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Chapitre 7

- Où va-t-on aujourd'hui, Capitaine ? lui demanda Léon avec enthousiasme.

Link et ses apprentis se dirigeaient à pied à travers la plaine d'Hyrule, sur un chemin très fréquenté en temps habituel. Le soleil avait déjà quitté son zénith, la chaleur pesait sur les poitrines des quatre jeunes gens qui marchaient en direction des Monts Géminés. Le chevalier avait teint ses cheveux en noirs selon les conseils de Pru'ha. Il en avait parlé à ses élèves pour les mettre au courant sans pour autant citer tous les détails.

- Au village de Cocorico, répondit Link après un long instant de silence. Je dois y chercher quelque chose.

Cette réponse vague attisa la curiosité de ses apprentis qui se jetèrent des regards interrogateurs. Eux qui pensaient s'entraîner dans un lieu nouveau... Comme pour passer le temps, Léon et sa camarade entamèrent une discussion à propos des Sheikahs, notamment en abordant leurs grandes capacités d'espionnage et de dissimulation. Là où le jeune homme y voyait de la lâcheté, Iris l'interprétait comme une grande maîtrise de leur art, ce qui était tout à fait honorable. De leur divergence d'avis découla une dispute et un long débat presque interminable.

- Tu te laisses emporter car tu juges le combat déloyal ! lui rétorqua Iris qui commençait à perdre patience. Mais à la guerre, je doute que tous les combattants respectent les codes. Face à la mort, l'instinct de survie prend le dessus.

Léon tiqua en passant une main sur son crâne rasé court. Il répliqua :

- Demande à Thomas dans ce cas, nous verrons bien qui a raison.

- Laissez-moi en dehors de ça, merci, marmonna ce dernier en regardant ailleurs.

Son camarade finit par soupirer. Son dernier recours n'était autre que Link à qui il demanda ce qu'il pensait des techniques de combats et d'assassinat des Sheikahs. Léon fit même un parallèle avec les anciens Yigas qui n'hésitaient pas à attaquer par surprise en bafouant toutes les règles du combat à la loyale. Link garda son regard rivé sur l'horizon tandis que son pas devenait de plus en plus soutenu au fur et à mesure que son apprenti parlait. Quand ce dernier eut fini, un lourd silence s'installa dans le petit groupe, les trois élèves observaient leur capitaine avec une attention poussée, presque trop intrusive pour le Héros.

- Il y a trois ans, après être sorti du sanctuaire de la Renaissance, je n'avais plus aucun souvenir de ma vie précédente, débuta le chevalier d'une voix grave.

Les trois jeunes gens n'en savaient rien, ils furent sidérés de l'apprendre.

- De ce fait, je n'ai pas été guidé par le Code de la Chevalerie. Pour survivre, j'ai dû tuer. J'ai assassiné des monstres dans l'ombre, je les ai attaqués par surprise, je leur ai tendu des pièges. Je les ai achevés même s'ils n'avaient pas d'arme ou s'ils étaient à terre.

Il papillonna discrètement des yeux en se souvenant de cette période particulièrement difficile où chaque jour représentait une épreuve, parfois presque insurmontable.

- Et des hommes aussi. Pour récupérer un trésor ancestral, j'ai dû infiltrer le repère des Yigas et décimer une partie de ses membres. Ai-je suivi les codes du chevalier pour le faire correctement ?

Il serra les poings, sa gorge se nouait.

- Non, bien sûr que non... C'était moi ou eux. C'était l'avenir d'Hyrule ou eux. Mais quelques jours après m'être souvenu de tout, j'ai croisé une femme sur mon chemin. Habillée de haillons, elle devait marcher depuis des jours dans l'espoir de trouver un village, ou seulement une âme humaine. Malheureusement... la faim avait pris le dessus sur la raison.

Link levait les yeux vers le ciel quand un air peiné s'afficha sur son visage.

- Lorsque nos chemins se sont croisés, elle a tenté de me tuer pour me dérober mon peu de vivres. Et malgré mon code d'honneur, je l'ai tuée...

Le cœur de ses apprentis se serra au moment où la voix de leur capitaine se brisa. Léon se sentait mal à l'aise car c'était à cause de lui si Link se forçait à parler des pires moments vécus.

