Chapitre 8
Le malaise, on peut le définir de plusieurs manières, qu'il soit physique ou moral. Je ne vais pas parler de malaise physique car cela signifierait que je parlerai de maladies et d'autres trucs de ce genre, je vais plutôt aborder le sujet du malaise dans la conversation. Celui qui gêne les personnes y participant, donnant envie généralement à ces derniers de partir faire autre chose.
Le malaise peut survenir de différentes façons : il peut être susciter par la présence d'une personne, par le lieu où l'on se trouve, par la réplique de quelqu'un, par les tensions entre d'autres. Les causes sont diverses mais le résultat est le même : les personnes se dévisagent attendant que quelqu'un mette fin au blanc qui emplit leur conversation ou sinon, ils détournent le regard, cherchant quelque chose d'intéressant à regarder ou bien à dire. Les malaises peuvent durer quelques secondes, quelques minutes et parfois même si la conversation reprend, il est difficile de ne pas voir l'ambiance plus que tendue qu'il s'y dégage.
Il peut aussi mettre fin à la conversation, obligeant les interlocuteurs à partir autre part, les faire respirer un bon coup.
Ce n'est pas toujours simple de détendre l'atmosphère après un certain malaise. Cela demande parfois du temps, parfois une bonne réplique pour remettre d'aplomb tout le monde ou bien il faut être un sacré farceur, quoique cela ne s'avère pas tout le temps efficace. Cela peut avoir un effet inverse, c'est-à-dire empirer la situation et amplifier le malaise.
Dans notre situation, les filles et les garçons ont bien du mal à converser. Depuis la réprimande de Faty, les filles se sont calmées, ce qui n'est pas le cas d'Ismaël qui est toujours en colère. Un vrai rageux celui-là. Les autres garçons quant à eux, ne savent pas comment engager la conversation, ayant peur de déclencher une nouvelle guerre à table. La seule personne capable de combler ce malaise est Faty mais celle-ci, énervée, n'est pas prête à le faire.
Le dessert, une part de gâteau à la pomme, crème chantilly et boule de vanille a beau les ravir, cela ne détend en rien l'atmosphère. Khadija, qui en a marre souffle et fusille du regard Faty. Celle-ci ne bronche pas et continue de manger son dessert.
-Bon Faty, parle s'il te plaît, râle Mila, ta voix nous manque.
Faty lève la tête, dévisage Mila en levant un sourcil et tchip. Mauvais signe...
-S'il te plaît Faty, la supplie Maeva.
-Je sais très bien que vous voulez juste que je parle car je suis la seule capable de casser des malaises comme ça, répond doucement Faty. J'ai envie de vous dire débrouillez-vous, vous jouez à vos sauvages depuis le début alors que je vous avais demandé d'arrêter. Vous ne m'avez pas écouté alors je ne vois pas pourquoi je le ferai.
-T'es chiante quand tu veux, souffle Khadija.
-Parle celle qui n'arrive pas à garder un mec plus de deux jours.
-Pardon ? S'exclame-t-elle.
Prince pouffe de rire mais se fait fusiller du regard par Faty.
-Pourquoi tu rigoles le vieux singe ? T'es même pas capable de lui répondre quand elle t'insulte, l'arrête-t-elle.
Cette fois-ci, ce n'est pas lui qui rit mais Mehdi. Il n'aurait pas dû.
-Et toi, tu te fais complètement dominer par Mila parce que tu n'attends qu'une chose c'est de finir dans son lit, alors à ta place je ne l'ouvrirai même pas.
Mila pouffe de rire le plus discrètement possible pour échapper à l'œil de Faty mais c'est raté.
-Je te déconseille de l'ouvrir car on sait toutes très bien que c'est ce que tu voulais, enfin ce que tu veux en général. C'est quand que tu as passé plus d'une semaine sans y voir passer un mec ? Ah oui excuse-moi, quand tu as tes règles.
Marine détourne le regard pour rire mais elle se fait bien vite cramer par Faty et son œil de lynx.
-Je vois pas pourquoi tu ris toi, tu fais tellement peur aux mecs qu'ils n'osent pas t'approcher et lorsque l'un d'entre eux a le courage de le faire, tu l'envoies balader.
Ismaël soudain calmé, acquiesce de la tête content.
