10 - Le périgée
L'âme en peine, Jessica avança dans le tunnel qu'ils avaient emprunté ensemble la première fois et où elle avait passé de si bonnes heures. Mais ce soir, une eau troublée et rougeoyante l'y attendait. Les rayons de la lune perçaient les profondeurs davantage que d'habitude. Les algues étaient devenues folles. Les poissons s'étaient abrités.
Les combats continuaient à faire rage, mais le courant était devenu anormalement puissant. Dans un grondement diffus, le sol se mit à trembler et l'eau à bouillonner. Les grandes marées du périgée étaient impitoyables. De la buée apparut sur les hublots. Les murs oscillèrent et tous les yeux se fixèrent sur le sas qui s'agitait aussi. Des rouleaux de masses d'eau gigantesques se formèrent et semblèrent tout broyer sur leur passage. Les tremblements semblèrent ne jamais cesser. Une violente secousse fit tomber Jessica. Elle vit sa vie défiler devant elle. Elle avait oublié Liétald, son père et ne pensait plus qu'à Gondebaud. Le trident tressaillit. Et puis tout s'arrêta, aussi soudainement que cela avait commencé. Le courant se calma et peu à peu l'eau s'éclaircit à nouveau. Alors des corps inertes et calcinés de sassandres se mirent à flotter un peu partout, brûlés par une mer réchauffée.
Encore chancelante, Jessica fit demi-tour, attrapa une recharge d'air et plongea à nouveau dans les larmes de l'océan. Elle affronta la plainte des vagues à la recherche de la sassandre aux murènes jaunes qui avait capturé Gondebaud. Le souffle chaud de l'océan l'enveloppa comme pour la réconforter. Elle passa devant de nombreux cadavres qu'elle chercha à identifier et continua à errer à l'affût du visage de son amant. Une tâche ocre attira son attention en profondeur. La sassandre avait dû plonger pour se refroidir. Elle la trouva, les écailles noircies et les murènes pendantes. Alors elle redoubla d'efforts et scruta les alentours. Finalement, elle reconnut une des tenues de combat des Rohans, flotter sur le dos.
Elle palma énergiquement jusqu'à atteindre le corps inanimé. Le retourna, curieuse et paniquée. Le visage livide de Gondebaud, s'offrait à elle, les yeux fermés. Elle se risqua à le toucher. Il était encore tiède. Alors elle le ramena avec elle jusqu'au tunnel, puis à la chambre de décompression, sans jamais le quitter, le serrant très fort dans les bras. L'eau de la pièce s'évacua et elle se mit à le gifler, une fois, deux fois. Elle frappa son corps, sans aucune réaction. Désespérée, elle lui fit un massage cardiaque et insuffla, comme il l'avait fait quelques minutes auparavant, de l'air dans les poumons. Rien. Tout ça pour rien.
Elle pleurait, hurlait, criait. Les gardes s'approchèrent d'elle pour la retenir. Mais elle les chassa. Persévéra. Le frappa. Encore et encore, jusqu'à ce qu'une petite coulée d'eau sortit de la bouche de Gondebaud.
*** Fin***
(Bon, j'ai fait quelques mises à jour et suis passée à 7000 mots, toujours pas satisfaite du résultat...on va laisser reposer...)
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