Chapitre 36
« Maître, il est encore trop tôt pour nous séparer. Votre véritable mission ne fait que commencer. »
Les sourcils de Link se froncèrent lorsque la voix de Fay lui parvint. Il émergeait lentement de son état d'inconscience due à sa perte considérable de sang. La fatigue engourdissait ses membres, en particulier sa cuisse droite qui avait été gravement blessée par Soran, mais la douleur avait disparu. L'Hylien n'eut aucun mal à comprendre que Thomas l'avait guéri pour lui sauver la vie. Des sons vagues parvenaient à ses oreilles, des éclats de voix lointains et des bruits de pas qui semblaient tourner autour de lui. Link s'efforça d'ouvrir les yeux ; sa vue floue ne lui permit pas de discerner nettement la voûte au-dessus de sa tête, pour le moment.
- Il revient à lui, annonça une voix féminine qu'il ne connaissait pas.
Quelqu'un se précipita vers lui puis une tête à la chevelure blonde se pencha par-dessus son visage. Sa vision redevenant peu à peu normale, Link reconnut sa fiancée qui le dévisageait avec inquiétude.
- Que les déesses soient remerciées, soupira-t-elle de soulagement sans esquisser le moindre sourire.
Avec lenteur, le jeune homme porta sa main tremblante vers la joue de Zelda qu'il effleura de ses doigts.
- Zelda, tu es...
Elle lui prit la main et hocha négativement la tête.
- Non, je ne suis pas blessée, le rassura-t-elle en plongeant son regard dans le sien. La situation est sous contrôle, tu n'as plus rien à craindre pour moi.
Link grimaça quand il se redressa sur ses coudes pour mieux évaluer l'endroit où il se tenait. Manifestement, il s'agissait d'un camp de fortune réunissant de nombreux guerriers et guerrières. Certains d'entre eux dormaient afin de se reposer, d'autres affûtaient leurs armes ou bien satisfaisaient leur faim dans l'attente de la future offensive.
- Où est Soran ? s'empressa-t-il de demander avec méfiance.
Les yeux de la princesse s'agrandirent en entendant ce prénom qu'il n'était pas supposé connaître.
- Comment sais-tu qu'il...
- Où est-il ? la coupa Link à contrecœur.
Zelda jeta un regard anxieux à la femme derrière elle : une guerrière de grande taille, aux cheveux blancs et arborant de nombreux tatouages sur ses bras et son abdomen. Une hache de taille moyenne était sanglée à une ceinture large de cuir autour de sa taille. Link reconnut l'habit traditionnel des Soneaux. Après tout, en explorant certains sanctuaires, les moines sheikahs lui en avaient remis certaines pièces en guise de cadeaux et de preuves de sa bravoure.
- Ce dégénéré est retenu prisonnier à l'autre extrémité du camp, lui apprit Ren qui croisait les bras. Il est surveillé de près, tu peux me croire.
Zelda vint soudain enlacer le Héros, ce qui le surprit tout de même un instant. Il ne pouvait être plus heureux de la retrouver, mais avec un meurtrier dans les environs, Link s'inquiétait sérieusement. Thomas lui avait parlé de tous les crimes commis dix mille ans auparavant, ce fut pourquoi il craignait que l'enfant gardien s'en prenne à Zelda. Notamment car lui-même, élu des déesses, était encore affaibli par ses meurtrissures tout juste guéries et ne serait pas en mesure de la défendre pour le moment.
- Tu es venu me chercher... J'étais persuadée que tu combattais pour Hyrule, énonça-t-elle avec peine.
- Comment pourrais-je me battre sans toi ? Nous avons besoin l'un de l'autre pour vaincre Ganondorf. Je ne pouvais pas te laisser ici sans savoir ce qu'il advenait de toi...
Zelda sourit enfin et, pendant qu'elle l'étreignait toujours, elle toucha le bracelet à son poignet. Ce même bijou qui les avait tant aidés et rassurés ces derniers temps. Link s'enquit d'apprendre à Zelda qu'il avait été deux mois au sanctuaire de la Renaissance à cause du pouvoir du sceau qu'il avait absorbé. N'étant pas son hôte légitime, il aurait dû être tué mais Thomas l'avait sauvé et mené au château. À son réveil, Hyrule était dévastée, le château avait disparu et les plaines étaient couvertes de corruption. Impa n'avait pas survécu à l'attaque de Ganondorf et de ses soldats du néant... Cette nouvelle brisa le cœur de la princesse qui en pleura à chaudes larmes et se tint d'autant plus à lui pour obtenir du réconfort. Mis à part Pru'ha et Faras, ils étaient les deux derniers Hyruliens humains à avoir connu le siècle précédent. Presque tous leurs contemporains avaient péri, la mémoire du passé s'effaçait avec eux à tout jamais.
Pendant que la princesse extériorisait sa peine à travers ses pleurs, Link regarda une nouvelle fois autour de lui à la recherche de ses compagnons de route. Il voulait remercier Thomas pour son acte de générosité qui le rapprochait davantage de sa mort définitive. Cependant l'archer n'était pas là, tout comme le reste du groupe. Face à sa réaction, Ren lui assura qu'ils se reposaient en ce moment même et qu'ils attendaient de savoir si Link se portait mieux. Un voile de peine passa sur le visage du blond qui serra Zelda contre lui en posant une main dans son dos ; la tablette avait été détruite. Leur seul moyen rapide pour quitter Delteha ne fonctionnerait plus. Toutes ses provisions, toutes ses armes, toutes ses photographies... Il ne restait plus rien.
- Pardonne-moi, la tablette sheikah a été détruite par ma faute, murmura-t-il contre la tête de Zelda.
Il passa une main dans ses cheveux et ferma les yeux quelques secondes pendant qu'elle pleurait encore. Ren les observait en silence, touchée de les voir enfin réunis après cette longue séparation. Elle ne pouvait mesurer le temps qui s'était écoulé depuis, mais la souffrance endurée par Zelda suffisait pour comprendre que l'absence de son compagnon fut grande.
- Nous allons devoir nous tenir au plan d'origine, poursuivit Ren car le temps ne pouvait leur accorder de plus longues retrouvailles. Nous passerons par l'emplacement de votre château. Je vais lancer la construction des échelles. Mais je ne sais pas encore comment nous lutterons contre les soldats faits de chose. Enfin... de corruption.
Link leva les yeux vers elle et l'examina un court instant avant de la reprendre :
- J'aimerais revoir votre plan avec vous. J'ai été formé pour les situations d'évacuation en terrain hostile. Mes connaissances pourraient vous aider.
En tant que garde royal, à l'époque où le roi vivait toujours, il était de son devoir de savoir réagir à toutes les possibilités en cas de fuite forcée du souverain.
- Bien, se réjouit la Soneau avec une certaine retenue. Si tu as la force de marcher, je te mènerai aux autres chefs pour en discuter.
Il opina puis tapota le dos de Zelda pour la consoler une dernière fois de la perte d'Impa. Ses forces ne lui permettaient pas encore de courir ou de se relever rapidement, néanmoins le prodige se sentait capable de marcher. Il passa sa main libre au-dessus de sa cuisse anciennement meurtrie par une entaille profonde. La peau demeurait lisse à travers le trou de son pantalon déchiré et taché par son sang. Même son avant-bras, qui avait paré un coup très puissant à l'aide de sa cotte de mailles, avait été guéri et n'était plus douloureux.
- Zelda, je dois me lever, lui dit-il doucement pour ne pas la brusquer.
Elle ne dit rien, elle se contenta seulement d'essuyer ses yeux du revers de sa main avant de s'écarter de son fiancé. Le cœur lourd, la prêtresse royale l'aida lorsqu'il voulut se redresser, de sorte qu'il ne perde pas l'équilibre et ne chute pas. Link la prit ensuite par la main et attendit que Ren l'invite à le suivre. Cette dernière lui adressa un signe de la tête et tous trois se mirent en route vers le centre du campement. Il n'y avait pas de tentes, les guerriers dormaient à même le sol sur des fourrures, à côté de feux qu'ils avaient allumés pour se réchauffer ou cuire leur repas. Voir autant de Soneaux dérouta Link dans un premier temps, notamment leur couleur de peau qui était d'une pâleur presque maladive et inquiétante. Zelda aussi était devenue blême au fil des semaines passées sous terre, elle avait même perdu du poids et cela n'avait rien de réjouissant aux yeux de Link qui la voyait dépérie. Pendant qu'ils marchaient, il embrassa à son tour la main de la jeune femme et afficha un air déterminé. Fay avait raison : sa véritable mission venait de commencer. Soran avait failli y mettre un terme définitif mais il n'était pas parvenu à ses desseins grâce à l'intervention de ses compagnons.
- Link ! l'interpela justement Pahya qui accourait sur sa droite. Quel soulagement, tu peux marcher...
Le regard de la Sheikah se posa sur Zelda dont l'air dépité et atterré lui noua la gorge.
- Princesse, que vous arrive-t-il ? s'inquiéta-t-elle en s'approchant d'elle.
- Je lui ai dit qu'Impa... n'était plus parmi nous, lui apprit Link qui se montrait navré.
La bouche de son amie s'entrouvrit mais elle se retint de tout commentaire à cause de sa poitrine qui se compressait sous la douleur du deuil. Alors qu'un nouveau silence s'installait et que plus personne n'avançait à travers le camp, Astrid ainsi qu'Elzier, Léon et Iris arrivèrent à leur tour. Ils prirent immédiatement des nouvelles du Héros et furent soulagés de le voir en bonne santé. Cependant l'absence du troisième apprenti n'échappa pas à Link qui voulait le remercier.
- Thomas n'est pas avec vous ?
Léon fronça les sourcils tandis qu'Iris baissait la tête et rivait son regard sur un gisement de gemmes nox.