- « Le chevalier ne doit pas tuer les civils », « Le chevalier a interdiction de prendre la vie d'un croyant de sa religion », « le chevalier se doit d'aider son prochain et d'agir avec charité ». Ce jour-là, j'ai bafoué le seul héritage qu'il me restait de mon père. Après avoir entendu tout cela, me considères-tu comme un lâche, Léon ?

Le Héros s'arrêta, imité par ses élèves, et les yeux de Léon s'agrandirent. Pourquoi tremblait-il ? Ce n'était qu'une question de la part de son capitaine, et pourtant, à travers ses iris bleus, il percevait une froideur que l'apprenti n'aurait jamais soupçonnée. La réalité le rattrapa tout à coup : Link avait vécu de nombreuses batailles, il avait vu maintes fois la mort si bien qu'il connaissait parfaitement le prix de chaque vie. Tuer n'avait pas été un choix pour lui, mais une nécessité pour parvenir à obtenir une paix durable.

- Je... bredouilla Léon qui remarqua les regards de ses camarades rivés sur lui.

- Si tu as peur de donner ta réponse, alors ne dis rien, répliqua Link avant de reprendre la marche.

Dorénavant, une lourde atmosphère régnait parmi les quatre compagnons. Ce qui n'était à la base qu'une simple discussion avait précédé une dispute puis des aveux glaçants. Comment ne pas voir Link différemment ?

oOo

À moins d'une demi-lieue du village sheikah, ils décidèrent de passer la nuit à la belle étoile dans le but de s'endurcir et d'apprendre à s'adapter dans un milieu potentiellement hostile. Link avait pourtant fait une exception pour cette fois-là : ils pourraient allumer un feu afin de manger et de se réchauffer la nuit. Ce fut Thomas en charge de l'attiser les premières heures, puis Léon le relaierait un peu plus tard dans la nuit. Après leur dîner des plus simples, ils se couchèrent - sauf Thomas – sans échanger beaucoup de mots. À vrai dire, depuis la précédente discussion, personne n'osait dire quoi que ce soit.

Seul devant le feu crépitant, le brun se tenait assis en tailleur, un coude sur son genou, ce qui lui permettait de soutenir sa tête. De sa main libre, il grattait le sol de son bâton comme s'il cherchait l'inspiration pour un quelconque motif. Cependant, rien ne lui venait à l'esprit. Les paroles de son capitaine raisonnaient incessamment dans son esprit. Thomas avait jugé son aveu indicible si cela ne tenait qu'à lui. Il en avait encore des frissons... À ses côtés, une silhouette bougea puis vint s'asseoir à un mètre de lui pour se réchauffer. Iris se frotta les mains vers du feu en prenant soin de ne pas trop s'en approcher.

- Je n'arrive pas à dormir, chuchota-t-elle avant la moindre question. Je suis encore un peu troublée.

- Je comprends.

Thomas reporta son attention sur le sol.

- Moi aussi, compléta-t-il à voix basse.

Sous l'effet d'un vent léger, les flammes se penchèrent sur le côté puis se verticalisèrent une nouvelle fois en dansant lentement. Leur couleur rouge orangé apportait au moins un peu de chaleur aux deux jeunes gens.

- Dis-moi, Iris, reprit-il finalement. Elle ne te manque pas trop, ta sœur ?

La châtaine haussa les épaules puis le dévisagea sans expression particulière.

- Sans doute te paraîtrai-je sans cœur, mais non. Taïla ne me manque pas.

Sa réponse le surprit car elles étaient tout de même jumelles. Lui-même languissait de sa famille et souhaitait la revoir le plus tôt possible. Face à son regard interrogateur, Iris pensa qu'il serait judicieux d'expliciter ses propos. Après tout, la nuit, elle se sentait capable de révéler tout et n'importe quoi.

- En vérité, nous avons été séparées quelques mois après notre naissance, expliqua-t-elle à mi-voix. Ma mère ne parvenait pas à s'occuper de nous deux, notamment car notre père travaillait toute la journée au champ. Tu viens aussi d'Elimith, non ? Tu as déjà dû croiser Taïla.

Il opina.

