Le sel de nos blessures
Lorkem et Noraus. Deux noms presque indissociables l'un de l'autre. Les amants éternels. L'amour secret et brûlant.
Ils se côtoyaient déjà avant que les Seigneurs ne se divisent et c'est à une vitesse prodigieuse qu'ils succombèrent l'un à l'autre. Amants, ils se désiraient et s'aimaient dans le plus grand secret et pourtant sous le nez des autres. Et ils voulurent d'une enfant. Pour la concevoir, ils avaient utilisé le Néant abondant et mêlé leur sang à son corps nouveau né. Cependant, son existence devait rester secrète. Les deux Seigneurs étaient rapidement tombés d'accord dessus. Wenam pourrait aisément se servir d'elle comme chantage et Margan et Shamara... risquaient de ne pas apprécier.
Lorsque Wenam se réveilla, sa fureur fut démesurée. Il voulut s'arracher à Thnitolsy mais en vain car elle était comme lui et il ne pouvait pas lutter contre lui-même. Lorkem et Noraus, en voyant l'enfant d'Ayavna, Norl, pensèrent à leur propre fille et ils eurent pitié. Ils autorisèrent Ayavna et Norl à rester ensemble dans leur masure, mais celle-ci était entourée de la même lumière que Thnitolsy et ils ne pouvaient en sortir. Noraus resta souvent étendu dans l'herbe dans les bras de son amant et la petite Eguyne grandissant autour d'eux. Ils étaient heureux.
Et puis, Margan se plaint qu'il n'y avait pas d'abysses comme il lui en fallait puisque c'était son domaine et ils creusèrent un immense trou, extrêmement profond et le remplirent d'eau. Margan fut satisfaite et consacra son temps à construire son palais sous-marin.
Hors le temps passa sans qu'ils songent à le compter et ils se lassèrent du soleil. Lui qui brillait continuellement, brûlant, pareil à l'amour que portait son créateur à son amant, il brûlait les autres Seigneurs. Eguyne grandit. Norl aussi. Malgré son andicap d'aveugle, il jouissait de la vie et explorait ses nuances. Hors depuis ses abysses, Margan l'observait et il lui plaisait.
Mais quand elle lui fit ses avances, il refusa, gêné. Il n'était pas tout à fait sur de ce qu'il ressentait. Elle pleura pendant ce qui fut plus tard un jour entier et c'est pour cela que l'océan est salé et il monta jusqu'à recouvrir une partie de la terre.
Catastrophés, les Seigneurs supplièrent Norl de revenir sur son refus. Celui-ci hésita et c'est finalement sa mère, Ayavna, qui parvint à le convaincre. Sinon les parents de l'enfant et Lorkem et Noraus, les Seigneurs ne connaissaient pas l'identité de la mère de celui-ci.
Hors Norl, comme tous les Seigneurs, sentait en lui un élément. Son élément était le ciel et il se sentait vide parce qu'il n'y avait que du soleil. Il retourna voir Margan, s'excusa pour sa réaction trop lointaine et avoua qu'elle n'était pas pour lui déplaire. La mer cessa de monter et ils s'unirent dans les profondeurs abyssales. Venus de cette union, les nuages se gorgent de pluie en passant au dessus de l'océan et déversent leur eau bienfaitrice au reste de la terre. Lorsque Margan et Norl se disputent, la mer s'agite et le tonnerre gronde. Lorsque Norl se retire dans le palais de sa compagne, les nuages s'étiolent et disparaissent.
Ils n'attendirent pas longtemps pour que Margan tombe enceinte. Son fils naquit cependant avec un certain... problème. Il était laid. Incroyablement laid. Il toussait, tremblait, il était faible et maigre et surtout malade. Il se fatiguait pour un rien, voyait mal et souffrait terriblement. Margan était désespérée. Elle le jeta hors de son palais, lui interdit de revenir et ainsi si vous vous blessez, le sel piquera vos blessures. L'enfant fut appelé Lysinos. Norl ne le vit pas. Il était aveugle, prit ses joues dans ses mains et sentit son immense fatigue. Il lui murmura :
- Mon fils, tu es immortel et ton voyage ne fait que commencer mais tu es déjà lasse. Je te comprends. Mais tu finiras par trouver la paix et le bonheur, même si cela doit arriver dans une éternité.
Il lui donna une éducation et c'était en fait ce dont il avait besoin. De cela et d'amour mais aucun et aucune Seigneur(e) ne voulait de lui. Il souffrait plus en son coeur que de ses maladies.
On le nomma sans surprise Seigneur des maladies, de la médecine et de la fatigue.
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