et il continuera à le faire.

Lee Jordan, directeur de publication

Les Jordan ouvrirent leurs pages à MQT pour développer ses arguments sur ses pages, mais l'association, comme toujours, déclina l'invitation, préférant critiquer violemment la position d'AlterMag à partir des colonnes de La Gazette du Sorcier.

Mais les arguments de Lee avaient porté. Le succès de Poudlard dans sa capacité à former les sorciers, quelle que soit leur origine, faisait l'objet d'un large consensus. Même la demande d'exclusion des enfants de Moldus, qui du temps de Harry n'était jamais loin, n'était plus évoquée, trop liée à l'année des Ténèbres de triste mémoire.

AlterMag enfonça le clou la semaine suivante : Padma était allée à Poudlard et avait obtenu une interview de la sous-directrice.

Alternatives Magiques : Professeure McGonagall, pourriez-vous nous dire comment vous faites pour connaître le nom des jeunes sorciers qui doivent recevoir leur première lettre de Poudlard, deux mois avant la rentrée des classes ?

Minerva McGonagall : C'est très simple, nous avons ce parchemin et, chaque été, je le déroule pour découvrir les noms qui ont été notés onze ans auparavant, lors de chaque naissance sorcière de Grande-Bretagne.

AlterMag : Est-ce une méthode qui date du temps des Fondateurs ?

M. McGonagall : Non, c'est bien plus récent. Nous devons ce parchemin à Dilys Derwent, qui a été directrice de notre établissement de 1741 à 1768. Si j'enroule le parchemin jusqu'à son début, vous voyez que les premiers enfants inscrits de cette manière sont nés en 1747. C'est donc en 1758 qu'elle a pu utiliser son invention pour la première fois.

AlterMag : Professeure, savez-vous quelle sorte de magie est à l'œuvre ?

M. McGonagall : Non, mais vous n'ignorez sans doute pas que la professeure Derwent a été guérisseuse à Ste-Mangouste avant de travailler à Poudlard. Elle a beaucoup travaillé avec des sages-femmes et a sans doute déterminé l'existence d'une émanation magique lors des naissances de sorciers. Avant que vous me posiez la question, je vous informe qu'elle n'a jamais consigné la manière dont elle s'y est prise pour façonner ce parchemin, et que nous serions dans l'impossibilité de le récréer si nous venions à le perdre.

AlterMag : Il doit donc être très soigneusement protégé.

M. McGonagall : Effectivement, Mrs Jordan. La magie du château s'emploie à le garder en sécurité. Vous pouvez vous targuer d'être une des rares personnes à l'avoir contemplé.

AlterMag : Mais si ce parchemin date du XVIIIe siècle, comment les enfants de Moldus présentant des pouvoirs magiques étaient-ils mis au courant de l'existence de cette école auparavant ?

M. McGonagall : Comme vous le savez sans doute, il n'y a jamais eu de séparation stricte entre les mondes moldu et sorcier, même après l'adoption du Code international du Secret magique en 1692. Des manifestations de magie incontrôlée étaient régulièrement repérées par les nôtres, qui conseillaient à ceux qui en étaient l'origine de se rendre à Poudlard. Parfois, des sorciers spontanés découvraient le château en passant à proximité, lorsque la grille s'ouvrait pour eux. À l'époque, il n'était pas rare que des adultes soient admis à suivre des cours.

AlterMag : Et pour ceux qui n'avaient pas la chance de voyager ou d'avoir des voisins sorciers ?

M. McGonagall : Il en restait encore beaucoup qui ne recevaient pas d'éducation magique, malheureusement. La magie mal maîtrisée a causé le malheur de certains, mais d'autres ont réussi à canaliser leurs pouvoirs de manière instinctive. Certains en vivaient, même. Les rebouteux, diseuses de bonne aventure, sourciers, hypnotiseurs, médiums sont des sorciers qui s'ignorent.

AlterMag : Revenons au présent. Pourriez-vous me montrer la liste des élèves que vous recevrez dans dix ans ?