- Ma mère a décidé de la garder auprès d'elle. Non pas par préférence, détrompe-toi. Elle était bien forcée d'en choisir une. Quant à moi, ma grand-mère m'a prise en charge à Écaraille puisqu'elle habitait là-bas. Je n'ai véritablement retrouvé ma jumelle qu'il y a cinq mois.

- Vous ne vous voyiez jamais avant ?

Iris sourit et le rassura en lui affirmant qu'elles se voyaient de temps en temps, mais jamais longtemps et relativement peu de fois par an. L'une des raisons : la présence des monstres sur le chemin et qui rendaient le voyage dangereux. Se voir représentait toujours le risque de se faire attaquer et tuer. Malgré leurs retrouvailles, cinq mois plus tôt, il s'avérait difficile de rattraper le temps perdu et de tisser de nouveaux liens, surtout car la personnalité de Taïla était particulière. Ambitieuse, - peut-être trop -, confiante, colérique mais ingénieuse. Iris avait parfois bien du mal avec elle, ce qui donnait lieu à de stupides querelles.

- Taïla n'a pas toujours été très sympathique avec moi, ajouta-t-elle en dépit d'une certaine hésitation. Quand j'étais plus petite, elle me disait souvent que nous ne pouvions pas être jumelles car nous n'avions pas la même couleur de peau. Tu sais... J'ai vécu à Écaraille, ma peau est devenue mate en conséquence. À cette époque-là, elle ne devait pas réaliser à quel point ses propos pouvaient être blessants. J'imagine qu'à l'heure actuelle, elle doit le regretter...

L'Hylienne plissa un peu les yeux en regardant les braises. Pourquoi lui raconter ça, après tout. Thomas n'avait sans doute pas envie d'en entendre parler. Iris jugeait sa vie peu intéressante alors elle ne voulut pas en dire plus.

- Et ton frère ? lui demanda-t-elle en retour.

Thomas se crispa l'espace d'un instant.

- Oui, il me manque, fut sa seule réponse.

Un étrange craquement eut lieu parmi les arbres qui les entouraient et éveilla tous leurs sens. Aussitôt, ils levèrent la tête vers l'origine du bruit et scrutèrent la pénombre dans l'espoir de comprendre ce que c'était. Le silence de la nature reprit bien vite le dessus. L'inconfort gagna Iris dont le sentiment de sécurité s'était évaporé en un claquement de doigts. Elle s'imaginait les pires scénarios comme, par exemple, Ganon qui allait revenir et leur sauter à la gorge. La châtaine se retourna pour attraper sa lance mais, celle-ci étant trop loin, Thomas agrippa la manche de sa camarade pour la dissuader de se lever.

- Nous devrions aller voir ce que c'est, murmura Iris avec inquiétude.

- Certainement pas, ce serait le meilleur moyen pour se faire attaquer par surprise et mourir bêtement. En plus, c'est sans doute du gibier.

Le brun vérifia que Léon et le capitaine dormaient puis il fit apparaître un petit furet bleuté à ses pieds. Un seul regard suffit à l'animal pour qu'il coure en direction du bruit précédent.

- S'il revient rapidement, alors il n'y a pas de danger, énonça Thomas qui scrutait l'obscurité en attendant son retour.

- Nous devrions réveiller le capitaine...

Elle avait l'impression que son cœur allait percer sa poitrine tant il battait avec puissance. Pourquoi Thomas ne lui répondait pas ? De longues secondes s'écoulèrent, le furet ne revenait toujours pas. Les sourcils du brun se froncèrent quand il eut la certitude qu'un danger les guettait. Lentement, sa main glissa derrière son dos, ses doigts frôlèrent le bois de son arc couché à quelques pas de là. Ils n'étaient pas seuls... Un vent glacial passa entre les arbres et éteignit d'un coup le feu comme s'il portait la mort avec lui. Thomas sut qu'ils n'avaient pas affaire à un être humain. Était-ce... Était-ce l'un de ces monstres du précédent règne de Ganon ? Un vif frisson lui parcourut l'échine tandis que le souffle d'Iris devenait sifflant. Il y avait si peu de bruit qu'elle pensa être sourde tant cet instant paraissait irréel.

