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Chapitre 6


   À travers l'un des multiples couloirs du château marchait la jeune conseillère royale, un gros dossier sous le bras. Son air décidé suffisait à lui seul pour que les domestiques se poussent sur son chemin et la regardent avec appréhension. Pahya se déplaçait jusqu'au bureau d'Alwin, le responsable de la trésorerie royale. Elle venait apporter le dernier rapport des finances hyliennes qui s'annonçait très positif après la reconstruction du royaume. Elle frappa à sa porte avec dynamisme puis entra promptement dans son grand bureau où se trouvait aussi son secrétaire : un Hylien d'une soixantaine d'années qui s'était reconverti pour avoir une retraite plus douce que les champs.

- Bonjour ! la salua le trésorier avec bonne humeur. Que m'apportez-vous aujourd'hui ?

   La Sheikah déposa le lourd dossier sur la table et lui offrit un sourire gêné, comme à son habitude.

- Bonjour... Voici les bénéfices des six derniers mois. Les récoltes de fruits et légumes de tout le territoire nous ont rapporté cent mille rubis, les pays voisins se sont montrés très séduits et nous en ont achetés à des prix très intéressants. Quant à nos gisements de pierre, le gain s'avère être le double.

- Voilà donc une bonne nouvelle. Cette somme nous permettra d'investir pour rénover plus rapidement la partie nord du château. La princesse en a-t-elle été informée ?

    La jeune femme opina tranquillement, l'air paisible. Zelda fut la première à connaître ces chiffres impressionnants qui prouvaient que sa politique de relance agricole avait parfaitement fonctionné.

- Dites-moi, Dame Pahya...

   À cette appellation honorable, la jeune femme rougit et détourna le regard, par modestie.

- Avez-vous entendu parler des deux homicides ayant eu lieu aux abords de la citadelle ?

   Pahya se figea tandis qu'un frisson d'effroi lui parcourait la peau. Des homicides, ici ? Quels actes inqualifiables tant il était horrible de les commettre. Elle demanda au trésorier de clarifier l'affaire. Celui-ci ne tarda pas à s'y employer :

- Deux hommes ont été lâchement assassinés à trois jours d'intervalle. Dans un premier temps, la brigade spéciale des enquêtes n'a pas su comprendre les motifs des meurtres ni retrouver l'assassin. La seule certitude qu'ils avaient était les circonstances de leur mort.

   Son regard s'assombrit en l'évoquant. Lui-même avait du mal à continuer cette histoire à glacer le sang. Derrière lui, son secrétaire cessa sa tâche et leva les yeux de sa paperasse, le visage blême.

- Leur main gauche avait été coupée puis... puis lacérée avec barbarie. Quand aux défunts, ils sont morts d'une hémorragie au niveau du cou. Égorgés vifs.

   Pahya fut la proie d'un brusque haut-le-cœur. Qui pouvait bien commettre une telle abomination après un siècle de terreur permanente ? L'histoire ne semblait même pas s'arrêter là.

- Il y avait pourtant des détails préoccupants qui ont fini par attirer l'attention des enquêteurs, poursuivit Alwin d'une voix grave. Les deux victimes étaient des épéistes, des soldats du royaume. Leur autre point commun était leur chevelure blonde à l'image...

   Sa gorge se noua soudainement et l'arrêta dans son monologue. Le sang de Pahya se glaça quand elle comprit à qui il faisait allusion.

- À l'image de notre prodige hylien, Link.

   La Sheikah, assommée par cette révélation, recula de quelques pas avant de se tenir au mur d'une main. Encore... Le Mal sévissait encore sur Hyrule, quelqu'un voulait du mal à Link. Ce nouvel ennemi n'hésitait pas à frapper dans l'ombre en accomplissant les pires crimes possibles. Sa cible était claire, mais ses desseins restaient troubles. Pourquoi en vouloir à Link après tout ce qu'il avait fait ? Mais surtout... Qui se trouvait derrière tout ça ? Le gang des Yigas avait été démantelé, ses derniers survivants se tenaient derrière les barreaux des geôles d'Akkala.