M. McGonagall : Voyez vous-même.

AlterMag : C'est la liste des élèves qui ont été scolarisés cette année que vous me montrez là, Professeure.

M. McGonagall : Effectivement. Et que voyez-vous en dessous ?

AlterMag : Il n'y a rien, le parchemin est vierge.

M. McGonagall : Eh oui, il vous faudra revenir dans une décennie pour voir la liste des jeunes sorciers ayant atteint leurs onze ans.

AlterMag : Vous voulez dire que vous-même ne pouvez pas connaître le nom de vos futurs élèves avant l'été précédent leur rentrée ?

M. McGonagall : Exactement. Les noms sont notés mais ne sont pas visibles avant qu'il soit temps pour eux d'entrer à Poudlard.

AlterMag : J'ai entendu des personnes suggérer de se baser sur cette liste pour repérer les bébés sorciers se trouvant hors du monde magique et les amener le plus précocement possible à recevoir une éducation sorcière.

M. McGonagall : C'est parfaitement impossible. Vous pourrez dire à ceux qui ont eu cette idée saugrenue de relire leur Histoire de Poudlard.

Cela mit fin aux argumentations sur l'éducation prématurée des enfants de Moldus. Le cas particulier de Joeffrey Timberland, cependant, faisait toujours polémique. Son interview n'avait pas totalement convaincu, et beaucoup de sorciers continuaient à critiquer la décision du ministère.

Même chez les Weasley, qu'on ne pouvait accuser ni d'être anti-moldus ni opposants au ministre en place, les sentiments à propos de cette affaire étaient mitigés. Eux aussi avaient du mal à pardonner la violation du Secret, et l'inconfortable sentiment de vulnérabilité qui les avait étreints quand ils avaient pris conscience de l'étendue des dégâts. D'ailleurs, Hermione pensait que si les réactions n'avaient pas été plus violentes, c'était grâce à la méconnaissance que la majorité des sorciers avaient encore d'internet et de son étendue.

Quoi qu'il en soit, les membres de la famille n'étaient pas loin de penser que confier définitivement l'enfant à ses grands-parents aurait été une punition adaptée pour le Moldu indigne. Ils étaient cependant sensibles au droit de l'enfant de ne pas être séparé de son père et au fait que Timberland avait intérêt à se tenir tranquille maintenant qu'il avait obtenu satisfaction.

Ils avaient suivi avec beaucoup d'intérêt la contre-offensive médiatique menée par le comité des excuses à l'usage des Moldus pour affaiblir la portée du buzz sur internet. La campagne de publication de récits fantaisistes s'était déroulée comme prévu. Plusieurs chapitres s'étaient ajoutés à celui qui avait lancé l'affaire et, même s'ils avaient été considérés moins intéressants que le premier, ils avaient conforté le public dans la croyance que c'était un auteur amateur de littérature fantastique qui tentait de se faire connaître ou un auteur confirmé qui tentait un coup médiatique.

Les mois suivants, le service des Oubliators et celui des Excuses à l'usage des Moldus connurent un regain d'activité. En effet, l'attention des Moldus les plus observateurs était davantage attirée vers les phénomènes étranges dont ils étaient parfois les témoins. Mais rien qui ne soit maîtrisable pour ces professionnels. La pression portée sur le ministère de la Magie par la Confédération internationale des Sorciers retomba enfin, et Kingsley Shacklebolt put souffler un peu. Il était cependant conscient que cette affaire l'avait politiquement affaibli.

Au cours des semaines suivantes, aucun incident ne vint émailler le passage de Niklas d'une partie de sa famille à l'autre. De l'avis de Harry et de Wellbeloved, la menace qu'on leur retire définitivement l'enfant n'était pas restée sans effet. L'opinion publique sorcière oublia donc à son tour les évènements et s'enflamma sur d'autres sujets.

*

Un peu après les vacances de Pâques, Harry reçut un matin un appel d'Andromeda lui demandant s'il avait le temps de venir déjeuner chez elle. Il se douta qu'elle avait une bonne raison de l'inviter. Ils s'étaient vu quelques jours auparavant et se rencontreraient sans doute prochainement au Terrier. Il répondit donc qu'il serait chez elle à midi précise.