D'un coup, Thomas traça un demi-cercle dans l'air et un octogone d'une lueur verte apparut immédiatement sous leurs yeux avant qu'une épée ne s'abatte dessus. La lame rebondit sur la matière solide et transparente mais un deuxième coup plus puissant et assourdissant brisa le bouclier magique du brun qui sentit par la suite une vive douleur dans le flanc. Il poussa un cri en basculant en arrière pendant qu'Iris s'emparait de son arc et d'une flèche à tâtons pour viser devant elle. Elle ne voyait qu'une silhouette humaine dont un motif rouge luisait dans le noir en même temps que des iris verts. Le sang de la jeune fille se glaça non seulement à cause de la panique mais aussi car une ambiance mortelle planait.

Link bondit entre la silhouette et les deux apprentis, puis il effectua une attaque circulaire pour éloigner cet ennemi dangereux. Mais dans les ténèbres, difficile de se battre. Son seul repère était la marque rouge sur le bras de l'individu en face de lui. Quant à Léon, il s'était jeté au pied du feu pour le rallumer en toute hâte.

- Qui que vous soyez, passez votre chemin ou vous en subirez les conséquences, le prévint Link avec fermeté.

Le silence de son adversaire fut sa seule réponse. Derrière le Héros, Léon sentait enfin la fumée à force de frotter deux morceaux de bois l'un contre l'autre. Encore quelques instants...
Link s'élança vers la silhouette et fendit l'air d'un coup oblique. Son opposant para l'attaque à l'aide d'un bouclier dont il était possesseur.

- Orazio de Lanelle... prononça une voix masculine.

Link se figea. Au même moment, la touffe d'herbes sèches s'embrasa et éclaira un faible rayon du périmètre. Hélas, ce fut insuffisant pour voir l'homme qui s'enfuit à travers les arbres sans même terminer le combat. Par réflexe, Iris décocha une flèche dans sa direction mais resta immobile à cause de toute la tension environnante. Le feu attisé reprenait peu à peu vie, dévoilant Thomas allongé sur la terre poussiéreuse. Il avait plaqué ses mains sur son abdomen et grimaçait à cause de la douleur.

- Thomas ! paniqua la jeune fille en s'abaissant prestement.

Elle arracha la manche de son propre chemisier, puis elle appliqua une forte pression sur la plaie après avoir retiré les mains de son camarade.

- Capitaine, Thomas est blessé ! s'exclama Léon pour le tirer de sa torpeur.

Link se retourna d'un coup puis se jeta à ses pieds pour vérifier l'état de ses blessures. Il ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer ni qui pouvait être leur agresseur. Et pourquoi s'en prendre à Thomas ? Sa discussion avec Pru'ha revint à l'esprit et lui donna quelques sueurs froides. Serait-ce... celui qui a tué les deux hommes ? Pire : était-ce en lien avec le meurtre d'Akkala ? Ces yeux verts et cette marque rouge qui lisaient... Ils lui rappelaient quelque chose sans qu'il n'en connaisse la source exacte.

- La plaie n'est pas profonde, tu as eu de la chance, prononça Link en reposant le tissu dessus.

- En fait, Thomas a... commença la jeune fille avant de se taire.

Non, elle avait promis à son ami de ne rien dire à propos de sa magie. Pourtant, cette dernière les avait sauvés.

- Il a essayé d'esquiver car il avait entendu cet homme approcher. Capitaine, il lui faut des soins dans les plus brefs délais !

Link acquiesça, passa un bras sous l'épaule de l'apprenti archer puis l'aida à se lever en grimaçant. Il confia sa garde à Léon, bien plus robuste et apte à ce rôle de soutien.

- Nous partons maintenant, déclara gravement le chevalier qui confectionnait une torche. L'homme qui nous a attaqués est encore ici, et il peut revenir à tout moment. Gagnons le village sheikah au plus vite.

Le bout de sa torche s'embrasa puis il se tourna vers les trois camarades qui purent voir son expression bien plus fermée.

- Nous n'avons pas le choix.

Sans plus attendre, ils reprirent la route malgré la nuit et l'obscurité environnante. Thomas dut boiter malgré la douleur fulgurante qui lui traversait le ventre au moindre pas. Il sentait son sang chaud couler le long de sa peau et rien que cette idée lui donnait la nausée. Lui qui pensait maîtriser le bouclier matérialisé... En fin de compte, il ne savait vraiment rien faire.

- Thomas !! hurla une voix masculine avec épouvante.