- Il est parti s'isoler quelque part, l'informa le grand gaillard sur un ton neutre. Nous ne l'avons pas revu depuis votre état d'inconscience.
Ils ne l'avaient... pas revu ? Link s'imagina le pire, comme, par exemple, le fait que la pierre d'énergie ait définitivement cessé de fonctionner. Il jeta un regard perdu à Elzier qui était le seul à savoir que les jours de l'androïde étaient comptés. L'elvësch comprit la demande silencieuse de l'Hylien et fit demi-tour avant de s'élancer vers le lieu où l'attaque avait eu lieu. Il courut parmi les Soneaux assis tandis que Link reprenait son chemin dans le but de rejoindre les deraïrs. Elzier bondit par-dessus un foyer et s'attira les foudres ainsi que les jurons des guerriers qu'il avait effrayés. Si cela ne tenait qu'à lui, il ne se serait pas lancé à la recherche de Thomas. Mais il était utile au Héros et à ses plans, alors Elzier se devait de l'aider à retrouver l'humanoïde. Après un second saut au-dessus d'un tas de pierres, la créature atterrit justement devant une fillette qui fouillait la terre en quête de manioc. Mais dans cette région d'Hyrule, il n'en poussait pas et elle ne pouvait pas le savoir. Face à cet animal de grande envergure qu'elle n'avait encore jamais vu, Lasya poussa une exclamation apeurée et eut un mouvement recul.
- Un rat géant !! paniqua-t-elle en n'osant même plus bouger.
- Non mais j'aurais tout entendu, moi ! s'énerva aussitôt Elzier en montrant les crocs.
L'enfant poussa un cri effaré au son de sa voix qui résonna dans son esprit. Elle sursauta et tomba sur le coccyx en retenant une plainte étouffée. Son regard effrayé exaspéra l'elvësch qu'il roula des yeux.
- Je ne vais pas te bouffer, petite. T'as que la peau sur les os.
Toujours méfiante, Lasya se détendit légèrement et observa ce drôle d'animal de la tête aux pieds. Elle n'avait encore jamais vu tel pelage, telles ailes ! Il ressemblait presque à un esprit et il ne démontrait aucun signe de menace à son encontre.
- T'es quoi, au juste ? demanda-t-elle d'une petite voix.
- Un sublime elvësch. Je m'appelle Elzier.
L'altozienne pouffa, ce qui déplut fortement à l'égo de l'animal qui la regarda d'un air hautain.
- Je cherche un humain aux cheveux noirs et aux yeux bleus. Tu l'as vu pass...
- Y a déjà des gens qui ont mangé ton espèce ? le coupa soudainement Lasya dont l'intérêt suscité par la créature s'accrut davantage.
- Pardon ?!
Par Maurdrid, pourquoi cette gamine le regardait-elle avec autant d'envie et d'appétit ? Personne ne lui avait encore demandé si les elvëschs étaient comestibles. Qui pouvait se poser une telle question ?! S'il avait sa taille habituelle, nul doute qu'Elzier aurait écrasé cette enfant pour de tels propos. Mais il n'avait guère le temps de s'attarder sur cette folle, il fallait retrouver Thomas et s'assurer qu'il allait bien.
- Eh, reviens ! le héla Lasya en le voyant bondir pour s'éloigner. Je plaisantais...
oOo
Toujours aux côtés de Zelda, Link dévisageait tous ces inconnus réunis avec lui et qui, semblait-il, avaient de l'importance au sein de leur propre peuple. Savoir qu'ils avaient été rassemblés par Zelda intensifia l'admiration qu'il éprouvait déjà pour elle. D'après ce qu'il avait compris des dires de Ren, la descendante d'Hylia aurait une connexion particulière avec les Soneaux ; la déesse leur aurait confié le sceau gardien, Sokyn, afin qu'ils le cultivent au fil des générations et accroissent son pouvoir. Cela dans le but de palier à la déficience progressive du sceau divin face à la recrudescence des pouvoirs de Ganondorf. Le regard de Link se posa sur son bras droit dont le tissu de sa tunique et son gant de cuir cachaient sa peau. Le sceau gardien, cette magie qui se nourrissait de sa propre vie pour regagner en force. S'il en croyait son histoire, cela signifiait que Sokyn avait usé de son pouvoir durant dix millénaires et que, dorénavant, il devait être très affaibli. Tout comme le sceau divin, il n'avait pas eu le temps de se régénérer. Alors en fin de compte, quelles armes avaient-ils pour affronter le seigneur du Malin ? La Lame Purificatrice ne pouvait se suffire à elle-même pour le vaincre.
- Bien, puisque tu veux revoir notre stratégie, nous t'écoutons, commença soudainement Ren en le tirant de ses pensées. Je serai ton interprète.
C'était donc cette femme qui avait permis de tisser entièrement le lien entre Zelda et les Soneaux. Link comprenait mieux comment sa compagne avait pu communiquer avec eux alors qu'elle ne parlait pas leur langue.
- Il me faut plus d'informations au sujet de cet endroit. Je dois connaître l'état du terrain que nous allons traverser et le nombre de soldats dont vous disposez, énonça-t-il avec calme.
- Nous sommes environ quatre cents. Il se trouve que la cavité, par laquelle nous sortirons, est un cimetière de créatures de métal dont certaines ne sont pas encore mortes. Le terrain est parsemé de rochers et de sculptures très anciennes. Le chef du village à proximité nous a aussi avertis de la présence d'êtres de corruption ainsi que d'une lumière aveuglante. La brèche qui relie Delteha à... la surface sera notre point faible.
En effet, la luminosité du soleil poserait problème à tout le monde, y compris les Hyruliens. Les yeux de ces derniers s'étaient habitués à l'obscurité ambiante, alors retrouver l'éclat de l'extérieur pourrait les désavantager et se retourner contre eux.
- Nous quitterons Delteha au crépuscule, proposa Link qui s'adressa à sa compagne. Nous serons bien moins aveuglés si le soleil disparaît derrière les montages.
- Je pensais aussi à la même chose, lui confia-t-elle en essuyant une dernière fois ses yeux. Mais nous n'avons aucun moyen de connaître l'heure à la surface...
- Si Astrid le veut bien, elle partira en éclaireur avec Elzier. Il s'agit d'un animal très rapide pour voler, je doute que les Corrompus puissent les atteindre lorsqu'elle ira vérifier la couleur du ciel.
Le blond jeta un coup d'œil au général de Panah qui donna son accord d'un signe de la tête. Ren traduisit sa suggestion aux Soneaux qui approuvèrent aussi ce plan. Pour cela, ils nécessitaient l'autorisation de Tavir pour entrer dans la cavité menant aux souterrains du château. Ce ne serait guère difficile à obtenir de sa part, cependant il fallait lui demander au plus tôt.
- Là n'est pas le véritable problème que nous allons rencontrer, poursuivit Ren qui décroisa les bras et posa plutôt une main sur sa hanche. L'ouverture dans la voûte est inatteignable. Zelda nous a proposé de construire des échelles, mais ce n'est pas sans dangers une fois sur place.
Des échelles ? Effectivement, le temps que tous les guerriers s'échappent, il faudrait les protéger des assauts ennemis et défendre ceux qui monteraient. Ce plan risqué déplut à Link qui voyait la vie de la princesse menacée. En dernier recours, ils pourraient toujours essayer de revenir vers le temple de Firone et de dégager le chemin bloqué par l'éboulement. Mais combien de temps cela leur demanderait-il encore ?
- Il existe une solution bien plus simple mais non sans dangers, intervint Astrid qui avait adopté un air grave.
Tous les regards se tournèrent vers elle, retranscrivant soit de l'interrogation, soit de la curiosité poussée. Link la pria d'exposer son idée et de la leur partager.
- Il me suffirait de contacter ma sœur et des dizaines d'elvëschs viendront nous aider. Ils sont assez grands pour porter plusieurs personnes mais il faudra être rapides. Eux aussi risqueront leur vie.
- Si la voûte est assez haute, ce sera en effet la meilleure solution, concéda le Héros qui voyait là une échappatoire plus sécure.
- Oui, je demanderai à Elzier de contacter Olympe. Elle pourra tout orchestrer depuis Panah. Mais il nous faudra être patients.
Link s'en doutait, il ne put empêcher un soupir de lui échapper. Il savait bien qu'attendre l'arrivée des elvëschs serait moins long que de fabriquer des échelles ou revenir vers les sous-sols de Firone. Au moins, cela leur laisserait le temps de perfectionner leur stratégie. Les « créatures de métal » lui revinrent à l'esprit. Elles se référaient aux Gardiens et cela rendit le chevalier plus soucieux. Il ne s'agissait pas de Gardiens corrompus par Ganon, ceux-ci avaient cessé de fonctionner dès que Zelda avait utilisé son sceau contre leur maître. Non, cette fois-ci, il était question de machines datant de plusieurs millénaires et toujours fonctionnelles. Suite à l'histoire de Thomas, Link avait compris que leur présence sous terre n'était pas anodine : elles avaient été envoyées par le roi Erigus Andram Hyrule afin d'exterminer les derniers Soneaux vivants. Cependant, peu d'entre elles avaient pénétré dans Delteha, certaines n'avaient jamais quitté la cavité dans laquelle elles circulaient tandis que d'autres avaient fini par s'éteindre.
L'expression du jeune homme s'aggrava. Devait-il... demander à Thomas de se charger des Gardiens pour protéger Zelda et sa petite armée ? Link ne doutait pas de son efficacité contre eux, il craignait seulement que cela n'affaiblisse encore plus son apprenti. Son regard se posa sur ses mains jointes pendant qu'il méditait sur cette question. Le choix final ne lui revenait pas. Le Héros voulait se concerter avec Thomas pour connaître son avis. Et s'il acceptait, cela enlèverait, certes, un poids de plus sur les épaules de Link, mais il en ajouterait un autre : celui de continuer à le mener vers sa perte.