Son visage calme le convainquit qu'il n'y avait rien de grave à déplorer, et c'est sans appréhension qu'il prit place dans la cuisine devant le ragoût fumant dont elle venait de remplir son assiette.

— J'ai reçu deux lettres de Poudlard, révéla enfin Andromeda en commençant à manger.

— Un problème ? s'enquit Harry.

— Minerva m'informe que Teddy a lancé un sort sur un élève de première année entre deux cours, fit-elle les lèvres pincées. Il l'admet tout à fait dans le message qu'il m'a envoyé et le justifie en expliquant que l'intéressé l'avait amplement mérité à cause de ce qu'il avait dit à Victoire.

— Oh, commença à comprendre Harry. Je ne sais pas si je peux être d'une grande aide. Quel était le sortilège ?

— Il a transformé la chevelure de son camarade en gazon. Cela a tenu une heure.

— Il a fait d'énormes progrès en métamorphose ! se réjouit Harry.

— Oui, il a de bien meilleures notes, cette année, reconnut Andromeda sans cacher sa satisfaction. Je pense que nous le devons aux bons conseils de Ron qui l'ont convaincu de travailler un peu plus. Mais ce n'est pas une raison pour faire de la magie aux dépens des autres élèves, se reprit-elle.

— Eh bien, si l'élève a effectivement causé un problème à Victoire, on ne peut pas reprocher à Teddy d'avoir agi, estima Harry. Après tout, c'est nous qui lui avons demandé de veiller sur elle.

— Il n'était pas obligé de lui jeter un sort ! s'indigna Andromeda. Il aurait pu prévenir les professeurs.

— Il aurait aussi pu le frapper, fit remarquer Harry. C'est plutôt bien qu'il s'y soit pris plus en finesse.

— Je pense effectivement que tu n'es pas d'une grande aide, évalua Andromeda.

— Écoutez, si vous voulez que je lui écrive, je peux le faire, proposa-t-il ne voulant pas qu'elle puisse croire qu'il se désintéressait de l'éducation de son filleul.

— Non, finalement, je pense qu'il ne vaut mieux pas, répliqua-t-elle en lui tendant le plateau de fromages.

— Ne soyez pas trop sévère, plaida-t-il.

— Ne t'en fais pas pour lui. Il a l'air très fier de sa prestation, et je crains que ma désapprobation n'ait que très peu d'effet sur sa suffisance.

Harry comprit qu'elle avait espéré qu'il se charge de tancer lui-même le jeune homme car son avis aurait plus de poids que celui d'une grand-mère. Mais il savait qu'il n'arriverait pas à écrire une lettre qui ne refléterait pas sa véritable opinion. Il prit même la décision d'en toucher un mot à Bill. Il était certain que son beau-frere serait content de savoir que sa fille avait un preux chevalier qui prenait soin d'elle.

*

Les deux adolescents revinrent pour les vacances. Les parents avaient des raisons d'être satisfaits de leurs écoliers : Victoire n'était pas une mauvaise élève, et Teddy, motivé par son expérience dans la boutique de farces et attrapes, avait nettement progressé.

L'été s'organisa selon l'habitude : la famille Weasley et affiliés se retrouvèrent au Terrier pour deux mois. Comme l'année précédente, l'adolescent alla travailler chez Ron et George, qui récompensèrent son travail scolaire en le laissant effectuer des sorts mineurs de fabrication. Il avait rompu avec Isabel, et seul son ami David fut invité au Terrier cette année-là. Par Victoire, on apprit qu'il avait une autre petite amie, « une Poufsouffle plus âgée ». Le jeune homme restant discret sur le sujet, on n'en sut pas plus.

L'avant-dernier week-end du mois de juillet, alors qu'ils se mettaient à table pour le déjeuner du samedi, Molly remarqua que Teddy manquait à l'appel.

— Il est monté se laver les mains, je crois, répondit Victoire. Tu veux que j'aille le chercher ?

— Je ne suis pas encore passé à la salle de bains, intervint Harry. Je lui dirai de se dépêcher de descendre.

