ℭ𝔥𝔞𝔭𝔦𝔱𝔯𝔢 4
Je pris une grande inspiration, sentant la tension se dissiper un peu, mais un nœud restait en travers de ma gorge. Orin... malgré nos 8 étant, était l'un des rares avec qui j'avais tissé un lien, une sorte de camaraderie improbable. C'était étrange, d'ailleurs. Dans le clan, rares étaient ceux qui liaient une amitié au-delà de leur groupe d'âge. Pourtant, avec lui, je m'entendais bien, je crois bien que c'est fini.
Je rangeai doucement ma dague qui était sur le lit, caressant d'un doigt les motifs fleuris incrustés sur le manche doré. Elle est précieuse pour moi, autant pour sa beauté que pour ce qu'elle représente. Un jour, elle allait servir à protéger le clan, à nous défendre tous... c'est inévitable. Je le sais, elle fera couler du sang mais pour mon clan, et ça n'a pas de prix.
Une guerre approchait, c'était comme une certitude gravée dans mes os. Les meurtres ne passeraient pas inaperçus. Dans un clan aussi soudé que le nôtre, chaque décès est comme un coup de foudre... ils ne resteraient pas sans réponse.
Je savais comment cela allait se dérouler. Personne ici ne trouverait jamais le vrai coupable ; alors, pour apaiser la colère et la peur, on accuserait les autres clans. Cela avait toujours été la solution : rejeter la faute à l'extérieur, trouver un ennemi commun pour resserrer les liens internes. Et cette fois-ci, cela déclencherait une guerre, une guerre sans pitié.
Je repensais aux clans qui vivaient dans cette forêt, chacun avec ses particularités, chacun perçu d'une façon bien définie par les autres. Et pourtant, tous redoutaient que quelque chose éclate.
Le Clan des Cendres, mon clan, était souvent considéré comme le plus faible, mais ça n'avait jamais été un problème pour nous. Nous n'avions pas besoin d'impressionner les autres ou de prouver notre valeur par la force brute. Nos forces étaient plus subtiles, plus discrètes. Nous avions appris à survivre avec peu, à rester en retrait, mais toujours à observer, à apprendre. Cette réputation de faiblesse nous offrait une certaine liberté : personne ne nous voyait comme une menace, et c'était peut-être ce qui nous rendait si insaisissables.
Le Clan de l'Orage, en revanche, ne laissait personne ignorer sa puissance. Ils étaient les plus imposants physiquement, les plus résistants. Ce n'étaient pas des gens subtils, et ils ne cherchaient pas à l'être. Chaque membre était un combattant entraîné à se battre jusqu'au dernier souffle. Ils n'avaient pas besoin de poison ou de ruse : leurs poings, leurs armes, et leur détermination faisaient tout le travail.
Le Clan de l'Éclipse était presque une légende. Mystérieux, insaisissables, ils se déplaçaient comme des ombres, silencieux et imprévisibles. Ils pouvaient surgir de nulle part et disparaître tout aussi vite. Ce n'était pas un clan que l'on voyait souvent, et cela alimentait les rumeurs à leur sujet. Leur réputation était inquiétante pour beaucoup, car personne ne savait vraiment quelles étaient leurs intentions ou à quel moment ils allaient frapper. Ils restaient à l'écart, et cette distance rendait leur présence encore plus redoutée.
Enfin, il y avait le Clan de l'Épine. C'était un clan vicieux, passé maître dans l'art des poisons. Ils n'étaient pas forcément imposants physiquement, mais leur dangerosité n'en était pas moins réelle. Ils connaissaient la flore comme personne et savaient tirer parti des plantes les plus toxiques pour défendre leur territoire ou éliminer ceux qu'ils considéraient comme des ennemis. Les membres de ce clan ne se contentaient pas de se défendre par la force ; leur stratégie reposait sur la ruse et la perfidie, et beaucoup les craignaient pour cette raison.
Tous ces clans, aussi différents soient-ils, étaient pourtant liés par un pacte ancestral : les Serments du Sang.
