Un très joli texte de LeaSan-ChloeChan sur le thème Fille découvrant l'océan, qui conclut donc ce thème.
    Bonne lecture ^^

    L'écume atteint les pieds de l'enfant. La gamine observe la mer de ses grands yeux baignés d'innocence, émerveillée par sa douceur. Elle écarte ses orteils en éventail, jouissant de la sensation du sable dégringolant contre ses pieds nus. Un sourire candide fend son visage quand l'eau fraîche arrive à elle, noyant ses chevilles. Elle glousse et se laisse tomber au sol, assise, mouillant délibérément sa charmante petite robe rouge. Elle lance un léger coup d'oeil sur la plage et pouffe, jubilant de sa solitude. Ses petites lèvres se pincent d'excitation.

« Papa et Maman n'ont toujours par vu que je suis partie. Je suis trop forte.» 

Ses parents ne l'emmènent jamais ici, ils n'aiment pas l'océan. Alors ce matin, quand tout le monde dormait, elle avait enfilé de quoi s'habiller et était sortie en vitesse de chez elle, seule.

L'eau continue son trajet effleurant les mains de la fillette. Automatiquement, elle porte sa main à sa bouche. Elle écarquille les yeux d'émerveillement au goût salé qui se repend sur sa langue rose. Ses amis le lui avaient dit, que la mer était pleine de sel, mais elle ne les avait pas cru.

« Moi aussi, je veux avoir bon goût.  »

Elle tire légèrement sur ses pieds, s'enfonçant plus loin dans la mer. Des frisson prennent part de son petit corps. L'eau lui monte jusqu'au bassin, se retire lentement pour revenir plus forte et s'abattre sur son ventre. La gamine pousse un petit jaquassment, plus semblable à un faible cri amusé, éjectée dans le sable. Elle regarde la vaste étendue horrifiée, claquant capricieusement sa main sur l'eau qui lui borde alors les genoux.

« Méchant océan ! Méchant méchant méchant ! C'est mal de faire de faire souffrir les autres ! »

Elle se lève, époussetant le sable  collé à ses bras, et fais à nouveau quelques pas de plus sur la plage, pour ensuite se rasseoir. Elle est alors noyée jusqu'à la poitrine. Elle ne peut s'empêcher de rire à la douce sensation de mouvement tout autour d'elle. Tout semble bouger autour d'elle, caressant son corps, ses mains, ses jambes.

Une vague arrive. Elle hurle.

Elle bat désespérément des bras. L'eau la gifle, la rue de coups, l'étrangle. L'enfant gigote, effectivement tout bouge, mais tout bouge trop vite. Elle n'est pas projetée sur le sable comme précédemment, mais directement ensevelie sous l'eau. Ses yeux larmoyants sont horriblement brûlés par le délicieux sel marin. Elle essaye de sortir la tête du cercle infernal. Sa bouche tente d'attraper un peu d'air, sans succès. Elle tousse, s'étouffant un peu plus. Elle tend désespérément la main vers la surface. Tout se ralenti.

Elle ne sent plus rien. Elle reprend son souffle entre quelques sanglots, elle a à nouveau pied. Tout devient calme autour d'elle. La plage. La mer tout. Elle regarde ses petits doigts. Ils sont intactes, secs. Elle veut juste retourner chez elle. Finalement, elle n'aime pas l'océan. C'est trop effrayant. Elle retourne vers la rive dans une lenteur quasi infinie.

« Marine ! Oh mon Dieu ! MARINE !  »

C'est la voix de sa mère. Elle sourit, apaisée.

« Maman ! Maman je suis là !  »

Elle voit sa génitrice, en larmes, les yeux rivés sur le sol, coincée sur place. Elle ne comprend pas.

« Maman ! Ne regarde pas le sol ! Il n'y a rien, voyons ! Maman regarde je suis là ! Viens me chercher !  »

Elle fronce les sourcils. Sa mère ne l'entend pas. Elle tente d'avancer, mais c'est comme si elle recommençait à chaque fois à parcourir la même petite parcelle de terre. Elle recommence à pleurer.

« Maman ! Maman aide moi !  »

Les larmes roulent sur ses joues. Elles sont salées comme la mer.

« Maman pourquoi tu regardes le sable ? Maman !  »

Il n'y avait pourtant rien sur le sable. Elle ne comprend pas. Ses yeux se dirigent là où le regard larmoyant de sa mère est posé. Un hoquetement surpris s'échappe de ses lèvres.

Personne n'entendra plus jamais les cris de détresse de Marine.

   Sur la plage, une petite robe rouge fripée et une enfant trempée et inerte sont misérablement échoués.