- Puisque nous combattrons contre des soldats de corruption, je bénirai l'armement dont nous disposons, déclara Zelda avec détermination. Ce sera notre ultime moyen de défense en cas de confrontation.
- Avec une excellente organisation, nous n'aurons pas besoin d'engager le combat, lui assura Astrid. Mais cela demandera une rigueur à toute épreuve et une bonne connaissance du terrain. Mon rôle d'éclaireur n'en sera que plus primordial.
Satisfaite par la tournure des événements, Ren frappa dans ses mains et regarda la soldate en souriant.
- Je suis heureuse de pouvoir discuter avec des chefs aussi grands que vous, dit-elle en comprenant Link dans ses propos. Maintenant que nous connaissons notre moyen de sortie, nous devons nous mettre d'accord sur la protection de Zelda et l'avancée de nos troupes.
Ainsi se poursuivit leur discussion où les deraïrs purent intervenir pour proposer une démarche à adopter. Pendant ce temps, Elzier avait retrouvé Thomas et l'avait ramené auprès du Héros. Ce dernier pria l'archer de revenir vers lui une fois le conseil terminé, car il aurait une requête à lui soumettre. Le brun s'y plia et s'écarta du petit rassemblement où ses deux autres camarades apprentis et Pahya ne se trouvaient pas. En déambulant dans le camp, il passa près du lieu où Soran avait été ligoté par précaution. L'enfant gardien, dos à lui, ne le vit heureusement pas arriver. Revoir cet homme qu'il avait côtoyé durant près d'une année le plongeait dans une appréhension proche de la peur. Pour de simples « entraînements », Thomas s'était confronté à lui dans des combats, parfois, violents et qui ne leur apportaient rien. L'androïde avait senti à de nombreuses reprises l'aversion que l'enfant gardien éprouvait pour lui, voire une certaine haine. Après tout, comme tous les autres villageois de Calehun, Soran devait le voir comme un être inhumain.
En détournant la tête pour surveiller son chemin, le brun aperçut Iris au loin, en train de se désaltérer au bord d'un ruisseau sans lien avec la Rivière des Tourments. Elle essuya sa bouche du revers de sa main puis se releva en époussetant son pantalon. Lorsque la châtaine fit volte-face pour revenir vers Pahya et Léon, à l'autre extrémité du camp, elle se figea brusquement et retint son souffle face à l'androïde qui hésitait à avancer davantage. La peur noua le ventre d'Iris qui déglutit puis s'empressa de rejoindre le petit chemin qui rejoignait d'autres personnes. Elle se sentirait bien plus en sécurité avec elles plutôt qu'en présence de Thomas.
- Iris, attends ! l'appela-t-il avec une forme d'abattement.
- Laisse-moi... bredouilla-t-elle en accélérant le pas.
- Tu ne sais pas à quel point je m'en veux de t'avoir blessée ! Je n'arrête pas de m'en souvenir, ces pensées me hantent en permanence !
Sa voix suppliante et faiblissante provoqua un pincement au cœur d'Iris qui ralentit son allure et entremêla ses doigts, signe d'anxiété. La lance de son camarade la rassurait d'autant moins, la lumière bleutée qu'elle dégageait la rendait encore plus sinistre dans l'obscurité.
- Qu'est-ce que tu veux ? demanda-t-elle précipitamment sans le regarder dans les yeux.
- M'excuser de t'avoir blessée et fait peur...
Thomas passa une main sur son épaule à cause de la honte qui l'accablait depuis des jours.
- Je ne savais plus qui j'étais, continua-t-il bien qu'il ait du mal à s'expliquer. J'avais peur de ne plus être... moi.
L'Hylienne avait bien du mal à y croire, surtout venant d'un robot. Pourtant, elle demeurait affectée par le timbre de voix de son compagnon qui témoignait de remords réels. Thomas serra les poings tandis que ses épaules s'affaissaient un peu. Même s'il arrivait enfin à parler à son amie, il discernait bien la peur qu'elle ressentait et ce, à travers son regard.
- Je ne te ferai plus aucun mal, lui promit-t-il malgré son manque d'assurance. J'ai encore tué après t'avoir attaquée parce que j'étais... je...
Thomas ne parvint pas à terminer sa phrase à cause du visage d'Orion qui apparaissait dans son esprit. Cet homme était toujours là, quelque part au fond de lui, exerçant encore sa volonté et ses désirs. Jusqu'à la fin, il serait avec lui. Si Thomas avait replongé dans le crime, c'était en partie de la faute du chef soneau. Bien entendu, il avait aussi sa part de responsabilité. Une part trop grande pour être excusée par Link et le reste du groupe.
- Est-ce que... tu es vraiment l'un des nôtres ? se risqua Iris qui se tenait dorénavant les bras pour se faire plus petite. Puis-je seulement te faire confiance ?
Les yeux du brun s'écarquillèrent ; il releva d'un coup la tête et posa une main au-dessus de l'emplacement de son cœur antique.
- Je n'ai jamais cessé de me battre pour notre capitaine ! s'exclama-t-il au lieu d'être offusqué par ses questions. Mon corps et mon cœur ont été conçus pour combattre les Hyruliens. Mais mon âme, elle, a toujours été dévouée à la déesse Hylia !
Il fit un pas en avant, Iris manqua de sursauter avant d'avoir un léger mouvement de recul.
- Iris, je te supplie de me croire, prononça-t-il à mi-voix. Tu es la première personne à t'être intéressée à moi et à m'avoir considéré digne d'amitié, depuis ma renaissance...
Face au manque de réaction de la châtaine, le visage de Thomas se décomposa et il baissa de nouveau la tête. Il était trop tard pour tout réparer... La vision d'Iris à son sujet semblait changée à tout jamais. Plus rien ne serait comme avant, il avait déjà conscience en dépit des maigres espoirs qu'il nourrissait. Après un temps d'hésitation considérable, alors qu'ils restaient plongés dans un silence pesant, le jeune homme porta une main dans l'une de ses poches, sous le regard méfiant d'Iris, puis il en sortit un pétale de fleur bleue qui luisait faiblement dans la pénombre. Il appartenait à une princesse de la sérénité piétinée par un humain ou un animal. En s'écartant du camp, Thomas avait ramassé l'unique pétale encore intact car il dégageait une certaine quiétude qui l'avait apaisé.
- Il est pour toi, bredouilla Thomas en le lui tendant. Ce n'est pas grand-chose mais il atteste de mes excuses sincères.
Iris haussa légèrement les sourcils en contemplant ce qu'il restait de la fleur. Une chaleur naissante remplaça sa peur, tant et si bien qu'elle prit le pétale en question et l'observa avec surprise. N'importe qui aurait trouvé cela ridicule, sans doute. Cependant ce présent, d'une simplicité à l'apparence déconcertante, la toucha malgré tout. Lorsque Thomas osa ancrer ses yeux dans les siens, il ne put s'empêcher de ressentir une certaine tristesse car le regard de son amie ressemblait fortement à celui de son frère aîné, Dewan, bien que la couleur de leurs iris différât. Dans un geste hésitant et lent, il positionna sa main gauche au-dessus de son bras, là où se trouvaient son tatouage ainsi que sa peau recouverts de vêtements, puis une lueur bleue s'en dégagea et aveugla Iris sur le moment. Elle put, tout de même, voir une pierre ovale et verte se matérialiser sous ses yeux. Au premier abord, elle ressemblait à une gemme nox luminescente et polie par l'homme afin d'avoir cette forme. Thomas observa longuement ce qui lui permettait de survivre puis il la déposa au creux de ses mains. Tout d'abord, la châtaine eut le réflexe de les retirer, toutefois, au contact de l'objet, elle perçut une chaleur étonnante en émaner.
- Si je me fie à ce que me disait Gut'rah...
Ses yeux se mirent à briller d'un éclat qu'Iris n'avait vu que trop peu durant les mois précédents. Elle vit un sourire discret et réservé se dessiner sur ses lèvres pendant qu'il regardait ses mains tenant la pierre.
- Tu tiens mon véritable cœur entre tes mains, termina-t-il en essayant de dissimuler sa gêne.
- Ton... cœur ? répéta Iris qui observa la pierre avec inquiétude, cette fois-ci.
Thomas opina et lui donna quelques explications afin qu'elle comprenne mieux :
- La magie de la pierre d'énergie circule encore dans mon corps, c'est elle qui retient mon âme. Je peux survivre quelques minutes sans sa présence, mais je serai forcé de te la reprendre si tu ne veux pas me la rendre.
Il ne parla pas du programme contre l'autodestruction qui lui obligerait, justement, à récupérer la pierre de ses mains puisqu'il la lui avait confiée quelques instants. Suite à ces informations quelque peu déroutantes, la jeune fille avala difficilement sa salive et tendit la pierre ovale à son propriétaire.
- Reprends-la de suite, lui demanda-t-elle en sentant un changement dans son humeur. Je ne comprends pas pourquoi tu me donnes cette pierre alors que c'est elle qui te permet de vivre.
De plus, une magie inconnue la composait et Iris ne voulait pas connaître son processus de fabrication. Elle craignait d'apprendre de quelconques horreurs à ce propos, alors elle n'avait aucune envie d'en savoir plus. Toutefois, un doute s'installa chez elle à cause du mutisme prolongé de son camarade qui avait repris la pierre d'énergie. Il la dévisageait sans rien dire, comme s'il attendait un mot de sa part. Ce fut alors comme un éclair d'évidence qui traversa l'esprit d'Iris. Elle ne sut si les frissons qu'elle ressent appartenait au dégoût ou à autre chose inexplicable. Néanmoins la châtaine fit un pas en arrière et fronça les sourcils en signe d'incertitude.