Le jeune homme sursauta et cria en repoussant brusquement Léon sur le côté. Le brun heurta le sol avec lourdeur et gémit une fois de plus en se tenant le ventre.

- Eh, qu'est-ce qu'il te prend ? s'inquiéta Iris en s'abaissant près de lui.

- Quelqu'un m'a appelé !

Ses compagnons de route se regardèrent avec incompréhension, ils se demandaient sans doute s'ils avaient eux aussi entendu quelque chose. Thomas comprit rapidement que ce n'était qu'une hallucination, un traumatisme qui refaisait surface, quatre ans plus tard.

- Hâtons-nous de rejoindre le village sheikah, prononça seulement Link en reprenant la route. Ses émotions ont pris le dessus sur lui.

D'un pas soutenu, ils traversèrent la dernière demi-lieue qui les séparait de leur destination. Il n'y avait que les gémissements et les rares sanglots du blessé qui les accompagnaient. Quant à Link, il ne cessait d'observer les alentours, à l'affût du moindre mouvement ou bruit suspect. Mais si ce n'était que cela... Orazio de Lanelle. Ce nom lui évoquait un lointain souvenir qu'il n'arrivait pas à dater ni même à replacer. Où l'avait-il déjà entendu ? Était-ce le nom de ce fourbe ? Son instinct lui disait le contraire. Sa teinture avait bien caché son identité s'il s'agissait bien du criminel recherché. Ce dernier n'avait pas l'air de connaître le visage de Link. Mais cette marque et ces iris qui luisaient faiblement... Par quelle sorcellerie ? Avec discrétion, le chevalier cachait les tremblements de sa main gauche.

oOo

Comme à son habitude, Impa veillait tard la nuit en raison de son âge avancé mais aussi de ses insomnies fréquentes depuis des décennies. Elle méditait des heures durant au rez-de-chaussée de sa maison, sur sa place face à la porte d'entrée. Pas un jour ne passait sans qu'elle ne pense à ce fameux événement. Ce jour où Ganon était revenu et avait tout fait basculer en moins de quelques minutes. Des images qui ne quitteraient sa mémoire qu'à sa propre mort. Quel âge avait-elle, ce jour-là ? Vingt-et-un ans ? Elle n'en avait même plus la certitude... À cette époque-là, tout le monde s'accordait à dire qu'elle paraissait bien plus âgée, notamment à cause de sa fonction de magistrate adjointe qui demandait beaucoup de responsabilités.

Ce fut adolescente qu'on lui confia la garde de la princesse car Impa n'était autre que la fille du chef sheikah, ce dernier l'ayant présentée au roi et vanté tous ses mérites. À tout juste seize ans, on la nomma nourrice de Zelda sans vraiment prêter attention au sens véritable de ce mot. Impa avait plutôt l'impression d'être un précepteur. Rapidement, elle se lia d'amitié avec la jeune dauphine et prouva ses capacités à prodiguer de grands conseils. Si bien qu'un jour, le roi lui demanda d'être sa conseillère. Cela avait eu lieu quelques mois avant l'arrivée de Link au château. Elle se souvenait de lui, jeune garçon d'environ treize ans et intimidé par la prestance grandiose de son souverain. Il peinait à porter la Lame Purificatrice, retirée le jour même de son piédestal. Comme le temps passait vite...

La porte s'ouvrit tout à coup et fit sursauter la vieille Sheikah. Link apparut sur le seuil, portant avec un autre jeune homme, un Hylien aux cheveux noirs et au ventre maladroitement bandé. Le fait que le Héros se soit teint sa chevelure ajouta une touche d'incompréhension.

- Impa, nous avons besoin d'aide ! s'enquit de lui annoncer Link.

Il n'en fallut pas plus pour qu'elle comprenne que l'archer était la raison de leur venue. Impa quitta son siège et leur fit signe de les suivre à l'étage, là où se situait sa chambre. En deux temps, trois mouvements, Thomas fut allongé sur l'ancienne couche de Pahya et la Sheikah retira le tissu qui recouvrait sa peau. Une plaie, profonde d'un centimètre et dont s'écoulait de la lymphe en plus du sang, se présenta à elle.

- Que lui est-il arrivé ? demanda-t-elle en retroussant ses manches.