Harry gravit l'escalier pour se rendre à l'étage et poussa la porte de la salle d'eau qui était entrouverte. Le regard qu'il croisa par l'intermédiaire de la glace se trouvant au-dessus du lavabo le figea sur place. Puis les traits se brouillèrent, et Teddy dit d'un ton détaché :

— Je descends tout de suite.

Il passa devant Harry toujours immobile, et bientôt ses bottes résonnèrent sur le bois des marches. Lentement, l'Auror se passa les mains sous l'eau, se demandant ce qu'il convenait de faire. Prétendre qu'il n'avait rien vu ou en parler avec l'adolescent ? Et pour en dire quoi ?

Il s'arrangea pour ne pas regarder son filleul durant tout le repas. Ce n'est qu'en voyant Arthur s'éloigner d'un pas tranquille vers la véranda vitrée où il faisait habituellement sa sieste que Harry vit un moyen de partager ses interrogations. Ce serait mieux que d'en parler à Andromeda, comme il avait pensé le faire entre les pâtes à la bolognaise et la tarte aux fraises.

Il suivit donc son beau-père et le laissa s'installer confortablement avant de prendre la parole. Une fois bien calé dans son fauteuil à bascule, Arthur lui lança :

— Dis-moi, Harry, qu'est-ce qui ne va pas ?

L'Auror sourit à l'homme grisonnant et prit place sur un petit tabouret rembourré :

— Quand j'ai trouvé Teddy tout à l'heure, il faisait manifestement des essais de métamorphose du visage. Il avait pris l'apparence de Remus.

Arthur se balança quelques secondes sans répondre.

— Il a l'âge où il est normal de faire des expériences corporelles, remarqua-t-il. Sauf que c'est souvent un autre organe qui est en première ligne.

Harry sourit avant d'ouvrir de grands yeux :

— Vous pensez qu'il faut que je lui parle de ça aussi ? C'est mon rôle de parrain, non ?

— Sans doute approuva Arthur. Il y a des sujets qu'il peut difficilement aborder avec sa grand-mère.

— Bon, acquiesça Harry sans enthousiasme. Je vais faire de mon mieux. Mais vous vous y prendriez sans doute mieux que moi. Vous avez une certaine expérience en la matière, je suppose.

— C'est vrai que j'ai eu le temps de répéter mon petit discours, fit Arthur les yeux pétillants. Pour Bill, je n'étais peut-être pas encore très au point, mais j'ai vite compris que j'avais trop attendu et qu'un cousin plus âgé lui avait dit l'essentiel. Je suis tout de suite passé à Charlie, son aîné m'ayant affirmé ne pas avoir transmis ses connaissances, et j'ai vu que c'était le bon moment. Par contre, il m'a posé des questions sur la reproduction des créatures magiques pour lesquelles je n'avais pas de réponses. Quelques années plus tard, Percy s'est montré très attentif et a posé des questions tout à fait pertinentes, mais je pense l'avoir un peu déçu en omettant de lui demander soixante centimètres de parchemin sur le sujet pour vérifier qu'il avait bien assimilé mon cours. Fred et George ont tenté de me faire croire qu'ils étaient aussi peu au courant des choses de la vie que des enfants de cinq ans, mais je n'ai pas marché et je suis passé directement aux notions avancées. Ce n'a pas été évident de garder le fil avec deux zigotos qui faisaient des jeux de mots à chaque phrase, mais ils ont fini par être suffisamment intéressés par les nouveaux horizons que je leur faisais découvrir pour se calmer. Par contre, j'avoue avoir eu un peu peur de ce qu'ils allaient faire de ces nouvelles informations. Mais comme finalement, je n'ai pas reçu de lettre indignée de Poudlard, je pense qu'ils ont su rester corrects. C'est Ron qui s'est montré le plus innocent. Je crois que ce que je lui ai révélé l'a un peu effrayé et qu'il a craint de ne pas être à la hauteur. Il faut bien admettre que cette chère Hermione appelle l'excellence, ce qui est un peu inhibant. Je me trompe, ou ce n'était pas un sujet souvent abordé dans votre dortoir ?