- Où se trouve le Héros ? demanda alors Alwin face au visage décomposé de la jeune conseillère.

    Avec lenteur, elle releva la tête vers lui et lui adressa un regard perdu.

- Il a quitté le château ce matin avec la princesse... lui apprit Pahya, la voix tremblante. Ils devraient être de retour d'ici quelques heures.

- Vous devez impérativement leur transmettre ce que je viens de vous apprendre. Nous ne pouvons pas laisser un tel meurtrier, un fou, en liberté. Il faut à tout prix connaître ses objectifs et l'arrêter avant qu'il ne soit trop tard.

   La jeune femme sembla se reprendre en main, s'écarta du mur puis acquiesça, l'air grave.

- Je vais avertir la forteresse d'Akkala afin qu'ils nous envoient une vingtaine de soldats supplémentaires pour fouiller la région, annonça-t-elle avec détermination. J'informerai aussi les trois apprentis de Link afin qu'ils puissent le protéger.

   Alwin l'approuva puis la raccompagna jusqu'à la porte où ils s'échangèrent quelques derniers mots avant de se quitter. L'Hylien revint vers son bureau mais le contourna pour se rendre à la fenêtre et observer la citadelle avec attention, les sourcils froncés.

- Que les déesses veillent sur les deux élus, murmura-t-il avec peine.

oOo

    Accroupis au beau milieu de la forêt, Zelda et son compagnon épiaient silencieusement un sanglier qui creusait le sol, dix mètres plus loin. D'un geste lent, elle porta sa main à son carquois, tira une flèche qu'elle encocha sur la corde de son arc puis elle le banda en direction du gibier. Link l'observait faire, il tâchait de déceler les moindres failles dans sa technique afin de la corriger au mieux. La princesse décocha sa flèche qui vient se planter au pied de la bête. Celle-ci prit peur et s'enfuit en grognant à travers les buissons feuillus situés entre les arbres. Zelda soupira puis se releva avec résignation.

- J'abandonne... C'est la cinquième proie que je rate en l'espace d'une matinée.

   Link se mit debout à son tour, il frotta son pantalon pour retirer les feuilles séchées accrochées dessus.

- Tu te précipites trop. Prends plus le temps de viser, lui conseilla-t-il d'une voix posée.

   Cela faisait maintenant deux semaines qu'il avait été anobli, événement qui n'avait pas réellement changé le cours de son existence, fort heureusement pensait-il.

- J'ai l'impression qu'une minute s'écoule à chaque fois que je vise.

   Cela fit sourire l'Hylien.

- Je peux t'assurer qu'il ne se passe qu'une dizaine de secondes, et encore... Tu dois aussi corriger ta posture.

   Comme si elle lisait dans ses pensées, Zelda se mit de biais et banda son arc malgré l'absence de flèche. Le chevalier posa ses mains sur ses épaules et les fit légèrement pivoter de sorte que la princesse soit totalement de profil vis-à-vis de l'ancien emplacement du sanglier.

- Voilà, c'est bien mieux ainsi, lui assura Link. Maintenant, bloque ton souffle et essaie de bouger le moins possible.

     Il retira ses mains et s'écarta d'un pas pour lui laisser une certaine liberté de mouvements. Zelda plissa les yeux. Le bras qui tendait la corde commençait à trembler à cause de la fatigue, ce qui affaiblissait peu à peu la traction qu'elle lui imposait. Finalement, ne pouvant plus rester ainsi, l'Hylienne décocha sa flèche imaginaire puis expulsa d'un coup tout l'air piégé dans ses poumons.

- Je n'en puis plus ! se plaignit-elle en posant son arc au sol. Je suis éreintée... C'est à peine si je sens encore mes doigts.

- Tu manques d'entraînement. Il est donc normal que tu ne puisses pas t'exercer bien longtemps pour le moment.

