Regarde-moi dans les yeux
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-"Le mot normal ne veut rien dire."
A cet instant, j'ai cru que mon sang faisait le chemin inverse. Sa voix...Ca ne me rassurait pas vraiment, mais j'ai voulu être ici. J'assume.
-"Ah..." fut le seul mot que je puisse sortir de ma bouche. Je dois lever la tête, je ne pourrais pas rester comme ça éternellement.
Je ne sais pas comment réagir...Mais je me dis que si je m'intéresse à lui, ça devrait sûrement lui faire plaisir.
Pour détendre l'ambiance, je me dis que je pourrais peut-être le tutoyer. Je m'avance lentement, levant les yeux. Il est assis sur une chaise, tourne face à un mur. De tout ce que je peux observer, il a des cheveux bruns foncés lui tombant sur le front, et semble assez grand.
-"Et...comment t'appelles-tu ?"
Il ne répond pas tout de suite.
-"Quelle importance ?"
Je ne dis rien. Mais il ne m'a pas l'air si fou que ça...Mais bon, ne jamais si fier aux apparences, ni à la première impression. De plus, je n'ai même pas encore vu son visage.
-"Tu peux te montrer, s'il te plaît ?..."
Il se lève d'un coup, m'effrayant au passage. Il se retourne et s'approche de moi. Il apparaît enfin dans la lumière et là...
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Ce patient...a quelque chose de différent. Très différent. Il a un regard froid, une expression plutôt effrayante. Il ne m'inspire pas confiance, j'ai l'impression qu'il va se jeter sur moi. Il a une petite cicatrice au coin de la lèvre supérieure. Je me demande comment a-t-il pu se faire cela, mais je dois me contenir. Il me juge de haut en bas, puis se met à sourire.
-"Pourquoi cette tête? Tu n'es pas content?" me demande-t-il.
Il passe ensuite ses doigts sur sa cicatrice et me fixe. L'ai je déjà énervé ?
-"Il faut sourire."
Je déglutis. Je ne m'attendais pas à ça...Vraiment pas... J'observe sa cicatrice, quand il me fait sursauter ;
-"Regarde moi dans les yeux."
Les yeux grands ouverts, complètement tétanisé, je regrette immédiatement de l'avoir regardé comme ça...il doit penser que je le trouve étrange, mais je dois lui prouver que je ne suis pas comme tout le monde et qu'il ne m'effraie pas, même si j'avoue que je suis actuellement en sueur. Je tente alors malencontreusement de le complimenter ;
-"J...j'aime beaucoup !"
Il baisse la tête sur le côté et me fixe, l'air blasé. Il s'asseoit sur son lit d'hôpital, et lève les yeux.
-"Moi, je n'aime pas."
Il me répond vite maintenant, je suis rassuré...je décide d'en savoir plus ;
-"Mais alors...Pourquoi avoir fait ça sur ton visage?"
D'un coup, il tourne le regarde vers moi et fait les gros yeux. J'ai dis quelque chose de mal?
-"Et toi? Pourquoi t'es là?"
-"Moi? Je-
-"Attend attend. Laisse moi deviner. *celui ci se lève, met ses mains dans son dos et tourne autour de moi tel un vautour* Tu es encore un de ces gars qui veut me faire devenir net ou NORMAL comme tu dis, tu sais que je vis dans un enfer mais tu veux m'en faire sortir, mais écoute moi bien. *s'arrête pile en face de moi* je n'en sortirai pas."
Je baisse les yeux. Soudainement, il tire sa chaise et la jette devant une table blanche contre le mur en face de son lit. J'avoue avoir sursauté.
-"On va discuter."
Normalement, c'est moi qui devrait lui donner des ordres...Mais c'est ma première mission, je devrai pas trop en demander. Je reste sur place et il s'approche. Il arrête tout geste et reste en face de moi, soulevant mon menton avec deux de ses doigts. Nous sommes beaucoup trop proches, cela me dérange mais je ne dis rien, de peur qu'il ne me fasse quelque chose.
-"Toi là. Commence-t-il en me fixant de haut en bas d'un air moqueur, Tu m'as dit être...passionné dans...tout ce qui touche...la psychologie, c'est ça?"
Je fais oui de la tête, respirant tellement fort qu'il s'en rend compte, ce qui le fait rigoler. Je me suis mis dans de beaux draps...Le fou repose son regard dans le mien avant de continuer à parler.
-"Si tu t'intéresse tellement aux gens comme moi, si tu tenais absoooolument à mettre les pieds ici, c'est que tu es un peu fou, toi aussi. *il lâche mon visage et s'éloigne, tournant le dos* C'est vrai, après tout, tu connais des gens "normaux" *fais les guillemets avec ses doigts* qui accepteraient de passer des journées à contrôler des malades? Y'a...quand même plus cool comme activité, non? *il se retourne vers moi* Tu n'es pas d'accord avec moi?"
