Chapitre 2 : Comme une évidence
Les jours passèrent, et ce qui aurait pu rester une simple rencontre sous la pluie se transforma en quelque chose d’inattendu.
Clara et Ethan commencèrent à se retrouver régulièrement au même café, sans jamais vraiment se donner rendez-vous. Parfois, elle arrivait la première et le voyait pousser la porte avec un sourire surpris – ou peut-être pas si surpris que ça. D’autres fois, c’était lui qui l’attendait, une tasse de chocolat chaud déjà posée en face de lui, comme s’il savait qu’elle finirait par arriver.
Le hasard s’était transformé en habitude.
Clara n’aurait pas su dire exactement à quel moment leur relation avait changé. Ils ne parlaient jamais de ce qu’ils étaient l’un pour l’autre, mais il y avait une évidence dans la manière dont Ethan lui réservait toujours une place à sa table, dans la façon dont leurs conversations semblaient ne jamais avoir de fin, comme s’ils avaient tant de choses à se dire qu’une vie entière ne suffirait pas.
Un après-midi, alors qu’ils étaient installés à leur table habituelle près de la baie vitrée, Ethan referma brusquement son carnet et la fixa avec une intensité inhabituelle.
— J’ai une question pour toi.
Clara releva les yeux de son croquis, intriguée.
— Je t’écoute.
Il hésita un instant, jouant distraitement avec son stylo avant de poser son coude sur la table et de la regarder droit dans les yeux.
— Est-ce que tu crois qu’on devrait toujours suivre ses rêves, même quand ça semble impossible ?
Elle haussa légèrement les sourcils, surprise par la tournure de la conversation.
— Je pense que… oui. Si on y croit vraiment, il faut essayer.
Ethan la scruta un moment, puis croisa les bras, un sourire en coin.
— Mais toi, tu n’oses pas te lancer avec tes dessins.
Clara rougit légèrement et baissa les yeux vers son carnet.
— Ce n’est pas pareil…
— Pourquoi ?
Elle prit une profonde inspiration, cherchant les mots justes.
— Parce que… Parce que c’est effrayant. Je dessine depuis toujours, mais exposer mes œuvres, montrer ce que je ressens vraiment à travers elles… c’est comme me mettre à nu devant des inconnus.
Ethan hocha lentement la tête, comme s’il comprenait parfaitement.
— Je ressens la même chose avec l’idée d’ouvrir ma librairie, avoua-t-il.
— Vraiment ?
— Bien sûr. J’adore les livres, c’est ma passion, mais me dire que je pourrais tout risquer pour ça… Ça fait peur.
Clara observa son expression pensive et sentit une bouffée de tendresse l’envahir.
— Peut-être qu’on devrait se lancer ensemble, alors, suggéra-t-elle avec un petit sourire.
Ethan releva brusquement la tête, un éclat surpris dans les yeux.
— Qu’est-ce que tu veux dire ?
Elle haussa les épaules.
— Si toi, tu ouvres ta librairie, et si moi, je fais ma première exposition… On pourrait se motiver mutuellement.
Un silence s’installa entre eux. Puis, lentement, un sourire se dessina sur le visage d’Ethan.
— J’aime bien cette idée.
Clara rit doucement.
— Alors, marché conclu ?
Il tendit la main vers elle, l’air amusé.
— Marché conclu.
Elle glissa sa main dans la sienne et sentit un frisson la parcourir. Ce simple contact avait quelque chose de réconfortant, comme une promesse silencieuse.
Ce soir-là, alors qu’elle rentrait chez elle, Clara sentit une énergie nouvelle l’envahir. Depuis combien de temps n’avait-elle pas ressenti cette excitation face à l’avenir ?
Elle posa son carnet sur son bureau et le feuilleta lentement. Chaque dessin racontait une histoire, chaque trait était une partie d’elle.
Et si j’essayais, juste une fois ?
Elle prit son téléphone et, sans trop réfléchir, tapa un message à Ethan.
Clara : Si je veux exposer, il me faut un thème. Une idée ?
La réponse ne tarda pas.
Ethan : Tes dessins ont une atmosphère particulière. Et si tu racontais une histoire à travers eux ?
Clara fronça les sourcils.
Clara : Une histoire ?
Ethan : Oui. Imagine que tu sois en train d’illustrer un roman, sauf que tu n’as que tes dessins pour raconter l’histoire.
Elle mordilla sa lèvre en réfléchissant. C’était une idée intéressante.
Clara : J’aime bien. Tu crois que ça plairait ?
Ethan : Ça me plaît déjà. Alors, ça plaira forcément à d’autres.
Elle sentit son cœur s’emballer légèrement.
Clara : Merci, Ethan.
Ethan : Toujours là pour toi, Clara.
Elle posa son téléphone sur sa table de chevet et s’allongea sur son lit, un sourire aux lèvres.
Les semaines suivantes furent une véritable course effrénée.
Clara passait des heures à dessiner, explorant de nouvelles idées, testant différentes techniques. Ethan, lui, avançait dans son projet de librairie, cherchant un local, établissant des contacts avec des éditeurs et des distributeurs.
Ils se retrouvaient toujours au café, partageant leurs avancées, leurs doutes et leurs espoirs.
Un jour, alors qu’ils étaient assis côte à côte, Ethan s’étira en soupirant.
— J’ai trouvé un local.
Clara écarquilla les yeux.
— Tu es sérieux ?
— Oui. C’est un petit espace, mais il a du potentiel. Je vais le visiter demain.
Elle sentit une bouffée d’admiration monter en elle.
— Tu fais vraiment le grand saut.
Il haussa les épaules avec un sourire.
— Et toi aussi. Tu as avancé sur tes dessins ?
Elle hocha la tête.
— Oui. J’ai commencé une série qui raconte une histoire à travers plusieurs illustrations.
Ethan la regarda avec fierté.
— J’ai hâte de voir ça.
Un silence s’installa entre eux, mais il n’était pas gênant. Au contraire, il était chargé de cette complicité qui s’était installée entre eux depuis le début.
Clara baissa les yeux vers son carnet, son cœur battant un peu plus fort que d’habitude.
Elle ne savait pas exactement ce qu’il se passait entre eux. Tout ce qu’elle savait, c’est que plus les jours passaient, plus Ethan devenait important pour elle.
Et elle avait l’impression que c’était réciproque.
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