- Thomas, ne me dis pas que tu... commença-t-elle malgré son hésitation.
Les yeux de l'archer s'agrandirent légèrement avant qu'il ne détourne le regard et exprime un malaise manifeste.
- Tu as des sentiments pour moi ?
Sa question maladroite et peu assurée n'encouragea guère le jeune homme à répondre. Il se retrouvait face à une réalité qu'il avait toujours refoulée à cause de son manque de confiance et d'estime pour lui-même. Ses craintes se réalisaient sous ses yeux en ce moment même : Iris paraissait rejeter ses sentiments et s'éloigner. Le silence de Thomas ne fut qu'une confirmation pour elle.
- Ce n'est pas possible, tu es une machine...
Ce mot était le dernier que le brun voulait entendre. S'il était encore humain, il en aurait eu les poils hérissés sous l'effet de la colère et de l'indignation. Son air se rembrunit et fit comprendre clairement à Iris qu'elle n'avait pas mesuré le poids, l'ampleur de ses propos.
- Une... machine ? articula-t-il distinctement en agrippant fermement son propre poignet pour se contenir. Même après tous ces moments passés ensemble au château, même après tous mes efforts pour vous prouver que je suis un être humain, tu me vois comme une machine...
Non, c'en fut trop pour lui, il ne put le supporter plus longtemps. Malgré le court moment de joie qu'il avait eu en reparlant à son amie, toutes ses souffrances intérieures refirent surface et éclatèrent au plus profond de lui-même.
- Quand va-t-on me considérer comme le garçon que je suis supposé être ?! s'écria-t-il, emporté dans son élan de tourment. J'ai toujours accepté que l'on me déshumanise après le meurtre de mon frère, c'était le prix à payer pour sa mort ! Les Soneaux de mon époque me voyaient comme un monstre, ils me traitaient avec froideur... Quant à mes créateurs, je n'étais qu'un vulgaire objet à leurs yeux !
Les éclats de sa voix suscitèrent de nouveau la peur d'Iris qui s'écarta un peu plus de lui et sentait les larmes lui monter aux yeux. Elle ne voulait pas que sa maladresse fasse exploser sa colère et qu'il s'en prenne à elle, une fois de plus. Partagé entre ses véritables désirs et la censure qu'il s'imposait à lui-même, Thomas prit sa tête entre ses mains et courba la nuque en serrant les dents.
- Je veux qu'on me regarde ! Je veux qu'on demande ma présence ! Qu'on me voit comme un égal, qu'on me rende ma véritable valeur !! Je veux retrouver mon corps et ma famille !
Un premier sanglot lui échappa et noua la gorge d'Iris qui n'avait plus les mots face à cette vision pénible à supporter.
- Je veux que l'on m'aime ! clama-t-il d'une voix brisée. Qu'on me dise... Qu'on me dise que j'ai de l'importance...
Il leva les yeux vers elle et les ancra dans les siens. Iris ne put se retenir plus longtemps face à la détresse de l'androïde : elle pleura à son tour car il la touchait et elle se sentait coupable, à tort, de sa situation. La lancière reconnaissait bien que Thomas avait des réactions humaines, ses larmes ne semblaient pas artificielles dans une telle situation, et ses iris bleus retranscrivaient un désespoir certain qu'il supportait depuis bien trop longtemps.
- Je veux seulement être considéré comme un humain... souffla-t-il difficilement en enfonçant davantage ses ongles dans sa peau.
L'archer se redressa complètement et cessa de pleurer, de manière brusque. Sa part d'Altaïr venait de prendre le dessus sans qu'il le veuille et son visage n'exprima plus aucune expression particulière, mise à part une froideur qui effraya Iris.
- En fin de compte, tu ne vaux pas mieux que mes créateurs, formula-t-il sur un ton sec qui la vexa.
Terriblement blessé et affecté par cette discussion qui n'aurait jamais dû avoir lieu, le brun s'enfuit sans même se retourner ou attendre de justification de sa part. Sans voix, Iris perdit son regard devant elle tandis que les larmes roulaient toujours sur ses joues. Son cœur meurtri battait fortement dans sa poitrine. Chaque coup lui rappelait à quel point elle avait été stupide voire odieuse avec lui. Mais il fallait la comprendre... En premier lieu, elle pensait avoir rencontré un garçon renfermé et peu confiant. Puis elle avait appris de sa bouche qu'il était l'assassin de son propre frère avant de savoir, deux mois plus tard, qu'il était une machine créée pour détruire les Gardiens. Altaïr avait tué des hommes et des femmes, et il avait manqué d'ôter la vie d'Iris et de Link. Comment ne pas avoir peur et douter de lui ? Cependant, après l'avoir vu autant rongé par la détresse et les remords, elle devait se rendre à l'évidence : Thomas avait une âme et demandait ce que n'importe quel humain voulait, c'est-à-dire un peu d'amour et de reconnaissance. La châtaine se souvint de la présence du pétale de fleur dans sa main. Elle déplia ses doigts et l'aperçut, froissé. Le voir dans cet état la peina encore plus et accrut sa colère envers elle-même.
oOo
Le squelette du plan d'évacuation et de protection de Zelda avait été mis en place. Après une longue concertation et plusieurs débats, une fois qu'Astrid fut partie en éclaireur, tout le monde se mit à l'œuvre pour se préparer. Selon les dires du général de Panah, elle fut effectivement éblouie par le puit de lumière, cependant elle avait pu déduire qu'il n'était pas encore midi. Cette information se montra utile pour ceux qui avaient la notion de temps : elle leur permit d'évaluer le nombre d'heures restantes afin de se préparer psychologiquement à leur fuite. Astrid ajouta, par ailleurs, qu'elle avait aperçu cinq Gardiens encore en fonction ainsi que de nombreux Corrompus. Malheureusement, elle fut incapable de les dénombrer à cause de la lumière qui l'avait aveuglée par la suite et forcée à rebrousser chemin. Suite à cela, Tavir autorisa l'accès à la cavité en question à toute la petite armée. En effet, il avait bouché l'une des entrées de cette autre grotte à l'aide d'une palissade comportant un semblant de porte en son centre. Ainsi, le camp se déplaça et commença à s'empreindre de cette nouvelle luminosité qui emplissait dorénavant l'espace. Nombreux furent les guerriers à garder les yeux fermés et à gémir de douleur, Ren n'en fut pas exclue. Pour eux, une lueur d'une telle intensité ne pouvait être réelle, tant et si bien qu'ils eurent du mal à croire que les habitants de la surface pouvaient la supporter quotidiennement sans perdre la vue. Quant à Zelda, elle bénissait en ce moment même le plus d'armes possibles.
Lorsque Link - se remettant toujours de ses blessures - retrouva son apprenti archer dépité, il pensa aussitôt que c'était dû à l'utilisation de sa pierre pour le guérir. Le Héros l'en remercia d'ailleurs chaleureusement mais comprit bien vite qu'il n'en était point question. Thomas lui parla, de manière vague, de sa discussion avec Iris qui ne s'était pas bien terminée, sans ajouter de détails sur les véritables raisons. Son supérieur en fut désolé et, malgré cela, il lui demanda s'il serait en mesure de se confronter aux Gardiens.
- Qu'attendez-vous exactement de moi ? le questionna le brun qui fuyait son regard.
- Dans le meilleur cas, que tu les immobilises. Mais puisque des soldats de Ganondorf sont aussi présents, je crains qu'ils ne se fassent corrompre.
Dans ce cas de figure, Thomas reconnut que pirater ces machines sheikahs ne serait pas d'une grande utilité. Leur destruction, en revanche, serait la meilleure solution bien qu'il fallût prendre en compte l'ampleur des explosions qui en résulteraient.
- Je me chargerai d'eux, déclara-t-il avec fermeté. Mais j'aimerais poser une condition.
Pas entièrement remis de son rétablissement, Link s'assit sur un rocher, attentif à la future requête de son apprenti. Au fond de lui-même, il se doutait de l'objet de sa demande même s'il espérait se tromper.
- Quoi qu'il advienne, aujourd'hui ou les prochains jours, ne vous préoccupez pas de moi. Contrairement à vous, je ne suis pas un élu des déesses. Ma perte n'aura aucune incidence sur la finalité de cette guerre, quelle qu'elle soit.
- Thomas !
Le chevalier ne lui cacha pas son indignation. Même si Thomas n'était qu'un simple soldat, il restait tout de même l'un de ses trois élèves. Certes, si la guerre était remportée, Link les congédierait car la princesse abandonnerait son titre. Mais les liens tissés entre eux quatre ne pouvaient être effacés si facilement sous prétexte que la mort en aurait emporté un. Sa requête affectait donc l'Hylien qui voulut dissuader Thomas de commettre une quelconque bêtise, cependant le brun recula d'un pas et le regarda droit dans les yeux.
- Ne vous attachez plus à moi alors que vous savez qu'il est déjà trop tard. Personne ne pourra m'aider.
Sa voix trembla à la fin de sa phrase et témoigna du mal qu'il éprouvait à accepter cette énième réalité.
- De toute manière, je ne veux pas être sauvé...
L'androïde hocha négativement la tête et se mit de profil par rapport à son capitaine dont la gorge, devenue sèche, fut de plus en plus désagréable à supporter. Link avait immédiatement compris qu'il ne voulait pas être sauvé en acquérant, par exemple, une nouvelle pierre d'énergie. Le vœu le plus cher de Thomas, à cet instant-là, était de voir son âme libérée le plus tôt possible. Après tout, il savait ce qui l'attendait dans l'Au-Delà. L'Alpha serait là pour l'accueillir une deuxième fois et de façon définitive.