- Nous avons été attaqués par un homme dans les bois, lui apprit Link après avoir ordonné à ses autres élèves de rester en retrait. Peux-tu le soigner ?

Impa soupira.

- La médecine sheikah ne permet pas de guérir ce genre de blessure, Link. Cependant, je peux pousser son organisme de sorte que sa plaie cicatrise plus vite. Je dois sans doute avoir une pommade pour aider le processus...

Avec délicatesse, elle passa une main par-dessus du ventre de Thomas puis elle ferma les yeux, à la recherche de son point d'énergie. Celui des Hyliens se trouvait généralement juste au-dessus du nombril. En effet, ce fut le cas et elle s'empressa de mener à bien sa mission. Le visage du brun se contracta par moments sans pour autant qu'il s'en plaigne. Pendant qu'Impa appliquait le baume sur sa plaie, Link lui raconta les détails de l'attaque ainsi que l'étrange tatouage sur le bras de leur assaillant. C'était un large trait oblique de bas en haut qui allait de l'intérieur du membre vers l'extérieur. Impa trouva tout cela d'autant plus hors du commun quand elle sut que l'homme en question n'avait pas daigné poursuivre le combat et avait préféré partir sans rien dire. Le chevalier voulut garder ses derniers mots pour lui : « Orazio de Lanelle » . Il enquêterait pour mieux comprendre.

Une fois ses soins prodigués, Impa demanda à tout le monde de sortir et leur proposa de coucher à l'auberge du village en attendant le matin. Une fois que tout le monde fut parti, ses lèvres se pincèrent puis elle s'agenouilla calmement au bord du blessé, les mains posées sur les genoux.

- Qui es-tu ? demanda-t-elle au jeune homme d'une voix posée.

L'air surpris de l'Hylien en dit long selon elle.

- Je m'appelle Thomas Freyson, répondit-il.

- Ce n'est pas ton identité que je veux connaître.

Elle marqua une pause, son regard perçant fit frémir Thomas qui ne se sentait plus à son aise. Par réflexe, il détourna le regard.

- C'est ta nature, termina Impa sans bouger.

L'absence de réponse de son jeune interlocuteur confirma ses doutes. Quelque part, sa flamme de chercheuse se raviva au plus profond de son être et la poussa à en apprendre plus.

- Tu n'es pas entièrement hylien, n'est-ce pas ?

- Comment le savez-vous ? souffla le brun, interloqué qu'elle l'ait deviné si facilement.

Impa eut un sourire qui se voulait rassurant.

- Ton énergie vitale a quelque chose de différent. Montre-moi tes bras, mon petit. Je ne vais pas te faire de mal, ajouta-t-elle face à son hésitation.

Thomas resta figé de longues secondes, le regard dans le vide. Mais... Comment savait-elle ?! Il eut soudain un mouvement de recul et adressa un regard méfiant à la cheffe sheikah. Pourtant, la bienveillance à travers ses yeux parvint à le détendre et à ralentir son rythme cardiaque. Il retira entièrement sa chemise de lin et dévoila sur son biceps un dessin ressemblant vaguement à une tête carrée de hibou. Elle souffla de stupéfaction. Alors... Ils n'avaient pas tous disparu. Ils restaient des descendants !

- Incroyable, tu appartiens au peuple soneau...

- Comment ?

Pour la première fois, une personne posait un mot sur ce qu'il recherchait depuis toujours. La source de ses étranges dons. La raison de ce motif sur sa peau.

- Lequel de tes parents n'était pas hylien ?

- Mon père. Mais il est mort... avoua le jeune homme avec peine. Il n'a jamais eu le temps de tout nous dire.

- C'est lui qui t'a tatoué ?

Thomas hocha négativement la tête puis expliqua que c'était son frère en guise de cadeau pour ses douze ans. Il avait reproduit ce dessin qu'il avait lui-même sur le côté de sa cuisse.

- Je pensais leur lignée éteinte à tout jamais. Je suis curieuse de savoir comment ton père et ses prédécesseurs ont pu vivre dans l'ombre.

- Mon père n'était pas originaire d'Hyrule.

- Cela signifie donc que le peuple soneau a migré ? s'étonna Impa avant de s'attraper le menton. C'est étrange. Possèdes-tu des capacités liées à tes origines ?