     Elle gonfla ses joues pour montrer sa frustration. Combien de temps cela prendrait-il encore ? Link lui enseignait le tir à l'arc depuis la défaite de Ganon. Ses efforts ne porteraient-ils jamais leurs fruits ? En guise de consolation, Zelda poussa son compagnon jusqu'à l'arbre le plus proche puis l'embrassa avec fougue, ce qui avait toujours le don de le surprendre. Link s'abandonna totalement à elle et ferma les yeux pour profiter de ce moment chaleureux, conforté dans la douce température et les quelques rayons de soleil filtrés par les arbres. Comme toujours, leur cœur s'emporta avec facilité et leur donnait le plein sentiment de vivre. Lentement, le chevalier se laissa glisser contre l'écorce du chêne et emporta sa bien-aimée avec lui. Zelda s'assit donc sur ses jambes et posa ses mains sur ses joues pendant que leurs lèvres se mouvaient ensemble. Par la suite, elle descendit le long de sa peau puis déposa quelques baisers au creux de son cou. Par réflexe, Link lui attrapa le bras en prenant soin de ne pas exercer une pression trop forte dessus. Il soupira d'aise et laissa sa tête basculer en arrière. Ainsi, il put observer les feuilles d'un vert lumineux au-dessus de lui. Tout lui paraissait si beau, tant et si bien qu'il se trouva naïf sur le moment.

    Zelda posa sa tête contre la sienne et ferma un instant les yeux pour vivre ce moment si rare et si cher à leurs yeux. Au moins ici, personne ne viendrait les surprendre. Pourtant un jour, il faudrait annoncer leur relation et l'officialiser s'ils décidaient d'aller plus loin. Zelda ne se posait même pas la question au vu de ce qu'ils avaient déjà fait ensemble.

- Link, fiançons-nous, proposa Zelda dans un chuchotement.

   Il ne fut pas surpris, bien au contraire. Il attendait ces mots comme un enfant qui attendrait un présent inespéré. Le jeune homme esquissa un doux sourire et vint poser une main sur la chevelure de son amante.

- Dans ce cas, fêtons cela tous les deux, dit-il avec un enthousiasme non dissimulé. Allons chez moi, à Elimith ! Ne serait-ce que deux jours... C'est là-bas que mes parents se sont échangés leur bague de fiançailles puis de mariage. Ils m'ont toujours dit que c'était une tradition depuis des générations.

   Heureuse, Zelda l'approuva en opinant.

- Qu'il en soit ainsi, lui accorda-t-elle en déposant un tendre baiser sur sa joue. Tant que cela te fasse plaisir !

   Ils se turent pour écouter le chant des oiseaux et le bruit du vent au travers des milliers de feuilles. La quiétude du lieu les berçait. Comme pour tous les autres, le couple chérirait cet instant et bâtirait leur avenir dessus.

- Un jour, Urbosa m'a dit que tu avais l'idéal d'un certain prince charmant étant petite. Je ne demande qu'à savoir, dit soudainement Link, amusé.

   La jeune femme soupira. Pourquoi sa chère Urbosa lui avait révélé une telle idiotie ? Ce n'était qu'un rêve d'enfant parmi tant d'autres, rien d'exceptionnel. Mais comme elle ne pouvait refuser une telle requête de la part de son compagnon, Zelda consentit à lui apporter une réponse.

- Si mes souvenirs demeurent corrects, j'espérais en effet épouser un prince. Jamais il ne me serait venu à l'idée, à l'époque, de devenir la femme d'un roturier, aussi brave soit-il. Je l'imaginais... grand et imposant. Sans doute car j'avais peur du monde et que je nécessitais de protection.

   L'Hylienne fronça les sourcils.

- En fin de compte, la réalité a été tout autre, et j'en suis bien heureuse. Je rêvais de tout sauf d'être une damoiselle en détresse. Me sentir entièrement dépendante de quelqu'un, je ne l'aurais jamais accepté...

