Les elfes
Asquine avait peur. Elle était jeune, ne savait pas se battre. Mais elle savait ce qu'elle pouvait faire, ho oui, elle le savait. Elle s'enfuit sans que personne ne la remarque. Elle courut, courut jusqu'à ne plus avoir de souffle mais c'était une Seigneure et le souffle n'était rien. Anongha l'attendait. C'est ainsi qu'elle l'avait nommé, créature de terre qui avait pris vie.
- Que se passe-t-il ? demanda-t-il avec une pointe de curiosité.
- J'ai besoin de mes statuettes, répondit Asquine sans s'arrêter de courir.
La Seigneuresse possédait une cachette secrète, un refuge dans lequel elle avait entreposé ses innombrables sculptures, celles auxquelles elle n'avait pas donné vie. Des statuettes qui lui ressemblaient. Mais très, très nombreuses. Comme une armée. Anongha s'approcha. Il tenait dans ses bras un seau d'eau mélangée à des algues fluorescentes. Asquine hocha la tête. Il jeta le contenu du récipient sur les sculptures. Elles s'animèrent brusquement, la terre tomba à leurs pieds révélant leur peau noires et blanches, leurs cheveux et leurs yeux aux nombreuses teintes. Ils faisaient désormais la taille d'un Seigneur adulte. Ils empoignèrent leurs arcs et leurs épées, claires, sérieux, conscients qu'ils avaient été animés pour une situation grave. Asquine les fixa dans les yeux un à un. Ils étaient peut être une centaine - ce qui était déjà beaucoup, alors - et tous s'élancèrent sans un mot, ordonnés et poussés par les ordres de leur créatrice. Elle les suivit avec Anongha. Lorsqu'elle arriva, elle songea qu'il s'était passé beaucoup de choses depuis qu'elle était partie, qu'elle se demandait si elle n'arrivait pas trop tard et qu'elle avait bien fait d'aller chercher son armée. Son ordre fut une simple pensée et pourtant à peine l'avait-elle envoyée à ses créations que celles-ci bondirent sur les partisans de Wenam. Ils furent maitrisés en quelques minutes, lui compris. Arc tendu, épée sous le cou, toustes étaient encore sous le coup de la stupeur.
- Qui est-ce ? souffla Wenam avec admiration, désir et fureur mêlés.
- On ne vous a pas autorisé à parler, rétorqua un de ses geôliers en appuyant un peu plus la dague sur sa gorge.
Anongha regardait les alentours avec une curiosité plate. Asquine était encore stupéfiée par ce qu'elle avait fait. Les créatures qui ne maitrisaient pas les Seigneurs Blancs s'activaient, connaisseuses, pour aider les Seigneurs Noirs. Norl était terrorisé, dans un coin. Aladriel avait tout observé sans oser ou pouvoir agir mais il avait adoré Gamalsy en le voyant. Annéine et Ehl étaient blessées mais pas gravement, Eguyne n'avait presque rien, en revanche Margan et Shamara agonisaient. Lorkem était assis, adossé à un arbre un peu plus loin. Il enlaçait Noraus, celui-ci avait enfoui son visage dans son cou. Il tenait la main meurtrie qui avait touché Gamalsy et la caressait doucement en murmurant. Le Seigneur du feu tremblait et pleurait contre son amant.
Les créations nouvellement animées rayonnaient de beauté et de charisme. Leurs longs cheveux attachés ou non soulignaient leur visage dur mais parfait. Ils ne savaient pas encore sourire, ils avaient pris vie pour la guerre. Leurs mains habiles avaient tout le savoir de la terre puisqu'ils étaient nés d'elle. Chacun avait une histoire et chacun avait été patiemment créé par Asquine dans ses jeux, solitaire. Ils portaient des vêtures élaborées, de métaux légers mais résistants. Ces métaux, la Seigneuresse les avaient volés à Sakult et ce dernier en les reconnaissant, ouvrit de grands yeux. Enfin, sur leurs épées, leurs dagues, leurs arcs et même leurs flèches, étaient gravés des noms, des runes ou des mots d'un autre langage. Asquine les observa un à un. Elle les connaissait toustes dans leurs moindres détails et elle était leur créatrice pourtant il lui semblait que c'étaient eux qui la dominaient.
Aladriel se rendit brusquement compte qu'iel ne savait toujours pas qui était sa mère. Iel ne connaissait aucun des Seigneurs si ce n'est son père. Iel n'avait jamais rencontré ce peuple surgit de nul part. Cependant iel résolut de s'interroger plus tard. Iel s'apprêtait à aider les Noirs Seigneurs mais iel s'immobilisa. Le souvenir de Gamalsy le transperçât et iel eut pour seul désir de lui rendre hommage et de se battre encore même si tout était perdu - même si iel ne savait pas tenir une épée et qu'iel n'en avait d'ailleurs pas. Iel se saisit d'un bâton et se précipita vers Omir, Seigneur Blanc emprisonné le plus proche avec un cri de combattant. N'avait-iel pas fait quelques mètres qu'on l'assomma par derrière.
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