Pourquoi une telle question ? Tout simplement car les Ruines des Obscurcies ainsi que le Plateau du Tonnerre avaient été créées par les Soneaux, et que des sortilèges y avait été placés. Il coulait de source que ce n'était pas la princesse hylienne qui avait créé la pénombre permanente ou la pluie battante accompagnée d'éclairs. Tous deux s'échangèrent un long regard que Thomas désirait à tout prix soutenir. Ne jamais parler de ses dons. Tel était l'enseignement de son grand frère.

- Non, aucune, déclara-t-il d'un ton ferme.

Impa plissa les yeux puis émit un soupir en se relevant.

- J'aurais aimé en apprendre plus sur toi. Hélas, je constate que ce n'est ni le moment, ni le lieu. Quand tu seras prêt à mieux te connaître, sache que ma porte te sera toujours ouverte ou bien celle de ma sœur, Pru'ha. Le passé du peuple soneau est primordial pour mieux comprendre celui d'Hyrule ainsi que les événements qui ont pu se produire.

Sur ce, elle lui souhaita de passer une bonne nuit et éteignit les quelques bougies avant de se coucher à son tour. À présent dans le noir, Thomas gardait les yeux ouverts et méditait sur toutes les paroles de la vieille femme. Le peuple soneau... Il n'en avait jamais entendu parler. Impa l'avait reconnu uniquement grâce à la forme de ce dessin sur son bras ? Il voulait en savoir plus. Qui pouvait être son père ? Quel autre secret lui cachait son sang ? Cette incertitude le plongeait dans l'idée que ses origines le mettaient en danger. L'inconnu effraie l'être humain. Qui sait ce qu'il adviendrait de lui si on venait à apprendre qu'une autre personne que la princesse pouvait utiliser une certaine forme de magie ?

oOo

Le lendemain matin, Link cherchait avec ardeur le moindre livre sur un sort permettant d'employer les souvenirs pour recréer une partie du passé. Impa tentait de le guider tant bien que mal dans sa tâche bien qu'elle n'ait aucune idée du lieu où pourrait se trouver un tel ouvrage. Elle avait beau avoir une immense bibliothèque, cent ans ne lui avaient pas suffi pour tout lire. De leur côté, les trois apprentis s'occupaient du mieux possible. Léon s'entraînait à l'espadon avec un homme sheikah devant les cinq statuettes de grenouilles tandis qu'Iris priait devant la statue de la déesse en espérant que son camarade blessé ne connaisse pas de complications suite à sa plaie. Quand elle eut fini, elle revint vers le pommier non loin de là et aperçut un peintre qui venait tout juste de s'installer. Ce dernier peignait, pour la énième fois, la maison de Dame Impa dans toute sa splendeur. Il avait ramené sa toile de la veille pour la terminer.

- Bonjour, le salua poliment la châtaine en regardant son œuvre.

- Bonjour jeune fille ! répondit-il avec bonne humeur. Vous êtes passionnée d'art ?

Elle sourit.

- On peut le dire, oui.

Heureux de rencontrer une âme semblable à la sienne, le peintre à la coiffure... étonnante donna un coup de pinceau vif et horizontal pour peindre un nuage.

- Je me nomme Kangis, se présenta-t-il en plein milieu de son art. Et vous ?

- Iris.

- Comme la fleur ?

- Comme la fleur, rit-elle suite à cette question assez habituelle.

L'Hylienne regarda ses cheveux en forme de bout de pinceau, ils la fascinaient. Jamais encore elle n'avait pu voir une telle coupe. Elle observa attentivement le tableau pour voir les moindres détails, le contraste des couleurs, la netteté des ombres... Tout se mariait très bien, la maîtrise de Kangis demeurait indéniable. Cet homme savait y faire ! Iris arqua alors un sourcil quand un élément en particulier attisa sa curiosité. Un point bleu à l'apparence lumineuse la laissa sans voix. Après un long silence, elle pointa l'animal et dévisagea le Sheikah.

- Qu'est-ce ? demanda-t-elle avec empressement.

- Oh, ça, c'est un rumy ! Vous n'en aviez jamais vu ?

Sa bouche s'entrouvrit bien qu'elle ne dit rien. Il ressemblait tant aux petits animaux invoqués par Thomas... Kangis remarqua ses interrogations à travers son regard et prit la liberté de lui donner quelques explications.