   Elle inspira profondément avant de poursuivre :

- Te concernant, je suis dépendante de ta protection. Mais étrangement, je n'en suis pas tant dérangée bien que j'ai été frustrée de ne pas pouvoir t'aider, le siècle passé. Moi, j'étais toujours derrière toi, impuissante et spectatrice d'un combat qui demeurait pourtant le mien... Mais maintenant, je veux que cela soit différent. Je t'ai demandé de m'apprendre l'archerie dans le but de t'épauler s'il arrivait quoi que ce soit.

    De plus, toutes ses ancêtres savaient très bien tirer à l'arc, elles avaient ainsi apporté leur soutien au Héros lors de son combat final contre le Mal. Hélas, Zelda n'avait pu accomplir son devoir à cause du sceau. Link avait combattu seul du début jusqu'à la fin.

- Je sais que tu formes ma future escorte, continua la jeune femme en fermant les yeux. Je vais devoir m'en accommoder... Crains-tu vraiment que quelqu'un veuille me nuire, encore aujourd'hui ?

- Il y a des êtres malveillants partout. Je préfère que tu sois très bien entourée plutôt que pas assez. Ne t'en fais pas pour les trois jeunes que je forme, ils seront autour de toi mais tu ne te sentiras pas aliénés par leur présence. Je leur ai déjà expliqué comment s'y prendre.

- Je te crois sur parole, Link.

   Le jeune observa un lointain nuage passer dans le ciel dégagé. Il y avait plus de trois ans, il avait aussi été adossé contre un arbre, le visage tourné vers le ciel. Mais cette fois-là, ce n'était pas pour le contempler : son souffle sifflant, ses traits contractés trahissaient son état grave. Au tout début de sa quête, après son réveil, Link avait été blessé par un bokoblin noir qui lui avait tendu une embuscade. Bien qu'il fût en mesure de l'occire, il n'avait pu éviter sa masse à pointe qui lui avait lacéré une bonne surface de sa peau, sur la cuisse. Heureusement pour lui, un petit groupe de voyageurs l'avait trouvé puis mené au relais le plus proche, lui sauvant certainement la vie par la même occasion.

   Le chevalier caressa doucement les cheveux de Zelda pendant que ces douloureux souvenirs revenaient à la surface. Jamais il ne pourrait les oublier. Il avait vu et vécu tant d'atrocités que des marques indélébiles s'étaient inscrites à jamais dans sa mémoire.

- Ce n'est pas parce que je te protège que tu es faible, énonça-t-il soudainement avec conviction. Certes, tu n'avais pas appris l'art du combat, à l'époque. Mais ton esprit, lui, demeurait et demeure toujours plus fort que le mien. Maintenant, en plus d'apprendre à tirer à l'arc, tu possèdes le sceau d'Hylia. N'est-ce pas là le plus grand pouvoir de tous les temps ?

   Zelda esquissa un sourire tant par gêne que par modestie. Elle trouvait qu'il exagérait un peu.

- Tu sais bien que je ne peux plus utiliser ce pouvoir pour le moment. Il me faut chercher une source de magie divine qui puisse me permettre de l'invoquer à nouveau. Nous connaissons pourtant la paix. Je n'ai donc plus besoin de ce sceau...

Elle se tourna pour venir poser une partie de son dos contre le buste de Link. La princesse regarda à son tour le ciel.

- C'est une bonne chose que je ne possède plus un tel pouvoir... murmura-t-elle. Je me suis souvent dit qu'une personne usant de sortilèges puissants devenait aisément dépendants d'eux. Et le jour où ceux-ci disparaissent, elle ne sait plus quoi faire...

Link l'approuva.

- Oui, je peux l'attester. Il y a trois ans, alors que j'avais libéré les quatre âmes des autres prodiges, je me suis lancé à la recherche de la cinquième Créatures Divines dont m'avait parlé Asarim.

La jeune femme écarquilla des yeux.

- Il existe une cinquième Créature Divine ?

- Oui, mais je n'ai jamais pu la trouver car le temps me manquait. Et dernièrement, cette aventure m'était totalement sortie de la tête...

Link rit avec nervosité, ce qui allégea un peu plus l'atmosphère.