- Je... désapprouve ce que tu me demandes, lui avoua Link en fronçant les sourcils. Tu en as conscience ?
- Oui. Mais pour le bien de la princesse et du royaume, je sais que vous allez accepter.
Link émit un soupir de regret puis il posa une main sur son avant-bras marqué par le sceau gardien. En effet, il ne pouvait refuser. Thomas pourrait sauver tant de vies grâce à ses capacités et sa lance, il serait donc stupide de se laisser guider uniquement par ses sentiments et non pas sa raison. Le chevalier lui accorda son souhait après l'avoir prié de rester prudent, ce à quoi Thomas ne donna aucune réponse. Il se contenta de dépasser son supérieur et de s'éloigner sans un mot. Pendant que Link le suivit du regard, de loin, Zelda le rejoignit après avoir béni un grand nombre d'armes et elle s'assit à ses côtés avant de poser sa tête contre son épaule. De longues minutes s'écoulèrent ainsi, sans qu'aucun d'eux ne parle ou ne bouge. La jeune femme entremêla les doigts de sa main droite avec celle de Link, rassuré par la présence et la proximité de sa compagne.
- J'ai cru te perdre une deuxième fois, dit-elle presque dans un murmure afin de ne pas briser l'accalmie des lieux. Je n'avais pas eu aussi peur depuis des années...
Et cela, sans mauvais jeu de mots. Elle sentit la main de son fiancé se crisper au sein de la sienne. Lui aussi avait eu peur en voyant ce meurtrier surgir tout à coup. Pis, l'idée même de perdre Zelda dans la bataille future le terrorisait au point de lui couper tout appétit et de le rendre malade. Link savait pertinemment qu'il connaîtrait des pertes s'il parvenait jusqu'à Ganondorf. Il serait trop beau que tout le monde survive... Après la mort de son père, de ses deux meilleurs amis, des autres prodiges et du roi, un siècle auparavant, le chevalier connaissait parfaitement les douleurs de la guerre et les stigmates qu'elle laissait derrière son passage.
- Maintenant que nous sommes réunis, seule la mort pourra nous séparer, énonça-t-il en laissant sa tête appuyer contre la sienne. Je ferai tout pour que cela n'arrive pas, je ne faillirai pas une fois de plus.
Ses paroles attristèrent Zelda car elle avait le sentiment qu'elle ne survivrait pas à ce conflit. Bien entendu, elle se battrait corps et âme pour vaincre Ganondorf et le sceller. Mais... si elle ne parvenait pas à imaginer une vie future auprès de Link, c'était sans doute car il n'y avait aucun futur pour elle. L'Hylienne attira la main de son fiancé vers elle puis la posa contre son ventre légèrement arrondi, ce qui accéléra inévitablement le rythme cardiaque du jeune homme.
- Battons-nous aussi pour lui.
Le souffle de Link se coupa sur le moment. Zelda ne voulait pas lui dire que leur fils mourrait dès l'instant où elle exploiterait le sceau divin ou dès qu'il naîtrait. Après tout, son compagnon n'avait pas à savoir une chose aussi grave et terrible pour le moment. Il peinait déjà bien assez à assumer son futur rôle. Elle ne lui partagea pas non plus ses doutes quant à sa propre survie ; Zelda voulait que Link brandisse la lame purificatrice pour sauver, avant tout, le royaume. Car elle restait encore la princesse et elle se devait de protéger son peuple. Elle sentit l'Hylien la serrait davantage contre lui, lui signifiant qu'il se battrait pour leur famille. Même s'ils n'avaient tous les deux que vingt ans et qu'ils auraient préféré profiter de leur jeunesse avant d'accueillir un nouvel être, ils avaient la force d'accepter l'existence de cet enfant. Après tout, le jeune couple partageait et partagerait toujours leur devoir ainsi que leur destin. C'était bien pour cela qu'ils s'étaient fiancés. Au moment où Link s'apprêtait à lui répondre avec clarté, Elzier fit son apparition soudainement et bondit devant eux. Encore peu à l'aise avec ce genre de créature, Zelda sursauta et s'écarta de Link dans un mouvement instinctif.
- Une formation d'elvëschs est bien en route, lui annonça-t-il sur un ton grincheux. Olympe a réussi sa mission.
Avec étonnement, Link observait la fillette assise sur le dos d'Elzier et qui, manifestement, adorait cette nouvelle place. Était-ce la petite-fille d'Omi ? Il n'y avait qu'un seul enfant dans ce camp, ce ne pouvait être qu'elle.
- Je suis soulagé de l'apprendre, répondit le Héros qui regardait toujours Lasya. T'a-t-elle donné des nouvelles sur l'avancée de la guerre ?
Les oreilles de la créature se tirèrent vers l'arrière suite à cette question.
- Non, aucune, mentit Elzier qui commença à faire demi-tour. Pour le moment, tâche de sortir vivant d'ici avec la descendante de la déesse. C'est tout ce qui compte.
Sur son dos, Lasya lui donna deux coups de pieds simultanés et pointa le chemin en face avec engouement.
- Allez, avance ! Je veux voir comment tu voles, lui rappela-t-elle avec une humeur excellente.
- Plus agaçante qu'Olympe au même âge, c'est donc possible ?! Invivable, cette gamine.
L'elvësch émit un grognement rauque qui attestait de son mécontentement puis il reprit sa route en sermonnant la petite fille qui ne cachait pas sa joie. Tout de même attendrie, Zelda esquissa un sourire qui n'échappa pas au Héros. Après tout ce temps séparés, revoir une telle expression sur son visage lui fit chaud au cœur et le conforta dans un sentiment de bien-être et de sécurité. Leur regard se croisa une nouvelle fois, et tous deux surent qu'ils étaient prêts à surmonter les obstacles futurs, main dans la main.
oOo
L'heure fut venue. Tous les guerriers se tinrent prêts à s'engouffrer dans la cavité où se trouvait leur salut. Après être restés non loin plusieurs heures, leur vue avait pu légèrement s'adapter bien que la lumière extérieure poserait tout de même problème. L'intensité du crépuscule leur ferait mal aux yeux, personne ne pouvait le nier. Ce fut pourquoi les elvëschs leur permettraient de s'enfuir en toute sécurité une fois dehors : ils seraient leur guide vers de nouveaux horizons. Astrid et Elzier informeraient tout le monde dès que les créatures seraient là afin que leur stratégie se déroule avec la plus grande des précisions. Le plan consistait à se déplacer en une formation nommé « triangle ». En son centre résideraient les deux élus afin qu'ils soient protégés. Cependant, afin de dissimuler leur identité aux ennemis, ils porteraient des fourrures sur leurs habits ainsi qu'une peau de bête sur leur tête. Elzier serait parmi eux avec Pahya : dès qu'ils en auraient la capacité, la Sheikah lui redonnerait sa taille d'origine dans le but qu'il transporte le Héros, la princesse ainsi que Lasya car elle devait être rapidement mise à l'abri. Pour que tout cela se passe au mieux, les guerriers soneaux, disposés donc en « triangle » les protègeraient contre les assauts probables à leur encontre. Cette formation leur permettrait notamment d'avancer plus vite et d'être plus efficaces dans leur défense.
Puisqu'ils longeraient la paroi sur leur gauche, Thomas avait été placé au sommet droit du triangle. De ce fait, il aurait accès plus facilement aux Gardiens qui se dresseraient sur leur route. Quant à Astrid, Iris et Léon, ils composaient la garde rapprochée des deux élus. Ren, de son côté, s'était dévouée pour se placer en première ligne et montrer la voie. Comme ses semblables, elle avait ajouté quelques peintures de guerre sur ses bras et son visage, de sorte que cela impressionne l'ennemi. Bien entendu, les Corrompus n'en auraient que faire, mais ces tatouages éphémères donnaient du courage aux Soneaux qui voulaient combattre au nom de la déesse Hylia.
Lorsqu'ils franchirent l'entrée de la nouvelle caverne, les pupilles de chacun se rétractèrent et ils furent forcés de plisser les yeux malgré tout. En milieu de formation, Astrid sortit un sifflet de sa poche puis souffla dedans. Aucun son ne se produisit. Du moins, il ne fut pas audible par les humains. À ses côtés, Elzier tendit les oreilles vers l'avant et poussa sa concentration au maximum. Finalement, il se tourna vers Ren puis hocha simplement la tête.
- Ils sont là, dit Astrid dont l'expression s'assombrit davantage. Les elvëschs descendront dès que nous serons au bon emplacement.
Malgré son cœur qui s'emportait dans sa poitrine, Ren attrapa sa hache puis la leva vers la voûte.
- Protégez Zelda et Link au péril de votre vie ! s'écria-t-elle afin d'être entendue par tous. L'ennemi ne doit pas percer nos rangs.
Avec force et conviction, elle frappa son arme contre sa poitrine puis la brandit encore avant de s'exclamer :
- La déesse est avec nous, n'ayez crainte !
Son regard se posa sur Soran, au loin, qui était toujours maintenu et surveillé par trois gardes. Zelda n'avait pu se soustraire à le laisser ici et à être tué par les Corrompus. Même s'il avait failli assassiner Link, elle ne pouvait pas l'abandonner aux mains de la mort après avoir eu connaissance de son histoire. Une fois que tout le monde serait en lieu sûr, elle ferait enfermer l'enfant gardien et l'obligerait à guider Link pour qu'il puisse se servir de Sokyn, le moment venu. Quelqu'un décidera de son sort une fois la guerre remportée et terminée. Ren ne rompit pas ce contact visuel avec le brun qui l'observait mauvaisement.
- En avant !! ordonna-t-elle avant de faire volte-face et de donner le rythme de la marche.
