Revenu, Gondebaud proposa à Jessica une promenade le long du chemin de ronde, creusé à même les grottes. Les deux gardes les suivaient à distance respectable. Le chemin montait pour s'élever au-dessus des cavernes. En haut des tours de garde, lorsque la lune était pleine, on pouvait presque deviner l'écume des vagues en surface. Au loin, la coupole de la salle du trident brillait de ses mille feuilles d'opale. La lueur des étoiles filtrait faiblement à la profondeur où ils se trouvaient, mais partout, des postes photoluminescents éclairaient le passage et se reflétaient dans le plafond de verre qui les recouvrait.

— Liétald a une chance qu'il ne mérite pas, lâcha finalement Gondebaud.

Jessica le regarda. Elle aimait cette honnêteté qu'elle lisait dans ses yeux.

— Je suppose qu'il faut ce qu'il faut. Notre devoir avant notre plaisir. Vous connaissez cela aussi ! C'est toujours plus difficile pour nous, les femmes, se résigna-t-elle.

— Je sais. Sa voix s'était attendrie. Il aurait voulu la toucher, mais elle était promise à un autre. Il se fait tard, reprit-il. Je vous raccompagne à votre chambre.

Ils marchèrent en silence dans le long tunnel qui les ramenait à l'auberge. Une fois devant sa porte, Gondebaud, nerveux, bredouilla :

— Bonne nuit, Miss Jessica. Que la paix Manta soit avec vous.

Jessica se hissa alors sur la pointe des pieds, et sans qu'il eût pu l'anticiper, s'empara de ses lèvres. Puis d'une main, elle donna congé à ses gardes.

— Si je dois me donner à Liétald, alors qu'il a déjà disposé de moi par la violence, j'estime que je peux bien me donner à qui je le souhaite ! 

Elle s'empara de sa main, l'attira dans sa chambre et claqua la porte de sa jambe droite.

Elle déboutonna ensuite la chemise de Gondebaud, qui se laissa faire sans la moindre opposition. Il caressa son menton puis laissa glisser ses doigts le long de ses reins. Il la souleva et l'emmena sur le lit. Sous l'excitation, les nageoires latérales de Gondebaud se dressèrent. Légèrement bleutées, elles scintillaient dans la pénombre de la chambre. Il termina de déshabiller Jessica, retira son corset, ses jupons. Sa main se mit à caresser son épaule tandis que ses lèvres ne pouvaient quitter les siennes. Ses doigts glissèrent le long de son dos, explorèrent ses clavicules puis s'arrêtèrent sur la petite nageoire minuscule qui siégeait au creux des reins de Jessica.

— C'est donc là, la seule différence qui vous distingue des Walsh ? Il regardait le petit aileron souple, couleur de peau s'agiter au-dessus des fesses.

— Oui, monsieur !

— Et à quoi sert-elle ?

— À faire joli ? Éluda-t-elle s'emparant de plus belle de sa bouche.

Et là, ils firent l'amour dans toute la passion de deux êtres décidés à profiter pleinement de l'opportunité qui leur était offerte.