— En effet, on ne parlait pas trop de ça, du moins pas tous les cinq ensemble, se rappela Harry. Je pense que Dean et Seamus s'échangeaient des magazines, et peut-être incluaient-ils Neville. Mais Ron et moi restions assez inséparables, et il a sans doute raté une forme d'initiation. Quant à moi, j'avais d'autres préoccupations. Celle de survivre pour commencer. Et quand j'ai réellement commencé à m'intéresser à la question, j'avais Ginny en tête, ce qui rendait le sujet délicat, tant en présence de Ron que celle de Dean avec qui elle est sortie durant un moment.

Harry réfléchit un instant et réalisa :

— En fait, personne n'a eu cette conversation avec moi, et j'ai tout appris sur le tas, si je peux utiliser ce terme en parlant de ma tendre épouse. Je suis très reconnaissant à Molly d'avoir fait du bon travail de son côté.

Les deux hommes échangèrent un sourire, et Arthur conseilla :

— Eh bien, tu dois savoir ce que tu aurais aimé qu'on te dise, et il suffit que tu le transmettes à Teddy.

— Et pour le fait qu'il prenne son père en modèle pour ses métamorphoses ?

— Je ne sais pas, Harry. Je pense que tu connais mieux que moi ce que peut éprouver un jeune homme qui n'a pas connu ses parents.

— Hum. Je suppose. Merci Arthur, bonne sieste.

*

Le lendemain, alors que tous les enfants étaient en train de jouer dans le jardin et les adultes dans le salon, la cuisine ou dans la véranda, Harry vint voir Teddy.

— Tu peux venir, mon grand ? J'ai besoin de toi cinq minutes.

Son filleul ne parut pas ravi de cette invitation, mais n'osa pas s'y soustraire. Sans mot dire, il suivit Harry dans les escaliers jusqu'à la chambre de Ron, dont son ami reprenait possession chaque été avec Hermione, car il refusait toujours de dormir sous les tentes qui abritaient l'essentiel de la famille.

Harry ferma la porte derrière eux, pour qu'ils ne soient pas dérangés. De sa baguette, il déplaça deux chaises et les amena vers la malle du couple. Il déposa un petit paquet blanc sur le meuble.

— Excuse-moi de t'avoir arraché à tes cousins, commença-t-il, mais je voulais te donner quelque chose qui t'appartient.

Sans entrain, Teddy s'approcha et s'assit sur le siège que lui désignait son parrain. Il lorgna avec méfiance ce qui lui était destiné.

— Quand je me suis fiancé, expliqua Harry, j'ai fait faire des recherches dans mon coffre chez Gringotts pour vérifier si je n'avais pas de bijoux de famille, et j'ai retrouvé des souvenirs de mon père. Il avait notamment conservé des lettres que le tien lui avait envoyées. Je m'étais dit que je te les donnerais plus tard, et je pense que le moment est venu.

L'étonnement et la curiosité remplacèrent la défiance dans les yeux du jeune homme. Il tendit la main vers les enveloppes, mais hésita à les toucher.

— Vas-y, l'encouragea Harry. Elles sont à toi.

Teddy prit celle du dessus et l'ouvrit précautionneusement. En silence, il la parcourut puis la reposa d'une main un peu tremblante.

— Et toi, demanda-t-il, tu ne veux pas les garder ? Elles sont adressées à ton père.

— J'en ai fait des copies, le rassura Harry. C'est Remus qui les a écrites, alors je pense que c'est à toi d'avoir les originaux.

Visiblement ému, Teddy demanda :

— C'est à cause d'hier ?

— Hier m'a fait comprendre que le moment était venu, reconnut Harry.

Il laissa un petit silence avant d'ajouter :

— Pour hier, je peux en parler avec toi si tu le souhaites.

Teddy regarda un bon moment ses chaussures avant de se lancer :

— En fait, commença lentement le jeune homme, c'est juste que j'ai l'impression que personne ici ne sait grand-chose sur mon père. Du coup, je me pose des questions. Est-ce de lui que je tiens mes facilités en technologie moldue ou ma maladresse en potions ? Qu'est-ce qu'il aimait manger ? A-t-il eu des petites amies avant de rencontrer maman ?