Le plus silencieusement possible, tous se mirent à trottiner vers leur destination. Celle-ci se trouvait environ à un quart d'heure. Il faudrait donc tenir jusque-là et surveiller sans cesse les environs. Seule Lasya s'était permise de monter Elzier car elle n'était pas assez endurante pour courir aussi longtemps à une telle allure. De son côté, Thomas percevait très bien les âmes des soldats de corruption qui les attendaient. Ils étaient près d'une centaine environ mais impossible d'avoir le nombre exact. En vérité, maintenant que sa lance avait été bénie par la princesse, il pouvait se permettre de libérer ces hommes forcés de combattre pour le seigneur du Malin. Cependant là n'était pas la mission donnée par Link. L'androïde devait se focaliser essentiellement sur les Gardiens qu'ils croiseraient.
Pendant qu'il courait, il fit tournoyer sa main et une fumée bleutée se présenta à ses côtés, se déplaçant à la même vitesse et en planant. Peu à peu, elle prit la forme d'un renard qui bondissait afin de suivre son rythme.
- Tu sais ce qu'il te reste à faire, lui dit l'archer qui ne s'essoufflait pas.
Dans un silence propre aux esprits, le renard accéléra soudainement puis partit à l'avant avant de disparaître derrière de grandes gemmes nox. La lumière extérieure et orangée, qui baignait la cavité, enlevait tout le charme naturel de cet endroit. Les pierres et la flore luminescentes ne brillaient plus de leur éclat habituel et semblaient bien ternes. Ils se rapprochaient peu à peu de l'ouverture reliant la surface aux sous-sols d'Hyrule. Certains Soneaux plaçaient déjà leur main sur leur front afin d'atténuer l'aveuglement progressif.
Thomas avait le temps de découvrir cet endroit qu'il n'avait encore jamais foulé. Un désert fait de rochers, voilà ce que c'était. Il n'y avait aucune nature, aucune racine tombant de la voûte, aucune mousse par terre. À de rares endroits, des arcades construites par les Sheikahs les surplombaient. En dix mille ans, la roche s'était érodée, certains blocs de pierre s'étaient effondrés bien que les arches tinssent toujours. Et de temps à autre, la carcasse d'un Gardien inactif depuis des millénaires se dessinait au loin. Tout en courant, les guerriers évitaient des débris de la voûte ou des gisements de minerais. Ils guettaient les environs, écoutaient les bruits de leur déplacement et veillaient à ne pas parler entre eux. Puis au loin, ils finirent enfin par discerner l'immense brèche causée par l'envol du château, bien que le ciel ne se voyait pas encore de leur angle de vue. Ils seraient bientôt temps pour les elvëschs d'arriver et d'évacuer les troupes.
Pris d'un grave pressentiment qui lui aurait saisi les tripes de son vivant, Thomas ralentit son allure en fixant l'autre paroi, sur sa droite. Elle se trouvait à plus de cent mètres et ne montrait aucun signe de vie, ce qui devrait rassurer l'androïde. Cependant, l'esprit invoqué ne revenait toujours pas après une dizaine de minutes. Leurs ennemis... n'étaient pas que de simples Corrompus. Son programme d'identification du danger s'activa aussitôt, tant et si bien que le brun s'empara de sa lance et la fit léviter avant de crier :
- C'est un piège !
Les Soneaux autour de lui le regardèrent avec interrogation avant de prendre la menace avec sérieux. Aussitôt, ils prirent en main leur lance, leur hache ou leur arc sans s'arrêter de courir puis ils se tinrent prêts. Dès l'instant où Link jeta un regard à son apprenti - car la réaction des guerriers avait été claire pour lui -, il vit une silhouette se dresser sur leur droite, l'arc bandé, puis elle décocha sa flèche qui vint se loger dans le bras de Thomas. Déséquilibré malgré l'absence de douleur, il tituba puis se rattrapa du mieux qu'il put à une femme venue lui prêter main forte. Elle reconnut aussitôt la forme de la flèche, et cela lui glaça le sang.
- Des guerriers du clan de Dein... ! s'exclama-t-elle avant d'être frappée à son tour par une flèche en plein cou.
Une vague de panique s'empara des rangs au même moment, d'autres silhouettes sortirent de leur cachette et visèrent ceux qui combattaient au nom d'Hylia. Immédiatement, Ren ordonna à un groupe de l'aile droite de s'occuper des Soneaux de Deinur et de s'en débarrasser au plus vite. Elle regarda ensuite par-dessus son épaule et vit Link prendre Zelda contre lui afin d'être sa protection, en plus du bouclier d'Hylia. À ses côtés, parmi tout le chahut au sein de leur armée, Astrid souffla une nouvelle fois dans son sifflet puis elle dégaina son épée : face à eux, les Corrompus venaient d'apparaître et couraient dans leur direction. Pris en tenaille et au piège, les guerriers de Zelda n'avaient d'autres choix que de se battre sur deux fronts. Ils n'avaient pas anticipé que les Soneaux de Deinur viendraient s'attaquer à eux, en particulier car ils habitaient sous la région d'Hébra en temps normal, et Zelda n'était pas allée là-bas afin de chercher des renforts.
De son côté, Thomas était tombé car la femme touchée par la flèche s'était écroulée en le tenant. Le brun sentit son processus de guérison s'activer lorsqu'il retira le projectile de son bras. Cependant, ce n'était pas une guérison locale, comme si son corps avait été entièrement touché alors qu'il ne s'agissait que d'une simple flèche. Tandis que la formation s'éloignait de lui pour poursuivre son chemin, l'androïde se figea en comprenant : les pointes avaient été enduites d'un poison puissant capable de tuer un adulte en moins d'une minute. Cette méthode était d'une efficacité redoutable face à des guerriers vêtus de peaux de bête et d'os au lieu d'armures. Tous encouraient un grave danger.
Tu dois m'accepter si tu veux les sauver.
Thomas serra les dents, se releva soudainement puis se remit à courir de toutes ses forces. Sa condition de machine lui permettait de ne pas s'essouffler et d'acquérir une endurance supérieure à un humain.
Toi et moi ne formons qu'une seule et même personne.
Le brun ferma les yeux et se maudit d'entendre Altaïr parler. Devant lui, plusieurs corps jonchaient déjà le chemin, les cris de douleur résonnaient entre les parois en même temps que l'entrechoquements des armes.
Accepte-moi et prouve-toi que tu peux surpasser les fantômes du passé.
Sur sa droite, Thomas distingua parfaitement les archers ennemis qui ciblaient leur formation. Il savait pertinemment que d'autres se cachaient plus loin et attendaient le meilleur moment pour agir, c'est-à-dire lorsque leur petite armée serait diminuée en nombre et donc affaiblie. Link lui avait demandé de s'occuper des Gardiens quand ils apparaîtraient. Seulement à cet instant-là, les humains restaient les plus dangereux. Les yeux du jeune homme s'humidifièrent tandis que sa lance se tenait à ses côtés pendant sa course. Un chevalier devait faire des sacrifices pour défendre la cause qui lui tenait à cœur. Dorénavant, Thomas se battait selon ce que Link attendait de lui. Il ne laisserait plus Orion guider ses gestes...
L'androïde élança son bras vers l'avant et sa lance fendit l'air en direction de ses ennemis. D'un coup sec, elle perça le flanc d'une femme qui hurla de douleur avant que l'arme ne se retire brusquement. Aussitôt, cette dernière plongea vers un autre archer et lui lacéra la poitrine sans une once d'hésitation. Les Soneaux de Deinur n'eurent guère le temps de comprendre ce qu'il se passait. Un jeune homme brun apparut soudainement au-dessus d'eux après avoir sauté par-dessus le rocher qui les dissimulait. En plein vol, la lance se logea brutalement dans sa main puis Thomas l'abattit de lui-même sur l'homme en-dessous de ses pieds. Il percuta lourdement son corps et chuta au sol avec lui avant de se relever et de précipiter sa lance dans le thorax d'un autre ennemi. Deux flèches vinrent se planter dans son dos mais n'eurent aucun effet, ce qui effraya les Soneaux restants. Le regard que leur adressa Altaïr les paralysèrent sur le moment et leur donnèrent l'intime conviction que leur heure était venue. La lance qui leur trancha la gorge leur donna raison.
De son côté, Ren se confrontait aux Corrompus qui lui barraient la route. Elle les écrasait de sa hache en poussant des exclamations étouffées à chaque coup asséné. Entourée par d'autres deraïrs comme Aeri ou Makaio, elle faisait preuve de combativité au nom de la déesse. Et lorsqu'elle vit un premier elvësch passer la brèche, son cœur s'emplit d'espoir, sa motivation fut décuplée et lui octroya une peu plus de force. Dans un élan de rage, elle enfonça profondément sa hache vers le cœur supposé d'un soldat du néant puis elle la retira en criant afin d'évacuer sa pression. Elle eut à peine le temps de voir l'âme être libérée et s'envoler. Son attention fut accaparée par la créature immense qui fondait vers eux afin de venir récupérer des premiers soldats.
Tout à coup, une autre lumière aveuglante, différente de celle du crépuscule, emplit l'espace puis fut suivie par le son d'une explosion. L'elvësch fut touché de plein fouet par le rayon destructeur d'un Gardien. Face à la scène épouvantable et sanglante qui venait de se dérouler sous ses yeux, Zelda plaqua une main sur sa bouche et sentit ses jambes lâcher sous son propre poids. Link eut tout juste le temps de la rattraper et de la poser sur le dos d'Elzier. Pendant qu'il courait en commençant à haleter, il prit la main de sa fiancée et l'embrassa hâtivement, ce qui effara la jeune femme.
- L... Link ! Que fais-tu ?!
- Tu n'as plus la force de courir, lui dit-il malgré son souffle court.