Ce patient est intelligent, j'ai du mal à lui répondre, il a raison un peu...Je n'ose pas sortir les médicaments. J'ai peur qu'il soit prit d'un moment de folie.
Même si il est très calme, c'est souvent les gens comme ça qui font le plus peur lorsqu'ils sont énervés.
-"Sinon...tu as quel âge dis moi?"
Tout en me posant cette question, il s'installe sur la chaise qu'il avait balancé contre le bureau, et se balance. Celle ci grince faisant un bruit qui résonne dans toute la pièce.
Il attend une réponse de ma part, mais je ne dois pas me laisser intimider sinon je vais échouer. Montre lui que tu n'as pas peur de lui, Jungkook !
-"Et toi?"
Il stoppe tout mouvement. Les pieds de la chaise se reposent violemment au sol. Il y a une étrange tension, j'ai l'impression d'avoir commis une erreur. Je comprend alors que j'aurai mieux fait de me taire. Perturbé, je répond alors à sa question.
-"J'ai dix huit ans bientôt..."
-"Ah...tu es encore un bébé."
Cette phrase me fit bizarrement rire. Sans le vouloir un sourire se trace sur mes lèvres mais disparaît rapidement quand le patient tape sur la table, le visage joyeux.
-"C'est beaucoup mieux quand tu souris. Parce que tu ressembles à un rat quand tu tires la gueule."
J'arque un sourcil face à sa remarque. Complètement torché, ce patient. Il bouge beaucoup trop et en plus de ça il change d'humeur d'une minute à l'autre. Remarquant que je me dis des choses à moi même, il me regarde bêtement ;
-"Vingt ans."
Je lui lance un regarde interrogateur, même si je me doute qu'il parle de lui.
-"Vingt putains d'années. Je me demande comment j'ai pu rester vivant tout ce temps. *il ricane* Il faut dire que la vie ne m'a pas sourit."
-"J...je vois..."
- *baisse les yeux et soupire puis relève la tête et me regarde* "Mais bon ! C'est comme ça et pas autrement, faut bien s'y faire, hein ?"
J'affirme. Maintenant que j'ai réussi à communiquer avec lui, je dois lui donner les médicaments, je n'ai pas d'autre choix...Je prend donc une grande inspiration avant de prendre courageusement la parole.
-"Dis...je m'excuses à l'avance, mais je dois te donner des médicaments...C'est l'infirmière qui me l'a demandé. "
-"Laquelle? Y'en a plein."
Je ne m'attendais absolument pas à ce qu'il me dise ça. Je pensais qu'il allait se plaindre mais non.
-"Euh..."
-"Bon, tu ne dois pas connaître grand monde. Passe les moi alors."
Pardon ? Je suis censé m'occuper de lui et il veut lui même prendre les médicaments ? Le plus dérangeant est qu'il me donne des ordres.
Les sourcils froncés, je saisit donc la boîte de ma poche et sors deux cachets, comme me l'a prescrit l'infirmière. Je ne compte pas me laisse faire. J'avance vers lui et j'ai bien l'intention de lui donner moi même.
-"Je sais le faire tout seul."
Sans attendre une seconde de plus je lui passe, il les prend et les avale, comme ça, d'un coup, les deux en même temps. Désolé, mais je n'ai pas pu protester. Je vais le laisser prendre ses pilules seul, après tout il a raison, il peut le faire tout seul...
Une fois l'action terminée, je le fixe surpris.
-"T..tu ne prends pas d'eau avec ?"
-"Elle est dégueulasse ici."
-"Ah...Je comprends..."
Après avoir avalé les cachets, plus personne ne parle. Il y a un blanc, quand la porte blindée s'ouvre, laissant apparaître la même dame qui m'a acceuillit, accompagnée de deux spécialistes.
-"Monsieur Jeon, la demi-heure est écoulée."
J'acquiese et me retourne vers le "fou" ; il les regardait, blasé.
-"C'était une séance d'essai, c'est pour cela qu'elle ne durait pas lon-
-"Eh, je peux dire un truc, moi aussi?" fit subitement le patient.
-"Il n'y a rien à dire."
L'infirmière à répondu tellement froidement au patient...Mais lui ne l'entend pas de cette oreille et continue à s'exprimer ;
-"Je peux pas ? Non ? Bah tant pis. Juste pour vous dire que en plus d'avoir une flotte non potable, vos cachets sont à en dégueuler mes intestins."
Je me retiens de rigoler, je ne dois absolument pas. Sinon, je peux dire adieu à ma mission !
