Cassie-Mathieu

C'était la dernière semaine de cours, du moins officieuses, rares étaient les élèves de seconde qui venaient encore et c'était le cas de Mathieu. Seulement, aujourd'hui était également le dernier jour des clubs et il ne pouvait pas ne pas y participer. Plus précisément, il avait cédé aux demandes de Baptiste et Cassie.

Dès onze heures, Cassie alla à l'amphithéâtre où un énorme goûter avait été préparé. Les adieux aux terminales furent larmoyants, en tout cas pour les autres, Cassie ne les connaissait pas assez pour être triste, elle profita juste des gâteaux et des boissons tout en hochant la tête d'une manière désolée en face de ceux qui regrettaient leur départ. Avec tout ce qu'elle mangea, elle ne prit pas de déjeuner.

Vers 12h30, plus par envie que par obligation, elle quitta l'amphithéâtre pour se diriger lentement vers la salle du club musique et se cala contre le mur du couloir. Mathieu ne tarda pas à la rejoindre.

‑ Tu as l'air de mauvaise humeur, lui dit Cassie.

‑ J'ai besoin de mon lit. Et je me suis fait engueuler par le prof d'histoire.

‑ Pourquoi ?

‑ Rien d'important.

À treize heures, les autres membres du club arrivèrent. Ils prirent tous place sur les chaises disponibles sauf Baptiste et Mèl qui se mirent en face des trois autres membres. Après avoir discuté pendant quelques minutes, Baptiste se mit à dire :

‑ C'est drôle, c'est la dernière fois que je viens dans cette pièce et juste après, je vais rendre les clés à la vie scolaire pour ne jamais les reprendre. J'ai passé trois années merveilleuses, et celle-ci était la meilleure de toutes notamment grâce à vous trois, nous n'aurions rien pu faire sans vous, vraiment. Alors... merci. Merci Mathieu, c'est toi qui as fait le plus gros taf et ça me fait de magnifiques souvenirs.

‑ Arrête ! s'exclama Mèl. Tu vas me faire pleurer.

Baptiste fit un sourire triste et la prit dans ses bras.

‑ Qu'est-ce que tu racontes ? Tu sais bien qu'on se verra au moins tous les week-ends !

‑ Attendez ! lança Mathieu. Vous êtes ensemble tous les deux ?

Sofia se tourna vers lui.

‑ Tu ne le savais pas ?!

‑ Tu sais bien que je suis très assidu dans ce club.

Baptiste reprit :

‑ Je donne les rennes à Mèl, je compte sur vous pour recruter plus de monde et un batteur digne de ce nom maintenant que je vous quitte.

‑ Ce ne sera pas difficile de faire mieux que toi, lâcha Mathieu.

‑ Toi, je te retiens ! Sinon, j'ai des bonbons et une bouteille dans mon casier, vous voulez en profiter ?

‑ J'ai déjà fait un goûter en français et en anglais...

‑ Alors ça en fera plus pour moi ! s'exclama Cassie.

‑ Quoi ?!

‑ Je vais chercher tout ça.

Ils passèrent le reste de l'heure à parler, manger et jouer. Lorsque la sonnerie retentit, c'est avec un petit pincement au cœur que Baptiste ferma à clé derrière lui. Ils se séparèrent dans le hall. Cassie, accrochée au bras de Mathieu, faisait un signe de la main pour répondre à Baptiste qui faisait pareil de son côté. Mèl et lui finirent par leur tourner le dos et s'en allèrent dans un couloir.

C'était peut-être la dernière fois qu'ils le voyaient, la semaine suivante était consacrée aux révisions des terminales puis il y aurait le bac et les vacances des secondes. Mathieu regarda Cassie.

‑ Hé ! Tu vas pas pleurer ! On a encore deux ans à faire ici, nous avons le temps pour ça ! Tu pleureras en terminale. Je suis même pratiquement sûr que tu n'auras pas le temps de le faire. Allez, il est pas mort, il part juste vers de nouveaux horizons. Faut qu'on aille en cours, Cassie.

‑ J'ai pas envie.

‑ Moi non plus, mais ça te changera les idées. Je te proposerais bien de sécher mais je sais que tu vas dire non.

Cassie sourit.

‑ Tu as raison. Allons-y.

Elle se détacha de Mathieu.

Qu'est-ce qu'il ne fallait pas dire pour remonter le moral d'une fille...