Sous la jeune femme, Elzier avait été horrifié de voir l'un des siens mourir dans des conditions aussi atroces. Cela lui donna l'envie d'annihiler tous les Gardiens, tous les Corrompus jusqu'au dernier pour avoir osé tuer un membre de son espèce. Il rugit de colère et jeta un regard noir à Pahya qui ne pouvait toujours pas lui donner sa taille originelle. Il faudrait attendre encore un peu. Voyant que ses alliés soneaux repoussaient bien trop difficilement l'assaut de leurs congénères de Deinur, Link n'hésita pas une seconde : il se précipita vers eux et engagea le combat afin d'occire ceux qui se rapprochaient trop du centre de la formation.
De son côté, Thomas avait vu le rayon destructeur du Gardien. Ces machines de métal les attendaient au pied de l'ouverture vers le ciel, il n'en doutait pas. Et elles tireraient sur tous les elvëschs qui y passeraient. Le brun s'élança vers elles, il passa devant Link qui eut tout juste le temps de l'apercevoir avant qu'il ne disparaisse parmi tous les combattants. Maintenant que la petite armée approchait de plus en plus de la brèche, les Gardiens commencèrent à les prendre pour cible puisque plus aucun elvësch ne descendait pour le moment. Thomas vit nettement l'un d'eux charger un nouveau rayon et il comprit qu'il était infecté par la corruption. Un léger éclat sortit de l'œil unique du Gardien puis fusa en direction de Ren et ses alliés. Immédiatement, l'androïde élança son bras gauche sur le côté puis Œbnis se forma, tel un mur qui encaissa le rayon d'énergie. Ce dernier fut automatiquement aspiré puis la protection vitreuse diminua drastiquement de taille, jusqu'à devenir une flèche. Thomas l'attrapa avec calme pour garder le contrôle de lui-même, agrippa son arc puis s'accroupit dans la foulée en visant son ennemi. Sa flèche verte et lumineuse fut décochée sans tarder avant de percuter puissamment la tête du Gardien. Cette contre-attaque lui renvoya sa propre force de tir et le propulsa en arrière sous l'effet de la magie de la flèche.
Il ne restait plus que quatre robots à anéantir et parmi eux, un seul n'avait toujours pas été corrompu car il était incrusté dans la voûte et la corruption des soldats du néant n'avait pu l'atteindre. Sans hésiter, Thomas projeta sa lance dans sa direction puis il bondit sur le côté afin d'esquiver l'assaut d'un Corrompu. Le jeune homme le savait : s'il était touché par la corruption, Ganondorf s'emparerait de lui. Seule sa lance avait été bénie, pas son corps. Son arme perça la coque du Gardien puis lui insuffla le programme désiré. Aussitôt, le robot pivota sur lui-même, changeant de cible, puis il visa le Corrompu précédent qui vola en éclats. Voilà qui devrait aider les alliés de Zelda. Thomas n'eut qu'à pointer les trois Gardiens restants pour que celui en sa possession les détruise. Mais, alors qu'il assistait à un échange de tirs puissants et aveuglants, Caï se présenta sous la brèche, au centre du cercle de lumière orangée. Derrière elle, d'autres Soneaux arrivèrent à leur tour, jusqu'alors dissimulés par des débris causés par l'élévation du château. Cette vision aurait coupé le souffle du brun. Il était trop tard pour faire marche arrière, Link et Zelda devaient impérativement monter Elzier et s'échapper grâce à lui.
- Pahya !! s'époumona Thomas en se tournant vers elle.
La Sheikah sut alors qu'il était temps d'intervenir et elle s'adressa à Elzier :
- Va chercher Link !
La créature hocha la tête puis bondit en direction du Héros qui se battait avec toujours autant d'ardeur. Au même moment, une trentaine d'elvëschs apparurent au-dessus de l'ouverture immense, ce qui obscurcit la cavité et rendit l'ambiance encore plus sinistre. Peu à peu, ils fondirent en direction des souterrains et se dirigèrent vers l'armée de Zelda. Les soldats de Caï tentèrent de les cribler de leurs flèches malgré leur taille imposante. Alerté par un carnage éventuel, Thomas ordonna à son Gardien de tirer en sa direction. Il invoqua Œbnis par la même occasion et aspira une quantité considérable d'énergie qu'il transforma en lances. Sans attendre, il les projeta vers les nouveaux ennemis pour les disperser et les couper dans leurs attaques. Caï tiqua avant d'apercevoir son homologue. Bien, elle s'occuperait de lui une bonne fois pour toutes ! Elle tira son épée de son fourreau puis vociféra dans sa direction :
- Altaïr !
Les archers ayant été dispersés, l'arrêt des flèches permit aux elvëschs d'atteindre leurs alliés. Le sol trembla lorsqu'ils s'y posèrent et ils invitèrent les combattants de Zelda à monter sur leur dos. Elzier, quant à lui, portait dorénavant les deux élus ainsi que Lasya, et cela lui pesait considérablement au vu de sa taille. Il fit plusieurs bonds rapides pour revenir vers Pahya qui se mit à courir à ses côtés pendant qu'ils se dirigeaient vers la brèche. La Sheikah posa une main sur l'abdomen blanc de l'animal puis tâcha de se concentrer au mieux afin d'annuler son sortilège. En quelques instants, Elzier commença à regagner peu à peu sa morphologie originelle. Pahya usa de sa téléportation à courte distance pour réapparaître sur son dos où elle s'accrocha à son pelage. Assis devant elle et malgré les cris aux alentours, Link ordonna à Léon, Astrid et Iris de monter immédiatement sur un elvësch.
Elzier poursuivit sa course folle puis il battit puissamment des ailes dans le but de s'élever dans les airs et de s'envoler vers l'ouverture. Une flèche frôla Zelda et lui arracha un cri de peur. Rien n'était terminé. Link se plaqua contre elle et la força à se baisser, les archers ennemis auraient bien plus de mal à les viser au vu de leur vitesse et de leur gabarit. Mais à leurs côtés, le Héros entendit le rugissement d'un elvësch touché par de multiples flèches. Voir un animal de cette dimension chuter, après quelques dizaine de secondes et d'aussi infimes blessures pour lui, glaça le sang du chevalier qui comprit quel avait été le processus de fabrication des pointes. De plus, il retint son souffle lorsqu'il vit Thomas, bien plus bas maintenant, écarter les bras et invoquer un esprit immense. Un dragon d'Aurean se forma en quelques instants puis s'élança vers les Soneaux ennemis qui protégeaient la brèche. Épouvantés face à un animal aussi grand et terrifiant, ils se jetèrent au sol sans même comprendre qu'il était immatériel. Cela laisserait un moment de répit aux élus pour quitter Delteha. Seule Caï riait d'amusement et d'admiration face à l'invocation de cette bête qu'elle avait tuée par le passé. Jamais elle n'aurait pensé revoir ce stupide dragon un jour.
Néanmoins, elle ne se laisserait pas tromper par un pauvre esprit. La guerrière arracha l'arc d'un Soneau effrayé puis elle visa Elzier. Les élus pensaient la duper avec de misérables fourrures ? Tant pis pour eux ! Ils en paieraient le prix et sauraient qu'il ne fallait pas la sous-estimer.
- Non !! hurla Thomas dont la lance fondit vers elle.
Déconcentrée, Caï relâcha la pression sur sa corde qui décocha la flèche, puis elle se jeta à terre pour éviter l'arme de l'androïde. Elle entendit alors une plainte aiguë provenant du ciel, ce qui la fit grimacer de mécontentement. Caï avait raté sa cible à cause d'Altaïr, cela éveilla de nouveau sa colère contre lui. Quant au brun, ce qu'il venait de voir l'affola et l'horrifia. Tant qu'il restait du temps, il devait la sauver. Il se précipita vers un elvësch posé non loin et qui accueillait plusieurs Soneaux sur son dos.
- Rejoins le Héros et la princesse, vite ! lui ordonna-t-il dans sa panique et sa hâte.
L'animal grogna puis se propulsa dans les airs avant de s'envoler à son tour. Quelques instants plus tôt, les cavaliers d'Elzier n'étaient plus qu'à quelques mètres de discerner enfin le ciel, et donc la sortie. Soudain, Lasya poussa un cri strident et porta aussitôt ses petites mains sur son flanc meurtri par une flèche. Dans son dos, le cœur de Zelda rata un battement et ses pupilles se rétractèrent d'autant plus sous l'effroi.
- Lasya ! s'affola-t-elle en se penchant vers son corps frêle.
L'enfant se laissa tomber sur le ventre, contre la nuque d'Elzier, tandis qu'un filet de sang s'écoulait sous la robe tachée de rouge. Dans un geste vif, Zelda arracha la flèche puis appuya sur sa peau afin de contenir le saignement. Au même instant, l'elvësch quitta les souterrains et fut enfin à l'air libre, perdu au milieu d'un paysage désolé auquel les Hyruliens ne prêtèrent aucune attention tant ils étaient choqués. Paniquée par la blessure de la fillette, la princesse pressait ses mains de toutes ses forces contre son ventre et tâchait de la rassurer :
- Ce n'est... Ce n'est qu'une flèche, Lasya ! Ne t'inquiète pas, la blessure n'est pas mortelle !
Elle la prit dans ses bras et la tourna vers elle. Lasya pleurait à cause de la douleur qui lui donnait l'impression d'embraser son abdomen et de la brûler de l'intérieur. Elle poussait des gémissements entre ses expirations bruyantes et saccadées. Mais étrangement, peu à peu, ses maux semblaient s'atténuer grâce à Zelda et à ses mains. Les brûlures de son ventre laissèrent place à une douce chaleur qui caressait son visage en plus d'une lueur qui traversait ses paupières closes. Malgré son rythme cardiaque qui se calmait et ralentissait, Lasya ouvrit les yeux et découvrit le ciel, cette étendue inatteignable sans limite. Ses teintes orangée et rosée gonflèrent son cœur d'une joie et d'un soulagement dont elle rêvait depuis qu'elle l'imaginait. Son regard se perdit dans son immensité, Lasya n'écoutait même plus les paroles rassurantes de son amie qui, elle aussi, pleurait.