- Pour la trouver, je devais justement revenir dans chacune des Créatures Divines et affronter une nouvelle fois les ombres de Ganon. C'était terrifiant... J'étais de nouveau confronté à ces abominations qui me donnaient des cauchemars certaines nuits. Pour cela, le grand moine sheikah a... Il a...

Il se tut soudainement, surprenant Zelda. Elle leva la tête vers lui et vit ses yeux s'agrandir de stupeur.

- Mais oui, bien sûr ! s'exclama Link en se frappant le front. Je sais comment retrouver la clé pour le temple de Firone ! Zelda, si elle n'existe plus dans le présent, il nous suffit de revenir dans le passé ! Grâce à ce sort sheikah, nos souvenirs sont utilisés pour recréer fidèlement un environnement connu. Si nous parvenons à trouver un Sheikah capable de nous aider, alors nous trouverons la clé !

- Attends Link... Tu parles de souvenirs, ce qui nécessite que nous l'ayons déjà vue, non ?

Le blond se dégagea, contourna Zelda puis vint la prendre par les épaules.

- Impa a dit qu'elle pouvait se trouver dans le bureau des conseillers. Malheureusement, il a été détruit entièrement à cause de Ganon. Mais souviens-toi, Zelda, nous y sommes déjà allés ! La fois où Cassius a évoqué tes dix-sept ans avec la source de la Sagesse, puis le jour où le Fléau a attaqué. Tu...

Un air peiné passa sur son visage, ses doigts serrèrent davantage les épaules de sa damoiselle qui exprima la même émotion. 

- Tu avais failli être assassinée par un Yiga, termina Link dans un souffle. Si nous nous servons de ces souvenirs, alors nous pouvons peut-être parvenir à notre but.

- Et après ? s'enquit de savoir Zelda. Ce ne serait qu'une illusion, nous ne pourrons rien ramener dans la réalité. Et quand bien même ce serait possible, je ne connais personne capable d'une telle magie. Pas même Impa sinon elle aurait déjà pensé à cette solution...

Le blond la lâcha et se remit debout, un grand sourire aux lèvres.

- Il suffit de trouver quelqu'un capable de faire la même chose.

Mais qui serait capable d'une telle magie ? Le moine sheikah n'accepterait jamais de l'aider car ce dernier n'utilisait ce sort uniquement pour les épreuves des Créatures Divines. Pru'ha en serait-elle capable ? Non, sinon elle aurait déjà songé à cette possibilité, elle aussi. Il fallait donc se rendre au village sheikah et parler avec les plus vieux d'entre eux. Avec un peu de chance, ils connaîtraient sans doute un moyen pour les aider. Link tendit la main à sa compagne pour l'aider à se relever, puis ils partirent en direction de leurs chevaux attachés à l'orée de la forêt. Il repensa à sa précédente conversation à propos de leurs fiançailles. Sa bonne humeur ne fit que s'intensifier malgré l'ombre du tableau.

Il allait devenir roi.

Le jeune homme perdit son sourire et se montra déconcerté. Il le ferait pour Zelda, bien entendu. Même s'il savait très bien qu'au fond de lui, ce rôle ne lui convenait pas et ne lui conviendrait jamais. Link avait toujours aspiré à une vie paisible  et loin des obligations, mises à part celles de chevalier. Que se passerait-il si Zelda renonçait au trône ? Quel serait l'avenir du royaume ? Tant de questions sans réponse. Le duo arriva à côté des chevaux puis ils repartirent en direction du château.

oOo

À peine arrivés et séparés, Zelda regagna la salle du trône après avoir étreint Link tandis que celui-ci alla voir Pru'ha dans son laboratoire au sud de la forteresse. Elle travaillait sur un chariot capable d'avancer tout seul grâce à des pattes articulées. Pourtant les problèmes s'accumulaient et témoignaient de toute la complexité de son projet. C'est le visage plongé dans ses plans que Link la trouva en cet après-midi ensoleillé.