- D'après certaines rumeurs, ces petits êtres lâcheraient des rubis si on les touche avec une flèche ou une épée. Personne ne les connait vraiment mais il est dit qu'ils collectionneraient les rubis pour les donner à l'Alpha, une créature majestueuse ! Tous les mois, il apparaît sur le mont Satori. Certains disent que c'est grâce à l'argent, ou du moins au pouvoir caché renfermé par les rubis. Mais ce n'est pas la rumeur la plus étonnante.

Il se gratta le cou avec le bois de son pinceau, le regard rivé vers le ciel.

- Certains pensent que les rumys seraient des âmes rappelées sur terre pour une raison qui m'échappe. En somme, des animaux ou des humains réincarnés.

- Alors ils... ils seraient liés à la mort, comprit Iris dont le cœur s'emballait.

Kangis opina :

- Oui, d'une certaine manière.

Cette information frappa d'autant plus la jeune fille. Elle cessa de respirer un instant pour digérer ce qu'elle venait d'apprendre. Au même moment, la porte de la maison d'Impa s'ouvrit brutalement et Link descendit les marches quatre à quatre avant de courir en direction des hauteurs du village. Il passa entre les maisons puis gagna celle qui était le plus éloignée, juste au-dessus du jardin de cerisiers. Le chevalier frappa à la porte avec énergie puis entra quand il y fut autorisé. Il y trouva la doyenne du village, une femme plus âgée de deux ans qu'Impa. Elle fut étonnée de le voir chez elle.

- Que me vaut l'honneur de votre visite, Héros ? se renseigna-t-il en souriant avec douceur.

- Il y a trois ans, vous m'aviez dit que votre mari descendait d'un moine sheikah, n'est-ce pas ?

Le souffle court de Link lui faisait mâcher ses mots. La vieille femme confirma ses dires sans bien comprendre où il voulait en venir. En vérité, le chevalier venait à peine de se remémorer leur discussion.

- Aurait-il conservé le moindre livre à ce sujet ? Un parchemin ?

- Je... Oui, sûrement ? Je vais aller regarder.

Le dos courbé par la vieillesse, elle se dirigea vers un lourd coffre en bois noir dont elle souleva le couvercle et fouilla le contenu avec lenteur. Il y avait tant de choses dans ce meuble qu'elle ne savait plus où donner de la tête. Ne trouvant pas ce qu'elle désirait, elle referma le coffre puis alla directement consulter sa petite bibliothèque dans un coin de la pièce de vie. Elle souffla sur ses ouvrages pour en retirer la poussière, prenait quelques livres pour les observer puis finissait toujours pas les reposer. Finalement, elle se mit sur la pointe des pieds et esquissa un sourire.

- Oui, je savais bien qu'il était caché quelque part, se réjouit-elle en le prenant en main. C'est un objet très rare, sans doute l'un des derniers exemplaires au monde. Je te prierai de le manier avec délicatesse. Je n'ose pas imaginer l'âge de ce manuscrit...

La vieille Sheikah le donna à Link qui l'ouvrit avec soin, sans brusquerie ou hâte. Sous les yeux de sa propriétaire, il le feuilleta, lut chaque mot avec attention et découvrit des techniques oubliées. Cependant, une page attira son attention en particulier. « Le miroir du passé ». Ce titre des plus évocateurs suffit à convaincre le prodige qu'il avait enfin en sa possession l'objet de ses recherches. Zelda serait ravie, il n'en doutait pas. Cette simple idée le fit sourire.

- Puis-je le garder quelques temps ? La princesse a besoin de ce livre.

- Si cela peut l'aider, je le lui cède volontiers ! Je sais qu'il sera entre de bonnes mains.

Elle lui offrit un sourire chaleureux qu'il ne tarda pas à rendre. Link la salua puis se dépêcha de rejoindre l'extérieur. Sur le palier de la porte, il s'immobilisa, attendit une poignée de secondes puis se retourna.

- Excusez-moi... Est-ce que le nom d'Orazio de Lanelle vous évoque quelque chose ?

- Non, pas le moins du monde.

Il la remercia une fois de plus puis partit en direction des trois apprentis, l'expression fermée. 

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