-A ta place Ismaël, continue Faty, je n'en mènerai pas large. Depuis le début, tu passes pour un con qui cherche à dompter une fille mais laisse tomber, t'as pas assez de couilles pour. A part pour t'énerver.
Il perd immédiatement son sourire tandis que Trevor grimace.
-Bon, je crois que je vais m'arrêter là parce que sinon ça risque de partir encore plus en cacahuètes.
Les filles visées par Faty ne disent rien et détournent le regard car en un sens, elles savent très bien que Faty disait la vérité. Elle ne s'était jamais cachée de leur dire tout cela, le problème, c'est qu'elle ne l'avait jamais dit aussi virulemment.
-Faty, tu n'étais pas obligée de dire cela ici, dit doucement Innaya.
-Ah bon ? Alors qu'est-ce que je devrais faire ? Vous regardez vous afficher encore plus ? Vous avez vu toutes les personnes ici ? Elles sont toutes respectueuses envers les autres et même si elles ont des atomes crochus, elles ferment leur gueule ou gardent leur ressentiment pour elle. Mais vous, vous giflez, insultez, et menacez des gens que vous connaissez depuis quoi, deux heures ? Que vous les clashez à la limite ok, mais vous leur manquez de respect alors que vous ne les connaissez pas. D'accord, ils sont tout sauf subtils, mais ils ne méritent certainement pas qu'on les traite comme des objets, qu'on maltraite avant de les jeter à la poubelle. Et franchement, je trouve qu'ils sont bien gentils de ne presque rien dire. Le truc, c'est que c'est toujours le même cinéma avec vous et ça devient vraiment barbant.
Personne ne pipe mot après la réplique de Faty. Elle n'y est pas allée de main morte aussi. Mais en un sens, elle a raison. Cela a beau être drôle lorsque l'on voit la scène de loin, en réalité, si l'on va du côté des mecs, ce ne doit pas être si drôle.
-J'avoue, on a un peu forcé, dit Jasmine.
-Un peu ? Tu rigoles, répond Mila.
-On a abusé oui, rigole Maeva.
-Comme d'habitude, souffle Khadija.
-On vous a manqué de respect ? Vraiment ? Demande Marine.
-Si on oublie que tu m'as traité de je ne sais combien de choses, et que tu as menacé de me casser les couilles au sens propre, répond Ismaël.
-Que tu m'as agressé alors que je n'avais même pas dit un mot, dit Amir, le partenaire d'Innaya qui avait très peu ouvert la bouche jusque-là.
-Que tu ne fais que m'insulter depuis la première fois qu'on s'est parlé, continue Prince.
-Que tu m'as giflé pour rien, ajoute Lilyan.
-Que, que rien du tout en fait, dit Mehdi en riant.
-Vous êtes sympas, dit Trevor. Je vous aime bien moi.
-Vous êtes drôles, dit Aïdara avec un sourire.
-Elle avait raison Mila, dit Faty à Aïdara, tu es un beau spécimen quand tu souris. Quel gâchis.
-Je ne suis pas gay.
Faty fait les yeux ronds et détourne le regard gêné. Aïdara rit et le reste de la table finit par le suivre.
-Bon, on va faire comme si de rien n'était, rigole Faty.
-Ouais, c'est ça, sourit Khadija avec un air de malice. Bon, à part ça, je crois qu'on vous doit des excuses.
-Je ne savais pas que tu pouvais en donner, dit sarcastiquement Prince.
-Commence pas sinon je ne t'en fais pas, ok?
-Pardon ma chère, vas-y.
Khadija sourit puis présente ses excuses. Les autres filles s'excusent une à une sauf Jasmine et Faty. Jasmine car elle n'a pas manqué de respect à Trevor et Faty car c'est Faty, j'ai envie de dire.
-Est-ce que je te dois des excuses ? Demande-t-elle à son partenaire.
-Etant donné que je n'ai pas été des plus tendres avec toi, non, tu ne m'en dois pas. Nous sommes quittes j'ai envie de dire.
-Bon maintenant que tout est réglé, on peut finir le dessert avec le sourire ? Dit joyeusement Khadija.
-Oui, rigole Faty.
-Tu penses toujours à manger toi, rigole Prince.
-C'est toi qui parle ? Tu t'es resservi trois fois du plat et c'est ton deuxième dessert !
-Putain tu m'observes !
Khadija explose de rire tandis que Faty secoue la tête.