- Zelda, l'appela-t-elle en esquissant un sourire léger alors que la douleur disparaissait complètement.
La princesse se tut et retint son souffle. Le vent soulevait ses cheveux et balayait ses fourrures vers l'arrière. La jeune altozienne n'avait pas conscience de ce qu'il lui arrivait. Elle contemplait avec ravissement les couleurs orange et rose qui la surplombaient et la berçaient dans un sentiment de plénitude.
- Le ciel... Il est si beau...
Zelda se figea et dévisagea la petite fille dont ses iris d'ambre restaient rivées au-dessus de sa tête. Elle vit son regard s'éteindre devant elle alors que les derniers rayons de soleil les englobaient d'une chaleur presque glaciale pour l'Hylienne. Ses lèvres frémirent lorsqu'elle remarqua l'immobilité de Lasya en dépit de ses yeux et de sa bouche entrouverts.
- Non... souffla-t-elle tandis que sa gorge s'assécha soudainement.
La jeune femme secoua doucement le corps de l'enfant, son visage se décomposa et ses traits se tirèrent avant qu'elle n'éclate en sanglots et la serre contre elle. Derrière elle, Pahya et Link ne bougeaient plus, sidérés par ce qui venait de se produire. Ils n'arrivaient toujours pas à croire qu'ils avaient assisté au décès d'une enfant, un être innocent dans une guerre qui la dépassait. Soudainement, un elvësch apparut à côté d'Elzier et une silhouette bondit sur son cou. Thomas s'y accrocha de toutes ses forces puis parvint à s'asseoir face à Zelda. Lorsqu'il vit l'altozienne dans ses bras, des larmes de déception et de colère contre lui-même lui montèrent aux yeux. Il arrivait trop tard...
Tandis qu'Elzier prenait de plus en plus d'altitude, Thomas entendait les pleurs de la princesse. Des pleurs qui semblaient poignarder son cœur artificiel, des pleurs difficilement supportables. Zelda, perdue dans son chagrin, le laissa faire lorsqu'il passa une main au-dessus de la poitrine de l'enfant. Doucement, une fumée bleutée en sortit et coupa la respiration de la princesse. Thomas la guida vers le ciel puis la regarda s'élever lentement avant de se dissiper.
- Adieu... prononça-t-il d'une voix enrouée.
Le cœur de l'Hylienne se serra si fortement qu'elle crut qu'il s'arrêterait. Ses yeux se plissèrent puis elle rabattit sa tête contre celle de la fillette.
- Lasya, non !! hurla-t-elle désespérément.
Son cri parvint à Ren, toujours dans Delteha. Elle ne l'entendit pas : elle le ressentit. Alors qu'elle se battait encore contre les Corrompus pour permettre à ses alliés de quitter sains et saufs les souterrains, la deraïr tomba à genoux puis elle agrippa fermement la peau de bête qui recouvrait sa poitrine. Son cœur devint vide si brusquement qu'elle en eut des vertiges et crut que tout ce qu'elle vivait... n'était qu'un stupide rêve. Sa respiration accéléra soudainement jusqu'à devenir sifflante et douloureuse. Ses mains se mirent à trembler tant et si bien qu'elle faillit lâcher sa hache. Lasya avait été tuée ? Elle revit cette enfant qui avait grandi et s'était construite dans leur village malgré sa différence. Cette vision brisa le coeur de Ren dont la haine fit brusquement surface en son sein. Une haine inarrêtable contre les Soneaux qui avaient arraché la vie d'une gamine. Accablée par tant de sentiments dangereux, la guerrière prit sa tête entre ses mains et enfonça ses doigts dans ses joues pour les contenir. Malgré sa lutte acharnée, elle poussa un cri de rage à s'en déchirer les poumons. Aussitôt, une brume mortelle se forma autour d'elle et se répandit, telle une vague déferlant sur une plage. Que ce soit ses alliés ou les Soneaux ennemis restants, tous furent plongés dans ce brouillard empoisonné qui les firent tousser fortement. Ils furent asphyxiés, rongés de l'intérieur par un poison qui ne les épargnerait certainement pas. La brume qui gagnait en surface n'épargna personne. Du moins, pas les véritables humains. Les Corrompus ne tardèrent pas à entourer la deraïr, toujours agenouillée et perdue dans sa haine. Parmi eux, Caï arriva à son tour et manifestait sans gêne sa fureur. Elle qui était si près du but, les élus et Altaïr lui avaient échappé. Les guerriers, qu'elle avait « recrutés », avaient tous péri subitement. Il ne restait plus que la cheffe d'Altoz.
- Encore toi, siffla Caï qui se souvenait parfaitement d'elle. Tu m'as menti cette fois-là, tu n'aurais jamais dû.
Elle vit Ren se crisper bien qu'elle ne levât pas la tête vers elle.
- Comme promis, je me suis chargée personnellement de raser ton village. Il ne doit pas y avoir beaucoup de survivants, quel dommage...
Dans un rugissement bestial, la deraïr bondit vers elle et enfonça sa hache dans la poitrine. Les Corrompus voulurent se jeter sur cette effrontée afin de venger leur général, cependant cette dernière leur fit signe de rester à leur place. Haletante, Ren s'accrochait à son arme et fixait le surcot noir recouvrant le jaque de Caï. Pourquoi ne vacillait-elle pas après un tel coup ? Pourquoi cette démone vivait-elle toujours ?!
- Permets-moi de te montrer comment tuer un pitoyable mortel, susurra l'androïde qui posa une main sur la tête de la hache.
D'un geste brutal, elle attrapa Ren par le cou puis la plaqua au sol avec violence. La respiration de l'altozienne se coupa sous l'effet du choc tandis que ses yeux s'écarquillèrent à cause de la douleur qui lui remonta le dos. Elle poussa une plainte étranglée et n'eut pas le temps de se relever pour se défendre. Caï prit son épée par la lame et écrasa plusieurs fois le pommeau sur les jambes de sa proie qui hurla de souffrance en essayant de se débattre, en vain. Lorsque plusieurs craquements eurent lieu, ses cris s'intensifièrent alors que l'épée de l'androïde se teintait de son sang. Caï arrêta son acharnement après de longs instants interminables puis essuya son visage en observant la Soneau mutilée à ses pieds. Cette dernière pleurait tant elle avait aussi mal physiquement que psychologiquement. Malgré ses jambes brisées dont les soldats du néant pouvaient voir la chair, elle tenta de ramper pour fuir. Son bourreau ne lui accorda pas ce cadeau. Elle abattit son pied dans la cage thoracique de Ren et la fit rouler au sol.
La jeune cheffe fut prise d'une quinte de toux avant de cracher du sang et de s'étouffer en partie avec. La peur de mourir lui noua le ventre et engendra de nouvelles larmes qui n'émut personne. Ren se figea quand la pointe de l'épée se posa contre le bas de son dos puis remonta lentement le long de son échine avant de s'immobiliser au-dessus de sa nuque. Transie d'effroi, la Soneau trembla cette fois de tout son corps et ferma fortement les yeux. Son rythme cardiaque s'emportait encore plus dans sa poitrine, le sang coula plus vite de ses blessures aux cuisses. Son voyage se terminait ici. Zelda avait pu s'enfuir avec l'homme de sa vie, sa mission se poursuivrait pour le bien de tous. Malgré la douleur qui la paralysait, Ren leva les yeux vers la brèche et put enfin apercevoir l'extérieur. Le ciel lui semblait bien plus affable que la voûte. Cette vue lui fut magnifique dans ce moment de déperdition.
- Mon maître sera ravi d'accueillir une âme telle que la tienne dans son armée, prononça gravement Caï qui appuya un peu plus contre sa peau. Je reconnais ta combativité et ton courage. Sois-en redevable.
Bien qu'elle soit effrayée par l'idée de mourir, Ren laissa son front retomber contre le sol rocheux et pinça les lèvres. Bientôt, elle rejoindrait ses parents, Delun et Lasya. Car après tout, chez les Soneaux...
- Gloire... à la déesse Hylia... furent ses dernières paroles avant d'être achevée d'un coup sec et précis.
La mort était un événement heureux, tous les êtres défunts se retrouvaient enfin après une longue séparation.
Que l'Alpha vous accueille et veille sur vous, pour l'éternité.
oOo
Bon, je ne sais pas trop comment aborder cette fin de chapitre... Je vous avais prévus qu'il annoncerait la couleur pour la suite ^^' J'espère qu'il vous aura plu, et j'attends vos retours avec impatience ! Je précise ici que la phrase finale en italique est dite par Thomas. Je ne l'ai pas écrit pour ne pas casser l'ambiance de cette fin. Je pense que certains/certaines d'entre vous auront été touchés par la perte de Lasya et Ren. Elles étaient deux persos que j'affectionnais beaucoup, en particulier Lasya et sa mort m'a vraiment brisé le cœur...
Enfin bon, à la prochaine fois pour le début de l'arc final x') Je précise qu'avec la rentrée, je vais ralentir un peu le rythme donc je ne peux pas vous donner de date pour le prochain chapitre ^^'
PS : voici une image qui pourrait illustrer Lasya, même si elle est supposée avoir les cheveux blancs. C'est un personnage qui m'aura, en tant qu'auteur, touché tant par son vécu que par sa personnalité. Un peu à l'image d'Elzier, elle osait dire tout ce qui lui passait par la tête, même si cela pouvait paraître un peu wtf X)
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