Chaque clan en possède un, transmis de génération en génération, et ce serment scelle une alliance fragile mais essentielle. C'est comme une sorte de code, un ensemble de règles et de devoirs qu'aucun clan ne peut ignorer sans subir de lourdes conséquences. Briser un Serment du Sang, c'était rompre avec une promesse sacrée, un acte qui attirait la malédiction sur tout le clan coupable.
Même les clans les plus hostiles entre eux respectaient ces serments. Ils étaient notre équilibre, notre bouclier contre une guerre totale, ce qui nous empêchait, jusque-là, de sombrer dans un chaos sans fin. Mais avec les récents événements, je ne pouvais m'empêcher de penser que ces serments étaient sur le point d'être testés.
- RÉUNIOOOON !
L'appel d'Aedan résonna dans tout le village, tranchant l'air comme une lame bien aiguisée. Mon cœur fit un bond. Je n'avais pas envie de m'y rendre, mais il fallait que j'affronte la situation. Lentement, je sortis de ma cabane et me mêlai aux autres, le pas traînant, l'esprit lourd.
Aedan se tenait déjà au centre de l'assemblée, le visage grave. Dès qu'il prit la parole, le silence s'installa comme une chape de plomb.
- Membres du clan, aujourd'hui, nous avons perdu deux des nôtres. Sa voix, ferme mais tremblante de colère, semblait résonner jusqu'au cœur de chacun de nous. Nous ne connaissons pas encore le coupable, mais nous savons que cela ne vient pas de notre clan. Les indices laissent penser qu'il pourrait s'agir d'une attaque déguisée d'un autre clan.
Une vague de murmures horrifiés parcourut la foule. L'idée que l'un des autres clans ait pu commettre ces meurtres en douce créait une colère profonde en touts les habitants.
- J'ai envoyé des corbeaux aux chefs des autres clans pour un rassemblement, annonça Aedan. Mais avec Maylis morte, c'est moi qui vais y aller.
Avant qu'il ne puisse continuer, une silhouette se précipita dans l'assemblée, visiblement essoufflée. C'était Liora, le visage blême et les yeux agrandis par la peur.
- Ils arrivent ! Le clan de l'Épine... ils pensent que c'est nous ! haleta-t-elle. Ils viennent pour se venger.
La stupeur se figea sur les visages autour de moi. Le clan de l'Épine... réputé pour sa maîtrise des poisons et pour son caractère vicieux. Ils ne laisseraient pas passer ce qu'ils pensaient être une trahison.
- Ils croient que nous avons tué l'un des leurs, continua Liora. Ils disent que c'est un acte de provocation et qu'ils doivent riposter.
- Ils ont tort ! Nous n'avons rien à voir avec ça ! s'exclama quelqu'un dans la foule, les poings serrés de colère.
- Peu importe la vérité, répondit Aedan d'une voix glaciale. Ils ne cherchent qu'une excuse pour en découdre. Alors, préparez-vous.
Mon cœur se mit à battre plus vite. Autour de moi, les membres du clan échangeaient des regards déterminés et couraient jusqu'à leur cabane pour aller chercher leur arme de guerre. Le village prenait des allures de champ de bataille.
Maela, qui se trouvait à mes côtés, murmura :
- On dirait que la guerre approche. On n'aura pas le choix cette fois.
J'acquiesçai, le poids de ma dague à ma ceinture me rappelant l'inévitable. Nous n'étions peut-être pas les plus forts physiquement, mais notre force résidait ailleurs, dans notre capacité à résister aux épreuves sans céder.
Soudain, un corbeau plana au-dessus de nous, le cri lugubre de l'oiseau déchirant l'air. Aedan, sans perdre de temps, ordonna :
- En position ! Que personne ne reste seul, nous devons défendre notre clan. Rassemblez-vous !
Je jetai un coup d'œil à Maela, prête à tout pour protéger ceux qui restaient. Les serments du sang, nos liens sacrés entre clans, n'avait pas empêché cette discorde. Mais si l'un de nous le brisait sciemment, il risquait des conséquences bien plus terribles qu'une guerre comme celle-ci.
Alors que l'ombre du clan de l'Épine approchait, je pris une profonde inspiration, me préparant au choc de cette confrontation.
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