-Non mais ces deux-là, on y peut rien, ils se chamailleront tout le temps, ricane Aïdara à Faty.
-Ah, t'inquiète pas, je l'avais bien compris, lui répond Faty.
Les discussions reprennent et cette fois-ci, aucune insulte ne filtre, juste du rire et une bonne ambiance. Des piques sont toujours lancées, mais ce n'est rien de bien méchant, tout le monde ayant compris la leçon de Faty. C'est Mr Kermenes qui les interrompt, une nouvelle fois.
-Excusez-moi de vous déranger, encore une fois, mais je vous annonce une dernière série d'épreuves pour nos couples, avant de passer à la mise aux enchères. J'espère que vous passez jusque-là une très bonne soirée, et que notre personnel vous traite comme il se doit. Dans cinq minutes, je rappellerai les couples, préparez-vous car de grandes choses vous attendent.
Son discours est ponctué d'applaudissement tandis qu'il redescend de scène organiser les prochaines épreuves.
-Personnellement, je n'ai rien à redire sur leurs personnels, dit Trevor.
-Oh oui ! Je les ai trouvé très accueillants et aussi très beaux, approuve Ismaël.
-Attend une seconde, tu trouves que le personnel est très bien parce qu'ils t'ont bien servis ou bien parce que tu n'as fait que les mater ? Lui demande Marine.
-C'est une question piège ?
-Pourquoi penses-tu toujours que c'est une question piège ?
-Avec vous les filles on sait jamais, rigole Mehdi.
-C'est-à-dire ? Demande Jasmine.
-Vous avez tendance à dire des choses et à poser des questions pour nous faire dire certaines choses, explique Amir.
-Et après vous mémorisez l'information, continue Prince.
-Et vous la ressortez au moment où il ne faut pas, termine Lilyan en soupirant.
-Le moment où il ne faut pas pour vous, vous voulez dire ? Rigole Khadija.
-Non, pas vraiment, répond Prince, c'est juste que la plupart du temps c'est faux.
-Ah non, c'est pas vrai ça, proteste Innaya. Ce n'est pas faux, c'est juste que vous oubliez alors que nous non.
-Ça reste dans nos têtes, acquiesce Maeva.
-Et vous les ressortez au mauvais moment, répète Lilyan.
-C'est pas de notre faute si tu oublies que tu matais la blonde du bar, ricane Jasmine.
-Ou que tu oublies où est-ce que tu as foutu ton saleté de caleçon, ajoute Khadija.
-Et nos caleçons ne sont pas des saletés, on ne vous dit pas ça nous à propos de vos culottes.
-En même temps, quand vous en voyez une, vous pensez à autre chose, rigole Mila.
-Et puis, défendre son caleçon revient à assumer qu'il y'ait une part de vérité dans ce que nous avons avancé, remarque Khadija.
-Tu viens de faire la plus belle phrase de la soirée, même si cela n'a aucun sens, rit Mila.
-J'avoue, rigole Faty.
-Ah !!! J'ai oublié quelque chose, Mehmed ? S'exclame Khadija.
-Non, c'est Mehdi, reprend celui-ci.
-Ouais c'est pareil. Tu comptes finir la soirée avec cette baptou là non ? Demande-t-elle en désignant Mila.
Mehdi n'ouvre pas la bouche, ne sachant pas quoi dire.
-Pourquoi ? Cela te dérange ? Répond à sa place Mila.
-Non, pas du tout. C'est juste pour le prévenir. Vous finissez la soirée où vous voulez mais pas chez nous.
-Ah non, tu ne commences pas, râle Mila.
-Laisse-moi terminer. Parce que je sais que si je ne le dis qu'à toi, tu n'en auras rien à foutre alors que lui, cela m'étonnerait. Alors, Mehdo, je ne vais pas aller par quatre chemins : si vous finissez la soirée chez nous là, et que je vous entends gâcher mon sommeil, wallaye je débarque dans la chambre et je te fous dehors, à poil ou non, habits ou sans habits, kekette ou pas kekette, tu sors de la maison. Point.
Toutes les filles explosèrent de rire avec les garçons, quoique Mehdi était tout rouge.
-J'en peux plus elle a dit kekette ou pas kekette, pleure de rire Prince.
-Je ne vois pas pourquoi tu ris, l'arrête Khadija. Je dis ça parce que c'est lui, mais cela aurait été toi ou un vieux de cinquante ans, j'aurais ditla même chose.