-"...Monsieur Jeon. Veuillez nous suivre, je vous prie."
Je fais salut d'un signe de la main au patient, enfin si il me répond d'un sourire blasé et je sors de la pièce avant que les spécialistes referment la porte derrière moi.
Nous marchons dans les couloirs pour aller au rez-de-chaussée et j'en profite pour connaître des détails sur lui ;
-"Madame, je trouve ça dommage comme vie pour lui. C'est vrai, il est si jeune...vingt ans et condamné à passer sa vie dans un asile..."
-"C'est le prix à payer quand on perd la raison." rétorque-t-elle sans aucune pitié dans ses mots.
-"Oui...mais...j'ai comme l'impression qu'il n'est pas dangereux...Je sais pas, il a été si sociable avec moi, il m'a beaucoup parlé, d'une façon étrange, je l'avoues, mais d'autre ne m'auraient même pas adressé la parole..."
La femme rigole. Elle doit me prendre pour un amateur, un mec qui croit que la vie est sans problèmes...
-"Ne vous fiez pas à ça. Les psychopathes ont un don pour mettre les gens en confiance. Ils savent comment amadouer et adoucir leurs victimes. Et lui, il sait très bien ce qu'il fait. Surtout qu'il a encore une conscience, et surtout une intelligence effrayante. *nous arrivons à l'entrée et elle m'ouvre la porte* A votre avis, pourquoi est-il considéré comme le plus dangereux de l'asile?"
Puis elle s'en va. Je m'apprête à sortir du bâtiment quand un homme âgé en costard cravate me rattrape ;
-"Monsieur Jeon ! Bonjour, je suis Monsieur Jay, le directeur de cet asile. J'ai beaucoup entendu parler de vous !"
-"Euh, oui en effet *lui sert la main* je suis chargé de surveiller un patient !"
-"Oui, je suis déjà au courant ! Aujourd'hui était un essai, pour voir ce dont vous êtes capables avec les malades...Vous pouvez revenir demain pour journée complète si cela vous plaît, de huit heures à dix sept heures 30 ! J'espère que ça ne vous dérange pas ?
Je suis ravi à l'idée d'être pris, là va commencer mon vrai boulot. Je souris de toutes mes dents ;
-"Oui, aucun problème !"
-"D'ailleurs, je ne vous ai pas demandé...De quel patient êtes-vous responsable ? Personne n'a voulu me le dire..."
-"Je ne connais pas encore son nom, mais...il adore intimider les gens ..."
-"Kim TaeHyung..." chuchota le directeur, en grinçant les dents.
J'arque un sourcil, n'ayant rien entendu à ce qu'il a soufflé.
-"Pardon? J'ai pas compris !"
L'homme lève la tête et sourit d'une manière gênée, comme pour faire comme si de rien n'était.
-"Oh non rien, j'essayais de me rappeler de qui vous parliez...bon, eh bien, à demain alors."
Il est devenu tendu quand je lui ai décrit mon patient...Pourquoi lui est-il si spécial?
Je sors de l'asile et parcourt la coure puis ouvre le portail pour rentrer chez moi.
Pendant tout le trajet je n'arrête pas de repenser à ce qu'il s'est passé, ma conversation avec lui, ce que m'a dit l'infirmière et le changement de comportement du patron. J'allume mon téléphone que j'avais un peu laissé de côté entre temps et remarque que mon père a essayé de m'appeler une dizaine de fois. Oups...
Une fois arrivé chez moi, je sors les clés et rentre dans la maison. Je retire ma veste et mes baskets et vais dans la cuisine...sauf que mon père y est. Il semble m'attendre depuis des heures.
-"La gendarmerie m'a appelée...Tu n'es pas allé au stage."
Je soupires. Je savais très bien que j'allais me faire griller...
-"Pourquoi tu n'y étais pas? Hein ? Et si t'es pas allé au stage, tu te trouvais où alors !"
Je décide de mentir.
-"Chez Jimin..."
-"Dis plutôt que tu étais je-ne-sais-où pour tes délires d'asile !"
Je commence à m'énerver.
-"Et quoi? Je prend mon avenir en compte, c'est bien nan?"
Mon père passe ses mains sur son visage pour se calmer.
-"Mais c'est pas dans ce genre de conneries que tu vas faire ton avenir Jungkook!"
Je soupire. Je ne pourrais donc jamais avoir une conversation sans disputes quand nous parlons de ce sujet ?!
-"Bon, je vais retourner chez Jimin pour quelques jours, je reviendrai bientôt."
Je remis ma veste et mes baskets et m'en alla chez mon meilleur ami, voulant éviter toute embrouille.
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