- Pru'ha, puis-je te demander quelques minutes ?

Elle releva brusquement la tête, replaça ses lunettes sur son nez et acquiesça lentement pendant qu'elle rangeait tous ses papiers désordonnés. Link prit place sur un tabouret à quelques pas de là.

- Comme tu le sais, j'ai combattu deux fois l'ombre de Ganon dans Vah'Ruta, commença-t-il d'une voix grave. La deuxième fois, le moine sheikah me mettait à l'épreuve.

- Oui, tu m'en avais vaguement parlé.

Le dos de Link se courba légèrement, il s'attrapa les mains et les cala entre ses jambes, le regard rivé au sol.

- Pour cela, il a usé de mes souvenirs pour recréer l'ombre avec exactitude, tant par sa forme que par ses attaques. Tout était identique.

Le mutisme de son interlocutrice le poussa à continuer sur sa lancée.

- J'ai besoin de cette magie pour trouver la clé du temple de Firone.

Un lourd silence s'installa, si lourd que Link pensa avoir dit une bêtise monumentale. Ce sentiment se renforça quand Pru'ha éclata d'un rire vif. Le jeune homme fronça les sourcils, la voir rire dans ces circonstances lui déplaisait.

- Et tu penses que moi, j'en serais capable ? Oh, Link... Je ne sais pas utiliser la magie, contrairement à ma sœur.

La Sheikah se calma par la suite. Elle croisa les bras.

- Néanmoins, comme je doute qu'Impa soit en état de le faire, tu devrais te tourner vers Pahya. Puisqu'elle est sa petite-fille, elle a hérité de ses pouvoirs.

- Je ne le savais pas, avoua Link qui ne cachait pas sa surprise.

Pru'ha haussa les épaules d'un air désintéressé puis elle se dirigea vers sa bibliothèque personnelle au fond de son laboratoire. Elle analysa toute la deuxième rangée mais ne sembla pas trouver ce qu'elle cherchait. Finalement, la scientifique revint vers Link et se rassit devant lui.

- Je n'ai rien pour vous aider ici. Je ne connais pas le nom de la magie utilisée pour exploiter les souvenirs, tu devrais te rendre au village sheikah et chercher dans les vieux livres. Impa te l'accordera puisque tu es le Héros. Mais attention ! Je ne te garantis pas de trouver une quelconque réponse.

- J'en ai conscience, affirma Link qui dégageait une étrange sérénité. Merci pour ton aide, Pru'ha. J'espère que nos recherches sur ce temple nous seront bénéfiques.

Elle sourit et le remercia avec chaleur. Cependant, elle perdit bien vite son sourire quand elle se souvint justement que Pahya était venue la voir, quelques heures plus tôt. La Sheikah ouvrit la porte pour vérifier que personne ne se tenait derrière, elle la referma puis revint vers le jeune homme en affichant un air sombre.

- Link, Pahya voulait te parler tout à l'heure mais tu as trop tardé alors elle m'a chargée de te transmettre ses mots.

Link haussa les sourcils et fut d'autant plus attentif à ce qu'elle devait lui annoncer. Pourquoi l'air de la pièce semblait s'être densifié si soudainement ?

- Quelqu'un est à ta recherche. Quelqu'un... de très malveillant, ajouta la jeune femme en baissant les yeux. Deux hommes au profil similaire au tien ont été retrouvés morts non loin d'ici.

Un court instant, il crut recevoir sur ses épaules tout le poids de ses anciens problèmes. Suivant une vague de la tête aux pieds, ses muscles se crispèrent et sa gorgea s'assécha. Encore ? Les déesses le mettaient-elles encore à l'épreuve ou bien était-ce Pru'ha qui blaguait de manière sournoise ?

- Nous ne savons pas s'il s'agit d'un homme ou d'une femme mais ses intentions sont claires. Cette personne veut t'éliminer mais elle ne semble pas encore connaître ton visage. Si tu dois quitter le château, prends tes apprentis et surveille constamment tes arrières. Et s'il le faut, colore tes cheveux. Me suis-je bien fait comprendre ?