— Je ne peux pas te répondre, reconnut à regret Harry.

— Je sais bien, répondit Teddy d'un ton triste.

— Mais on peut retrouver des personnes qui ont son âge et l'ont connu, tenta de positiver Harry. D'autres élèves ou des professeurs. Tiens, la professeure McGonagall ou Hagrid pourraient t'en parler. Tu pourras leur demander quand tu retourneras en classe. Ils pourront aussi te donner le nom d'anciens élèves à contacter.

— Oui... dit Teddy d'une voix pas très convaincue.

— J'écrirais à McGo, si tu veux, proposa Harry.

— Merci, fit Teddy d'une voix soulagée en caressant du bout des doigts les vieux parchemins que son père avait envoyés à un de ses amis.

— Et pendant qu'on est là, embraya Harry, euh, bon, tu as quatorze ans et demi, une petite amie, tu as peut-être des questions que tu ne peux pas poser à ta grand-mère...

L'adolescent piqua un fard. Il secoua négativement la tête comme pour repousser cette conversation, mais souffla d'une voix embarrassée :

— Je ne me vois pas trop parler de ça avec elle.

Harry se demanda par où commencer. En règle générale, il n'était pas trop gêné pour aborder le sujet ni même le mettre en pratique – mais dans l'intimité, et si possible avec Ginny. Bien entendu, il entendait régulièrement les plaisanteries grivoises que s'échangeaient ses collègues et y participait parfois si ce n'était pas trop scabreux. Mais donner des explications à un jeune homme dont le corps devait être en pleine ébullition était nettement plus délicat.

Finalement, il suivit les conseils d'Arthur et tenta de donner les renseignements qu'il aurait aimé recevoir à l'âge de son filleul, du moins quand ses démêlés avec Voldemort lui laissaient le loisir de subir les affres de l'adolescence. Il laissa volontairement de côté certains détails, considérant qu'il avait bien le temps d'avoir une conversation sur les sujets plus avancés l'été suivant. L'important était que son filleul sache vers qui se tourner s'il avait besoin d'informations complémentaires.

Quand ils redescendirent, Teddy se rendit dans sa tente pour ranger soigneusement le paquet de lettres dans ses affaires. Avant de laisser retomber le rabat qui lui servait de porte, il lança un grand sourire à Harry accompagné d'un geste de la main. Harry lui rendit son salut, avec la satisfaction du devoir accompli.

Dilys Derwent : guérisseuse à Ste Mangouste de 1722 à 1741 puis directrice de Poudlard de 1741 à 1768 (Carte des sorciers célèbres).

Sur son site, J. K. Rowling a parlé d'une plume enchantée qui inscrit le nom des jeunes sorciers à leur naissance sur un registre à Poudlard (c'est moi qui ai ajouté que c'était l'œuvre de Dilys Derwent). Or, la possibilité qu'on puisse demander à Poudlard si un enfant est bien sorcier rendrait incompréhensible que les Londubat aient été réduits à jeter Neville par la fenêtre (ou tout comme) pour savoir s'il avait des pouvoirs magiques ou non. Il me semble aussi que l'arrivée de la lettre est vécue comme une confirmation pour beaucoup de jeunes sorciers. Donc, il fallait trouver une solution pour faire coexister cette incertitude sur la magie des enfants avant leurs premières manifestations involontaires et l'existence du registre de Poudlard.

J'aime à penser que Dilys Derwent avait volontairement fait en sorte qu'on ne puisse savoir le nom des sorciers avant qu'ils aient l'âge d'aller à Poudlard. Elle pouvait appréhender ce qui serait fait de cette information et préféré la garder secrète tant qu'on n'en avait pas besoin pour envoyer la lettre.

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Dilys Derwent : Guérisseuse à Ste Mangouste de 1722 à 1741 puis directrice de Poudlard de 1741 à 1768 selon sa carte de Chocogrenouille.


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