-Mais en plus tu dis ça comme si elle était petite, ricane Mehdi. Une kekette, tu ne me respectes pas. J'aurais même préféré courgette.
-Courgette, du genre les petites courgettes que je coupe en rondelles et que je cuis pour donner à mon chat ? Demande Innaya avant d'exploser de rire.
-Respectez notre virilité, je vous en prie, soupire Lilyan.
-Je suis désolée de gâcher le mythe, mais beaucoup de filles ont bien plus de virilité que vous, affirme Faty.
-Du genre ? Répond Aïdara.
-Marine, dit Maeva.
-Elle en a plus que la moitié d'entre vous, confirme Innaya.
-Je ne sais pas comment je dois le prendre, dit Marine.
-C'est du n'importe quoi, lève les yeux au ciel Ismaël.
-Si elle a réussi à envoyer un mec à l'hosto pour hémorragie interne au niveau des couilles, c'est qu'elle en a quand même pas mal, rétorque Mila.
-Il faisait quatre-vingts quinze kilos, approuve Innaya.
-Un mètre quatre-vingt-dix réduit en charpie, vous imaginez, continue Khadija.
-A ta place, je me ferai petit, dit Maeva à Ismaël. Mais tout petit.
-Tu ne vaut rien face à elle, dit tristement Jasmine.
-Une poussière, termine Faty.
-Une poussière ? Et elle va m'aspirer aussi ? Dit sarcastiquement Ismaël.
-Eh ! Ne parle pas de malheur, s'exclame Khadija. Mais pour en revenir au sujet principal, je ne rigolais pas. Je ne veux pas entendre quelqu'un prendre du plaisir chez moi.
-Parce que tu es en manque ? Ce n'est pas grave, cela se comblera un jour, dit Prince.
Toutes les filles retiennent leur souffle tandis que les garçons pouffent de rire.
-T'es dans la merde, souffle Maeva.
-Moi en manque ? Répète doucement Khadija, trop doucement.
-Bah oui, réaffirme son partenaire sûr de lui. Je ne trouve pas cela très sympa envers tes amies. C'est de la jalousie.
-De la jalousie ? Hum. Oui tu as raison. Tu sais quoi, je vais te donner un conseil : prie.
-Prie ? Demande celui-ci interloqué.
-Oui, prie. C'est un conseil. Prie toutes les divinités auxquelles tu crois, que ce soit le dieu de la vie ou celui sous ton pantalon mais prie.
-Khadi, ne fais rien, gronde Faty.
-Non, la stoppe Khadija. Je ne vais rien faire, ne t'inquiète pas, je vais juste le soigner. As-tu fini de prier ? C'est un conseil, on ne sait jamais ce qu'il se passe après la mort.
-Pardon ?
-Je vais t'expliquer. Prie parce que ton heure est venue, tu es fini, tu vas devenir grain de poussière, tu vas te transformer en terre. Ne sois pas triste et dis au-revoir à tes amis car toi, ta vie ne sera plus.
-Putain je suis morte, éclate de rire Mila.
-Arrêtez de rigoler, vous allez bientôt assister à son enterrement, il n'y a rien de drôle, continue Khadija. Prince se sera plus, et vous vous riez, vous ne le respectez pas. Prince, as-tu des dernières paroles à formuler, ici, à tes amis ? Un testament ?
-Mais t'es folle toi, j'ai rien à donner puisque je ne vais pas mourir !
-Mais qui à parler de mourir ? Tu es juste malade, je vais juste te soigner, il ne faut pas avoir peur.
-Je ne sais pas si je dois avoir peur de tes paroles ou bien de ton accent ?
-Tu ne dois avoir peur de rien du tout, si ce n'est que de tout perdre. Aujourd'hui tu vas dire adieu, parce que plus rien ne sera comme avant, tout va changer. Aujourd'hui, tu vas souffrir.
Il n'avait encore rien compris à sa vie, le pauvre...
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Voici le chapitre 8!!!
Désolée de ne pas avoir posté plus tôt mais je suis totalement débordée avec les cours 😅😅
Comment avez-vous trouvé ce chapitre?
Une fin qui part littéralement en couilles 😂😂😂
N'hésitez pas à commenter et à voter, ça me fait plaisir 😍😍
A la prochaine et bisous de moi!!! 😍😍😘
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