- Oui, répondit l'Hylien d'une voix étranglée.

Pourquoi avait-il un si mauvais pressentiment ? Lui ne qui perdait jamais son sang-froid, et ce même depuis son réveil où il ne se souvenait plus de rien. Cette menace touchait-elle aussi Zelda ? Si c'était le cas, jamais il ne l'accepterait. Hors de question qu'une personne porte la main sur la princesse et lui fasse du mal. Jamais Link ne laisserait faire une telle chose.

oOo

Assis en tailleur sur une table, une silhouette lisait un avis de recherche particulièrement vague et stupide selon elle. L'homme qui la tenait la déchira d'un geste sec puis jeta les éclats de papier avant de se tourner vers son otage ligoté à même le sol. C'était une vieille dame sans famille qui vivait dans la misère et aux abords de la citadelle depuis quelques mois. Son seul travail était de laver les vêtements de ceux qui voulaient bien les lui donner.

- Je ne pensais pas être recherché si vite, dit le criminel d'une voix enrouée. Au moins, ils ne savent pas à quoi je ressemble.

Cela le fit soupirer quand il vit l'effroi dans le regard de cette vieille Hylienne. Elle n'osait même pas sangloter malgré les larmes qui coulaient sur ses joues. Inspirait-il tant la peur ? Ses cheveux noirs mi-longs et gras assombrissaient encore plus son visage. Seuls ses yeux verts auraient pu dégager une aura bienveillante si de tout son être n'émanait pas une noirceur encore peu connue.

- Je cherche une personne en particulier, concéda-t-il après un long silence. L'inconvénient est que j'ai oublié les traits de son visage.

La vieille femme se mit à trembler car elle pressentait déjà quel funeste destin lui était réservé. Devant elle, cet homme habillé de cuir et de vêtements noirs et gris ne montrait ni empathie ni pitié.

- Je suis à la recherche d'un certain Orazio de Lanelle. Il s'agit d'un épéiste blond et très doué. Malheureusement, les seuls que j'ai pu croiser sur mon chemin n'étaient que des couards incapables d'asséner le moindre coup.

Ses yeux verts parurent luire un instant d'une lueur inqualifiable et glaçante. L'Hylienne tétanisée se pétrifia encore plus et retint son souffle. 

- L'homme que je cherche est doté d'une bravoure et d'une maîtrise de l'épée sans pareils. À tout hasard, le connaîtriez-vous ?

Les lèvres de la femme frémirent, la trahissant aussitôt. Ce détail ravit son interlocuteur qui descendit de la table et s'accroupit devant elle. Il sortit un couteau de la gaine accroché à sa cuisse puis il le pointa sous la mâchoire de l'Hylienne.

- Parle.

Elle déglutit avec grande difficulté puis, d'une voix blanche, prit la parole en fermant les yeux :

- Vous parlez sans doute de... de l'élu des déesses. Je vous conjure de croire que je ne connais pas son nom, seulement que les peuples l'appellent « le Héros » !

Quand la lame appuya encore plus sur sa peau, elle poussa un gémissement apeuré tandis que son rythme cardiaque explosait dans sa poitrine.

- Il... Il réside au château ! Il sert la princesse et dirige la garde royale !

Les yeux du criminel s'écarquillèrent en l'apprenant.

- Il sert la princesse ? répéta l'homme d'une étrange voix.

Il serra fortement les dents tant sa fureur était intense. Lentement, le brun se releva, laissant penser à son otage qu'il en avait fini avec son interrogatoire. L'Hylienne souffla de soulagement et laissa d'énièmes larmes s'échapper de ses yeux. L'homme hurla puis jeta soudainement son couteau qui se planta dans le dos de la vieille femme. Hors de lui, il se prit la tête entre les mains et tomba à genoux, le souffle court. Toujours... Encore... Rien n'avait changé. Dans sa folie, le criminel se mit à pleurer en maudissant son sort.

- Zelda... Il est temps que je respecte ma promesse. 


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